Cérémonie du souvenir ce matin à Montchat

Villeurbanne-Lyon Publié le 8 mai 2011

8 mai 1945-8 mai 2011: Un moment émouvant, merci à tous ceux et toutes celles qui se sont déplacés et bon rétablissement au porte drapeau victime d’un malaise sous la chaleur de cette matinée.

Voici le texte du discours que j’ai tenu pour cette belle cérémonie:

Monsieur le Maire du 3e arrondissement, Conseiller Général du Rhône, Cher Thierry,

Monsieur le Président du Comité du Souvenir de Montchat,

Mesdames et Messieurs les représentants des Associations et Amicales d’Anciens Combattants, Résistants, Déportés, Prisonniers et Victimes de Guerre,

Madame l’Adjointe, Chère Nathalie,

Mesdames et Messieurs les Élus,

Mesdames et Messieurs,

Le 8 mai 1945 à 15 heures, le Général de Gaulle annonçait aux Français la fin de la Guerre sur le continent européen ; une guerre qui avait fait plus de 50 millions de victimes à travers le monde.

Notre pays sortait de l’asservissement, et retrouvait sa liberté perdue au sein des nations combattantes. Ici, à Montchat, comme partout sur le territoire national, c’était la délivrance.

Nos pensées, en ce jour de souvenir, vont aux Combattants de la Résistance intérieure, aux Forces Françaises Libres, à tous les combattants des armées de libération française, à tous les combattants des armées alliées.

Nous pensons à toutes celles et à tous ceux qui, par leur courage, leurs souffrances et leurs sacrifices ont vaincu le nazisme en arrachant, il y 66 ans, jour pour jour, la capitulation sans condition du IIIe Reich.

Nous pensons aux déportés, aux prisonniers de guerre, aux internés des camps de la mort. Nous pensons à leurs familles. Nous pensons à ceux qui sont rentrés. Nous pensons à ceux qui ne rentrèrent jamais. Nous pensons aux plus de 20 millions de combattants qui ont laissé leurs vies sur les champs de bataille.

Nous pensons aux populations civiles, à tous les peuples qui ont souffert comme jamais dans cette Europe dévastée par la folie meurtrière, dans un monde déchiré par la guerre.

Nous pensons à cette humanité en deuil qui allait devoir tout reconstruire, et trouver la force, la volonté et l’espoir de bâtir un monde nouveau dans lequel une telle barbarie deviendrait impossible.

Jamais, sans doute, les hommes n’ont eu besoin d’autant de détermination, de courage et d’espérance au cœur pour relever les défis de l’avenir.

C’est ce que le général de Gaulle exprima à Bar-le-Duc, le 28 juillet 1946, dans un discours resté célèbre sur l’avenir de la paix en Europe et dans le monde, à l’ère nouvelle du nucléaire.

« Chacun mesure la menace latente qui pèse sur la civilisation. Il y a là un devoir envers l’espèce humaine et ce devoir passe infiniment les intérêts et prétentions de tous les régimes et de toutes les nations. S’il n’est pas rempli, le nuage du danger va peser sur tout ce qui vit. Mais, s’il l’est, on verra sans doute naître, enfin, cette coopération internationale qui est, désormais, pour l’Humanité la seule voie concevable de la paix et du salut. Comme un navire qui reprend la mer à peine a-t-il touché le port, ainsi notre pays, sitôt la victoire remportée, se trouve de nouveau devant le devoir de l’effort. »

Il conclut par ces mots qui ont eu tant de résonance et qui, aujourd’hui, continuent de résonner avec tant de force :

« Où est l’avenir?  Il est en nous. »

Oui, l’avenir était en eux, comme il est aujourd’hui en nous.

L’Europe est aujourd’hui un continent réconcilié, un ensemble de nations libres qui ont su préserver la paix, la consolider et l’étendre en adressant un message d’humanisme et de progrès très au-delà de ses frontières.

Chaque 8 mai est ainsi l’occasion, pour nous, de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, se sont engagés dans la voie de la construction de l’Union Européenne.

Nous exprimons aujourd’hui notre profonde reconnaissance à toutes celles et à tous ceux qui ont fait naître des cendres de la guerre, l’Europe que nous connaissons aujourd’hui, et qu’il nous revient de faire vivre, de faire prospérer et de léguer aux générations à venir.

Aujourd’hui, dans un monde qui connaît toujours la guerre et la folie des hommes à se détruire mutuellement, une nouvelle génération d’Européens de près de 500 millions de citoyens vit ensemble pour la première fois sur un territoire dont l’histoire et la géographie ont été réconciliées.

C’est fragile, et immensément précieux.

Il faut nous souvenir que ce destin commun, ce rêve d’un monde meilleur en partie réalisé est l’héritage direct des combats acharnés qui aboutirent à la victoire du 8 mai 1945, l’héritage d’un idéal forgé dans la nuit la plus profonde que l’Humanité ait jamais connue.

Notre devoir le plus impérieux est faire vivre cet idéal, et de poursuivre le chemin d’une Europe en Paix en n’oubliant jamais les sacrifices consentis par les générations qui nous ont précédés.

Ce chemin peut-être parfois difficile : nous vivons en ce moment de crise économique et sociale très profonde un chapitre sans doute particulièrement critique de cette longue route avec la résurgence, en France comme ailleurs, des nationalismes, des populismes, des extrémismes, du repli sur soi, de la crainte, de la peur et parfois de la haine de l’autre.

L’idéal républicain lui-même vacille sur ses bases, et exige de nous un immense effort pour le raviver

Nous n’avons pas le droit d’abandonner l’effort européen pour retourner en arrière, au temps des nationalismes étroits et du chacun pour soi.

Nous n’avons pas le droit d’abandonner la République à ceux qui veulent la détruire.

C’est pourquoi, chaque année, nous devons nous souvenir de celles et de ceux qui connurent l’effondrement de la démocratie et ses conséquences atroces, et qui eurent la force et le courage de tout reconstruire, et de dire « l’avenir est en nous ».

C’est parce que le présent nous inquiète que nous devons, nous aussi, avoir la force de nous dire : l’avenir est en chacun de nous, et c’est tous ensemble, unis par un même désir de paix, de justice et de tolérance, que nous le construirons.

Je vous remercie.

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