“Pour que l’égalité entre les hommes et les femmes ne reste pas un vain mot !”

Presse Droits des femmes Publié le 27 juin 2012

Capture d’écran 2012-06-27 à 16.20.08Najat Vallaud-Belkacem était l’invitée du journal de la mi-journée sur France Inter. La ministre des Droits des femmes est revenue sur sa communication en conseil des ministres, ce mercredi 27 juin, expliquant la densité de son “plan d’action interministériel” pour le quinquennat en matière d’égalité hommes-femmes dans le secteur public.

Retrouvez par ici l’intégralité du script de l’émission :

Plusieurs points à l’ordre du jour du Conseil des ministres ce matin, l’augmentation du SMIC de 2 % au 1er juillet, on en a déjà parlé, les quotas d’émissions de gaz à effet de serre avec une possible taxe sur les produits pétroliers et la parité. Najat VALLAUD-BELKACEM, la ministre des Droits des femmes, a fait une communication à ce sujet, histoire de rappeler au gouvernement que l’égalité entre les femmes et les hommes doit se décliner dans tous les domaines.

Laetitia SAAVEDRA

Pour cela, la ministre a présenté une boîte à outils. Premier outil, toute loi ou tout nouveau décret sera maintenant passé au crible d’une étude d’impact sur l’égalité hommes femmes. Alors, ce nom est un peu barbare, mais concrètement, ça permet d’évaluer les effets d’un nouveau texte et d’en limiter les dégâts potentiels. Les études d’impact existent déjà pour l’environnement, par exemple, c’est une première sur l’égalité. Deuxième outil, un Conseil interministériel aux droits des femmes, ce Conseil existait déjà, mais en fait, il ne s’était pas réuni depuis douze ans. Le principe, c’est que les ministres se réunissent régulièrement pour présenter les mesures qui font avancer l’égalité hommes femmes. Enfin, dernière mesure, un séminaire de sensibilisation aux droits des femmes réunissant tous les ministres du gouvernement, l’idée s’inspire du modèle suédois où les ministres étaient en formation aux droits des femmes trois fois par an, c’était du temps des socio-démocrates. Chez nous, le rythme de ces réunions n’est pas encore fixé. Mais c’est certain, on suivra avec attention lesquels des ministres seront les plus assidus.

Claire SERVAJEAN

Merci, Laetitia SAAVEDRA. Bonjour, Najat VALLAUD-BELKACEM.

Najat VALLAUD-BELKACEM

Bonjour.

Claire SERVAJEAN

Ministre des Droits des femmes et porte-parole du Gouvernement. Sur cette question de l’égalité d’abord, peut-être, comment allez-vous faire ? A chaque projet de loi, chaque décision, vous allez étudier au cas par cas ce qui peut se faire pour les femmes ou pas et les conséquences ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

C’était extrêmement important, c’était l’objet de cette communication en Conseil des ministres de se doter de procédures, en effet, pour que l’égalité entre les hommes et les femmes ne reste pas un vain mot et que l’effort du gouvernement, qui est aujourd’hui parfaitement paritaire, la création d’un ministère de plein exercice en charge des droits des femmes, ce qui ne s’était pas vu depuis vingt-six ans, cet effort-là ne reste pas incantatoire et que, derrière, il ne se passe rien. Or, on l’a vu, sur le front de l’égalité entre les hommes et les femmes, quand on n’avance pas, on recule. On a reculé beaucoup ces dernières années, dans l’égalité professionnelle, mais aussi sur la représentation des femmes dans les postes à responsabilités, où on n’a pas franchement fait d’énormes progrès. Donc, il s’agit, dans cette communication, de commencer par se rendre exemplaires, nous, l’Etat, collectivités publiques, qui, dans notre gestion des ressources humaines déjà, c’est-à-dire dans la fonction publique et Marylise LEBRANCHU, ma collègue en charge de ce domaine, est intervenue pour se fixer un certain nombre d’objectifs aussi, devons respecter l’objectif de voir accéder à de hautes responsabilités des femmes et qu’elles soient mieux représentées. Et puis, ensuite, les procédures qui ont été annoncées aujourd’hui visent à faire que l’ensemble des ministres de ce gouvernement se sente investi sur le front de l’égalité hommes femmes, pas seulement la ministre en charge du sujet. Donc, ça veut dire…

Claire SERVAJEAN

Tous les ministres et puis leurs cabinets parce qu’ils ne sont pas forcément paritaires.

Najat VALLAUD-BELKACEM

Exactement. Les cabinets ne sont peut-être pas toujours paritaires, quoi qu’il y ait eu quand même des efforts réalisés, je vous assure que la comparaison ne tient pas par rapport aux gouvernements précédents. Mais surtout, au-delà de l’investissement des ministres eux-mêmes, il faut que dans leurs administrations et dans leurs cabinets, en effet, il y ait un haut fonctionnaire et un membre du cabinet qui soient investis sur l’égalité hommes femmes, à la fois pour s’assurer que dans son administration, en termes de gestion des ressources humaines, on y veille, et pour pousser un certain nombre de politiques publiques dans le domaine de la santé, dans le domaine de l’éducation, de la lutte contre les stéréotypes, etc. Donc, tout ce travail, ministère par ministère, fait ensuite l’objet d’une réunion de ce qu’on appelle le Comité interministériel, qui a lieu sous la présidence du Premier ministre, le tout premier aura lieu en octobre et qui se réunira régulièrement, pour tenir nos engagements tout simplement.

Laetitia SAAVEDRA

Qu’est-ce qui garantit que, par exemple, s’il y a des arbitrages économiques à faire, si on doit fermer des centres IVG, par exemple, pour faire des économies, qu’est-ce qui garantit que finalement la priorité à l’égalité hommes femmes et donc aussi aux droits des femmes sera prioritaire et permettra d’éviter ce type de mesures ?

Claire SERVAJEAN

Ce sera vous qui allez le garantir ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

Là, vous êtes sur ce que j’appelle des politiques spécifiques qui relèvent, en effet, beaucoup de moi, puisque c’est mon rôle, s’agissant de l’exemple précis des centres d’accueil IVG, que de veiller à ce qu’on respecte tout simplement les engagements que nous avons pris pendant la campagne présidentielle. Puisque nous avons déploré la disparition de plus d’une centaine de ces centres d’accueil IVG et que si nous voulons que les femmes disposent vraiment de leur corps, il faut qu’elles puissent y avoir accès et ne soient pas astreintes à se rendre à l’étranger pour procéder aux avortements. Donc, il y aura des ouvertures, c’est un travail que nous effectuerons avec Marisol TOURAINE, en charge de la santé. Mais plus généralement, au-delà de cet exemple précis, ce dont il faut avoir conscience, c’est que l’inégalité entre les hommes et les femmes, elle se glisse parfois insidieusement dans des textes qui portent sur tout. Par exemple, le RSA ou, par exemple, en l’occurrence, la hausse du SMIC, c’est l’exemple inverse, puisque, en donnant un coup de pouce au SMIC, on aide, pour 70 %, des femmes, puisque ce sont essentiellement les femmes qui sont salariées au SMIC. Mais dans tous les sujets économiques, sociaux, etc., vous avez la dimension genre qui est intéressante à prendre en considération. Car, si on ne la regarde pas, si on la laisse neutre, alors, souvent, elle lèse les femmes. Donc, les études d’impact serviront à ne plus léser les femmes.

Claire SERVAJEAN

Vigilance absolue dans ce domaine, on l’a bien compris. Vous avez évoqué le SMIC, Najat VALLAUD-BELKACEM, je voudrais à ce sujet vous dire ce qu’a déclaré ce matin Clémentine AUTAIN du Front de gauche, elle a dit à propos de la hausse de 2 % qui interviendra le 1er juillet : « C’est du foutage de gueule ! » Alors, j’aimerais bien savoir ce qu’en dit la porte-parole d’un gouvernement de gauche.

Najat VALLAUD-BELKACEM

Non, Clémentine AUTAIN est dans son rôle lorsqu’elle dit ça. La réalité, c’est que, vous le savez, d’abord, le SMIC n’avait pas été revalorisé depuis six ans.

Claire SERVAJEAN

Ce que veut dire le Front de gauche, c’est que ce n’est pas assez 2 %.

Najat VALLAUD-BELKACEM

Oui. D’abord, 2 %, c’est la première fois qu’on a une revalorisation aussi importante, même si vous considérez que dans les 2 %, il y a 1,4 % au titre de l’inflation et 0,6 au titre du coup de pouce supplémentaire. De fait, la dernière revalorisation, il y a donc six ans, si mes souvenirs sont bons, était de 0,3 %, 0,3 %. Donc, ça veut dire qu’on a fait un véritable effort. Ça veut dire concrètement pour les gens qu’ils vont avoir, pour les salariés au SMIC en question, quelque chose comme 130 euros de plus dans leur porte-monnaie sur le second semestre de l’année 2012 à venir. Si vous avez les deux membres du couple, quand il y a couple, qui sont au SMIC, ça fait quand même 260 euros, auxquels vous ajoutez – parce que tout ça, c’est un pack – vous ajoutez l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, par exemple, qui a représenté déjà aussi du pouvoir d’achat en plus pour les familles. Donc, il y a un effort véritable qui est fait, en tentant en même temps de préserver la compétitivité des petites et moyennes entreprises et c’est pour ça que l’effort est raisonnable.

Claire SERVAJEAN

En tout cas, la gauche est plurielle, le Front de gauche n’est pas tout à fait satisfait sur ce point-là. On va parler aussi des écologistes parce qu’ils sont dans le gouvernement, on a vu que les relations étaient particulièrement tendues, notamment à l’Assemblée, où ils n’ont pas pu avoir la présidence de la Commission du développement durable. C’est le retour de l’hégémonie socialiste ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

Je ne crois pas, non. Nous sommes, François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT ont l’occasion de le rappeler régulièrement, dans une conception du pouvoir qui est très différente de ce que les Français ont vu fonctionner jusqu’à présent, c’est-à-dire très respectueuse…

Claire SERVAJEAN

Bien sûr, mais il y a des choses concrètes…

Najat VALLAUD-BELKACEM

Oui, mais très respectueuse des contre-pouvoirs et au sein des contre-pouvoirs…

Claire SERVAJEAN

Vous avez vu ce qu’a dit Alain VIDALIES, votre collègue, sur leur liberté d’expression, mais pas leur liberté de vote !

Najat VALLAUD-BELKACEM

Alain VIDALIES a eu l’occasion de s’expliquer sur cette phrase. Ce qu’on peut dire à propos en particulier des écologistes, c’est que, d’abord, ils sont dans le gouvernement, donc ils sont tenus par une forme de solidarité gouvernementale. Ce qui n’empêche pas qu’ils puissent s’exprimer, prendre la parole et exister avec la couleur qui est la leur. Mais nous sommes vraiment dans le respect de nos partenaires, comme de ceux qui ont fait le choix de ne pas rejoindre le gouvernement, c’est le cas du Front de gauche, nous leur laisserons toute la place qu’il faut au Parlement.

Claire SERVAJEAN

Najat VALLAUD-BELKACEM, est-ce que vous pouvez nous dire un mot sur cette taxe sur les produits pétroliers, dont vous avez fait l’annonce tout à l’heure en Conseil des ministres, ce sera quoi cette taxe ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

J’ai simplement indiqué que ça faisait partie des hypothèses envisagées, en effet, par le ministre du Budget, qui aura l’occasion de s’exprimer le 4 juillet prochain, puisque le collectif budgétaire sera précisé, le collectif budgétaire, c’est-à-dire la loi de finances rectificative pour l’année 2012, sera précisé au Conseil des ministres du 4 juillet, deux jours après que la Cour des comptes nous ait remis l’audit que nous lui avons demandé sur la situation précise des finances publiques de ce pays. Donc, la question de savoir quels instruments vont être utilisés et notamment l’existence de cette taxe dans ce collectif budgétaire ou alors pour le projet de loi de finances 2013 est une question qui n’est pas encore résolue.

Claire SERVAJEAN

Vous y réfléchissez. On a parlé tout à l’heure de la parité hommes femmes, je voudrais vous faire écouter, pour finir, ce que dit le joueur de tennis Gilles SIMON, il vient d’être élu au Conseil de l’ATP, c’est l’Association internationale du tennis. Lui veut revenir sur la parité hommes femmes parce que, figurez-vous que, dans ce domaine, il y a une égalité des primes pour l’instant, lui estime que ça ne se justifie pas. Il a dit pourquoi à Olivier POUJADE.

Gilles SIMON

Je pense qu’aujourd’hui, le tennis masculin est vraiment en avance par rapport au tennis féminin. Les joueurs ont passé encore deux fois plus de temps certainement sur le terrain à Roland que les femmes. Je ne trouve pas ça, on parle souvent d’égalité dans les salaires, je trouve que ce n’est pas un truc qui marche dans le sport. Je pense qu’on est le seul sport aujourd’hui où il y a la parité au niveau des « Prize Money » hommes femmes. Alors que le tennis masculin reste plus attrayant que le tennis féminin à l’heure actuelle.

Claire SERVAJEAN

La ministre des Droits des femmes, elle dit quoi quand elle entend ça ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

C’est un peu surprenant parce que je pensais qu’il allait se féliciter justement que le tennis, en effet, soit en avance sur les autres sports. Je suis un peu étonnée. C’est qu’il y a encore un effort de pédagogie à faire. Au fond, ma communication d’aujourd’hui tombait bien. En fait, il y a une espèce d’illusion d’égalité dans la société, on croit vraiment que tout va bien entre les hommes et les femmes, y compris dans le milieu du sport. Alors qu’on sait très bien, par exemple, que, malheureusement, les sports féminins bénéficient d’une diffusion médiatique, etc., beaucoup moins importante que les sports masculins. Ce qui ensuite entraine une série de conséquences et notamment l’attraction dont parle monsieur SIMON. Donc, il faut évidemment travailler à ce que les sportives soient traitées de la même façon que les sportifs. C’est bien l’un des objectifs que nous nous fixons, avec ma collègue Valérie FOURNEYRON, en charge des sports.

Claire SERVAJEAN

Une toute dernière question, à propos de sport, la prime pour les joueurs de l’équipe de France de football, ils la méritent, là, après ce qui s’est passé ou pas ? Quelle est la position du gouvernement ?

Najat VALLAUD-BELKACEM

Il n’y en a pas. Franchement, nous n’avons pas eu l’occasion d’évoquer ce sujet, sinon, je vous le dirai. Mais je crois que, au fond, il faut replacer la réflexion sur l’essentiel, c’est-à-dire qu’on attend, en effet, des joueurs qu’ils rendent les Français fiers d’eux.

Claire SERVAJEAN

Ça, on est tous d’accord. En tout cas, pas de position du gouvernement pour leur demander d’y renoncer…

Najat VALLAUD-BELKACEM

Pas de position du gouvernement.

Claire SERVAJEAN

Merci beaucoup, Najat VALLAUD-BELKACEM.

Najat VALLAUD-BELKACEM

Merci.

Claire SERVAJEAN

Merci d’être venue aujourd’hui à FRANCE INTER

2 commentaires sur “Pour que l’égalité entre les hommes et les femmes ne reste pas un vain mot !”

  1. Jean Louis PRIME

    Madame la Ministre
    Bonjour Najat

    C’est une bonne émission, quoique un peu courte, tant on aimerait vous voir développer plus encore les sujets sur lesquels vous êtes interrogée.
    Il en ressort un constat : le changement c’est Najat.
    En vous écoutant, on a le sentiment d’être à l’aube d’une véritable révolution de la société, en matière d’égalité des sexes. Je vous souhaite d’aboutir dans tous les combats que vous allez mener, et qui ne seront surement pas gagner d’avance.
    J’ai confiance dans la sincérité de votre détermination.

    Le changement c’est Najat disais-je mais ce n’est pas Manuel Valls qui souhaite poursuivre la politique du gouvernement précédent en matière de régularisation des sans papiers.
    Ce n’est pas Mr Moscovici qui accorde aux salariés les moins bien rémunérés de nôtre pays dont 70% de femme une revalorisaton équivalente au coût d’une baguette de pain par semaine.

    Vous souhaiter avoir une action à travers la fonction publique et notamment les ministères, pour que la parité entre partout.
    Peut être faudrait il avoir la même démarche pour le changement.

    Bien à vous

Commentaires fermés.