Je veux respecter la lettre et l’esprit de la réforme du non-cumul

Villeurbanne-Lyon Publié le 8 février 2013

Retrouvez ici l'interview publiée par le Progrès, lundi 4 février 2013.

Début juillet, après votre entrée au gouvernement, vous abandonnez votre poste d’adjointe mais restez conseillère municipale de Lyon, communautaire et générale. Pourquoi ?

Parce que je désirais continuer à m’investir à Lyon, assumer mes mandats. Sans responsabilité d’exécutif, cela restait possible tout en étant ministre. Il est important de garder un lien avec les habitants, dans mon activité de ministre cela m’apporte beaucoup.

Aujourd’hui, vous décidez d’aller plus loin en abandonnant quels mandats ?

Je vais présenter ma démission au conseil municipal et au Grand Lyon. Je reste conseillère générale de Montchat, pour garder ce lien évoqué à l’instant.

Pourquoi ne pas avoir fait tous ces choix en juillet ?

Parce que sont apparues deux perspectives nouvelles qui n’existaient pas alors, et qui m’incitent à réfléchir à la suite, j’ai décidé d’anticiper : la création de la Métropole européenne et la loi sur le cumul des mandats, deux projets auxquels j’adhère entièrement. La Métropole fusionnera les mandats que j’ai aujourd’hui, à l’horizon des municipales de 2014. Quant au non-cumul, même s’il ne me touche pas, car je ne suis pas parlementaire, je sais que le débat devant les assemblées ne va pas être simple et en tant que porte-parole du gouvernement, je veux respecter la lettre mais aussi l’esprit de cette réforme, qui permettra un véritable renouveau de notre vie démocratique.

Le faites-vous à la demande du Premier ministre ?

Bien sûr que non. En faisant ce choix, je peux me concentrer sur un mandat et rester ancrée dans cette agglomération de façon durable, j’y suis très attachée.

Votre choix du conseil général, est-ce pour éviter une partielle dans un contexte politique défavorable à la gauche ?

Pas du tout. Certes, c’était un canton historiquement à droite que j’ai conquis en 2008. Mais depuis cette date, à toutes les élections, la gauche a progressé à Montchat et, de réalisation en réalisation, comme la rénovation du parc Bazin, le rachat de Chambovet ou encore les très beaux projets de MCJ ou de SEPR, elle y a totalement gagné sa légitimité. Si j’ai fait le choix du Canton plutôt que de la Ville, c’est parce que j’y ai été élue sur mon propre nom. Par fidélité pour mes électeurs et ce quartier que j’aime, et où je n’ai jamais cessé de m’impliquer, j’estime normal de porter ce mandat jusqu’à son terme. Je reste ainsi une élue lyonnaise, ancrée dans le 3e arrondissement, et siéger au conseil général du Rhône me permet d’être utile sur tous les projets qui concernent le territoire de la future Métropole.

Que pense Gérard Collomb de votre décision ?

Il l’a d’autant mieux comprise qu’il est le premier à défendre le projet de métropole. Il saisit donc parfaitement les conséquences que j’en ai tirées.

Ce choix implique-t-il que vous ne soyez pas candidate aux municipales dans un an ?

Pas nécessairement. Avec Gérard Collomb, nous avons décidé de prendre le temps de la réflexion. Il n’y a pas d’urgence.

Comment la ministre des Droits des femmes et conseillère générale a-t-elle pu être absente, il y a 15 jours, à l’élection de la première femme à la présidence du Département ?

Je l’ai regretté et ai envoyé un message de félicitations à Danielle Chuzeville. Mais j’étais au même moment retenue à Matignon par un comité interministériel contre la pauvreté et l’exclusion. Or, celles-ci frappent en priorité les femmes. Lors de cette réunion nous avons, par exemple, pris des décisions importantes pour faciliter le recouvrement des pensions alimentaires.

Comment vit-on de porter la parole d’un gouvernement peu populaire ?

L’action du gouvernement n’est pas guidée par les sondages. Les Français sont impatients, la crise n’en finit plus depuis 2008. Mais les choses bougent, les Français sentent la détermination du gouvernement, sa capacité à fixer un cap et à s’y tenir, que ce soit sur le redressement des comptes publics, l’intervention au Mali ou le mariage pour tous. Sa capacité à faire bouger les lignes, aussi, comme avec l’accord sur la sécurisation de l’emploi ou le Pacte pour la compétitivité.

Je reste une élue lyonnaise précise Najat Vallaud-Belkacem, qui garde son mandat de conseillère générale de Montchat « par fidélité pour [ses] électeurs et ce quartier où [elle n’a] jamais cessé de [s]’impliquer ».

Propos recueillis par Michel Rivet-Paturel pour Le Progrès.

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3 commentaires sur Je veux respecter la lettre et l’esprit de la réforme du non-cumul

  1. Phanie

    Personnellement, je sais pas si c’est moi qui voit les choses comme cele, mais j’ai une vague impréssion que notre ministre et bien plus appréciée que le Président lui-même (et quelque part tant mieux, vous êtes aimer!!!!)
    En tout les cas, notre chère Najat “agit” elle!!!!
    BRAVO!

  2. Simon

    “les Français sentent la détermination du gouvernement”
    Je veux bien croire en votre détermination, enfin une ministre et “porte parole” ayant de l’éloquence, des émotions dans ses propos au lieu de discours prédéfinis et rébarbatifs.
    En revanche avec un président indécis et qui insiste bien, voire trop sur “JE” quand enfin il prend une décision, non, je ne la sens pas encore, mais j’ose espérer que ça reste à venir. M’enfin nous ne sommes pas ici pour débattre de cette question.
    Courage, Bravo, et bonne continuation à votre projet anti-sexiste, La femme c’est sacré.

  3. Phanie

    Quand j’ai appris la nouvelle ce lundi, franchement je me suis dit:
    “Ouaou ça c’est fait! et c’est encore un bel exemple à suivre, à qui le tour?”.
    Bravo Najat, une fois de plus vous agissez!!!

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