Je suis bien trop attachée à ce territoire pour le quitter !

Villeurbanne-Lyon Publié le 15 juin 2014

Retrouvez ici l'entretien accordé par Najat Vallaud-Belkacem à la Tribune de Lyon.

1/ Quand partez-vous au Brésil ? Pour combien de temps ? Quel sera votre programme sur place et vos préoccupations ?

Je serai au Brésil pour 4 jours. J’assisterai à la cérémonie et au match d’ouverture, le jeudi 12 juin. Mon séjour sera rythmé par de nombreuses séquences, entre Sao Paulo et Porto Alegre : je rencontrerai l’ONG « Gol de Letra » fondée par le mythique Rai, visiterai la première « favela durable » du pays, inaugurerai la « Casa Bleue » à Porto Alegre, où se réuniront les supporters des Bleus. Je rencontrerai également mes homologues ministres tant pour évoquer la situation des femmes que l’accueil des grands événements sportifs puisque nous nous apprêtons, nous, à accueillir l’euro 2016…

Je serai là pour soutenir les Bleus lors de leur premier match, le 15 juin, contre le Honduras et serai de retour à Paris le lendemain. Thierry Braillard poursuivra l’aventure et, si les Bleus sont qualifiés, j’espère pouvoir les rejoindre en quart de finale.

2/ Quel message allez-vous faire passer aux Bleus ?

Celui de notre confiance. Je sais qu’ils sont capables d’impressionner le monde. On est fiers qu’ils nous représentent.

3/ Ces Bleus, vous les voyez aller jusqu’où ? Ils peuvent gagner la Coupe du Monde 2014 ?

Oh moi j’ai toujours fait mienne la formule d’Oscar Wilde “il faut avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue quand on les poursuit”, alors oui, c’est bien de finale que je rêve pour l’équipe.

4/ En quoi ces deux années d’expérience ministérielle vous ont changé ?

C’est une sacrée aventure. Pour autant je ne crois pas que ces deux années m’aient changée. Elles m’ont fait engranger de l’expérience bien sûr, et notamment celle du fonctionnement de l’Etat, celle du management d’équipe, celle de la conduite de politiques publiques. Elles ont renforcé mon endurance et ma capacité de résistance car, être ministre, c’est vivre chaque heure, chaque minute sous tension. Elles m’ont aidée à comprendre beaucoup de choses aussi car c’est une fonction dans laquelle vous ne cessez jamais de rencontrer et d’apprendre des autres et que je me suis énormément déplacée partout en France. Mais changée, non. Je suis toujours animée des mêmes combats et des mêmes rèves que ceux que j’avais quand je me suis engagée en politique.

5/ Les femmes, la jeunesse, le sport, la ville : n’est-ce pas trop pour une seule personne ?

Je ne vais pas prétendre que c’est un ministère léger ou facile bien sûr, il suffit de regarder mon agenda pour comprendre que c’est un défi quotidien. Mais dans le cadre d’un gouvernement qu’on a voulu resserré, les contours de mon ministere sont très pertinents en réalité. Je dis souvent qu’il s’agit d’une “unité de commandement” pour des sujets qui sont trés étroitement liés les uns aux autres, voire complètement interdépendants. Là où il fallait auparavant d’innombrables réunions interministérielles pour progresser sur les chantiers aussi évidents que le sport dans la ville, la place des femmes dans l’espace public, ou encore l’emploi des jeunes dans les quartiers, il n’y a aujourd’hui qu’un poste de commandement et un gain de temps considérable.

6/ Comment vous partagez-vous les dossiers avec Thierry Braillard ?

On est contents de travailler ensemble avec Thierry. On veille à ne pas trop passer pour le gang des lyonnais mais c’est vraiment confortable de retrouver dans ces fonctions de Secrétaire d’État aux sports quelqu’un que je connais depuis 15 ans, que je sais passionné par le sujet et compétent. On a convenu dès le début de veiller à couvrir l’ensemble du champ sportif… heureusement que nous sommes deux pour nous répartir la tâche ! Nous avons des lois en préparation, des évènements nombreux à accueillir (rien que cet été, nous hébergeons en France à la fois le mondial de rugby féminin et les jeux équestres mondiaux…), des politiques publiques à porter notamment sur le sport et la santé, des équipements sportifs à déployer, notamment dans les quartiers où on en manque cruellement. Bref, on travaille ensemble et pour ce qui me concerne, j’ai toujours eu une petite préférence pour les sports collectifs…!

7/ L’Euro 2016 sera un grand évènement en France dont vous allez vous occuper. Quelle couleur allez-vous donner à cet évènement ?

Bleu blanc rouge ! Oui, mon rêve c’est que l’Euro soit l’occasion d’être tout simplement fiers d’être Français. Fiers d’appartenir à une grande nation sportive capable d’accueillir d’aussi beaux évènements que ceux-là. Fiers du savoir-faire de nos entreprises, de la beauté de nos paysages et de la qualité de nos équipements. Fiers des performances de notre équipe capable de nous fédérer en transcendant nos différences. Fiers de nos villes hôtes qui donneront à voir tous leurs charmes. Et fiers des Français tout simplement parce que je crois que c’est ce qui nous manque le plus en ce moment.

8/ Votre mission, pour l’instant, ira jusqu’en 2017. Comment imaginez-vous la suite de votre carrière politique ?

Je n’imagine pas. Je vis l’instant présent et les missions qui sont les miennes. Honnêtement elles ne me laissent pas vraiment le temps de penser à autre chose. Et pour le reste, la personne à qui je fais le plus confiance au monde, ma mère, m’a toujours dit “tu sais ma fille, la vie a beaucoup plus d’imagination que toi”. Alors je m’en remets un peu à elle.

9/ En janvier 2015, avec la création de la Métropole de Lyon, vous n’aurez plus d’assise locale. En retrouver une fait-elle partie de vos priorités ? Si oui, sera-ce dans l’agglomération lyonnaise ou cela peut-être n’importe où en France ?

Je suis bien trop attachée à ce territoire pour le quitter voyons !

Quant aux mandats, il n’est spontanément pas trop dans ma nature de tirer des plans sur la comète ou de jouer aux billards à 12 bandes. Vous me retrouverez simplement là ou je m’estimerai le plus utile pour poursuivre mes combats.

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