Des contrats pour les écoles rurales – Entretien au journal La Montagne

Éducation nationale Publié le 10 novembre 2014

Retrouvez ici l’entretien avec Najat Vallaud-Belkacem publié par le journal La Montagne le vendredi 7 novembre 2014, jour de la visite de la Ministre dans l’Allier sur le thème de le ruralité.


Beaucoup d’élus ruraux peinent à mettre en place des activités périscolaires. Comment les aidez-vous ?
Les rythmes scolaires sont aujourd’hui généralisés dans les 23.000 communes concernées. L’État accompagne les communes dans cet effort, de 400 millions d’euros cette année et nous poursuivrons l’accompagnement sur 2015-2016, parce que nous souhaitons que la réforme s’installe dans de bonnes conditions et offre aux élèves un périscolaire de qualité.

L’offre n’est pas partout la même. N’est-ce pas un nouveau facteur d’inégalité ? Les nouveaux rythmes, avec une matinée supplémentaire, c’est d’abord un temps en classe moins concentré et mieux réparti, et en matinée, ce qui améliore les apprentissages.

Je reviens sur ma question sur l’inégalité. C’est pour cela que nous incitons les communes à signer à nos côtés des projets éducatifs territoriaux (PEDT) dans lesquels la commune ou l’intercommunalité et l’État travaillent ensemble pour mettre en place de façon cohérente ce périscolaire de bonne qualité et complémentaire du temps scolaire. Il y a déjà de bons exemples de ce partenariat dans l’Allier et j’ai souhaité venir les voir sur place pour inspirer le travail que j’ai engagé au niveau national avec les associations d’élus locaux. Les services de l’État sont mobilisés et accompagnent les communes dans cette démarche.

Les élus ruraux appréhendent souvent la prochaine carte scolaire. Les regroupements pédagogiques intercommunaux sont la réponse à l’éparpillement sur le territoire des petites écoles en milieu rural. Devant un recul démographique, le regroupement et la mise en réseau des écoles sont un rempart à la fragilité des écoles rurales. Les RPI permettent d’augmenter le nombre de classes dans les écoles, de limiter le nombre de niveaux à l’intérieur d’une même classe, d’offrir de meilleures conditions d’apprentissage, de conserver un maillage important du territoire et d’offrir un service public de l’éducation de qualité pour la population.

Vous poussez aux regroupements? Les RPI ont par ailleurs l’avantage de sortir les enseignants de l’isolement professionnel et pédagogique. Ils permettent à leurs directeurs d’accéder à une décharge d’enseignement, donc de bénéficier de plus de temps pour le pilotage pédagogique, et enfin d’obtenir des moyens plus facilement.

Comment rompre avec le cycle annuel des fermetures de classe ? J’ai proposé que les départements ruraux puissent s’engager dans une contractualisation avec le ministère de l’Éducation pour que les élus puissent être fixés sur trois ans sur les évolutions de leur territoire et les réponses que l’on peut y apporter (notamment en termes de RPI) avec une organisation plus efficace des moyens. L’Allier va s’engager dans le dispositif, le Cantal l’a déjà fait. Cela amène à neutraliser pendant trois ans tout ou partie de la baisse des effectifs d’enseignants qui aurait dû accompagner la baisse démographique, en contrepartie de la restructuration du réseau des écoles. C’est une très belle dynamique au service de la qualité de l’école en milieu rural.


Retrouvez ici l’article paru dans La Montagne à la suite de la visite de la ministre :
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La ministre vante le réseau d’écoles
C’est les bras chargés de bons points à distribuer que la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, a visité hier l’école de Rocles, dans le cadre de son déplacement dans l’Allier pour les assises de la ruralité. La ministre avait choisi cette destination pour mettre en lumière le réseau rural d’éducation (RRE) du Bocage, qui rassemble le RPI (regroupement pédagogique intercommunal) Deux Chaises-Le Montet-Rocles et l’école de Tronget, soit une communauté de 202 élèves, chaque école disposant de classes à plusieurs niveaux.
« Ici, élus locaux, enseignants et parents d’élèves travaillent ensemble depuis longtemps » a loué à plusieurs reprises la ministre, présentant les regroupements pédagogiques et les réseaux d’école comme l’avenir scolaire en ruralité.
Après la visite de deux classes, Najat Vallaud-Belkacem a réuni dans la salle des fêtes la communauté éducative locale. Les maires des communes concernées sont revenus sur la création du RPI, en 1991, puis la mise en place du RRE du Bocage avec le renfort de Tronget. Son objectif était que « les écoliers de ce territoire bénéficient tous des mêmes enseignements et des mêmes activités extra-scolaires ».
Au moment de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, tous ont alors décidé de s’engager dès la première année.

« C’est pour l’avenir de nos enfants »
À la rentrée 2014, après un an d’expérimentation, une organisation a été mise en place : trois employés municipaux de Tronget, titulaires du Bafa, assurent les temps d’activités périscolaires sur place, les élèves des trois autres écoles étant réunis au centre de loisirs du Montet. Si, globalement, tous les intervenants présents ont dressé un bilan positif de cette réforme, plusieurs difficultés ont été détaillées à la ministre. D’abord le coût de la mise en place des TAP : 15.000 euros à Tronget et autant pour le RPI et, « 750.000 ? » pour le conseil général, a souligné le vice-président Alain Denizot, présentant les transports scolaires, compétence du Département comme « de l’horlogerie suisse en milieu rural ».
Un transport qui peut créer des inégalités entre enfants : les petits de Rocles voient la moitié du temps des TAP rognés par leur déplacement. « Et les moins de six ans sont très fatigués en sortie d’école, et après le trajet. Parfois on les laisse libres, sans activités, car ce n’est pas la peine », ont expliqué les personnels du centre de loisirs. « Oui, cette réforme a un coût, et l’État va garantir le soutien aux communes pour l’année 2015-2016, dans le cadre d’un projet éducatif de territoire. Mais c’est pour l’avenir de nos enfants », a tranché Najat Vallaud-Belkacem. Sur la question de plus petits, la ministre a affirmé « leur droit au repos, à l’ennui », au contraire d’un programme d’activités soutenu. Pour les plus grands, elle a félicité l’initiative d’une aide aux devoirs durant les TAP, plébiscitée par les parents d’élèves.

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