Remise du prix Goncourt des lycéens à David Foenkinos

Éducation nationale Publié le 18 novembre 2014

La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a félicité le lauréat du prix Goncourt des lycéens, David Foenkinos, au ministère le mardi 18 novembre 2014. Lors de son discours, la ministre a célebré le prix Goncourt des lycéens, “une belle aventure collective qui dure depuis 27 ans” , “un merveilleux hommage à la lecture et au roman”. Najat Vallaud-Belkacem a rappelé le rôle de l’École de “transmettre cet amour et cette passion de la littérature“.

Retrouvez ici le discours prononcé par la ministre lors de la remise du prix à David Foenkinos.

Monsieur le Président Directeur Général,
Chers enseignants,
Chers lycéennes et lycéens,
Mesdames et Messieurs,

Je n’ai pas eu la chance, en tant que lycéenne, de participer au prix Goncourt des lycéens et je le regrette, tant j’aurais aimé avoir cette opportunité hors du commun de vivre cette belle aventure collective, de rendre hommage à la littérature et à un auteur et, aujourd’hui, plus particulièrement au merveilleux Charlotte de David Foenkinos.

Le prix Goncourt des lycéens est d’abord une belle aventure collective qui dure depuis 27 ans. Nous sommes en 1988, un enseignant de l’académie de Rennes et la Fnac ont ensemble l’idée de ce prix. La suite, nous la connaissons : 2000 lycéens aujourd’hui impliqués dans ce prix, 15 romans sélectionnés par l’Académie Goncourt, qui s’implique également avec enthousiasme dans ce projet et sélectionne chaque année les ouvrages ; des équipes pédagogiques, partout en France, qui animent et préparent le travail préalable à la remise de ce prix, et désormais le réseau de création et d’accompagnement pédagogiques de l’éducation nationale, Canopé, qui participe activement à l’organisation de rencontres régionales entre les lycéens et les auteurs.

Je veux rendre hommage, ce soir, à tous ceux qui rendent cette aventure collective possible, au premier rang desquels les enseignants et les documentalistes, qui se mobilisent dans leurs classes pour porter cette démarche et accompagner les élèves dans la lecture des ouvrages.

Je voudrais également remercier la Fnac, partenaire de toujours sur ce projet et représentée ce soir par son Président Directeur Général, cher Alexandre. Ce prix, nous le savons, n’aurait pas vu le jour et n’aurait pas la même ampleur sans la Fnac, qui offre chaque année les ouvrages à plus de 50 classes et témoigne d’un véritable engagement en faveur de la diversité culturelle.

Mais surtout, je voudrais remercier les lycéens qui se sont engagés dans la lecture de ces ouvrages et dans les délibérations qui permettent aujourd’hui de décerner le prix. Vous avez donné de votre temps, de votre énergie, de votre enthousiasme. Croyez-moi sur parole : vous ne regretterez pas cet engagement ; il vous apportera beaucoup dans la suite de votre parcours, tant par les rencontres qu’il vous a amenés à faire avec les auteurs que par les réflexions que, peut-être, certains de ces ouvrages ont suscité chez vous.

Et j’en viens au second point que je voulais souligner ce soir : le prix Goncourt des lycéens, c’est un merveilleux hommage à la lecture et au roman.

Obtenir le prix Goncourt des lycéens signifie d’abord, pour un auteur, recevoir un véritable prix littéraire, avec la même dynamique, le même engouement, le même sérieux dans les délibérations, le même suspense et la même fébrilité que pour les autres prix littéraires.

Cela signifie aussi avoir réussi à séduire des milliers de lycéens, les avoir touchés par son écriture, son histoire. Et quel plus bel hommage, pour un auteur, que d’être récompensé par la jeunesse d’un pays !

Et ce succès du prix auprès des lycéens ne doit rien au hasard, car le genre du roman correspond si bien à la période de la jeunesse, où l’on se construit, où l’on rêve de changer le monde et de faire bouger les lignes de la réalité.

C’est justement ce que la littérature a de merveilleux : elle permet de faire la réalité telle qu’on la souhaite, ou tout simplement de la décrire pour mieux vivre avec. Elle procure également des émotions fortes, une forme d’adrénaline. Tant de lecteurs ont vibré au fil des pages de “La Vérité sur l’affaire Harry Québert”, qui a remporté le prix en 2012 !

La littérature aide aussi à devenir adulte, à bâtir son identité et sa culture : un roman, en ouvrant le champ des possibles par rapport à ce que l’on connaît dans sa famille, dans sa ville ou dans son pays, peut changer une vie ou en tout cas sa vision de l’existence. Un roman apprend à penser de manière éclairée. Comme le dit Sorj Chalandon, le lauréat du prix Goncourt des lycéens de l’an passé : “Lire, c’est s’armer, tenir tête, combattre. Lire est un bélier pour enfoncer les portes imbéciles”.

Et puis parfois, tout simplement, avec un roman, on se sent compris. Compris dans ses sentiments. Compris dans sa joie ou dans sa douleur.

L’école est là, justement, pour transmettre cet amour et cette passion de la littérature. J’espère, chers lycéens, que le fait de participer à ce prix vous aura transmis cela et fera de vous des lecteurs passionnés pour le reste de votre existence et, qui sait, peut-être de futurs écrivains que j’aurai la chance de lire dans quelques années.

Je sais en tout cas que votre passion pour la lecture est suffisamment forte pour que certains d’entre vous aient fait ce soir le déplacement depuis Nouméa : je trouve cela formidable.

Les 15 romans sélectionnés par l’Académie Goncourt pour ce prix sont tous de très beaux romans. Vous avez choisi de récompenser le roman de David Foenkinos, “Charlotte”. David Foekinos, vous avez réussi l’exploit de recevoir à deux semaines d’intervalle le Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens. J’en suis très heureuse, c’est un roman magnifique, remarquablement écrit et émouvant tant par l’histoire individuelle et collective qu’il raconte.

“Charlotte” est un livre qui fera date, par sa capacité à transmettre des émotions, à permettre de s’identifier totalement à Charlotte Salomon et de ressentir le poids de l’Allemagne nazie sur sa vie de jeune fille juive.

L’histoire de cette jeune artiste-peintre, morte à Auschwitz alors qu’elle était enceinte, est poignante. Son enfance à Berlin, marquée par les tragédies familiales qui se succèdent comme une malédiction, l’est tout autant.

Je comprends très bien qu’en tant que lycéen, on s’identifie à ce personnage qui traverse des périodes que l’on rencontre bien souvent, aussi, au moment de l’adolescence et lorsque l’on est jeune adulte : un sentiment, parfois, d’incompréhension ; le fait de chercher sa voie dans la vie ; les histoires familiales compliquées dont on n’est pas encore tout à fait libéré ; mais aussi la passion amoureuse fondatrice qui emporte tout sur son passage.

Charlotte est fascinante. On pleure avec elle lorsque sa mère se suicide alors qu’elle n’est qu’une enfant, l’abandonnant face à l’existence. On espère avec elle que la vie sera plus clémente à l’arrivée de Paula dans la vie de son père. On en veut d’ailleurs un peu à ce père absent de ne pas mieux savoir l’épauler pour affronter le monde. Et puis nous voudrions tant voir les tableaux de Charlotte et la suivre dans les rues de Berlin… On devient Charlotte. On est Charlotte, tout simplement, et l’on s’émeut de ces phrases magnifiques que nous offre l’auteur : “Seul le silence peut soutenir la marche des survivants”.

Bravo à vous, David Foenkinos, d’avoir su si bien retranscrire ces émotions, bravo pour ce merveilleux roman, et bravo aux lycéens, à leurs enseignants et documentalistes qui se sont mobilisés pour décerner ce prix. Continuez à lire : les livres seront vos compagnons de route. Ils vous aideront à prendre du recul dans les moments difficiles de l’existence et vous donneront de l’énergie et mille envies de projets. Lisez, lisez, et lisez encore. On n’est jamais seul quand on a un livre.

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