Vaincre le décrochage scolaire – l’entretien au Parisien

Presse Éducation nationale Publié le 21 novembre 2014

Pour l’annonce du du plan d’actions « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage », la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a répondu aux questions du journal Le Parisien / Aujourd’hui en France.

La lutte contre le décrochage avait déjà été annoncée il y a deux ans. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau ?

Depuis deux ans nous avons agi bien sûr, notamment sur la prise en charge du jeune une fois qu’il a décroché (avec la garantie jeunes par exemple). Ce qui est nouveau avec cette stratégie, c’est d’abord un véritable pilotage national qui se donne les moyens (50 millions d’euros par an), c’est la mobilisation de tous : l’éducation nationale bien sûr mais aussi le ministère du travail, celui de la ville, les régions, les parents, les entreprises… Ce n’est qu’en agissant tous ensemble, dans un partenariat construit,  qu’on mettra fin à ce gâchis insupportable. Et c’est enfin l’accent mis sur la prévention qui a toujours plus d’effet que la réparation. On va former les enseignants à détecter précocement les difficultés scolaires qui conduisent au décrochage, associer les parents à cette démarche comme plus généralement au parcours scolaire et à l’orientation de leur enfant, y compris avec des formations à une meilleure connaissance de l’institution scolaire pour ceux qui en éprouvent le besoin.

L’avis des parents sera d’ailleurs obligatoire pour le redoublement, qui sera exceptionnel dès la rentrée 2015?

Oui, le décret paru aujourd’hui (ndlr, hier) limite le redoublement aux seules situations qui le justifient  (rupture prolongée de la scolarité d’un élève, pour maladie par exemple ou encore choix délibéré de refaire l’année pour obtenir l’affectation demandée).  Dans les autres situations, il faut privilégier le traitement des difficultés et du décrochage en cours d’année.

Est-ce que les enseignants en auront les moyens ?

Ils auront une formation, initiale et continue, au repérage des signes annonciateurs du décrochage, et des outils pédagogiques pour y faire face. La prévention du décrochage fera désormais partie intégrante de leur mission avec une mobilisation renforcée des corps d’inspection. Des référents décrochage seront présents dans chaque établissement. Le suivi des absences sera amélioré.

Que proposez-vous concrètement aux élèves en difficulté ?

D’abord en cas de rupture ponctuelle de la scolarité, un lien systématiquement maintenu avec au moins un enseignant pour préparer le retour en classe. Ensuite une prise en charge adaptée et personnalisée par des équipes constituées non seulement de professionnels de l’éducation, médico-sociaux mais aussi d’associations.  Les 15 à 18 ans dont le risque de décrochage est avéré se verront par exemple proposer un parcours de stagiaire de la formation initiale personnalisé. Pris en charge par un tuteur, toujours sous statut scolaire, ils auront l’opportunité de sortir de l’univers scolaire pour faire un stage de découverte en entreprise,  un service civique, le temps de mûrir un projet et  prendre du recul avant de trouver une solution de formation adaptée.

Et s’il rate ses examens ?

On lance une expérimentation à la rentrée prochaine dans quelques établissements de l’enseignement professionnel : les jeunes qui auront échoué à un examen  pourront bénéficier d’une formation adaptée prenant en compte leurs  acquis du passé, pour ne repasser que les matières non validées. C’est un exemple de la souplesse et de la modularité qui permet au maximum de jeunes d’obtenir un diplôme qui reste le meilleur rempart pour la vie professionnelle.

Votre plan offre-t-il ne sorte de droit opposable à la formation pour les moins de 25 ans?

Aujourd’hui pour ceux qui sont sortis sans aucun diplôme et qui voudraient retenter leur chance, il n’y a que des solutions éparses. Avec ce plan, on passe pour les pouvoirs publics d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. On ne peut plus perdre de vue un jeune sans solution. Celui qui a quitté les bancs de l’école à 16 ans, ou avant, et qui à 20 ans le regrette, pourra demander à être repris en charge par le système. Il aura un rendez-vous dans les quinze jours suivant sa demande avec un conseiller du service public d’orientation régional qui construira avec lui une solution de retour, soit sous statut scolaire, soit comme stagiaire de la formation professionnelle, soit en alternance.

Une étude sera lancée sur l’opportunité de relever l’âge de la scolarité obligatoire à 18 ans. Est-ce une bonne idée ?

La réponse ne va pas de soi et c’est pour cela qu’on met cette question à l’étude. C’est à la fois une protection supplémentaire et en même temps repousser l’âge de la scolarité obligatoire pour ceux à qui le système scolaire ne convient plus n’est pas forcément la panacée.


Propos recueillis par Christel Brigaudeau et Véronique Maribon-Ferret pour Le Parisien / Aujourd’hui en France.

Photo © PictureTank / Visite de Manuel Valls, Premier ministre et de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et la Recherche à Lens, pour présenter le plan “Tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire“.

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Un commentaire sur Vaincre le décrochage scolaire – l’entretien au Parisien

  1. Blutel David

    Merci pour votre article sur le décrochage d’un jeune mineur de 16 an, je doit admettre qu’il doit etre inssuportable pour ses parents d’affronter cette tache seuls. Quel civisme dans la demarche, une nouvelle orientation comme en reserve de la nation et d’un parcours professionnel ensuite. Etant ministre et mere de deux enfants, vous ne rencontrerez sans jamais le probleme meme si vous imaginez surement le role demandé aux freres et soeurs, une disgrace pour en avoir vu un certain nombre a 34 ans.

    Bon courage mme la ministre et encore bravo, merci pour la richesse de cet article particulierment larmoyant !!!

    très cordialement,

    David BLUTEL

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