École : ne cédons pas au pessimissme – L’entretien au Parisien

Presse Éducation nationale Publié le 29 novembre 2014

Retrouvez ici l’entretien accordé par la ministre de l’Éducation  nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au journal Le Parisien, ce jeudi 27 novembre 2014.

Vous qui êtes un pur produit de l’école publique, pensez-vous que vous auriez les mêmes chances de réussite aujourd’hui?

Oui, je le crois. Pour une raison simple, c’est que la première richesse de l’Éducation nationale, celle qui m’a portée durant mon parcours scolaire, c’est la compétence et le dévouement des enseignants. Cette richesse est toujours présente, je le constate chaque jour, et mon rôle est justement de la développer pour multiplier les chances de réussite. Ne cédons pas à un pessimisme que ne méritent pas ceux qui font l’école publique.

Etes-vous étonnée par la perte de confiance des classes moyennes qui estiment majoritairement que l’école joue moins son rôle de promotion sociale?

Etonnée, non, mais je suis déterminée à regagner à cette confiance. Nos concitoyens doutent aujourd’hui de la capacité des politiques à endiguer l’accroissement des inégalités, et l’école n’échappe pas à cette défiance. Et ce sentiment correspond à une réalité : notre système scolaire a été fortement dégradé depuis plusieurs années, au point de devenir l’un des plus inégalitaires. C’est justement l’objectif de la refondation de l’école que de lui rendre son rôle de promotion sociale. C’est le sens des moyens que nous mobilisons avec les 60 000 postes, le rétablissement de la formation des maîtres, la nouvelle organisation du temps scolaire, la redéfinition des programmes, la réforme de l’éducation prioritaire, le plan numérique pour l’école…

Avant, l’école donnait l’envie d’apprendre, aujourd’hui elle transmet la peur de l’échec. C’est grave?

La peur du déclassement social concerne l’ensemble de la société, mais l’école porte une responsabilité particulière parce qu’elle est le creuset de la promesse d’égalité. Rien n’est plus insupportable pour des parents que le sentiment qu’on priverait leurs enfants de leur chance de réussir. C’est pourquoi notre ambition est de donner sa chance à chacun, quand certains, à droite, voudraient durcir la compétition et la logique de sélection précoce. La peur de l’échec ne doit pas nous tétaniser ou nous conduire à la méfiance généralisée, au contraire, elle nous oblige à faire mieux.

Comment redonner aux enfants le goût de la réussite?

Mais je ne crois pas qu’ils l’aient perdu ! Par contre, nous devons être attentifs à davantage récompenser l’effort, à mieux prendre en compte les progrès, à toujours susciter le plaisir de la connaissance. C’est l’enjeu de la réflexion que nous menons sur l’évaluation. Il ne s’agit ni de casser le thermomètre, ni de supprimer les notes, mais de développer des modalités d’évaluation qui motivent les élèves et les poussent à progresser.

Le soutien scolaire paraît indispensable aux parents. L’éducation nationale peut-elle offrir une solution individualisée aux élèves

Lorsque nous augmentons les budgets consacrés à l’éducation prioritaire de 350 M€ ou de la lutte contre le décrochage de plus de 50 M€ par an, nous finançons justement des dispositifs qui organisent l’accompagnement individualisé des élèves. L’avenir de l’école passe par sa capacité à adapter ses réponses aux besoins des élèves tout en conservant un cadre collectif pour porter la réussite du plus grand nombre et former de futurs citoyens. C’est l’ambition, partagée par la communauté éducative, que je porte concrètement aujourd’hui, et avec optimisme!


Propos recueillis par C.B. et Véronique Maribon-Ferret pour Le Parisien.

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