Questions au gouvernement : “Rétablie, la formation des enseignants sera renforcée”

Ce 20 janvier 2015, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, répond à Yves Durand, député du Nord.

Yves Durand, député : Madame la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, la République, c’est d’abord l’école. La loi de refondation de l’école de la République, votée en juillet 2013, donne à celle-ci une mission claire : « élever le niveau de connaissances, de compétences et de culture de tous les enfants […] [et] recréer une cohésion nationale et un lien civique autour de la promesse républicaine de réussite éducative pour tous. »

C’est dire, madame la ministre, que l’école ne doit pas seulement instruire mais qu’elle doit aussi éduquer. Elle le fera en transmettant les valeurs républicaines, au premier rang desquelles la laïcité. Parce que l’école est le premier espace républicain que l’enfant connaît, c’est aux enseignants que la nation confie cette mission. Et je crois pouvoir dire au nom de tous que leur implication, notamment ces dernières semaines, mérite à la fois notre reconnaissance et notre confiance. Mais il importe que la République leur offre les meilleures conditions pour accomplir leur métier.

C’est d’abord reconnaître que leur métier est un vrai métier, et donc qu’il s’apprend. Dans la loi, nous avons rétabli une formation vraiment professionnelle, initiale et continue. C’est aux nouvelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation qui en ont la charge de créer une culture commune à tous les personnels d’éducation pour que chacun d’entre eux participe à la construction du citoyen en devenir dans chaque enfant.

Madame la ministre, quelles dispositions allez-vous prendre pour que les valeurs de la République, notamment la laïcité, s’intègrent concrètement dans la formation initiale et continue des enseignants ?

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :
Pour ceux qui auraient pu en douter, monsieur le député, les évènements de ces derniers jours et les innombrables attentes exprimées par la société à l’égard de l’école éclairent la nature de la mission des enseignants et ses difficultés. En effet, la mission des enseignants s’apprend. Vous avez raison – et je parle de tout ce que vous venez d’indiquer. Transmettre des savoirs, transmettre un savoir-être, apprendre des valeurs aux enfants, cela s’apprend.

Être le réceptacle des incompréhensions, des imperfections de la société et devoir en permanence y répondre en s’adaptant à ce que voient et entendent les enfants par ailleurs, cela s’apprend. Bien sûr, la formation des enseignants passe pour une évidence aujourd’hui, mais rappelez-vous qu’il n’y a pas si longtemps ce n’était pas le cas, et je vous remercie d’avoir souligné que la loi de refondation de l’école est venue mettre un terme à une tendance qui était extrêmement négative, une tendance à la déshérence de la formation, qu’il s’agisse de la formation initiale, qui avait été tout bonnement supprimée, ou de la formation continue.

Nous en pâtissons encore aujourd’hui. Alors, oui, ce gouvernement a remis en place la formation initiale, à travers ces écoles supérieures du professorat et de l’éducation, qui se cherchent encore. Je recevrai tous les directeurs des ESPE jeudi, pour faire en sorte que, dans le tronc commun, on apprenne davantage encore aux enseignants à transmettre ces valeurs.

Mais la formation continue aussi a toute son importance. J’annoncerai des mesures dans les jours qui viennent, pour la renforcer. Beaucoup de besoins se sont exprimés ces derniers jours, à la fois pour assurer cet enseignement laïc du fait religieux, pour assurer cette éducation aux médias et au décryptage de l’information et pour assurer la transmission et l’explication de ce qu’est la laïcité dans les établissements scolaires. Oui, les enseignants ont besoin d’être soutenus ; ils ont besoin d’une formation adaptée à leurs réalités, notamment à partir des besoins qu’ils auront eux-mêmes exprimés. C’est ce que nous ferons.

Éducation nationale Publié le 20 janvier 2015

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4 commentaires sur Questions au gouvernement : “Rétablie, la formation des enseignants sera renforcée”

  1. Carol

    On a la memoire courte ! :
    http://youtu.be/mK6Ph8XBQrc
    Discours de Nasser, Egypt, années 1950s –
    le public s’éclate de rire à la proposition du port de voile
    Que s’est-il passé depuis toutes ces années ?
    Nos problèmes d’aujourdhui, jusqu’à là presque invisible, ne datent pas d’hier … malheureusement il a fallu des évenements tragiques de ce mois pour rendre visible ce qui se passe … trop peu a été fait trop tard

    Sur la question de formation rétablie – enfin! Et bravo! Mais …J’aurai des choses importantes à signaler dans mon prochain envoi …

  2. JEANNIN pASCALINE

    Je suis enseignante….A la suite de la demande du gouvernement et de la Ministre de l’éducation Nationale, je vous fais part de ma réponse.
    Madame la Ministre,
    Je crois très fort en vous et je vous soutiens mais depuis l’attentat du 7 janvier, j’ai un malaise et les propos de ma fille de 15 ans ce matin n’ont fait qu’accentuer ma méditation….

    Très posée, très réfléchie de nature, ma fille m’a expliqué qu’elle avait discuté des événements avec un camarade de confession islamique, qui lui expliquait qu’il n’était pas Charlie…Leur discussion était très conviviale, pas une once d’agressivité, juste l’échange entre 2 points de vue.

    Devant la révolte et l’argumentation de son copain, ma fille m’a dit qu’elle avait tenté de lui expliquer que, Charlie Hebdo est un journal satirique, anticonformiste, qui caricature absolument tout, toutes les religions, égratigne tous les politiques, tous les sujets sensibles depuis de nombreuses années et que les caricatures ne peuvent justifier les abominations de la semaine dernière. Et ce parce qu’on est en France dans un pays de liberté où la liberté d’expression et le droit au blasphème sont les pièces maîtresses d’une démocratie et d’un état laïque [Ceci dit entre parenthèses, c’est grâce… à cause… (je ne sais quel terme employer…) qu’elle a découvert l’existence de Charlie Hebdo et qu’elle a aussi pris conscience de bcp de choses et notamment du pays de droits dans lequel elle avait la chance de vivre…]
    Son ami lui a répondu après maints échanges “Mais tu ne peux pas comprendre…Toutes ces caricatures, c’est insoutenable. Le prophète pour moi c’est plus important que ma mère et l’insulter c’est plus grave que d’insulter ma mère”
    Il a son âge, il est tout à fait modéré comme nombre de ses confrères musulmans….

    Faut-il condamner une telle attitude ? Peut on ne pas être Charlie ? Peut-on au nom d’une religion cautionner des actes barbares visant à faire taire l’impertinence et la provocation d’un journal ?
    Désoeuvrée, ma fille m’a dit qu’après une discussion interminable et stérile, elle en était arrivée à la conclusion qu’il ne pouvait comprendre cet humour, qu’elle ne pouvait rien faire pour le faire changer d’avis, sauf à lui faire changer ses croyances, ses rapports à sa religion et la forte emprise que cette dernière a sur lui…. cqfd !

    Il faut arrêter de se voiler la face. Il est bien là le problème. Les athées, les anarchistes, les Marxistes vous diront le problème, c’est LA religion, c’est elle la « fouteuse de merde » (même si je suis d’obédience catholique, je en pleine crise d’identité de ma foi quand on voit ce qui arrive…) mais en mon for intérieur, je pense surtout que c’est l’évolution ou plutôt la non évolution d’une religion et de ses dogmes qui « fout la merde » (je rappelle en passant la définition de dogme: affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse)

    Le temps est venu pour les politiques ET surtout les autorités religieuses de toutes confessions confondues de voir comment on en est arrivé là, de faire un état des lieux. Au lieu de parler la langue de bois pour épargner la susceptibilité de l’un, ou craindre la récupération politique de l’autre, il est grand temps de se poser les bonnes questions, pour faire évoluer LA religion en fonction de la société…. s’il n’est pas trop tard….

    Je ne cacherai pas que dans mes propos l’Islam est la première à laquelle je m’adresse car c’est de toutes, celle qui me semble la plus intolérante, la plus machiste mais loin de moi l’idée de dire que les autres ne le sont pas !
    Si cette religion veut perdurer sans aller droit dans le mur, sans tomber dans l’horreur du radicalisme, elle doit évoluer encore plus que les autres car c’est la seule qui peine autant à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité et de la liberté, la seule qui peine à instituer des démocraties ayant pour maitre mot la liberté de conscience et d’expression, la seule qui peine vraiment à instituer une séparation nette entre le pouvoir politique et la religion…points que de nombreux pays occidentaux ont réussi, non sans peine, à instaurer petit à petit.

    Il faut « repenser l’Islam » comme le dit si justement Abdennour Bidar, philosophe musulman, « tendre vers un islam sans soumission et dénoncer ce tabou d’une religion autoritaire et indiscutable… Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu’ils ne comprennent même pas qu’on leur parle de liberté spirituelle, ni qu’on leur parle de choix  personnel vis-à-vis des « piliers » de l’islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu’ils n’osent pas donner à leur propre conscience le droit de le remettre en question ! » C’est pas moi qui le dit, c’est lui. Et c’est tellement bien dit…

    Et ca me rappelle quelque chose tiens…
    Quand j’étais petite et que je demandais à ma grand mère, fervente catholique comme tous les gens de sa génération, pourquoi il fallait « faire (ou ne pas faire) telle ou telle chose au nom de Dieu » et qu’elle me répondait « parce que c’est comme ça! » avec toute la frustration que sa réponse m’imposait…
    Comme Simone de Beauvoir je détestais le conformisme, l’obscurantisme et même si mes filles ont grandi avec une éducation religieuse catholique que je souhaitais leur inculquer, ce fût le plus possible avec discernement, en faisant toujours rimer spiritualité et liberté. En tant que femme, je ne pouvais que les mettre en garde contre l’asservissement à une religion quelle qu’elle soit car l’histoire nous montre que religion et machisme vont souvent de paire.

    Le danger ce n’est pas la religion en elle même. Non ce n’est pas l’opium du peuple. Le danger c’est ceux qui la dispensent ET ceux qui la pratiquent, sans recul, sans ouverture d’esprit, sans discernement, sans évolution avec les progrès techniques, scientifiques et moraux de la société et l’Islam fait, malheureusement, plus que toutes, partie de ces religions où on n’a pas encore le droit…je dirais même la possibilité…de prendre ce recul…

    C’est bien beau de crier au loup, à l’urgence et de demander à l’Education Nationale de faire le chasseur, le médiateur, le sage….Foutaise…. Abdennour Bidar le dit encore si bien « Il y a tant de familles où la confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l’éducation spirituelle est d’une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas ! »
    Comment voulez vous que les enseignants fassent passer un message de liberté de conscience, d’expression à toute cette jeunesse qui même si elle voulait autre chose ne le pourrait pas, trop soumise à cette religion de fer! Comment voulez vous faire comprendre à ces jeunes filles qu’elles ont les mêmes droits et peuvent avoir les mêmes ambitions que leurs camarades de sexe masculin quand chez elles même les grands frères ont un droit de regard sur leur existence et leur pensée.

    Qu’on ne se méprenne pas. Je ne fais pas de propagande Lepeniste, anticommunautariste ! Et qu’on ne vienne pas me faire des commentaires haineux à connotation raciste ou extrémiste et m’accuser de stygmatiser une population!
    Sans prétention, mes écrits se veulent une simple réflexion, de femme et d’enseignante, sur le malaise actuel, les échanges de ma fille avec son copain musulman ayant été l’élément déclencheur de ma prose.
    Car je reste persuadée qu’une religion doit être choisie et non subie et qu’elle doit évoluer avec sa société et que ce n’est pas lui rendre service que de continuer à parler une langue de bois.
    Mais cela, ce n’est pas le rôle de la communauté éducative et les enseignants seuls ne pourront jouer les rédempteurs….
    Votre dévouée (enseignante en maternelle)

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