“L’école est un lieu où nous fabriquons notre avenir commun” – Entretien à La Marseillaise

Éducation nationale Publié le 10 février 2015

En visite à Marseille avec le Premier ministre Manuel Valls, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem a accordé un entretien au journal La Marseillaise paru le 10 février 2015.

La Marseillaise : Quel est le sens de votre présence à Marseille ? C’est une symbolique forte.
Najat Vallaud-Belkacem : Je suis très attentive à la situation de l’éducation à Marseille, pas seulement sur la question des rythmes scolaires, mais aussi sur l’éducation prioritaire ou la lutte contre le décrochage. Marseille est une ville particulièrement jeune et contrastée au plan social. Ma venue est donc naturelle et je suis heureuse de pouvoir échanger avec les responsables institutionnels et associatifs comme avec les parents d’élèves, les élèves eux-mêmes et les habitants.

La Marseillaise : Qu’en est-il de l’éducation prioritaire à Marseille, sachant des écoles et collèges ont été évincées du dispositif ?
Najat Vallaud-Belkacem : Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de recréer la confiance de tous dans la capacité de l’Ecole à tenir sa promesse d’égalité. Il y a des quartiers, des écoles, des collèges qui concentrent beaucoup de difficultés sociales et économiques et qui nécessitent une intervention plus forte de la puissance publique pour corriger les inégalités. Je conduis la réforme de l’éducation prioritaire avec cet objectif. 47 des collèges de Bouches du Rhône, 29 des collèges de Marseille, ainsi que leurs écoles de secteurs, feront partie de la nouvelle éducation prioritaire. Pour établir cette carte, les autorités académiques ont travaillé, au plus près du terrain, avec les membres de la communauté éducative et avec les élus. C’est parce que l’école de la République sera présente et sera forte partout sur le territoire, qu’elle aura la capacité  de remplir sa mission de transmission des valeurs républicaines.

La Marseillaise : Autre sujet de crispation, celui des rythmes scolaires à Marseille, peut-il encore évoluer ?
Najat Vallaud-Belkacem : Depuis ma dernière visite à Marseille, un groupe de suivi travaille sur le bilan de la mise en place des activités périscolaires à Marseille, qui sera établi au printemps. Il y a eu des avancées très nettes sur le terrain. Ces efforts doivent encore être prolongés pour que la rentrée 2015 se déroule dans de bonnes conditions et pour que tous les enfants bénéficient d’activités périscolaires de qualité. C’est d’abord la responsabilité de la Ville de Marseille. Comme partout ailleurs, les services de l’Etat sont mobilisés : nous verserons au printemps le solde de l’aide de l’Etat pour l’année scolaire 2014-2015, pour un soutien total de 6,6 millions d’euros. Cette aide annuelle sera pérennisée et conditionnée à l’établissement d’un véritable projet éducatif territorial. Ce doit être la priorité désormais pour régler les difficultés qui perdurent, pour mettre les initiatives de tous au service de la complémentarité des temps scolaires et périscolaires. Ce pourra également être un vecteur pour intégrer des activités concernant la laïcité et la citoyenneté.

La Marseillaise : L’après attentats : La réponse peut-elle reposer uniquement sur l’école ? L’école a-t-elle les moyens de son ambition ?
Najat Vallaud-Belkacem : L’école est une caisse de résonance des difficultés de notre société, qui ne peut pas tout régler à elle seule, mais qui doit être plus efficace pour mieux transmettre les valeurs de la République et réduire les inégalités. Comment appartenir à la République quand ses valeurs sont battues en brèche chaque jour par la pauvreté, les discriminations, le sentiment que les destins sont joués d’avance, quels que soient les mérites et les efforts ? Après une période de remise en cause de la place de l’école et de ses moyens (80 000 postes supprimés jusqu’en 2012), nous avons rétabli la formation des enseignants, lancé la création de 60 000 postes et engagé une refondation globale de l’école, avec la priorité au primaire, des moyens répartis en fonction des besoins sociaux, de nouveaux programmes de la maternelle au collège. A la suite des attentats, j’ai annoncé de nouvelles mesures pour rétablir l’autorité des maîtres, former tous les enseignants à la laïcité et au nouvel enseignement moral et civique qui sera effectif dès la rentrée prochaine, mobiliser les partenaires de l’école et renforcer notre action en faveur de la mixité sociale et pour l’accompagnement professionnel avec le monde économique. Ces premières mesures vont être enrichies par les Assises de l’école et de ses partenaires, que nous venons de lancer avec le Premier Ministre : l’école est le lieu où nous fabriquons notre avenir commun et individuel, je veux que tout le monde puisse y prendre part !

Propos recueillis par Catherine Walgenwitz pour La Marseillaise.

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Un commentaire sur “L’école est un lieu où nous fabriquons notre avenir commun” – Entretien à La Marseillaise

  1. Chaulmontet

    Bonjour madame.L’école est le lieu où tout devrait s’apprendre, car les enfants apprennent bien,tout, et mieux, quand ils sont jeunes, et obligés.
    Que pensez vous, madame la ministre Najat, en tant que française, mais aussi étrangère comme moi,(Je suis portugaise, française et suisse) de l’introduction dans l’enseignement: d’une “école de la vie basique, de 0 à la fin de vie”, écrite et dessinée? Pour transmettre, prévenir, expliquer tout ce qu’un garçon et fille devrait savoir à 14 ans, mais surtout avant de terminer sa scolarité normale et bien sur le cocon familial. C’est en tous cas ce que j’aurais aimé savoir à mes 14 ans en tant que fille.
    Depuis quelques années, j’écris sans avoir fait de scolarité normale. A 64 ans,j’ai envie de proposer mes divers projets et cherche des personnes pour les écrire et dessiner, convaincue de leurs utilité. Me contacter pour mieux me connaître.www.marielle-chaulmontet.blogspot.com Cordialement.Marielle

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