Mobilisation pour les valeurs de la République à l’École : Discours de clôture des Assises de l’École


La synthèse nationale des Assises de l’École et ses partenaires pour les valeurs de la République s’est déroulée mardi 12 mai 2015 en présence de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Porte-parole du Gouvernement.

Retrouvez ici le discours de la ministre :

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le ministre, cher Stéphane Le Foll
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et messieurs les directeurs généraux et directeurs,
Mesdames et Messieurs les Recteurs,
Mesdames et messieurs les inspecteurs d’académie, directeurs académiques des services de l’education nationale,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les présidents d’associations,
Mesdames, Messieurs,

Il y a 4 mois quasiment jour pour jour, les français se sont levés en masse, spontanément, pour dire après l’Horreur, leur attachement à la République et à ses valeurs : la liberté d’abord mais aussi l’égalité, la solidarité. Derrière le slogan “je suis Charlie”, il pouvait certes y avoir des nuances, mais il y avait une déclaration d’amour renouvelée pour notre histoire, nos valeurs et notre destin commun.

J’ai vu évidemment comme vous le débat sur le 11 janvier reprendre ces derniers jours. Certains – vous les connaissez – voudraient nous faire croire que ce 11 janvier était une imposture ; certains voudraient nous dire que le souffle s’est éteint et qu’il ne resterait déjà plus rien de cet enthousiasme et de cette envie de réagir et d’agir tous ensemble.

Je veux le dire à vous tous, cette complaisance pour l’histoire annoncée du déclin, je ne la partage pas. Plus que cela, je la combats et je la combattrai avec vous, de toutes mes forces, par les mots mais surtout par les actes.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. Agir pour l’égalité et la citoyenneté, comme nous l’a demandé le Premier ministre le 6 mars dernier, car c’est précisément par les actes que nous pourrons convaincre ceux qui le 11 janvier ne se sont pas joints aux cortèges citoyens.

Voilà notre feuille de route, à moi ainsi qu’à l’ensemble du Gouvernement et je pense évidemment à toi cher Stéphane, mais aussi à nos collègues Patrick Kanner et Myriam El Khomri qui n’ont pas pu être des nôtres ce matin mais qui sont aussi vos partenaires dans cette reconquête républicaine et citoyenne.

Votre présence aujourd’hui et le succès rencontré sur le terrain par les Assises sont l’illustration que l’esprit du 11 janvier est bel et bien encore là.

Et je voudrais devant vous tous saluer le travail remarquable des services du ministère avec l’appui des préfets pour avoir organisé en si peu de temps cette mobilisation collective.
Le retour est riche et foisonnant. Le recteur Camille Galap ne me contredira pas, lui dont l’académie a organisé pas moins de 376 réunions collectives… et le mouvement ne s’arrête pas, si j’ai bien compris Monsieur le recteur…

Les élèves – comme ceux du lycée Pablo Picasso de Fontenay-sous-Bois qui sont là ce matin – ont participé, mais aussi les enseignants, les personnels de direction, les corps d’inspection, les assistantes sociales, infirmières, les CPE, tous les personnels à dire vrai. Les organisations représentatives du personnel ont été présentes aussi, de même que les parents et je voudrais remercier M. Paul Raoult et Mme Valérie Marty pour la mobilisation de leurs réseaux.

Notre mobilisation à toutes et tous a été je crois à la hauteur du défi. Et je veux saluer à nouveau la mobilisation des enseignants qui ont su libérer la parole dans leurs classes et donner à leurs élèves des repères appuyés sur la connaissance. Ils ont fait honneur à l’École de la République. Ils ont fait honneur à la République elle-même.

Le vivre ensemble est notre bien le plus précieux et vous savez que le ministère a su être ferme et pédagogue lorsque, par ignorance ou par endoctrinement, certains jeunes se sont laissés abuser par les folles idées circulant sur les réseaux sociaux, par le relativisme désabusé et les théories du complot.

Notre vigilance à tous reste plus que jamais de mise car le danger n’est pas loin.

Quelques épisodes récents nous rappellent combien le vivre ensemble peut être fragilisé lorsque, sous prétexte de laïcité, on remet en cause des menus de substitution dans les cantines scolaires, à propos desquels s’est construit un consensus large au fil des années.

Le vivre-ensemble peut même être mis en péril lorsque certains se permettent, au mépris des règles de notre République, d’évoquer des fichiers d’élèves en fonction de leur appartenance religieuse supposée.

J’ai dénoncé ces propos avec la plus grande force et la rectrice de Montpellier – que je remercie – a agi comme il le fallait en saisissant immédiatement le procureur de la République pour protéger les élèves.

Je veux le redire solennellement ici en Sorbonne, la République ne connaît et ne connaitra jamais d’élèves musulmans, juifs, chrétiens ou athées ; elle ne connaît que des citoyens en devenir pour lesquels nous devons – et c’était précisément le sens de ces Assises – tous nous mobiliser, dans l’unité, pour garantir leur réussite mais aussi pour leur transmettre l’amour de notre pays, l’amour de notre Histoire de France et de nos valeurs.

Comme le disait François Mitterrand, il y a 27 ans déjà, “pour ces combats de chaque jour qui se nomment liberté, égalité, fraternité, aucun volontaire n’est de trop”.

Je veux remercier les parlementaires présents ce matin et au-delà tous ceux qui,  en particulier dans votre commission cher Patrick Bloche, nous apportent des idées et un soutien sans faille dans l’ambition qui est la nôtre pour l’Ecole de la République.

Je veux saluer les élus locaux et leurs associations qui sont mobilisés pour que nous avancions de concert comme nous l’a dit Pierre-Alain Roiron, le président de la commission Éducation de l’Association des maires de France.

Je veux remercier aussi bien sûr les associations partenaires de tous les combats de l’École et l’ensemble du monde associatif ; vous êtes porteurs des valeurs de l’engagement, porteurs des valeurs de la République et vous savez être un partenaire fidèle et exigeant ; je vous l’assure, le ministère sera un partenaire fidèle et reconnaissant pour les combats que vous menez depuis de nombreuses années : celui de la lutte pour l’égalité et contre toutes les discriminations, celui d’une Alliance au service de la réussite éducative. Avec mon collègue Patrick Kanner, nous travaillons main dans la main pour avancer dans ce sens.

Je voudrais enfin remercier le monde professionnel avec lequel le partenariat s’est trop longtemps cherché… Ce temps est révolu, l’apport du monde professionnel pour la réussite et pour les valeurs est essentiel et le président Ferracci que nous avons entendu lors de la dernière table ronde en est convaincu comme moi. Il nous a dit les opportunités et les perspectives sur lesquelles nous devons avancer ensemble, pour les élèves, pour leur réussite et pour leur insertion dans la société.

Enclencher un partenariat renouvelé et durable avec tous les partenaires, ce n’est évidemment pas une manière de nous défausser de notre responsabilité.

Sa responsabilité, l’Ecole l’a assumée pleinement dès le 7 janvier ; après une intense semaine de discussions avec vous tous, j’ai fixé le 22 janvier le cap de la mobilisation de l’École pour mieux transmettre et faire vivre concrètement les valeurs de la République.

Dans une période qui invite sans cesse au zapping, une période dans laquelle une priorité semble chasser l’autre chaque semaine, j’ai souhaité que cette mobilisation soit pérenne, enracinée dans l’institution de l’éducation nationale et ouverte aux bonnes volontés.

Depuis 2012, et cher Yves Durand, vous en êtes le garant rigoureux, toute notre politique est orientée autour de l’exigence de la transmission des savoirs pour tous. Et dans cet ensemble, la maîtrise de la langue française revêt une importance fondamentale.

Notre système éducatif ne peut plus tolérer les inégalités qui se forment dès le plus jeune âge. Laisser cette situation perdurer, ce serait laisser agir les ferments de l’exclusion de la communauté républicaine. Je m’y refuse absolument.

La langue française est constitutive de notre identité commune : sa  maîtrise, sa richesse et ses subtilités sont indissociables de la formation de l’esprit critique, fondement de la citoyenneté éclairée que nous voulons pour nos enfants.

Avec les nouveaux programmes qui entreront en vigueur en septembre prochain, l’école maternelle deviendra plus encore qu’aujourd’hui l’école des premiers apprentissages du langage écrit et oral.

Depuis hier et jusqu’au 12 juin prochain, le projet de nouveau programme pour le cycle 2, qui renforce l’apprentissage du français, est soumis à la consultation des 800.000 enseignants.

Une évaluation du niveau des élèves en français et mathématiques interviendra désormais au début de la classe de CE2 : dès le 1er trimestre de l’année scolaire 2015-2016, nous diffuserons des outils d’aide au diagnostic qui accompagneront les enseignants pour identifier les difficultés des élèves et mettre en place des réponses adaptées aux besoins de chaque enfant.

Au-delà de cet enjeu de maîtrise des savoirs fondamentaux, élever le niveau de l’école et permettre la réussite du plus grand nombre, c’est ce que nous avons fait avec l’adoption du nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture ; c’est ce que nous allons faire avec l’indispensable réforme du collège ; c’est également ce que nous faisons pour vaincre ce décrochage scolaire avant que les jeunes ne perdent confiance en l’École.

Nous ferons mieux connaitre les dispositifs que nous avons mis en place, car le décrochage est un sujet qui concerne toute la collectivité nationale. C’est pourquoi nous lancerons avant la fin du mois une campagne de communication à destination des jeunes qui ont quitté le système scolaire sans qualification pour les informer sur leur droit au retour en formation. C’est une mesure concrète sur laquelle l’École et ses partenaires s’engagent pour notre jeunesse.

Prévenir le dérochage, c’est évidemment aussi donner le plein essor à la relation formation-emploi et à la collaboration avec le monde économique. La mise en place à la rentrée du nouveau parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel nous donnera un cadre pour casser la spirale de l’échec, du désintérêt pour l’école qui fait douter les jeunes des valeurs que nous leur transmettons.

Evidemment, sur tous ces sujets, nous l’avons vu en janvier, l’enjeu de la formation des enseignants est essentiel. Il est au cœur des attentes des enseignants car c’est la clé du renforcement de la transmission des valeurs de la république à l’école.

La capacité des candidats à « expliquer et à faire partager les valeurs de la République » sera désormais évaluée systématiquement dans les concours de recrutement. Les ESPE feront une place prioritaire dans le tronc commun aux apprentissages fondamentaux sur la laïcité, l’animation des débats, les usages des médias. Une université d’été des ESPE se tiendra à Lyon en juillet prochain pour assurer l’homogénéité de la formation.

La laïcité… Elle a été au cœur des Assises et de nos échanges car elle est au cœur de l’École.

J’avais annoncé en janvier un plan exceptionnel de formation des enseignants à la laïcité et à l’enseignement moral et civique. Ce plan a été mis en œuvre. En l’espace d’un mois, ce sont près de 1.200 experts qui ont été formés et qui formeront à leur tour 300.000 enseignants d’ici la fin décembre 2015.

Cet effort sans précédent de formation est en train d’être enrichi de ressources pédagogiques pour mieux accompagner les enseignants dans leurs pratiques quotidiennes. Ces outils, je les veux utiles pour les enseignants et adaptés aux réalités qu’ils rencontrent.

Ces nouvelles ressources seront bien sûr mises à disposition de nos partenaires des collectivités et des associations car j’ai entendu votre demande de définition commune des valeurs de la République, pour les professionnels, pour les parents et pour les enfants. Oui, nous pouvons faire de la laïcité et de la citoyenneté un dénominateur commun qui concrétise l’idée d’Alliance éducative que beaucoup ont évoqué au cours des Assises.

D’ailleurs, comme nous en avions pris l’engagement avec mon collègue Patrick Kanner, nous proposons à partir d’aujourd’hui sur le site dédié aux projets éducatifs territoriaux (PEDT) des ressources pour y intégrer pleinement les actions relatives à la citoyenneté et à la laïcité.

J’ajoute qu’un site-portail général sur les valeurs de la République, et des parcours de formation en ligne pour tous les enseignants, seront disponibles pour la rentrée. Nous diffuserons à la rentrée scolaire également un livret relatif à la laïcité auprès de tous les établissements scolaires.

Au-delà de ces outils, la laïcité doit s’incarner au quotidien. Dans un esprit de dialogue et parce qu’il faut que la laïcité soit comprise, nous mettrons en place, à la rentrée, la signature de la charte de la laïcité par les parents pour manifester leur engagement à la respecter et à la faire vivre à nos côtés.

Je voudrais d’ailleurs profiter de cette tribune pour rappeler, s’agissant des polémiques récentes concernant le port de jupes, que bien sûr aucune élève n’a été exclue au seul motif de la couleur ou de la longueur de sa jupe, mais bien en raison d’attitudes provocatrices vis-à-vis du principe de laïcité.

S’agissant d’adolescents ou d’adolescentes, il convient toujours de poser les limites qui aident à la construction de repères éducatifs, en privilégiant le dialogue et le discernement entre les équipes éducatives, l’élève et sa famille. Et vous le savez bien, cela permet, dans la quasi-totalité des cas, de régler les situations de manière apaisée.

Mais au-delà de la laïcité, c’est le sentiment d’appartenance commune qui doit être renforcé par tous les moyens.

Quelques jours seulement après la célébration autour du président de la République du 70ème anniversaire de la Libération, placée cette année sous le signe de la transmission, comment ne pas évoquer ainsi célébration dans les établissements et avec les élèves des commémorations patriotiques.

En mars, nous avons relancé la semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme et le nouveau plan annoncé par le Premier ministre à Créteil le mois dernier trace une feuille de route exigeante.

Le 8 mai, le président de la République a lancé la réflexion pour élargir à toute la jeunesse l’accès au concours national de la Résistance et de la Déportation et pour mieux valoriser ceux  qui y participent. Au fond Les Héritiers – pour reprendre le titre de ce merveilleux film – demain, nous devrons les compter par milliers.

Et c’est bien à l’échelon de proximité, celui des écoles, des collèges et des lycées que ces projets se construiront en partenariat avec des sites mémoriels et des établissements patrimoniaux.

Vous avez entendu comme moi le témoignage des lycéens du lycée Pablo Picasso de Fontenay-sous-Bois ; il m’a conforté dans une idée que les Assises ont fortement porté : il n’est pas de meilleur apprentissage de la citoyenneté pour les élèves que d’en faire l’expérience personnelle.

C’est précisément le sens du parcours citoyen de l’école élémentaire à la terminale qui se met progressivement en place à partir de la rentrée prochaine. J’en saisirai le Conseil supérieur des programmes dans les tous prochains jours.

Ce parcours citoyen prendra notamment appui sur l’enseignement moral et civique qui débutera dès la rentrée 2015 pour toutes les classes. Il s’alimentera d’une éducation aux médias et à l’information renouvelée ainsi que de la participation des élèves à la vie sociale et démocratique de la classe et de l’établissement, que nous devons développer.

Il y a une forte attente d’engagement des jeunes et nous devons, nous adultes, y répondre en confiance. La création prochaine de conseils de la vie collégienne dans chaque collège va aller dans ce cens. Même chose pour les médias collégiens.

Je crois aussi à la valeur de l’exemple pour nos jeunes. Et quel plus bel exemple peut-on leur donner que celui de l’engagement de jeunes en service civique dans nos établissements scolaires.

Jusqu’à présent, le service civique est resté aux marges de l’école. Certes avec des actions exemplaires comme celle que conduit l’Afev. Mais avec la mise en place du service civique universel le mois prochain, je veux – en accord avec mon collègue Patrick Kanner – que les jeunes en service civique viennent en nombre nous apporter leur enthousiasme et leurs compétences.

C’est pourquoi, le ministère de l’éducation nationale a décidé d’accueillir, à partir de la l‘automne prochain, au minimum 5000 volontaires du service civique, pour des missions diversifiées, qui concerneront tant le premier degré que le collège. Il s’agira notamment de développer l’accès à la culture, au sport, aux sciences, d’accompagner les projets des élèves et des équipes éducatives, ou encore de contribuer à l’apaisement du climat scolaire. J’engagerai dès la semaine prochaine le travail avec les académies pour recueillir les demandes à partir des besoins réels des établissements et des territoires.

Et il ne s’agit pas simplement de l’école : l’ouverture dès les prochaines semaines de discussions avec les organisations étudiantes en vue de définir un Plan de vie étudiante, permettra d’aller plus loin sur l’engagement l’engagement des étudiants dans la vie de la Cité et d’encourager les dispositifs qui le valorisent.

Sur tous ces sujets d’engagement et de citoyenneté active des élèves, la prochaine Semaine de l’engagement qui se tiendra en septembre 2015 devra permettre d’enregistrer des avancées, notamment sur l’égalité entre les sexes. Je ne me résous pas à ce qu’au niveau académique et national on ne puisse garantir la parité dans les instances représentants les élèves. Je ferai évoluer cette situation car nous aurions beau jeu de déplorer son absence dans les instances démocratiques nationales si à l’école, nous ne donnions pas aux élèves l’occasion de faire l’apprentissage de la parité.

Je conclurai ce point en vous disant chers partenaires que bien évidemment, ce parcours citoyen est un parcours dans lequel associations, collectivités, parents, acteurs de la vie sociale et économique vous pourrez tous contribuer. Pour que vous puissiez apporter votre contribution, je demanderai dans la lettre au CSP de prévoir ce temps de consultation avec vous.

La construction de ce parcours citoyen illustre au fond l’intérêt de la démarche des Assises, que je pourrais résumer par la belle formule employée par l’équipe de l’école élémentaire Jean Moulin de Nîmes. Ils nous avaient présenté leur projet de co-éducation avec les parents d’élèves lors de la journée de l’innovation enseignante du 8 avril dernier avec ce beau message : « passer du face à face au coude à coude ».

La somme de contributions constituée au cours des Assises est impressionnante et nous devons prendre le temps de la partager. Il y a évidemment beaucoup à apprendre.

Ce que je retiens dès maintenant c’est que la nouvelle dynamique partenariale que les acteurs ont appelé de leurs vœux devra s’inscrire dans la durée et se matérialiser par des points d‘étape réguliers.

C’est pourquoi, je souhaite que les échanges qui se sont déroulés au cours des derniers mois puissent se renouveler l’an prochain dans les académies sous une forme et à un niveau dont nous discuterons ensemble, mais qui devra permettre aux acteurs de faire le point sur nos avancées communes.

Je relève également l’adhésion à la proposition que j’avais faite en janvier dernier de constituer dans chaque département un comité départemental d’éducation à la santé et à la citoyenneté. Ce doit être un lieu pérenne d’échange entre les acteurs, et notamment avec les parents d’élèves, pour évoquer par exemple le bon déploiement de la mallette des parents ou des espaces parents qui ont été beaucoup discutés lors des Assises. La circulaire de rentrée prévoira donc la généralisation de ce comité à la rentrée prochaine.

Les échanges des Assises ont, comme cela a été relevé ce matin, facilité la connaissance réciproque de acteurs. Avec le collectif des associations complémentaires de l’école supérieure de l’éducation nationale, nous allons amplifier cela en mettant en place pour l’automne prochain un parcours de formation à destination des cadres du ministère sur les différents enjeux de ce partenariat.

Plus encore, je viens de renouveler avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) notre partenariat pour que désormais nous puissions développer dans les territoires une offre de formation conjointe et rechercher des complémentarités d’actions pour favoriser les échanges de compétences et d’expertises.

Mesdames, messieurs, l’Alliance éducative que nous devons mettre en place n’aura de sens que pour surmonter les défis auxquels l’École doit faire face : assurer la réussite éducative et lutter sans relâche contre les inégalités.

Cette réussite éducative, nous ne pouvons évidemment la construire qu’avec les parents. Oui, Madame la députée Valérie Corre, nous devons assurer sur le terrain le déploiement des dispositifs prévus dans la loi ou qui ont fait leurs preuves sur le terrain comme la mallette des parents. Nous devons tirer le meilleur du fourmillement d’initiatives remontées par les Assises pour répondre à l’attente de diversification des modes de communication entre l’Ecole et les parents ; Et nous devons bien sûr nous adresser à chacun d’eux.

J’aurai l’occasion au cours de cette journée très riche de saluer l’excellence du travail conduit par l’inspecteur général Jean-Paul Delahaye, présent parmi nous. Il m’a remis hier soir un rapport pour nous redonner des perspectives dans le combat que doit mener l’Ecole contre la pauvreté et pour la réussite des enfants des familles modestes. Une expression qui masque trop souvent le fait que ces familles furent les grandes oubliées lorsque le système scolaire a été négligé, lorsqu’on l’a laissé se perdre à jouer la préférence pour les élites contre la réussite de tous.

Je veux aussi retenir de ces Assises deux idées.

D’abord, celle d’une nécessaire simplification des démarches administratives pour les parents. Nous avons déjà cette année engagé la simplification de l’accès aux bourses mais nous devons aller plus loin.

Je m’engage à conduire ce chantier avec Thierry Mandon.
Seconde idée, c’est celle de faciliter l’accès réel des parents aux instances de représentation. C’est une demande des fédérations de parents d’élève que Chère Valérie Corre, vous avez reprise dans votre rapport au nom de la commission des affaires culturelles de l’education de l’Assemblée nationale sous la forme du statut de parent délégué.

Cela intéresse évidemment les partenaires sociaux et c’est pourquoi, pour anticiper les discussions qu’ils doivent avoir, j’ai avec mon collègue François REBSAMEN, sollicité de l’IGAENR et de l’IGAS un rapport détaillé sur ce sujet. C’est un sujet lourd et d’arbitrage  – qui ne viendra qu’après la remise du rapport avant la fin de l’année scolaire – mais ma responsabilité est déjà que l’on explore cette idée jusqu’au bout.

Lutter contre les inégalités qui minent la promesse de l’École républicaine, c’est ma préoccupation de tous les jours.

Nous avons avancé avec la réforme des rythme scolaires, avec la rénovation des réseaux d’éducation prioritaire, avec la réforme fondamentale de l’allocation des moyens… avec aussi le rétablissement de 20 % de crédits pour les fonds sociaux des établissements scolaires que la précédente majorité avait asséché en 10 ans. Voilà des leviers puissants pour sortir de la spirale du déterminisme social.

Tout n’est pas qu’une question de moyens, c’est aussi une question de volonté comme l’a rappelé madame la préfète à l’égalité des chances du Val d’Oise ; et en l’occurrence, pour développer les internats de la réussite éducative, des moyens il y en a au titre des investissements d’avenir ! Précisément, 138 M€  supplémentaires sont prévus pour 5 500 places nouvelles.

J’invite les départements et les régions à se saisir de cette opportunité essentielle pour une politique de l’égalité. Je le dis aux recteurs, il faut poursuivre inlassablement le travail de conviction auprès des collectivités car l’internat de réussite éducative est un bon modèle parfaitement complémentaire des réformes pédagogiques que nous avons lancées.

En mars dernier, sous l’impulsion du Premier ministre, nous avons décidé d’aller plus loin : c’est la priorité à la scolarisation des moins de 3 ans dans les REP+ avec un objectif de 50 % ; c’est l’accompagnement des jeunes des quartiers vers l’enseignement supérieur ; c’est le suivi social et de santé renforcé en REP + ou encore –la généralisation des programmes de réussite éducative à tous les REP +.

Il est également une mesure essentielle qui me tient particulièrement à cœur même si elle est difficile : c’est bien sûr la question de la mixité scolaire.

Sans mixité scolaire, la promesse républicaine d’égalité est absente du quotidien de trop d’élèves.
Les analyses sont bien connues. Les erreurs qui sont été commises entre 2008 et 2012 aussi
.
Alors il faut continuer à agir. C’est ce que disent ces parents d’élèves du Petit Bard-Pergola, un quartier défavorisé dans l’ouest de Montpellier, qui ont interpellé leurs élus sur une décision de sectorisation au collège. Vous avez peut-être entendu parler d’eux le week end dernier.

Nous avons entendu aussi le directeur de l’éducation du conseil départemental de Meurthe-Et-Moselle. L’approche pragmatique à partir d’expériences développées localement est vraiment la bonne.

Pour avancer sur ce chantier complexe, qui se heurte tant aux réalités résidentielles qu’aux stratégies de contournement déployées par des familles, je souhaite donc avancer dans deux directions :

  • avec la mise en place d’indicateurs de mixité à l’échelle des établissements, qui permettront un pilotage national mais surtout de proximité de la mixité. Nos services y travaillent déjà pour doter avant la fin de l’année scolaire l’ensemble des acteurs de l’école des outils d’analyse indispensables pour avancer ensemble.
  • Le travail avec un certain nombre de conseils départementaux de tous bords sur un redécoupage des secteurs communs à plusieurs collèges. Nous en donnerons la liste avant l’été pour que la prochaine année scolaire soit consacrée à ce travail, en associant l’ensemble des acteurs, pour piloter des mises en œuvre ciblées à la rentrée 2016.

L’École privée, je le sais, ne veut pas rester immobile sur le sujet ; ses représentants me l’ont dit et je crois que nous avons un travail très concret à engager, respectueux des principes de la liberté de l’enseignement mais réel pour éviter des distorsions criantes, qui ne sont bénéfiques pour personne.

Nous avancerons aussi sur la mixité sociale au lycée. Le président de la Commission Éducation de l’ARF m’a confirmé son accord pour qu’avec les élus nous puissions y travailler très concrètement dans les prochaines semaines.

Et à partir de la rentrée, nous expérimenterons dans cinq académies un dispositif permettant d’élargir l’offre de formation en matière de langues dites rares.

Ce dispositif, qui s’appuiera sur un enseignement mixant des modalités d’apprentissage en présence et en ligne, est essentiel. Il est la preuve que favoriser la mixité sociale et la réussite de tous, ce n’est pas niveler l’enseignement par le bas, c’est donner à tous accès à une offre aujourd’hui réservée à un trop petit nombre d’initiés.

Cette politique de l’égalité, je l’assume, je la revendique même car c‘est cela qui améliorera le niveau de tous, y compris des meilleurs. C’est cela la philosophie de la refondation de l’école que le parlement a adoptée, c’est comme cela que l’on met en cohérence nos valeurs républicaines et nos actes !

Je terminerai ce propos déjà trop long par un mot sur la réserve citoyenne de l’éducation nationale que je lance officiellement aujourd’hui.

Cette réserve citoyenne est l’expression même du souffle du 11 janvier : spontanément, 4660 personnes se sont inscrites pour donner de leur temps et de leur expérience à l’École de la République.

L’École s’ouvre ainsi aux citoyens ; il ne faut pas la craindre car comme disait Jean Bodin : “il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens : vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes…”.

Cette réserve citoyenne, pour lesquelles de multiples institutions vont donc nous rejoindre pour en être les ambassadrices, on les a vues.

C’est un acte de confiance envers les enseignants, qui ont à cœur de développer des projets pour accueillir ces réservistes.

C’est un acte confiance dans la collaboration avec les grandes associations qui sont aujourd’hui réunies.

C’est enfin un acte de confiance dans le sursaut collectif du 11 janvier que nous devons entretenir, pour qu’il reste toujours possible.

Merci à toutes et tous de votre attention. Vive l’École de la République, vive la France.

Éducation nationale Publié le 12 mai 2015