Plan « bibliothèques ouvertes » : visite et discours à la bibliothèque universitaire de l’Université d’Evry


Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se sont rendus à la Bibliothèque Universitaire de l’Université d’Evry, le lundi 1er février 2016, pour présenter le plan « bibliothèques ouvertes ». Ce plan a pour objectif d’élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques universitaires et d’améliorant la qualité des services.

En présence de Francis Chouat, maire d’Evry et de Patrick Curmi, président de l’université d’Evry-Val-d’Essonne, les ministres ont échangé avec le personnel de la bibliothèque. Puis Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon ont visité la bibliothèque universitaire, et ont découvert ces outils numériques (espaces documentaires thématiques, autoformation..).

Après son intervention, Najat Vallaud-Belkacem a déjeuné au restaurant universitaire avec le directeur du CROUS et une dizaine d’étudiants. Ce repas sympathique a été très apprécié par ces derniers

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Retrouvez ici la vidéo et le texte du discours prononcé, par Najat Vallaud-Belkacem, à la Bibliothèque Universitaire de l’Université d’Evry :

 

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Recteur, cher Daniel FILATRE,
Mesdames et Messieurs les parlementaires (à confirmer),
Mesdames et Messieurs les conseillers départementaux (à confirmer),
Monsieur le Maire d’Evry, cher, Francis CHOUAT
Monsieur le Président de l’université,
Mesdames et Messieurs les personnels enseignants, chercheurs et de la bibliothèque,
Chers Etudiants,

L’importance d’une bibliothèque universitaire va bien au-delà de ce que l’on imagine. Ce n’est pas simplement – ce qui est déjà beaucoup – un lieu qui contient des livres.
C’est un lieu de travail, un lieu de recherche et d’études, un lieu de vie, aussi.
Un lieu où, au dialogue entre le lecteur et l’auteur qui abolit les siècles et les distances, s’ajoute celui qui va, grâce aux conseils d’un bibliothécaire, d’un documentaliste, nous orienter vers un ouvrage auquel nous n’aurions pas songé.
Un lieu où bruissent les pages de notes, où se consolident des hypothèses de recherche et où s’épanouissent des problématiques.
Bref, je pense que vous l’aurez compris. J’aime les bibliothèques universitaires. Et je crois que cet attachement, nous le partageons largement.
Voilà pourquoi j’ai tenu, avec Thierry Mandon, à consacrer un plan et des moyens spécifiques aux Bibliothèques Universitaires. Non seulement parce que nos universités en ont besoin. Mais, davantage encore, parce que nos étudiants en ont besoin.
Les bibliothèques universitaires sont essentielles à leur réussite. Elles sont l’âme d’un campus. Et les attentes qui s’expriment à leur égard en témoignent.
Comme vient de le rappeler Thierry Mandon, nous pouvons êtres fiers des progrès accomplis ces dernières années, par les universités, en matière de bibliothèque. Je pense aux nombreuses rénovations, à la mutualisation, aux progrès du numérique.
Mais je tiens cependant à vous le dire tout de suite : je souhaite que nous fassions encore plus ! Oui, nous pouvons apporter aux attentes des étudiants des réponses encore plus ambitieuses !
C’est le sens du plan national « bibliothèques ouvertes » que nous sommes venus vous présenter aujourd’hui.
Son objectif est simple : adapter les bibliothèques universitaires aux besoins de leurs usagers et offrir aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs les meilleures conditions de travail possibles.
Ce plan national s’articule autours de deux priorités, pour lesquelles l’Etat va mettre, à la disposition des universités, des moyens nouveaux :
– élargir de manière décisive les horaires d’ouverture des BU, notamment aux heures où les étudiants travaillent le plus, c’est-à-dire le soir et le week-end, mais aussi pendant les vacances qui sont bien souvent des périodes de révision et de préparation des examens.
– améliorer la qualité du service rendu aux usagers dans les BU, pour offrir plus de places de travail, les équiper des technologies les plus récentes, et donner à chaque étudiant les moyens de réussir et de gagner du temps dans son travail.

L’élargissement des horaires est une revendication ancienne. Tellement ancienne, que l’on a pu croire qu’il constituait un idéal inaccessible.
Oui, je sais quelle rêverie admirative s’empare de l’étudiant qui, regardant un film américain, voit les héros pénétrer à deux heures du matin dans la bibliothèque de leur université.
Et si je l’évoque avec légèreté, je n’en prends pas moins le sujet très au sérieux. Nous avons, dans ce domaine, un retard important, ne serait-ce que par rapport à l’Europe.
Les BU françaises sont ouvertes en moyenne 61h par semaine, quand les BU allemandes le sont 69h et que la moyenne européenne est à 65h. Et si 51 % des BU ouvrent au-delà̀ de 19h au moins une fois par semaine, seules 19 % des bibliothèques ouvrent après 20h.
Or ces horaires ne sont pas que des chiffres. Ce sont autant de possibilités de travail pour nos étudiants : autant d’opportunités pour accéder aux ressources documentaires, à des postes informatiques, pour s’améliorer, et réussir davantage.
Force est de constater que trop souvent, aux horaires qui leurs sont les plus propices, nos étudiants tombent sur des portes closes.
La disponibilité́ et la qualité du service public des bibliothèques universitaires représentent des enjeux majeurs de justice sociale.
Les BU sont, pour tous les étudiants d’origine modeste, les seuls endroits où ils peuvent étudier, consulter gratuitement les livres et les manuels dont ils ont besoin, et préparer leurs partiels dans les mêmes conditions que leurs camarades. Elles sont des instruments formidables pour la promotion sociale dans l’enseignement supérieur.
Des bibliothèques plus ouvertes, ce n’est donc pas uniquement plus « pratique » : c’est un moyen concret d’œuvrer à la réussite de nos étudiants. C’est la possibilité offerte à tous de mieux étudier, de mieux apprendre, et de mieux travailler.
Cette politique d’ouverture des BU doit bien évidemment reposer sur la réalité des besoins, analysée au sein de chaque université, par l’intermédiaire d’enquêtes conduites auprès des usagers par exemple. Mais pour franchir une nouvelle étape décisive, notre plan conditionnera le soutien du ministère à la réalisation d’objectifs ambitieux :
– ouvrir au moins une bibliothèque dans chaque université jusqu’à 22h le soir en semaine, le samedi après-midi et pendant les périodes de révisions ;
– ouvrir au moins une bibliothèque dans 40 grandes villes le dimanche après-midi, grâce à des mutualisations dans le cadre de la politique de site.
Pour y parvenir, nous croyons à la mobilisation des établissements, sur le terrain, et à la coopération entre eux au sein des regroupements d’établissements. C’est la méthode que nous proposons.
Le ministère lancera fin février un appel à projets auprès des établissements et de leurs regroupements, et s’engage à soutenir et à accompagner les efforts qu’ils déploieront pour atteindre ces objectifs précis en partant de leur situation actuelle.

Je reviendrai sur cet appel à projets, après avoir évoqué le second axe de ce plan : l’amélioration de la qualité des services offerts aux usagers.
Je tiens sur ce point à souligner la façon dont vous avez su, ici, dans cette bibliothèque universitaire, accompagner l’amélioration de la qualité des services avec le développement d’outils innovants.
Ainsi, des espaces documentaires thématiques ont été ouverts à la rentrée 2015, offrant aux étudiants un accès disciplinaires aux ressources documentaires, et des liens vers des ressources pédagogiques.
Un outil précieux au sein d’une BU ouverte aux étudiants, aux élèves de l’ESPE, mais aussi aux lycéens et aux habitants de la ville. Une bibliothèque, en somme, qui rayonne véritablement au-delà du campus.
Ici, comme dans l’ensemble du pays, de nombreuses innovations se déploient sur le terrain : je pense à l’accès à des ressources documentaires numérisées, aux conditions de prêts, aux conditions de travail et à l’aménagement des espaces, aux conditions d’accueil.
Je salue l’engagement de l’ensemble des personnels des bibliothèques qui font de la qualité de cet accueil une priorité de leur action, au quotidien.
Mais nous connaissons aussi les obstacles : le nombre de places assises en bibliothèques évolue moins vite que la démographie étudiante ; et les usages d’un étudiant en premier cycle ne sont pas les mêmes que ceux d’un doctorant ou d’un chercheur, ou varient en fonction des domaines disciplinaires.
Voilà pourquoi l’Etat soutiendra les établissements qui doteront leurs BU des équipements nécessaires pour mieux gérer les flux d’étudiants et les informer.
L’installation de ces dispositifs de comptage doit renseigner les étudiants en temps réel sur le nombre de places disponibles et sur le temps d’attente éventuel pour disposer d’une place, tout en permettant aux professionnels d’avoir des statistiques sur les taux d’occupation de leur salle de lecture aux différentes heures de la journée.
Le développement d’applications web ou mobile facilitera ensuite l’accès à cette information : je pense par exemple à l’expérience conduite dans certaines BU à Paris avec l’application « Affluences ».
Mais, en termes de services, je songe aussi au développement des coopérations entre les BU et des Bibliothèques municipales pour offrir de nouveaux espaces de travail aux étudiants. C’est particulièrement précieux pour les étudiants qui rejoignent leur domicile familial le week-end ou pendant les vacances.
L’appel à projet que nous allons lancer invitera les BU à s’engager dans ces démarches, en étroite concertation avec les collectivités.
Plus généralement, je tiens à engager les bibliothèques universitaires dans une démarche de certification de la qualité du service qu’elles rendent aux usagers reposant sur des évaluations externes.
C’est un moyen d’entériner la capacité d’une BU à innover, de donner davantage de visibilité à ce qui est proposé, de reconnaître l’engagement des personnels, et d’attester que ces services sont conçus, mis en place, évalués et suivis pour toujours répondre aux besoins de ses usagers.
Je pense notamment aux démarches de certifications-qualités, reposant sur des évaluations externes, telles que le Label Marianne qui vérifie le respect de 19 engagements portant sur les modalités d’accueil des usagers dans les services publics.
Et je tiens à saluer l’université de Lyon qui est la première en France à avoir obtenu la certification ISO 9001-2008
En ce qui concerne le respect par les BU des objectifs d’amplitude horaire prévus par notre plan, le ministère reconnaîtra leurs efforts par l’attribution d’un nouveau label « NoctamBU+ » qui rehaussera les objectifs et le périmètre du label « NoctamBU » créé en 2010.

Deux axes. Des objectifs clairs. Des labels pour souligner la qualité d’une démarche. Reste la question de la mise en œuvre.
Sur ce sujet comme sur bien d’autres, Thierry Mandon et moi-même sommes convaincus que la meilleure façon d’avancer est de fixer le cap, de créer une dynamique, et d’accompagner les initiatives des acteurs de terrain pour sa mise en œuvre.
La méthode que nous proposons est celle de l’appel à projet, et d’un accompagnement budgétaire des projets retenus par le ministère.
Nous installerons donc dans les prochains jours un groupe de travail, qui comprendra des représentants du ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche et du ministère de la culture et de la communication, mais aussi des universités, du CNOUS, des étudiants, d’associations du monde des bibliothèques et de représentants des collectivités territoriales.
Ce groupe de travail sera chargé d’élaborer le cahier des charges de l’appel à projet, qui sera lancé à la fin du mois de février 2016, et d’émettre un avis sur les projets qui seront retenus par le ministère en mai 2016. Ces évolutions devront être en place dès la prochaine rentrée universitaire.

Mais ce plan ne se limite pas à énoncer des objectifs. En effet, quel sens aurait ce plan sans donner aux BU les moyens budgétaires et humains nécessaires pour l’accomplir ?
Le ministère prendra, dans ce domaine, ses responsabilités.
L’extension des horaires d’ouverture reposera en priorité sur le recours privilégié à des emplois étudiants, dans le cadre du décret sur l’emploi étudiant à l’université. Celui-ci prévoit notamment que ces activités soient organisées et aménagées en fonction des exigences spécifiques d’emplois du temps.

Elle pourra aussi nécessiter une adaptation des cycles de travail des personnels de la filière des bibliothèques dans le cadre de la règlementation existante, après négociation au sein de l’établissement.
En effet, jamais l’amélioration de la qualité du service ne se fera au détriment des conditions de travail des personnels !

Les dépenses supplémentaires nécessaires à l’ouverture des bibliothèques en horaire élargi donnant lieu à une participation du ministère intègreront donc :
– les dépenses liées au recrutement de 3 emplois étudiants sur les nouveaux horaires ;
– un forfait pour les dépenses de gardiennage ;
– et la prise en charge du déploiement d’une solution de comptage des entrées et de prévision de l’affluence.
Nous proposons que 75% de ces dépenses supplémentaires soient couvertes par un soutien du ministère, 25% restant à la charge des établissements, de leurs regroupements et de leurs partenaires.

Sur cette base, et dans l’hypothèse où 75 universités répondraient à l’appel à projets, le ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche consacrera jusqu’à 12,7 M€ aux projets d’amélioration de l’accueil des étudiants en bibliothèques universitaires déployés par les établissements et leurs regroupements. Cette somme sera répartie sur plusieurs années, de 2016 à 2019.

Au-delà de ce soutien financier, 25 emplois seront créés au sein des regroupements d’établissements en 2017. Cela permettra d’assurer le suivi et la mise en place du dispositif d’amélioration de l’accueil des étudiants en BU dans son ensemble, de garantir la mobilisation des équipes et de négocier des accords avec les collectivités territoriales. Ces emplois aideront aussi les regroupements à fédérer les ressources documentaires qui relèvent de leur périmètre.

L’attribution de ce soutien financier, et de ces emplois, sera donc conditionnée à la tenue des objectifs fixés par ce plan. Car c’est ensemble que nous pourrons relever le défi de ma modernisation des bibliothèques ! C’est ensemble que nous mènerons à bien ce plan ambitieux !

D’ailleurs, son ambition ne fait que répondre à l’importance des Bibliothèques Universitaires.
L’attachement des étudiants et des enseignants-chercheurs pour les bibliothèques, de nombreux travaux en portent la trace ; nombreux sont aussi les romans qui les évoquent, et les poèmes qui célèbrent.
C’est Marguerite Yourcenar voyant dans les bibliothèques des « greniers publics, [où] amasser des réserves contre un hiver de l’esprit » ou Thomas Stearns Eliot considérant leur existence comme « la meilleur preuve qu’il peut y avoir de l’espoir pour le futur de l’homme. »
Moins lyrique, moins vibrant, moins émouvant sans doute est le plan que nous mettons en œuvre.
Il n’en constitue pas moins, par son ampleur, par la nécessité à laquelle il répond, et par son importance, un juste hommage rendu aux bibliothèques universitaires, et aux femmes et aux hommes qui y vivent, et qui les font vivre.

Je vous remercie.

Najat Vallaud-Belkacem,
ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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