Égalité Filles – Garçons : Interview au magazine Viva de Villeurbanne

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a accordé une interview au VIVA magazine, le magazine de Villeurbanne. Najat Vallaud-Belkacem a fait de l’égalité femmes-hommes une priorité. Son plan d’actions se déploie concrètement dans les établissements scolaires. Explications.

VIVA : En 2014, c’est à l’école Château-Gaillard que vous lancez un premier programme visant à réduire les inégalités entre filles et garçons. Pourquoi avez-vous choisi Villeurbanne ?

Najat Vallaud-Belkacem : Villeurbanne a toujours été en avance sur les questions éducatives. Depuis les années trente, l’enfant est au cœur des politiques municipales. En 2014, lorsque j’ai lancé ce premier programme de lutte contre les stéréotypes, Villeurbanne est apparue comme la ville où la citoyenneté était une exigence à chaque génération, par conséquent une exigence à l’école. Je garde un souvenir chaleureux de ma rencontre avec les équipes éducatives de Château- Gaillard dont la mobilisation faisait plaisir à voir.

Depuis 1989, l’égalité filles garçons est une mission de l’école. En quoi est-elle une valeur fondamentale ?

L’égalité entre les sexes ne va pas de soi ! Si les écarts entre les filles et les garçons diminuent, les inégalités demeurent. Les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons. Mais une fois dans la vie active, le salaire des femmes reste inférieur à celui des hommes, leurs carrières professionnelles sont moins satisfaisantes. Elles osent moins. Elles s’interdisent certains métiers. Or cette inégalité prend racine dans la scolarité, à travers les conseils de choisir telle ou telle filière, pire encore, dans des recommandations de savoir être qui n’amènent pas les filles à revendiquer les postes à grande responsabilité. Tout cela est insidieux. C’est pourquoi les manifestations – comme la Fête du livre jeunesse et notamment l’intervention de l’illustratrice Claire Cantais à l’école Jules-Ferry – qui aident à déconstruire les préjugés sont si importantes. Je suis ravie de voir qu’à l’École nationale de musique, une fille peut opter pour la batterie, un garçon pour la harpe. Il s’agit là d’une action exemplaire pour favoriser la mixité dans la pratique artistique.

Comment, en luttant contre les stéréotypes et les comportements sexistes, en vient-on aussi à s’attaquer aux violences à caractère sexuel ?

Tout est malheureusement lié. Le manque de respect verbal, la déconsidération de l’autre,
en particulier des filles, peuvent aboutir à des violences à caractère sexuel. C’est pourquoi nous formons les enseignants à repérer, prévenir et agir contre ces dérives. À Villeurbanne, les actions menées en 2011, dans quatre collèges, à partir de la pièce « T’es pas mon genre », ont amené les adolescents à une culture du respect mutuel et à condamner des faits pouvant apparaître aux yeux de certains comme “normaux”. Il est indispensable de donner des repères.

De la maternelle au lycée, comment aider les plus jeunes à trouver leur voie, à se construire, sans se laisser influencer par des représentations préconçues et sexuées des métiers ?

Les jeunes doivent faire leur expérience. Ils doivent se rendre compte par eux-mêmes que c’est possible. J’ai ainsi mis en place un “Parcours Avenir” afin qu’ils puissent découvrir une filière, un métier, un environnement professionnel. J’ai créé 300 pôles de stages dans toutes les académies afin d’éviter les discriminations – de sexe mais aussi d’origine sociale – dans l’accès aux stages. Les universités sont également mobilisées depuis leur engagement dans la charte pour l’égalité femmes-hommes. Là encore les acteurs de Villeurbanne sont en pointe ! L’université Lyon 1 s’engage avec l’exposition Mix’iti et avec son dispositif Moduléo qui promeuvent la mixité des filières. L’Insa se distingue dans ses méthodes de recrutement des élèves femmes ingénieures. Ce sont ces femmes, futures diplômées, qui siégeront demain dans les conseils d’administration des grandes entreprises françaises ou qui, par leurs connaissances, concevront villes et moyens de transport. On dit souvent que notre environnement est conçu par les hommes et pour les hommes. Tout cela est en train de changer grâce à l’accès des filles aux filières d’ingénieurs.

Qu’est-ce que vous aimez à Villeurbanne ?

La vie y est agréable tout simplement. J’aime cette âme villeurbannaise faite de mixité et de sens des solidarités. J’aime cette volonté de toujours aller de l’avant. Il existe tant de chantiers privilégiant l’épanouissement à tous les âges de la vie, tant de projets pour une plus grande citoyenneté. Les élus donnent l’impulsion, d’autres s’en emparent, les idées se concrétisent. Villeurbanne est une ville où chaque acteur prend la main de l’autre pour l’entraîner vers le haut. J’ai envie de m’associer à cette dynamique et d’y contribuer.