La Réserve citoyenne, un projet citoyen né de la volonté des citoyens eux-mêmes – Discours aux référents et ambassadeurs

Éducation nationale Publié le 23 mai 2016

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a ouvert la Journée des référents et ambassadeurs de la Réserve citoyenne, ce lundi 23 mai 2016.
Avec cette journée de travail, la ministre a souhaité préparer l’An II de la Réserve citoyenne de l’Éducation nationale, lancée le 12 mai 2015. “La Réserve citoyenne est d’abord un projet citoyen né de la volonté des citoyens eux-mêmes (…) d’aider l’école de la République” a expliqué la ministre. Elle a offre à tous les citoyens la possibilité de s‘engager bénévolement pour transmettre et faire vivre les valeurs de la République à l’École, aux côtés des enseignants, ou dans le cadre d’activités périscolaires. Elle est une opportunité pour l’École de bénéficier de l’engagement des acteurs de la société civile.

Retrouvez ici le discours de la ministre :

Seul le prononcé fait foi.

Ouverture par la ministre Najat VALLAUD-BELKACEM, de la journée des référents et ambassadeurs de la Réserve Citoyenne, au Ministère de lEducation nationale, le lundi 23 mai 2016 - © Philippe DEVERNAY

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis heureuse de ce temps d’échanges avec vous ce matin car si j’ai pu croiser beaucoup d’entre vous au cours de cette première année de mise en place de la Réserve citoyenne, nous n’avions, jusqu’à présent, pas trouvé le temps de nous réunir tous ensemble, de partager nos retours pour mieux préparer l’An II de la Réserve citoyenne.

Vous réunir tous ensemble aujourd’hui, c’est d’abord prendre un temps de recul sur le sens et la réalité de la Réserve citoyenne, pour en percevoir tous les enjeux et les points que nous devons interroger pour aller plus loin

Vous réunir “tous ensemble”… ces mots ont évidemment du sens.

Pour cette journée, sont réunis des acteurs nationaux, les référents académiques de la Réserve citoyenne mais aussi les ambassadeurs de cette Réserve et parmi eux des réservistes eux-mêmes, comme ceux qui sont membres de l’Association des citoyens réservistes de l’éducation nationale.

Dans les ateliers de travail qui vous occuperont tout au long de la journée, nous avons veillé à ce que l’animation permette toujours de donner la parole aux différents acteurs de ce projet citoyen.

Car vous qui travaillez ce sujet depuis un an, vous savez bien que la Réserve citoyenne n’est pas seulement un “dispositif” que nous aurions mis en place avec sa technicité et l’objectif de l’inscrire dans une certain forme de régularité…pour ne pas dire de routine…

La Réserve citoyenne est d’abord un projet citoyen né de la volonté des citoyens eux-mêmes. Je pense à celles et ceux, de toutes origines et de toutes nos régions, qui spontanément m’ont dit leur envie d’aider l’école dès le 7 janvier 2015 ; je pense aussi à celles et ceux qui sont se sont inscrits dès le mois de février avec l’envie d’agir, avec l’envie de se mettre au service de l’École de la République.

Mais la réserve citoyenne  n’a véritablement de sens que si elle est portée au cœur même de l’école, par les enseignants eux-mêmes et par toute la communauté éducative. Car au fond, se mettre au service de l’école pour porter les valeurs de la République, cela implique nécessairement de se mettre au service des enseignants et donc de s’adapter à leurs exigences, à leurs contraintes, à la pédagogique qu’ils mettent en place au service des élèves. Cela implique aussi de connaitre et de réussir la collaboration entre des réservistes citoyens et la communauté éducative constituée autour de chaque école, collège ou lycée.

Voilà le sens de la Réserve citoyenne, un projet qui met l’échange entre les enseignants, la communauté éducative et les citoyens au cœur de son identité.

J’en conviens, cela en fait un projet original mais aussi très exigeant car il faut être actif sur deux fronts à la fois :

  • faire adhérer les citoyens et entretenir leur enthousiasme ou à tout le moins leur engagement ;
  • mobiliser enseignants, directeurs d’écoles et chefs d’établissements pour qu’ils utilisent cette nouvelle opportunité de travailler avec leur environnement au service des valeurs que nous voulons transmettre aux élèves.

Être engagés pour la réserve, comme vous l’êtes tous, c’est donc nécessairement donner de sa personne et de son temps pour convaincre et pour créer les meilleurs conditions de cette rencontre dont personne ne doute qu’elle est utile, mais dont tout le monde sait qu’elle est encore pour l’école un défi à relever.

Mais si le chemin est escarpé, ne doutez pas un instant que nous soyons sur le bon chemin.

Certains aimeraient pouvoir dire que cette Réserve n’est en fait que le symbole d’un esprit du 11 janvier qui se serait perdu dans les dédales de la mise en œuvre opérationnelle….

Vous l’avez sans doute entendu vous aussi…Et bien c’est faux. L’esprit du 11 janvier qui a porté l’élan citoyen vers la Réserve citoyenne est encore actif ; nous avons franchi au cours de ce mois de mai, le cap des 7000 candidatures et parmi les réservistes, un tiers d’entre eux n’était jamais intervenu avant dans une école et la moitié d’entre eux ne sont pas adhérents à une association. C’est donc que nous avons mobilisé dans la durée et bien au-delà du vivier traditionnel de l’engagement citoyen.

Ne croyez pas non plus que la Réserve ne serait qu’une sorte d’objet éducatif non identifié, sans cohérence avec les programmes, sans cohérence non plus avec les réformes que nous mettons en place.

Bien au contraire, et l’Inspection générale que j’avais mobilisée pour nous accompagner nous l’a confirmée, l’intervention de réservistes est une opportunité pour la mise en œuvre des programmes comme l’Enseignement moral et civique.

Elle a d’ores et déjà été mobilisée par les enseignants pour traiter des valeurs de la République mais aussi pour aborder avec les élèves les relations avec le monde professionnel ou encore les questions d’actualité et des médias.

Et les principes de la réforme du collège, en particulier les enseignements pratiques interdisciplinaires, seront une nouvelle occasion de mobiliser des réservistes pour accompagner les projets interdisciplinaires des enseignants.

Vous l’avez entendu comme moi, des critiques ont été émises pour dire que les enseignants n’avaient au fond pas confiance dans les citoyens et que ce projet n’avait pas d’avenir…et qu’au fond tout cela n’était que de la communication.  Je ne partage évidemment aucune de ces formules faciles qu’il faut combatte par les faits.

Les enseignants, directeurs d’école et chefs d’établissement que je rencontre ont bien perçu l’intérêt de cette Réserve citoyenne et savent qu’avec le temps, elle sera utile car elle répond à un vrai besoin d’apporter à nos élèves la connaissance mais aussi cette force du témoignage et de l’expérience.

Quant au procès en communication qui est régulièrement instruit à mon encontre, je crois que les faits parlent pour nous…

Nous aurions pu nous contenter d’un appel aux citoyens à s’engager. Non, nous avons en moins d’un an construit ensemble des outils qui permettent à chaque citoyen de s’inscrire dans la Réserve et à chaque enseignant de France de consulter la liste des réservistes. Et ils sont désormais 5160 à être inscrits.

Nous aurions pu nous contenter du cadre informel et traditionnel des intervenants extérieurs pour faire fonctionner la réserve citoyenne. Non, nous avons défini un cadre juridique complet, garant de la sécurité des élèves, et qui a été salué par le Conseil d’État ; et notre Réserve citoyenne est en passe d’être reconnue par la loi puisqu’elle est explicitement citée par le projet de loi « Égalité-citoyenneté » dont le Parlement débattra au mois de juin.

Nous aurions pu nous contenter de laisser la Réserve se déployer seule. Non, nous avons fait le choix d’un réseau actif de référents académiques ; nous avons mobilisé aussi des partenaires, les ambassadeurs. Nous partîmes à 6 le 12 mai 2015… et vous êtes désormais 30 et pas des moindres puisque c’est l’association des membres du corps préfectoral qui nous a rejoint au début de ce mois avec la volonté de ses membres d’aller dans le classes !

Cette mobilisation autour de cette Réserve, elle est réelle dans les administrations centrales ; elle est aussi réelle dans les académies et je voudrais remercier l’ensemble des référents académiques qui ont accepté d’être les animateurs de ce projet citoyen sans précédent.

Nous avons voulu aussi que les citoyens eux-mêmes portent ce projet. C’est le sens du projet de l’ACREN dont je remercie les membres pour leur engagement. C’est avec eux que nous organiserons à Paris, le 29 juin prochain l’Université d’été de la Réserve citoyenne en croisant les points de vue et le pratiques. Avec un seul but, réussir l’An II de la réserve citoyenne de l’Éducation nationale.

Pour réussir l’An II de la réserve citoyenne, il nous faut être lucide sur nos faiblesses et réfléchir ensemble sur les moyens d’y répondre. C’est tout le sens des ateliers qui vont se tenir tout au long de la journée.

Notre principale faiblesse, vous le savez tous, c’est de ne pas avoir permis jusqu’à présent que tous les réservistes soient sollicités. Et plusieurs d’entre eux se sont manifestés auprès de moi … ou des médias pour dire leur impatience ou leur déception alors qu’ils étaient prêts à s’investir pour nous.

Cela ne veut évidemment pas dire qu’il y a une forme de droit à l’intervention auquel nous devrions répondre. Ce n’est pas du tout l’esprit de la Réserve citoyenne. Mais nous devons quand même réfléchir ensemble pour que chaque réserviste inscrit se sente solidaire du projet, qu’il se sente impliqué dans cette communauté des réservistes.

Il faut donc pour cela multiplier les opportunités de rencontres avec les enseignants et profiter du calendrier des activités éducatives pour provoquer ces moments de rencontres : ce sont les forums des métiers, les kermesses d’écoles, les réunions de rentrée, les réunions de conseils de la vie lycéenne ou des CESC ; ou encore toutes les manifestions qui rythment l’année scolaire… et vous savez qu’il y en beaucoup. Tous ces moments doivent être mobilisés comme des occasions de rencontres qui faciliteront la prise de contact et permettront de rendre concrets les opportunités offertes par l’intervention de réservistes citoyens.

Il faut aussi approfondir les points pour lesquels nous sommes encore restés encore trop timides la première année : lorsque l’on fait un bilan des interventions qui nous ont été remontées, on voit que trop peu d’interventions ont concerné le 1er degré et que nous n’avons pas encore exploré concrètement la manière de mettre les réservistes à disposition des communes pour le temps périscolaire.

Et ceci alors même que 80 % des réservistes en manifestent le souhait et que 92 % des communes de France sont désormais couvertes par des Projets éducatifs territoriaux. Il y a là un champ très important à investir et sur lequel les IEN devront se mobiliser à vos côtés. Je suis convaincue que la réserve peut être un vecteur de la cohérence des temps scolaires et périscolaires à laquelle nous sommes très attachés.

Il faut aussi sûrement enfin inventer des formes nouvelles de l’intervention de réservistes. Nous avons parmi eux de véritables talents et on peut imaginer qu’ils soient aussi mis aux services des fédérations de parents d’élèves pour l’animation des espaces parents ou pour des consultations juridiques ; on peut imaginer aussi de mobiliser des réservistes pour les sorties scolaires, culturelles, sportives ou autres.

Je sais que plusieurs référents ont stimulé des projets très intéressants comme cette action “faites de la citoyenneté” dans l’académie de Toulouse. Je vous dirais volontiers que l’imagination et la créativité sont au pouvoir et que je compte sur vous pour explorer ces perspectives au cours de la journée.

Nous devons collectivement aussi mieux informer sur la Réserve citoyenne, sur ses réussites et sur les opportunités qu’elle offre.

En un an, nous avons diversifié les modalités de la Réserve citoyenne mais elle reste encore trop théorique pour beaucoup d’enseignants.

Il faut donc ensemble, à nos différents niveaux, travailler sur la communication autour de la Réserve citoyenne. N’hésitez pas à faire connaitre cette réserve  aux conseillers de recteurs, aux corps d’inspection, aux directeurs d’écoles. La Réserve doit cette année devenir l’affaire de tous dans les académies parce qu’elle représente une opportunité pour tous.

Il faudra aussi, et je sais que c’est à votre programme, travailler sur les remontées d’expériences : il y a évidemment une dimension quantitative qui n’est pas à négliger mais il y a surtout une dimension qualitative car ce sont les expériences réussies qui conforteront la dynamique.

Des jeunes en service civique ont été recrutés pour faire cette animation de la réserve dans les académies. Je souhaite que cette pratique se généralise car cette animation et ce suivi nous sont indispensables.

Dernier point pour conclure, concernant la qualité des interventions.

L’un des mérites de la Réserve citoyenne, c’est aussi de montrer que l’intervention devant les élèves, ça ne s’improvise pas et que ça se prépare. Nous devons donc travailler à cette formation des réservistes.

Je sais que plusieurs des ambassadeurs ont développé des modules ouverts aux réservistes, ou à tout le moins qui pourraient être adaptés pour leur formation (ATD Quart Monde, le mémorial de la Shoah).

Mais nous-mêmes dans les académies, nous devons prendre l’habitude d’ouvrir des formations aux réservistes. Cela facilitera leur compréhension de notre problématique et de nos priorités ; et cela sera aussi un gage de confiance pour les enseignants.

Je sais que vous n’en doutiez pas, le message que je veux porter auprès de vous est un message de reconnaissance pour le travail que vous avez accompli ; il est aussi un message de mobilisation car nous devons absolument l’année qui vient ancrer la réserve citoyenne dans la durée et dans les pratiques.

Vos travaux du jour seront utiles. Ils nourriront directement le message que je passerai aux recteurs d’académie lors de la prochaine réunion mensuelle ; il nourrira évidemment aussi la préparation de cette Université d’été dont je vous annonçais la réunion pour le 29 juin.

Merci à tous donc pour votre travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain !
 

Najat Vallaud-Belkacem
Ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la recherche

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2 commentaires sur La Réserve citoyenne, un projet citoyen né de la volonté des citoyens eux-mêmes – Discours aux référents et ambassadeurs

  1. Breye

    A mon avis, comme tous perfectionnistes vous allez trop loin au risque de tout casser, PONDERATION s’il vous plait !!!! Vous êtes encore jeune !!!! C’est certain il faut parfaire , mais souvent il est URGENT D’ATTENDRE pour mieux faire.

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