Bac 2016 : Non le niveau ne baisse pas, consultez comme moi les épreuves récentes pour vous en convaincre …



Extrait de la conférence de présentation par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du #Bac2016, ce 13 juin 2016.

Éducation nationale Publié le 13 juin 2016

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7 commentaires sur Bac 2016 : Non le niveau ne baisse pas, consultez comme moi les épreuves récentes pour vous en convaincre …

  1. Clément G

    Madame la Ministre,
    Au delà de l’utilisation manipulatrice de l’épreuve de mathématiques devant un public que j’imagine être composé de personnes ayant fait d’autres études que scientifiques (j’ai pour ma part suivi la filière S au lycée, et cette question est plus que largement à la portée d’un élève ayant travaillé un minimum pendant l’année), j’ai plusieurs remarques sur des erreurs de logique et je trouve cela assez grave voire consternant que ces erreurs de logiques puissent passer dans la bouche d’une ministre de la République :
    – Le fait de lire un seul exercice d’une seule épreuve d’une seule année d’une seule matière d’une seule filière peut-il réellement démontrer que le niveau n’a pas baissé en général dans les autres matières et dans les autres filières ?
    – Sauf erreur de ma part, lorsque l’on veut montrer que quelque chose a baissé ou augmenté, il faut montrer une différence entre un point A et un point B, ce qui n’est pas le cas dans votre démonstration puisque vous ne lisez l’épreuve que d’une seule année. Comment peut-on alors évaluer la baisse ou l’augmentation ?
    – En quoi le fait qu’un article de 1947 évoque la baisse du niveau discrédite-t-il une éventuelle baisse du niveau au 21ème siècle ? Est-il impossible qu’une baisse soit continue depuis 1947 ? Si oui, pourquoi ?

    Pouvez-vous répondre point par point aux éléments ci-dessus, afin de pouvoir comprendre réellement vos arguments qui, pour le moment, ne m’ont point convaincu ?
    Je vous remercie par avance.
    Cordialement,
    Clément G

  2. Jean-Rémi Lapaire

    L’exemple choisi n’est peut-être pas le bon mais la Ministre a tout à fait raison. Les sujets posés restent d’une grande difficulté et d’une grande variété de contenus. Ils sont souvent très longs, exigent qu’on travaille rapidement et mobilisent beaucoup de connaissances. Certes, on relève une tendance à l’accompagnement et à l’émiettement mais ce n’est pas si éloigné des situations réelles de la vie où on se trouve en présence de multiples tâches avec des données variées à intégrer. J’ai récemment rouvert des classeurs, des devoirs, des sujets de mon propre baccalauréat, passé à Paris, il y a exactement 40 ans, dans un grand lycée, en section scientifique C. S’il est vrai qu’il y avait une grande exigence formelle, il y avait des questions de cours relevant du par coeur le plus élémentaire (en physique-chimie notamment), des exercices de mathématiques classiques, et plutôt moins d’épreuves obligatoires et d’étendues couvertes. Mes propres enfants passent actuellement le bac et j’admire le travail qu’ils ont fait en classe. Pour terminer, je dirai que la notation plus souple est à l’honneur de l’institution. On a compris qu’aujourd’hui, les bons ont mention B ou TB, les corrects AB, et les autres Passable. Personne n’est humilié et c’est mieux ainsi. Donc restons vigilants mais cessons ces critiques stériles. J’enseigne à l’Université depuis 33 ans et je n’assiste à aucun effondrement, quoi qu’on dise.

  3. Max

    Mme le Ministre, vous utilisez le fait que la plupart des gens ne comprennent pas le langage mathématique pour faire croire que la question est difficile. Si mon voisin de table me demande de lui passer le sel, ce n’est pas une chose très difficile à faire. Par contre, s’il me le demande en chinois, cela va être beaucoup plus difficile. Mais la difficulté viendra uniquement de ce que je ne comprends pas le chinois. C’est exactement la méthode que vous employez.

    Un élève de Terminale S est censé comprendre le langage de l’énoncé.

    Il est même censé savoir que pour une telle loi de densité de probabilité, la probabilité pour que « x » soit strictement supérieur à une valeur « t » donnée s’écrit P(x > t) = exponentielle (- lambda t).

    A partir de là, la question est en fait extrêmement facile. Il suffit de remplacer « t » par 20, P(x > t) par 0,05, et de résoudre l’équation simple : 0,05 = exponentielle (- 20 lambda), soit encore lambda = – Ln (0,05) / 20, ce qui donne = 0,14978 que l’on arrondit à 0,150 pour obtenir la valeur de lambda avec trois décimales comme demandé, car c’est cela que veut dire “à 10 puissance moins 3 près”. Cela ne prend même pas 1 minute.

    Donc oui, cet exercice est d’une simplicité déconcertante pour un élève de Terminale S ayant correctement travaillé. Ce n’est même pas un exercice, c’est une question de cours, d’autant plus qu’il a dû aussi voir cette loi en physique, car elle décrit la décroissance radioactive, et c’est à partir d’elle que l’on exprime la demi-vie d’un isotope radioactif.

    Vous manipulez donc donc délibérément le public en choisissant un langage qu’il ne connait pas pour lui faire croire que ce qui se cache derrière ce langage est difficile, et, je suis désolé de vous le dire, c’est un procédé malhonnête.

    Ou alors vous êtes de bonne foi, et personne dans vos services du Ministère de l’Éducation Nationale n’est capable de se rendre compte qu’en fait la question est très simple.

    Je ne sais laquelle des deux options est la plus grave.

  4. Tristan

    Je donne des cours de soutient de Terminale S, cette question est d’une affligeante simplicité (une simple formule à recopier sur sa calculatrice). Le simple fait de la prendre en exemple pour démontrer la soi-disant difficulté du Bac démontre que notre ministre a atteint un niveau d’argumentation indigne. En un mot : c’est affligeant et je suis vraiment triste qu’un membre du gouvernement, représentant de l’éducation de surcroît puisse construire une rhétorique aussi pauvre.

  5. Xavier Oudot

    Ne connaissant pas un mot de russe, je ne me permettrais pas de juger de la plus ou moins grande difficulté d’une épreuve de russe au bac. La grotesque présentation d’un exercice de maths du bac S 2015 par madame Vallaud-Belkacem est un summum de démagogie révoltante, indigne d’un ministre de la République. Loin de moi de lui reprocher son ignorance en mathématiques, qui vaut bien la mienne en russe ou dans bien d’autre domaines, mais si elle avait demandé l’avis du moindre élève de terminale S, elle saurait que cette question était effectivement très facile. Ce n’est d’ailleurs pas le sujet : des questions faciles, il en faut, mais les sujets de mathématiques du bac ne testent plus aucune capacité de raisonnement, aucune analyse. Juste quelques calculs dont les règles sont le plus souvent rappelées. Le plus grave dans tout cela, c’est l’injuste discrimination sociale et géographique que cela entraine. Les élèves des beaux quartiers, dont les parents et les professeurs sont conscients des véritables exigences d’une formation solide, savent bien que le bac n’est qu’un niveau plancher et donnent à leurs chères têtes blondes de quoi aller beaucoup plus loin. Au contraire, dans les quartiers moins favorisés, on leurre les élèves avec quelques paillettes et la desillusion est cruelle en première année d’études supérieures. Ceux qui ont de solides capacités sont laissés en jachère et s’il arrive à certains de réussir, c’est au prix d’efforts personnels considérables, qui ne recoivent même pas le soutien de l’institution scolaire!

  6. Ricercar

    Si le niveau ne baisse pas, comment se fait-il que 50% des étudiants d’un TD de L1 soient incapables d’identifier le sujet dans une phrase aussi simple que “Au jardin poussent des poireaux.” ? 18 sur 37, exactement, lors de mon petit test de rentrée l’an dernier. En filière Lettres modernes… Arrêtez de prendre les gens pour des imbéciles, retirez votre réforme du collège qui détruit encore un peu plus l’édifice, et remettez MASSIVEMENT des heures de français à l’école primaire. Pas du saupoudrage, de vraies heures, avec des exercices systématiques. Un élève qui ne maîtrise pas sa propre langue ne maîtrisera rien (surtout s’il passe systématiquement en classe supérieure quelles que soient ses lacunes) !

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