Bac professionnel : en finir avec 30 ans de préjugés

À la une Éducation nationale Publié le 13 juin 2016

Le bac approche. Dans quelques jours, ils seront 695.682 élèves à en aborder les épreuves. Et, parmi eux, près de 30 % passeront le baccalauréat professionnel. Un adjectif change-t-il de sens selon le mot qu’il accompagne ? S’agissant de « professionnel », on pourrait être tenté de le croire. Valorisé dès lors que l’on parle d’une « intervention très professionnelle », le mot semble perdre de son éclat dès qu’il s’approche des noms « enseignement » ou « bac ». Pourtant, le baccalauréat professionnel n’est pas ce diplôme au rabais que certains décrient sans même le connaître. En cette année où nous célébrons ses trente ans, il est grand temps de lui rendre justice.

Fondée sur l’alternance entre enseignement théorique et présence en entreprise, cette filière est chaque année un vecteur d’insertion professionnelle pour près de 700.000 jeunes de la seconde à la terminale. C’est aussi un vecteur d’insertion sociale pour des élèves issus de milieux modestes, nombreux dans l’enseignement professionnel. Ils poursuivent aujourd’hui des études jusqu’au bac, voire au-delà, alors qu’ils se seraient peut-être arrêtés plus tôt autrefois.

De plus en plus de bacheliers professionnels souhaitent d’ailleurs poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur. Je connais les difficultés qu’ils rencontrent pour accéder à certains cursus, pas toujours adaptés aux compétences qu’ils ont acquises. Nous avons donc réaffirmé dans la loi la priorité d’accès des bacheliers professionnels en BTS. Nous créons aussi 2.000 places de BTS supplémentaires chaque année sur cinq ans, soit 10.000 places au total. Je n’ignore pas, pour autant, les hésitations des élèves de troisième pour s’orienter si jeunes vers tel ou tel métier. L’orientation est un cheminement, non un carcan. Elle doit donc être réversible quelle que soit la filière choisie.

Dès la rentrée prochaine, les lycéens professionnels auront, jusqu’aux vacances de la Toussaint, la possibilité de changer de voie. Je sais aussi qu’à la transition parfois délicate entre le collège et le lycée, s’ajoute, dans la voie professionnelle, celle vers le monde du travail. Les lycéens professionnels doivent s’y adapter très tôt, trois ou quatre ans avant les élèves des autres filières.

Si nous voulons les conduire vers la réussite, nous devons leur offrir enfin un véritable accompagnement. Celui-ci passe notamment par la constitution de pôles de stages, qui sont le réseau de ceux qui n’en ont pas. Mais c’est aussi une meilleure préparation aux périodes de formation en entreprise, avec un travail préalable sur les attentes et les codes du monde professionnel plus développé. Toutes ces évolutions entreront en vigueur à la rentrée prochaine. A l’aube de cette 31e année du bac professionnel, j’ai donc voulu redonner, à l’enseignement professionnel, la place qu’il mérite, au cœur de nos territoires, au cœur de notre pays. Le tissu économique qui fera la France de demain se prépare avec lui, dès aujourd’hui. A la rentrée 2017, nous créerons 500 nouvelles formations adaptées aux besoins économiques de demain. Nous développerons les campus des métiers et des qualifications, ces pôles d’excellence où nous conjuguons nos forces au service de l’emploi et de l’attractivité des territoires.

Lorsque l’on parle de compétitivité, de performance, d’innovation technologique et d’une France qui avance, on se doit d’évoquer les jeunes formés par l’enseignement professionnel. Cette jeunesse détient une part de notre avenir. On ne saurait oublier la richesse humaine et matérielle produite par les ouvriers et les techniciens des secteurs tertiaires et industriels. Nous célébrons la vente de nos sous-marins, de nos bateaux ou de nos avions. N’oublions pas de célébrer ceux qui les ont construits, et ceux qui forment ces professionnels.

Najat Vallaud-Belkacem
Ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la recherche

 

20160613-NajatVB-BacPro-LesEchos


Tribune publiée par le journal Les Echos du lundi 13 juin 2016.

Tags : ,

4 commentaires sur Bac professionnel : en finir avec 30 ans de préjugés

  1. Raid

    Madame la Ministre,
    Merci pour la réponse.
    Je suis Raïd Moumni,un élève tunisien né le 11/08/1999 et je suis privilégié dans les disciplines scientifiques telles que les mathématiques,la physique,la chimie et la S.V.T.
    Madame,j’espère,vous comprenez ma situation,je ne veux pas terminer mes études secondaires à Tunisie et franchement je veux me donner une chance d’étudier l’un des lycées français car Le système éducatif français est très excellente.
    Madam aidez-moi s’il vous plaît me sauver mon avenir.
    Bien cordialement

  2. Brissaud

    Madame,la ministre

    Actuellement en bac pro est bientôt bacheliers professionnels.
    Je vous dénonce le manque de confiance des enseignements supérieur ” public ” un gros pourcentage de bacheliers professionnels sont presque obligé d’aller dans le privé alor qu’ils en ont pas les moyen.
    Vous trouvez ça normal ?
    Alors que certains bac pro serrez mieu qualifié que des bac s ou sti. J’ai honte de la France à cause de ça. Vos confrères les allemands on compris et on valoriser l’enseignement professionnel cela a relancer leur économie et cela leur a donner aussi une réputation de pays très productifs et de qualité.
    Notre culture française nous apprend la perfection donc nous somme meilleur que les allemands.
    Donc valoriser nous car même je me suis déchiré pendant 3 ans pour au final pas être pris en bts car je suis un bac pro et qu’il y a un pourcentages à prendre.

    Cordialement, et avec engagement

  3. Nicky

    bonjour Madame la Ministre, passée à la trappe, la filière de l’apprentissage ” chez les compagnons du devoir du tour de France “!!!!
    et pourtant le compagnonnage est un très bel apprentissage (professionnel et humain)pour les “métiers de bouche” et autres, il serait bon de leur redonner leurs lettres de noblesse – merci de prendre le temps d’y penser
    sentiments très cordiaux, et mes vœux de courage !!! et il en faut

  4. Cécile Desnoyers

    Madame La Ministre,

    Ne croyez-vous pas que l’Education Nationale devrait montrer l’exemple pour en finir avec les préjugés, particulièrement avec la fillière professionnelle, at ainsi donner leur chance à tous de manière égalitaire ?

    Ainsi, pourriez-vous m’expliquer pourquoi la filière Professionnelle n’a pas le droit à l’enseignement philosophique ? Je parle d’un vrai cours de Philosophie en Terminale (et non de vagues notions ici et là).

    Considère-t-on que les élèves de BAC PRO n’ont pas une intelligence suffisante pour apprendre à raisonner ?

    Refuser cette chance, à des étudiants d’une filière déjà déconsidérée, de pouvoir développer leur réflexion sur la vie, l’être, le pourquoi et le comment, est, à mon sens, profondément discriminatoire et inégalitaire.
    Et c’est ainsi que cela est ressentie par les élèves eux-mêmes.

    Qu’en dit vous ?

    Vous remerciant par avance de votre réponse.
    Cordialement

Commentaires fermés.