Débat élections régionales – Lyon Capitale

Non classé Publié le 9 janvier 2010

Je vous invite à lire ce débat qui nous en apprend beaucoup sur les intentions des différents candidats et nous éclaire sur la région que nous voulons en 2010 !

débatjjqQu’en est-il de la problématique environnementale ? De son traitement par la Région Rhône-Alpes ?

Françoise Grossetête : Je pense que le développement du transport ferroviaire est une bonne chose. Ce n’est toutefois pas la seule solution. Il faut envisager plus globalement le problème des déplacements avec la mise en place d’un grand centre de la mobilité, qui prendrait en compte les modes doux, le transport fluvial, le covoiturage… Je veux aussi dire qu’il est préjudiciable pour la Région que la convention avec la SNCF ne soit pas appliquée. Il y a beaucoup à faire pour le ferroviaire.

Jean-Jack Queyranne : Vous avez tort. La convention avec la SNCF est appliquée et la SNCF, à plusieurs reprises a dû verser une compensation significative à la Région pour le service non rendu. C’était notamment le cas au moment de la mise en place du cadencement. Je veux aussi vous dire que nous avons profondément accéléré le développement du ferroviaire. En 5 ans, ce sont 50% de voyageurs supplémentaires qui empruntent les TER. Nous avons aussi modernisé les infrastructures, comme la ligne Lyon – Bourg qui ne comptait qu’une voie au moment de notre arrivée, et dont les problèmes étaient tels que les usagers en sont arrivés à arraisonner une TGV. Nous avons doublé cette voie. Nous avons modernisé le matériel roulant mais aussi les 260 gares de Rhône-Alpes.

Bruno Gollnisch : Sur le problème des déplacements, je veux dénoncer votre politique anti-automobiles. Ce mode de déplacement vous dérange parce qu’il est individuel et que les gens sont libres de partir quand ils veulent et d’aller où ils veulent. Je veux aussi dénoncer le grand projet de Lyon – Turin ferroviaire. Au début pour le TGV, on s’est aperçu que c’était inutile, maintenant pour le fret. Avec l’argent dépensé pour le projet, on aurait pu imaginer une grande connexion ferroviaire avec l’Europe du nord…

JJQ : Cette connexion est en cours de réalisation avec le projet Rhin – Rhône…

Elisa Martin : Je considère que le bilan sur les TER est bon. Cependant vous prétendez avoir fait de Rhône-Alpes une Eco-Région. Comment cela est-il possible avec des projets comme Center Park, avec le soutien à Alcatel ? Vous êtes dans un dynamique de capitalisme vert…

Philippe Meirieu : Je veux également saluer le bon travail réalisé sur les TER. Il faut aujourd’hui le compléter par un travail sur les modes doux de déplacement, sur le transport fluvial. Mais aussi sur le co-voiturage car nous ne sommes pas contre toutes les automobiles. Les problèmes est moins celui des transports que des déplacements. Je veux aussi réfuter le fait que Rhône-Alpes est une Eco-Région. C’est faux puisqu’elle est la plus nucléarisée de France ! avec notamment des déchets enfouis qui menacent l’avenir de nos enfants…

JJQ : En 2004, j’ai pris l’engagement de faire de Rhône-alpes une Eco-Région. C’est le même travail que j’ai mené en tant que représentant des Régions au Grenelle de l’environnement. J’ai aussi été nommé Président de Effinergie, cela vient saluer le travail que nous faisons en Rhône-Alpes ! Aujourd’hui il faut travailler au développement des filières, filières énergétique, agro-alimentaire… Les entreprises ne sont pas nos ennemies, elles sont les bienvenues en Rhône-Alpes, car sinon les emplois seront ailleurs. Il faut accompagner les mutations de la chimie et ne pas se borner à dire : nous ne voulons plus de la chimie en Rhône-Alpes ! Il faut aussi accompagner les mutations de l’industrie automobile. Renault Trucks est le premier employeur de Rhône-Alpes, nous avons besoin de ses emplois ! Sur le nucléaire, je veux rappeler que ce n’est pas la Région qui décide de l’implantation des centrales. Je veux aussi dire que la Région a donné un avis défavorable à l’implantation de l’EPR. Maintenant, je demande à Philippe Meirieu comment il compte enlever les déchets nucléaires ?

PM : Il faut agir sur le très long terme, c’est un processus long qui durera plusieurs dizaines d’années. Il faut aussi imaginer un plan sérieux de reconversion des personnels du nucléaire.

BG : On voit bien là les divisions entre le PS et le PC d’un côté et les Verts de l’autre côté. Je pense pour ma part que le développement durable prôné par la majorité sortante coûte très cher aux particuliers et aux entreprises. Celles-ci en ont marre du développement durable. Il n’y a qu’a voir le coût des Assises Nationales du Développement Durable.

JJQ : Sur le coût proprement dit, on pourrait en rediscuter. En tous cas, il y a avait beaucoup de chefs d’entreprises présents aux assises et ils étaient très enthousiastes. Je veux seulement citer le cas de Franck RIBOUD, qui en plus est rhônalpin… Dans le domaine de l’énergie, je veux aussi vous rappeler tout le travail que nous faisons sur le photovoltaïque. AU Bourget-du-Lac, nous soutenons INES qui regroupe 200 chercheurs et nous avons lancé en fin d’année le projet INES 2. A terme ce sont 400 chercheurs qui y travailleront, ce sont aussi toutes les applications qui seront lancées.

FG : Je pense que vous ne faites pas assez sur le photovoltaïque. N’avez-vous pas commandé des panneaux chinois pour le siège ? Je sais que vous ne connaissez pas non plus Photowatt à Bourgoin…

JJQ : Sur le siège vous savez que je ne peux pas préjuger des conclusions de la commission d’appel d’offres. Sur Photowatt, en 2005, ils étaient prêts à mettre la clé sous la porte. Nous les avons soutenus. Aujourd’hui ils ont de nombreuses perspectives de développement. Vous ne pouvez pas dire que je ne les connais pas !

BG : Vous savez très bien, Madame Grossetête, que la législation, que vous avez contribué à mettre en vigueur, empêche de préférer les produits français. Ce que vous dites est passible du pénal…

PM : Sur ce problème, nous avons besoin d’un vrai plan énergétique. Nous avons aussi besoin de reconsidérer en profondeur ce que nous faisons avec le nucléaire…

Le développement économique est une des compétences de la Région. Comment celle-ci doit-elle aujourd’hui agir pour permettre la sortie de crise ?

BG : Dans le contexte national et international que nous connaissons, la Région ne peut pas à elle toute seule sortir de la crise. Tant que nous encouragerons un système de division internationale du travail et de libre circulation, nous aurons des difficultés. La Région peut cependant éviter que les choses s’aggravent. Je pense notamment à la fiscalité que nous ne devons pas augmenter contrairement à ce que vous avez fait. Je pense à vos frais gigantesques de communication. Je pense encore que nous devrions imaginer par exemple, d’octroyer des subventions aux entreprises contre une promesse de ne pas délocaliser.

EM : Je suis contre l’idée selon laquelle la crise est derrière nous. C’est une crise du capitalisme débridé. Nous ne sommes pas contre l’économie privée mais pour planifier les relations avec l’économie privée.Nous sommes pour la socialisation de l’économie afin que le salarié soit reconnu comme étant à l’origine de la création de richesses…

FG : La politique de développement économique de la Région n’est pas adaptée. Les dispositifs sont trop lourds et trop contraignants pour les entreprises. Celles-ci ne veulent plus frapper à la porte de la Région car tout est trop compliqué.

JJQ : Le fondement même de notre action en matière de développement économique est de ne pas tenir compte des appartenances politiques. Ce que nous avons fait dans la Vallée de l’Arve, pour que les personnes au chômage partiel puissent se former, ce que nous avons fait à Oyonnax ou à Bourg-en-Bresse en témoigne. C’est dans le même esprit que nous avons réuni à plusieurs reprise des conférences sociales et des conférences des exécutifs. C’est encore dans ce même esprit que nous avons travaillé pour les Etats Généraux de l’Industrie. Soit dit en passant, j’attends maintenant ses applications concrètes. Je veux aussi vous dire, Madame Grossetête, que je suis très satisfait que les entreprises ne viennent plus « frapper à la porte de la Région ». C’est notre objectif. La Région n’est pas là pour distribuer des subventions. C’est une vision archaïque. La Région est là pour jouer un effet de levier. La meilleure illustration est sans aucun doute le travail que nous faisions avec OSEO dont 25% des crédits sont en Rhône-Alpes.

PM : Pour reprendre la pensée de Claude Levi-Strauss, je pense que nous sommes aujourd’hui lancés à pleine vapeur et que nous allons dans le mur. Il faut changer notre modèle. Il faut développer l’éco conditionnalité des aides aux entreprises. Il faut que les entreprises redistribuent du capital aux salariés et non aux actionnaires. Il ne faut pas se contenter de déplacer le curseur entre l’intervention et le marché. Il faut repenser la notion de travail, mieux le répartir.

Quid de la fusion des listes de gauche au deuxième tour ?

JJQ : Il y a un bilan que nous partageons aujourd’hui avec ceux qui ont composé la majorité régionale depuis 2004. Je le répète, sur les bases de ce bilan, j’aurais aimé que nous partions rassemblés au premier tour. Cela aurait permis d’infliger une sévère défaite à la droite sarkozyste dont Madame Grossetête est la représentante. 22 Régions, 22 fois SARKOZY candidat. Je le dis aussi, ma porte est restée ouverte et le reste encore.

PM : le problème est que si l’on part avec le PS, on doit partir derrière. C’est toujours la même chose. Après, je ne cache pas que nous sommes de gauche et que nous ferons ce qu’il faut au deuxième tour pour que la gauche dirige encore Rhône-Alpes jusqu’en 2014.

BG : Je veux dire à Philippe Meirieu cette phrase de Marcel Pagnol : « la virginité, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ». A chaque fois, c’est pareil, vous menez une action commune durant cinq ans, et trois mois avant les élections, vous essayez de vous différencier. On l’a vu avec Center Park ou avec les JO. Mais finalement, comme toujours, vous fusionnerez…

PM : Je veux aussi rappeler que je suis profondément opposé à la réforme territoriale qui devrait être appliquée. Je suis notamment opposé à une élection à un seul tour qui conduirait inévitablement à la bipolarisation du paysage politique. C’est une chance que nous puissions nous présenter au premier tour pour défendre nos idées et que nous puissions ensuite fusionner sur la base d’un compromis.

BG : Je veux également me prononcer contre des pratiques malhonnêtes de l’exécutif en place depuis 2004. Il y a eu un important problème de répartition des élus dans les conseils d’administration des lycées. Les élus FN ont été sous-représentés, ce qui est une honte lorsque l’on sait, au dire de tous, le travail qu’ils ont fourni…

JJQ : Je veux, Madame Grossetête, vous demander des explications sur certains propos que vous avez tenus dans la presse et qui nous accuseraient de clientélisme…

FG : Il est vrai que j’ai rencontré certains maires qui m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien attendre de la Région.

JJQ : Quels maires ? Donnez nous des noms ! Vous avez été adjoint à la Mairie de Saint-Étienne, pouvez-vous me citer un seul grand projet qui n’ait pas été soutenu par la Région ?

FG : Je vous lais plutôt parler de Maires de communes rurales…

JJQ : Lesquels ?

FG : …

FG : Je veux également dire devant vous que je m’engage à ne pas augmenter les impôts si je suis élue Président de Région. C’est une de vos promesses de 2004, Monsieur Queyranne, que vous n’avez pas tenue… Aujourd’hui la Région est en très mauvaise santé financière, avec une dette décuplée…

JJQ : C’est un engagement facile puisque la Région n’aura quasiment plus de marge de manœuvre fiscale… Je veux aussi vous demander si en tant que conseillère régionale, vous avez bien voté les hausses de la fiscalité de Charles MILLION ? 66% en 1998 ! Je veux aussi vous demander des explications sur la situation financière de Saint-Étienne, qui est aujourd’hui surendettée avec plus de 70% de prêts toxiques…

Conclusion

JJQ : J’espère que cette élection sera l’occasion d’expliquer aux français le rôle et l’importance des Régions. J’espère que le taux d’abstention sera plus faible que ce que les médias nationaux veulent nous faire croire… Je crois en la Région. Je crois en Rhône-Alpes. Je crois que nous avons les cartes en main pour faire face aux difficultés et nous projeter dans l’avenir…

Crédit photo : LyonTV

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