Soutenir l’action des associations dans les quartiers.

Villeurbanne-Lyon Publié le 20 juin 2011

Je suis intervenue vendredi en séance publique du Conseil Général du Rhône, en réaction à une délibération sur le soutien (trop faible) aux associations présentes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville dans le Département. C’est un dossier sur lequel je suis engagée en action en tant qu’Adjointe au Maire de Lyon : je vous donne à lire mon intervention.

Je vous invite également mieux connaître l’action qui est menée à Lyon dans ce domaine crucial pour le vivre ensemble, la solidarité, la justice et l’égalité : http://www.polville.lyon.fr

« Monsieur le Président,
Chers Collègues,

J’interviens au nom du groupe socialiste sur ce rapport consacré à l’engagement du Conseil Général dans la politique de la ville pour tirer une sonnette d’alarme.

Bien sûr, un certain nombre des actions présentées dans ce rapport vont plutôt dans le bon sens dans le contexte de désengagement de l’Etat dans ce domaine, même s’il est pour le moins attendu que notre Assemblée tiennent les engagements contractuels signés dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion Sociale et des conventions ANRU en 2007.

Il n’en reste pas moins que, malgré les chiffres présentés sous un jour trés favorable dans la première partie de ce rapport sur le soutien aux associations intervenant dans les quartiers en politique de la ville, le compte n’y est pas, loin s’en faut.

Le Conseil Général du Rhône reste le grand absent de la politique partenariale qui a été mise en place dans l’agglomération lyonnaise pour que l’ensemble des politiques publiques convergent dans leur soutien aux territoires les plus en difficulté. La critique n’est pas nouvelle, et elle ne vient pas seulement des élus de gauche, mais je tiens à redire un certain nombre de choses en ce début de nouvelle mandature, en espérant être entendue et peser un peu pour changer le cours de choses.

Inutile d’entrer dans le détail pour mesurer qu’une enveloppe globale annuelle de moins de 300.000 euros de subventions pour tout le département aux associations qui agissent sur les territoires prioritaires au maintien et au développement de la cohésion sociale est un investissement très largement en-dessous du nécessaire, pour bien faire.

Nous pourrions certes nous féliciter de la hausse de 1,5 % de cette enveloppe, mais en élargissant le point de vue ce serait faire preuve de naïveté : cela ne pèse pas grand-chose au regard du retard accumulé au cours de ces dernières années, et qui ne font qu’aggraver une situation déjà rendue alarmante avec les 16% de baisse des crédits ACSE de l’Etat dans le Département, sans parler du désengagement de celui-ci sur ces politiques de droit commun.

Je m’autorise à rappeler que la Ville de Lyon, par exemple, s’est engagée à travers ma délégation à la vie associative à une hausse annuelle de 2% garantie sur 5 ans des subventions de fonctionnement général attribuée aux MJC, Centres Sociaux et Maisons de l’Enfance, portant sur des montants de l’ordre de 8 millions d’euros.

A la Duchère et à Mermoz, pour ne citer que deux des quartiers dans lesquels il est urgentissime d’intervenir, – mais je pourrais citer aussi le quartier Moncey Voltaire Guillotière dans les 3e et 7e arrondissements, nous ne cessons d’attendre que le Conseil Général veuille bien nous rejoindre avec l’ensemble de nos partenaires, pour construire une action prioritaire qui soit concertée et financée à la hauteur des enjeux.

Car derrière le caractère un peu technocratique de ce qui nous est présenté, nous ne parlons de rien d’autre que de la réponse que nous avons à apporter, dans ces quartiers populaires les plus touchés par la crise sociale, à la hausse du chômage, à la baisse du pouvoir d’achat, à l’accroissement des inégalités de tous ordres parmi la population, à la perte de confiance en l’avenir, à la montée de l’intolérance, à la crise profonde de la jeunesse, aux problème de délinquance et d’insécurité, à la montée des tensions mettant à mal le vivre ensemble..

Nous devrions nous situer dans la logique ambitieuse mise en place dans l’agglomération lyonnaise entre l’Etat, la Ville, la Communauté Urbaine et la Région dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion Sociale qui instaure une véritable « union sacrée » des acteurs publics pour conjuguer leurs efforts.

Alors que chacun mobilise des moyens spécifiques, et que les décisions se prennent en commun au plus du terrain, seul le Conseil Général a fait le choix – qui ne semble pas aujourd’hui remis en cause – d’agir seul, sans véritable concertation avec les partenaires, en se contentant d’ailleurs bien souvent de valoriser les seuls moyens du droit commun engagés sur ses compétences particulières. Il n’est pas normal que depuis si longtemps, aucun élu de l’exécutif ne siège jamais dans les comités de pilotage politique qui guident l’action publique prioritaire. Il n’est pas normal que nous ne soyons pas signataire de la Charte de Coopération Culturelle ; il n’est pas normal que la participation du Département au Contrat Local de Sécurité soit si faible ; il n’est pas normal que la Conseil Général ne soit pas partenaires des missions locales pour l’insertion des jeunes sur le marché du travail comme cela fait ailleurs dans la Région.

Personnes âgées, jeunes collégiens, handicap… encore heureux que le département agisse dans ces secteurs de sa plus stricte conséquence, mais où sont les moyens spécifiques engagés sur les territoires prioritaires auprès des associations et structures qui, seules, rendent possible l’action des professionnels ? Des professionnels qui, vous n’êtes pas sans le savoir, se sentent souvent isolés et abandonnés par leur tutelle politique. Les travailleurs sociaux au sein des unités territoriales ou les éducateurs de prévention des associations d’éducation spécialisée conventionnées assurent, certes, une présence sociale dans les quartiers mais sans que les principes de territorialisation des services ne soient corrélés à la géographie prioritaire. Alors, à quand un ajustement des moyens de droit commun de notre collectivité au regard des besoins de ces territoires ?

Accordez-moi que je ne dénonce pas cet état de fait pour des raisons d’opposition politicienne aveugle et systématique : je le dis parce que je le vis tous les jours sur le terrains auprès des associations, c’est que la faiblesse « historique » des montants engagés dans le domaine associatif dont témoigne encore ce rapport a des conséquences concrètes très lourdes pour les populations concernées, et que la situation, vous le savez tous, est grave.

Deux exemple récents, si vous le voulez bien, pour illustrer mes propos : pourquoi le Conseil Général se retire-t-il du dispositif MOBISENIOR dans le 8e arrondissement qui permet pourtant aux personnes âgées isolées de retrouver de la mobilité, et donc de la vie sociale ? Pourquoi tant d’inquiétude chez les acteurs de terrain sur l’avenir des éducateurs spécialisés de la prévention dans le dispositif MODE ACCES à la Duchère qui permet aux jeunes collégiens en rupture scolaire d’être accompagnés sur le voie d’une seconde chance ? Pourquoi le Département n’a-t-il jamais accepté de soutenir l’Epicerie Sociale aujourd’hui fermée sur le plateau de la Duchère, alors même qu’il s’agissait d’une ressource essentielle des professionnels de la MDR dans le domaine de l’action social ? Pourquoi les moyens financiers contribuant au fonctionnement de ces lieux d’accueil parents-enfants sont-ils en réduction constante depuis quelques années, aussi en termes de ressources humaines que de moyens financiers ?

Inutile, je le disais, de multiplier les exemples : le problème que je veux soulever porte non seulement sur la faiblesse des moyens engagés avec 3 000 euros de subvention en moyenne par projet, mais aussi sur l’absence manifeste de stratégie et de vision du Conseil Général dans son soutien aux associations structurantes de la politique de la ville alors même qu’un cadre partenarial qui fait consensus existe sur notre territoire.

Monsieur le Président : alors que la crise sociale s’aggrave chaque jour, que les inégalités entre les français se creusent selon qu’ils habitent tel ou tel quartier de nos grandes agglomérations, que l’Etat se désengage de la politique de la Ville par la baisse des crédits de l’ACSé, que la CNAF se retire toujours plus du financement des centres sociaux, que les associations d’éducation populaire ont de moins en moins de moyens pour mener à bien leurs missions les plus essentielles… accepterez-vous enfin de revoir votre politique associative, et de rejoindre le front républicain des acteurs locaux qui se mobilise pour nos quartiers ? »