Najat Vallaud-Belkacem : “les femmes sont des hommes comme les autres”

Presse Publié le 11 octobre 2012

Logo_-_La_Tribune_JPGAu Women’s Forum à Deauville, la Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a encouragé les 1200 femmes et la centaine d’hommes de toutes les nationalités à ne pas se laisser enfermer dans les stéréotypes.

Du haut de ses 35 ans, elle en a imposé au parterre de femmes par ses propos frappés au coin du bon sens. Sans masculinité conquérante et sans féminité affichée, la Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem est venue au Women’s Forum de Deauville assurer et rassurer : « nous pouvons diriger des pays, mener des équipes, remporter des batailles, mettre en mouvement des masses immenses. Ils peuvent manager différemment, s’occuper des enfants, organiser la vie de la maison ». Cette jeune femme porteuse d’un nouveau souffle, considère que « les femmes sont des hommes comme les autres » et inversement. Et se sent appartenir à « la troisième génération de droits pour les femmes, celle des droits effectifs pour toutes et tous et du changement profond des mentalités ». La première génération ayant été la conquête des droits civils et politiques, l’effacement des discriminations, la fin de l’infériorité juridique des femmes ; la deuxième génération, celle des droits spécifiques aux femmes liés à leur condition, comme la liberté de disposer de son corps.

L’enjeu désormais est clair : la mixité. A la condition que l’égalité soit bien effective. Or dans le monde professionnel l’égalité des rémunérations tarde à se réaliser. En France, les femmes perçoivent encore des salaires inférieurs en moyenne de 27% à ceux des hommes. Quant aux métiers , parmi les 87 branches professionnelles en France, 11 seulement concentrent la moitié des femmes actives. « A l’origine : des stéréotypes qui figent les parcours scolaires en fonction du sexe plus qu’en fonction des envies ou des compétences, explique la Ministre. Des stéréotypes qui donnent aux garçons toutes ces qualités informelles : prendre la parole en réunion, avoir l’audace de demander une augmentation de salaire, repostuler à un emploi après avoir essuyé un refus. Le fameux plafond de verre, c’est la conjugaison de l’auto-censure et des discriminations qui prennent racines dans les stéréotypes ». Cheval de bataille du nouveau ministère des Droits des femmes : agir dès le plus jeune âge par l’éducation à l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais aussi « sanctuariser » le congé maternité et faire en sorte que le congé paternité soit pris. « Ce qui freine les recruteurs, c’est justement de penser que la jeune femme devra à un moment s’absenter de son poste. Donc il est important que les hommes le prennent pour casser cette croyance », estime la benjamine du gouvernement qui réfléchit avec son équipe sur la difficile articulation des temps de vie privée et professionnelle.

Selon elle, le plus bel atout de la cause féminine ce sont les hommes : « plus de 70% d’entre eux sont inconscients des discriminations que subissent les femmes. Ce que je trouve formidable, c’est quand les hommes ses saisissent du sujet. Car ils sont moins idéologues. Les femmes qui défendent l’égalité, c’est suspect peut-être. Et pourtant, tout le travail que l’on peut faire en entreprise pour faciliter la vie des femmes bénéficiera aussi aux hommes ».

Mais ces derniers, en particulier les dirigeants d’entreprise et les recruteurs, grands absents du Women’s Forum, auront raté la mise en garde de Najat Vallaud-Belkacem : « attention au risque de valoriser les femmes en raison de soi-disant compétences spécifiques dites compétences « féminines ». Il y a une mauvaise raison de promouvoir la femme en fonction de ces qualités présupposées. De la théorie qui dirait que certaines différences fondamentales assignent les femmes à des postes en particulier ». Et d’appeler à considérer qu’hommes et femmes puissent avoir les mêmes qualités, tordant le coup aux stéréotypes véhiculés par la société. « La plus grosse réforme de ce quinquennat, ce sera la refondation de l’école, et donc de combattre et déconstruire les clichés appris dans les salles de classe. L’égalité, cela s’apprend du CP à la Terminale. L’Ecole reste le nœud de l’égalité hommes-femmes ».

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