Accueil inconditionnel: élus locaux, vous avez le pouvoir !

Droits humains France terre d'asile Réfugiés Publié le 12 juillet 2025

La politique d’asile a beau relever de la sphère nationale, c’est bien au cœur de nos communes que se jouent concrètement l’accueil et l’intégration des personnes exilées de force. C’est là, dans leur nouvelle ville, qu’elles tentent de reconstruire des repères, de retisser des liens sociaux et de retrouver une stabilité après avoir été contraintes de fuir leur terre et quitter leurs proches.

Votre rôle, élus locaux, est primordial dans un contexte de durcissement des politiques migratoires nationales qui précarisent le quotidien des personnes concernées.

Les leviers concrets sont là. Soutenir l’installation de centres d’accueil, en concertation avec les citoyens, une pédagogie active de la mairie est souvent la clé d’une implantation réussie. Faut-il rappeler que l’accueil inconditionnel des personnes vulnérables est un principe fondamental inscrit dans la loi ? Ainsi, des communes, telles que Bayonne ou Grenoble, ont pris leurs responsabilités en matière d’hébergement d’urgence, obtenant, au besoin, gain de cause devant les tribunaux administratifs lorsque l’État faillait à ses obligations. Mobiliser le parc social, parce que l’accès au logement demeure la première pierre de toute intégration. Garantir l’accès aux droits, par la domiciliation, un accompagnement juridique, un suivi social…

Se souvenir que la scolarisation inconditionnelle des enfants et jeunes exilés est une obligation légale. Ne pas s’en laisser conter quand une administration se met soudain à défendre l’inverse. Soutenir l’apprentissage du français et la formation qualifiante, et faciliter l’accès aux soins et à l’emploi en créant des ponts avec les structures compétentes.

Votre rôle, enfin, est aussi de lutter contre les discours de rejet et de faire évoluer les imaginaires liés aux migrations. Votre position vous confère une légitimité unique pour déconstruire les peurs et ouvrir un contre-récit puissant aux propos stigmatisants et déshumanisants. L’accueil des personnes exilées est une responsabilité collective. Votre mobilisation locale est la foi à la fois d’une République solidaire et une formidable source d’inspiration.

Merci à tous ceux qui s’engagent déjà, et bienvenue à ceux qu’elles rejoindront. Puisse la campagne des élections municipales à venir s’emparer positivement de ce sujet-là, maintenant que chacun a compris le coût considérable de l’inaction et de le laisser qui mine nos possibilités.

Coût pour nos libertés fondamentales car les graves remises en cause de l’État de droit, qui suivent les discours toujours plus excluants, finissent évidemment par menacer chacun de nous. Coût, aussi, pour notre vie démocratique. Car l’utilisation de la question migratoire comme seul argument formidable de fermeture, pour obtenir l’adhésion des électeurs ou faire diversion sur les difficultés de la commune ou d’un pays, finit par se voir. Il est durablement temps de refuser cette spirale. Puisse le politique reprendre la main.

Signé par des auteurs de réfugiés : ce qu’on ne nous dit pas (éd. Seuil, 2025).

Najat Vallaud-Belkacem
Présidente de France Terre d’Asile et ancienne ministre

Benjamin Michallet
Économiste

La Gazette – 7 juillet 2025
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