Durant la campagne présidentielle, j’avais eu l’occasion de relever que la manipulation des statistiques publiques était devenue une arme électorale.
Le cœur du débat a porté, vous vous en souvenez certainement, sur la question des chiffres du chômage, dont le gouvernement ne cessait d’annoncer des baisses spectaculaires, avec ce tour de force extraordinaire d’être capable d’annoncer un taux de chômage national alors qu’au niveau départemental les chiffres n’étaient pas encore connus. Avec le report de la publication de l’enquête emploi de l’INSEE au lendemain des élections, et le réajustement à la hausse par Eurostat des statistiques françaises, le mouvement de protestation des statisticiens a été un moment fort. Pour contester, en effet, les bons chiffres annoncés par le gouvernement comme autant d’arguments de campagne, les statisticiens de la DARES, de l’ANPE et de l’INSEE avaient décidé de se mettre en grève, fait inédit, mais qui en disait long sur le malaise de ces fonctionnaires tiraillés entre devoir de réserve et honnêteté intellectuelle. Ils ont alors fait le bon choix, un choix courageux, responsable et citoyen. Le collectif « les autres chiffres du chômage » estimant le taux réel du chômage à 9,8%.
On a moins parlé du déficit de l’Assurance maladie, alors même que l’on nous cachait une situation explosive. Il faut dire que l’annonce d’un mauvais chiffre aurait sans aucun doute rendu plus difficile le rôle de porte-parole du candidat UMP qu’occupait désormais Xavier Bertrand, ancien ministre de la santé.