« Prostitutions : les enjeux sanitaires » – Remise du rapport de l’IGAS

Droits des femmes Publié le 18 décembre 2012

IGAS

L’Inspection Générale des Affaires Sociales me remettait aujourd’hui son rapport sur l’accès à la santé des personnes prostituées. C’est un travail de grande qualité, s’appuyant sur de nombreuses observations de terrain, qui incite à renforcer le soutien aux associations.

L’IGAS nous montre qu’il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas encore sur la prostitution. Il n’y a pas une prostitution mais de multiples phénomènes, qu’il faut prendre en compte dans leur diversité : la prostitution visible, celle qui s’exerce dans la rue, ne résume pas à elle seule tous les défis d’une politique publique tournée vers la réduction des risques et la prévention. Le travail de l’IGAS nous montre qu’il y a des défis majeurs qui concernent le développement de la prostitution sur internet ou de la prostitution étudiante. Il rappelle qu’une part importante de la prostitution concerne encore des mineurs. Le rapport met en évidence un accroissement rapide des risques sanitaires qui appelle des réponses rapides. Il rappelle que le taux de mortalité est deux fois plus élevé chez les femmes se prostituant dans la rue par rapport aux femmes d’âge comparable.

Le rapport reconnaît à sa juste valeur le travail des acteurs de terrain notamment pour aller vers les prostituées et mettre en oeuvre des actions de prévention qui s’intègrent à l’environnement des prostituées. La Ministre fait siennes ses recommandations sur la nécessité de consolider le rôle des associations et de simplifier leurs conditions de financements. Assurer la mise en cohérence de ces financements sera l’une des responsabilités de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, dont l’organisation sera définie en Conseil des ministres dès demain.

Le rapport pointe à cet égard les difficultés spécifiques liées à l’application de la loi Sarkozy sur le délit de racolage passif. Le gouvernement s’est engagé à abroger ce texte et le travail parlementaire est désormais lancé dans le cadre d’un groupe de travail parlementaire, qui permettra d’examiner la question de la politique pénale de la prostitution sous tous ces aspects.

Ces questions pénales ne doivent pas être abordées isolément. Les propositions de l’IGAS dessinent les contours d’un large plan pour l’insertion sociale et professionnelle des prostituées et la prévention de la prostitution, dont le gouvernement tirera toutes les conséquences. Un travail spécifique sera engagé avec les Conseils généraux pour que les dispositifs de protection qui existent dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance soient pleinement mobilisés pour protéger les prostituées mineures. Il est prioritaire d’accroître l’effort de prévention, notamment en le rendant plus effectif sur internet. La conduite d’actions de sensibilisation et d’éducation à destination des clients telles qu’elles sont déjà expérimentées sur le territoire doit être amplifiée.

Ce rapport contribuera utilement au travail qui a été lancé à l’Assemblée nationale dans le cadre du groupe réuni autour de Maud Olivier par la délégation des droits des femmes. La mission IGAS sera auditionnée par le groupe dès mercredi.

Pour consulter le rapport de l’IGAS sur le site de la documentation française : « Prostitutions : les enjeux sanitaires ».

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