Infos du jour

Éditos Publié le 15 novembre 2007

Bonjour à tous, heureuse de vous retrouver pour une réaction à chaud à l’actualité du jour qui a dû comme moi vous frapper, en commençant d’abord par la décision du conseil constitutionnel qui valide les tests ADN et censure les statistiques ethniques.

Bonjour à tous, heureuse de vous retrouver pour une réaction à chaud à l’actualité du jour qui a dû comme moi vous frapper, en commençant d’abord par la décision du conseil constitutionnel qui valide les tests ADN et censure les statistiques ethniques.

AD’haine

La satisfaction ce soir n’est pas totale pour ceux d’entre nous qui restons violemment opposés à ces deux dispositions législatives. Le Conseil constitutionnel, saisi par les députés socialistes, s’est prononcé en droit, dont acte. Réjouissons nous quand même que les statistiques ethniques, ce stigmate nauséabond d’une politique gouvernementale obsédée par la question ethnique et qui voudrait réduire chacun d’entre nous à ses origines aient été annulées. Restons aussi mobilisés contre ces tests ADN qui, s’ils sont constitutionnels, n’en demeurent pas moins à rebours de toutes nos valeurs républicaines.

Conseil constitutionnelUne opinion que partageait récemment Doudou Diène (Corinne le rappelait justement dans son dernier commentaire), rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie qui a déclaré lors d’une conférence à Genève, que le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale participait à une “banalisation du racisme”. Il a également accusé Nicolas Sarkozy de s’être inscrit dans “une dynamique de légitimation du racisme”.

Cet expert de l’ONU a replacé le discours de Dakar du Président de la République dans le contexte des propos du Prix Nobel de médecine James Watson sur la prétendue infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine. Ces deux éléments illustrent, selon le rapporteur sénégalais, “la recrudescence des phénomènes et des manifestations de racisme” et participent d’une “légitimation intellectuelle du racisme”.

M. Diène a également dénoncé “la criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l’immigration”. “En France, le projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l’immigré”, a-t-il ajouté. Jolie image de la France à l’étranger…

et toujours la pétition : Touche pas à mon ADN

Université, le compte n’y est pas

La ministre de l’enseignement supérieur a reçu cet après midi les organisations étudiantes pour, disait-elle, dialoguer et rassurer… il semble que l’exercice n’est pas vraiment porté ses fruits.

Avec toutes les réserves d’usage concernant les risques inhérents à une approche libérale de l’autonomie des universités qu’incarne à bien des égards la loi Pécresse, qui porte en elle le risque d’une université à deux vitesses, d’un système socialement discriminant, d’une atteinte à la démocratie universitaire et d’un désengagement de l’Etat, j’ai eu l’occasion de dire que je n’étais pas par principe opposée à l’autonomie des universités et que cette question ne constituait pas pour moi un tabou.

Je pense même que de nombreuses organisations étudiantes, dès lors que l’Etat reste le garant de l’égalité d’accès à la formation et de la reconnaissance mutuelle des diplômes et que l’autonomie signifie une amélioration des conditions de travail et de vie des étudiants, seraient prêtes à en discuter. Mais la réalité c’est précisément qu’elles ont été privées de cette concertation et que la rentrée a montré que le gouvernement n’avait pas pris la mesure de l’urgence à investir dans l’enseignement supérieur. Les promesses de l’été sont restées vaines.

Est-il besoin de rappeler que le niveau actuel des dépenses place notre pays dans une situation défavorable au regard des autres pays de l’OCDE. La France consacre 1,1 % de son PIB au Supérieur contre 2,4 % aux Etats-Unis, 1,9 % au Canada ou 1,7% en Suède. Pour dire les choses autrement, nous consacrons à nos étudiants un montant inférieur de 25% à la moyenne des pays de l’OCDE, inférieur de 40% à la Suède et inférieur de 50% à ce qui se passe aux Etats-Unis. La réalité c’est qu’aujourd’hui un enfant en crèche coûte plus cher qu’un étudiant d’université !

Au total, les conditions de travail des étudiants, mais aussi des enseignants chercheurs s’en ressentent : amphis surchargés, taux d’encadrement faibles, locaux délabrés, sous équipements manifestes, sous investissement chronique, déclassement des universités françaises en comparaison des grandes universités étrangères, échec universitaire, difficultés d’insertion professionnelle.

Il y a donc urgence, la France décroche, et l’on ne voit rien venir

La culture coute chere, mais moins que l'incultureJe ne veux pas revenir sur les chiffres que je viens d’évoquer sinon pour souligner que la dépense consacrée au supérieur a été entamée ces cinq dernières années de 1% par an, si bien qu’en 2006 la nation a dépensé à peine plus par étudiant qu’en 2000.

Le budget 2008 pour l’enseignement supérieur n’annonce rien de nouveau, 30 % de cette progression correspondent à des crédits d’impôts. L’autre partie concerne essentiellement le rattrapage prévu de longue date dans les établissements connus pour leur vétusté ou leur dangerosité. Aucun nouveau poste d’enseignant-chercheur ne sera créé pour 2008 dans les universités alors que les besoins d’encadrement n’ont jamais été aussi importants.

Il est donc urgent d’inverser la vapeur pour atteindre rapidement les standards des pays développés en portant le budget de l’enseignement supérieur à 3% du PIB et se fixant un objectif de 50% d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur, ce qui est là aussi dans les meilleurs standards des pays de l’OCDE.

Il faut aussi se pencher sérieusement sur la condition étudiante. Là aussi, l’état des lieux est préoccupant. La précarité en milieu étudiant, les difficultés de logement, l’inégalité dans l’accès aux soins sont des réalités tangibles. Si la population couverte par le système d’aide sociale a cru de façon importante depuis 1998, le niveau actuel des bourses demeure faible et en tous les cas insuffisant si l’on en croit le développement du salariat étudiant à concurrence des études.

En outre, pris dans son ensemble, le système d’accompagnement social des étudiants est peu redistributif. Les prestations sous conditions de ressources (bourses) sont en effet minoritaires puisqu’elles ne représentent qu’un tiers des aides versées aux étudiants. A l’inverse, les aides au logement ainsi que les déductions fiscales attachées au quotient familial apparaissent globalement anti-redistributives.

Cela revient à dire que les étudiants ayant le plus besoin d’un soutien financier ne profitent pas prioritairement du dispositif en place. Je crois qu’il est urgent de mettre en place rapidement des états généraux de l’Université et de la condition étudiante devant déboucher sur une loi de programmation ambitieuse.

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28 commentaires sur Infos du jour

  1. François-Xavier BOFFY

    @Briavel : Je n’y ai pas assisté, mais je préfère des couacs protocolaires à des couacs en matière de choix politiques…
    signé : soutienmordicus

    @Gérard Eloi : je veux bien; tu peux utiliser le mail de mon blog.

    @Najat: à quand une liste de diffusion par mail des réunions publiques, des rendez-vous à ne pas manquer, etc., concernant spécifiquement Najat Vallaud Belkacem ? Il y a déjà l’agenda, mais c’est du pull, un peu de push serait bienvenu.

    Amitiés belkacemiennes

  2. Briavel

    léger couac lors de votre intervention à Oullins ce soir lorsque vous vous êtes emmêlez les pinceaux avec les préséances protocolaires et que vous avez oublié le député Michel Terrot … ;-))

  3. Gérard ELOI

    @ Liljana

    Ton argumentation est complète et remarquable, chère Liljana, et est complémentaire du message affiché aujourd’hui par Ségolène sur DA en réponse à une "certaine presse" qui osait la dire favorable aux lois Pécresse !

    Nous sommes (et depuis bien longtemps ) dans une période de sombre manipulation, est-ce une méthode pour mener à la crétinisation ? Peut-être…

    Hélas, ce que tu dénonces était prévisible parce qu ‘annoncé par le candidat Sarkozy. Il traite aujourd’hui les syndicats d’étudiants de "terroristes".
    1) Il avait affirmé vouloir tuer l’esprit de mai 68…Tuer un esprit ? Hélas, çà a plu à 53 % d’électeurs…
    2) Question terrorisme, il pourrait regarder les méthodes policières et les rafles aux sans papier qui ont déjà fait des morts…

    On pense de plus en plus à des années très sombres de notre Histoire…

    Enfin, tant qu’il y aura des jeunes de ta valeur, il reste de l’espoir pour demain. Bravo, Liljana !

    Bizzz et j’espère à bientôt

    GE

  4. Liljana/Polis

    Bonjour,
    Si je me permets d’intervenir c’est par ce que je suis étudiante et je suis inquiète à propos de cette loi Pécresse qui veut privatiser le financement de nos facultés en signant ainsi la "mort" de ce qui avant été une éducation laïque et gratuite pour tous…!
    Je vous présente mon argumentation:
    Tour d’abord ,permettre aux entreprises d’avoir main libre sur les universités ça veut dire que des économistes vont aménager le fonctionnement universitaire et académique en fonction de la loi du marché, ayant comme conséquence non seulement la suppression des filières dits "non rentables", mais cela implique aussi que des personnes non spécialisées sur la matière par exemple on aura des profs qui seront pas assez compétents sur les matières autant que l’équipe pédagogique qu’on a maintenant, mais qui feront bien le travail de propagande. Si je suis à la fac, c’est avant tout pour avoir une formation intellectuelle et pas seulement pour me "fabriquer" selon les modalités des entreprises pour le futur travail!
    Ensuite, je ne peux pas l’accepter que le logo des grandes multinationales soit affiché à côté du tableau, ou que celles ci influencent dans le programme de ma formation, certes à une entreprise qui pollue ne lui intéressent guère les questions du développement durable etc.!!!!
    Cette loi Pécresse donne beaucoup de pouvoirs aux présidents des universités, et instaure ainsi une hiérarchie au sommet de l’administration de l’université, disposant des pouvoirs forts qui ne prennent pas en compte la volonté des étudiants et professeurs et leurs opinions respectives sur l’organisation universitaire dans son ensemble.
    Un autre problème qui doit être souligné est celui des profs vacataires qui se retrouvent avec des contrats de droit privé, CD, CDD, et ils peuvent être "virés" en n’ayant aucun statut qui les protège! Corrigez-moi si je me trompe!
    Je voudrais aussi signaler que ce qui est passé à Lyon II la semaine dernière mérite d’être qualifié d’indigne et de la répression quand les CRS ont été appelé par la présidence pour mettre le "soi disant" ordre, alors que les mouvements de blocages organisées pacifiquement et démocratiquement par les assemblés générales voté par la majorité des étudiants, tentaient de se rassembler pour réfléchir sur les conséquences de cette loi. Nous sommes bien en France ou en Biélorussie (sans vouloir porter jugement de valeur sur celle ci)? Je n’en réalise pas!!!!
    On veut nous empêcher de discuter sur un problème qui nous touche directement, un président qui nous considère comme des gamins « morveux » alors que quand même on a une 20 d’années et on se soucie de notre avenir ! Il a appelé le mouvement étudiant contre la loi et les syndicats étudiants comme « des terroristes », mais c’est un langage digne d’un président !!!
    Notre université est en grève et s’est exprimé souverainement par des assemblés générales démocratiques, pour l’abrogation de cette loi.
    Certes notre gouvernement actuel veut réduire le déficit reproché par l’UE, en supprimant certains financement aux universités ou en les mettant dans les mains de personnes qui n’en connaissent rien du milieu universitaire. Certes ils manquent des financements pour les universités, mais il faut trouver d’autres moyens !!
    Aujourd’hui, étudiants professeurs et citoyens feront une grande manifestation contre ces mesures qui sont loi de relever de l’intérêt général !
    Je n’ai rien contre les entrepreneurs, je les respecte mais je m’oppose qu’ils mettent trop la main sur nos universités, sur notre formation intellectuelle. Nous la jeunesse, sommes l’avenir, ne nous écrasez pas par vos choix politiques immatures sil vous plait ! Soutenez nous dans le combat contre cette loi, pour protéger notre avenir , et les savoirs qui appartiennent à toute l’humanité !!!!
    Merci !

  5. Gérard ELOI

    @ François-Xavier

    Bien qu’absent (hélas) à l’AG de samedi, j’ai été au courant grâce à des ami(e)s qui y avaient participé. Pas beaucoup de "pub" sur l’événement pour des raisons administratives : il faudra refaire, sans "participation minimum obligatoire" une AG extraordinaire début 2008. Recontacte-moi si tu veux plus de détails.

    @ Corinne

    Le lien que tu viens de poster est très intéressant…et fait froid dans le dos. Mais on savait : "Tout devient possible…surtout le pire".
    Je viens de poster un message à la suite du tien, en réponse notamment à ce "cop", et j’espère que de nombreux lecteurs du site de Najat et de DA en feront autant.

    Ce soir, s’il me reste un peu de courage, sinon demain au plus tard, je parle de cette info et aussi de cette guerre en Afghanistan sur mon blog. Hélas, je n’ai pas beaucoup de lecteurs.

    Autre idée : nous pourrions "poster" aussi chez Daniel Schneiderman, qui recommence à partir de janvier "Arrêt sur image", mais sur internet. Faut s’affilier, on reçoit déjà la "newsletter", il y a le blog et vitesse de croisière j’espère en janvier.

    Amicalement, et que le printemps soit beau…

    GE

  6. François-Xavier BOFFY

    Une question toute bête : comment avez-vous su pour la nomination de Najat à l’assemblée générale de DA ? Sur le site de DA, pas de mention écrite (communiqué de presse, mail perso aux adhérents), sur le blog ou sur le site de Najat, pas de mention…

    Quoi qu’il en soit, merci pour cette occasion d’un large sourire dans la grisaille et le froid de cette année qui agonise.

    Amitiés belkacemiennes (mention libre de droits, dans le respect de la personne et des actions de madame Vallaud-Belkacem, pour tous pays)

  7. Gérard ELOI

    @ Thierry et asse42,

    Bien entendu, je suis aussi très heureux de l’élection de Najat pour les mêmes raisons qu’ Asse : "On a besoin de dynamisme, d’intelligence, d’humanisme et de sourire…"

    NB. : le lien présenté par Thierry est particulièrement intéressant.

    Amitiés Belkacemiennes

    GE

  8. asse42

    Thierry

    Je fais la même chose! Je suis content que najat soit élue à l’AG de DA. On a besoin de dynamisme, d’intelligence, d’humanisme et de sourire pour nous représenter. On peut être fier. A DA ce sont les femmes qui nous ménent, qui nous guident sur le bon chemin et on adore ça!
    Le temps des femmes est venue, pour le plus grand bien de la France;-))

    Pour paraphraser françois-Xavier, amitié Belkacemienne.

  9. hafrit

    D’après ce qu’on nous annonce ça va dans un bon sens
    Faut pas prévoir à l’avance avant d’avoir la réponse
    Avant d’avoir la réponse au sujet d’la résidence
    Khis ruh ken hen imenik ye la warlom di tmurt ik
    Ad lumud at ik seltik kulass d’les conférences
    Kulass d’les conférences pour étudier tous les sens
    C’est vraiment bien dommage le racisme et le chômage
    Heureusement qu’il y a des sages, c’est le prestige de la France
    C’est le prestige de la France, c’est la raison d’espèrance
    Anda yi la l’kheddema i waren, d’immigré tti t’kavalen
    Yarna soussoum arkhissen, u qarness ”tu as d’la chance”
    U qarness ”tu as d’la chance” mi te trit la résidence
    Toujours des conversations, le chômage, l’immigration
    Après les négociations, on attend qu’on nous annonce
    On attend qu’on nous annonce, chaque fois ça recommence
    Achral ayaki ne sbar fi tmurt narziz’n em aruh
    Ma yi la n’zemer n ruh, ad zran la différence
    Ad zran la différence ma yi la ulac la résidence
    Le travail quand il est dur, c’est pour l’immigré biensûr
    Avec la conscience pure, l’ dévouement et les souffrances
    L’dévouement et les souffrances, ça mérite la récompense
    An ruh da n’kheddam cituh fika narziz’n em aruh
    Ma yi la n’zemer n ruh, il faut subir les conséquences
    Il faut subir les conséquences, y’aura plus de réminence
    Après tout ça m’f’ra du bien de retourner chez les miens
    Je suis un Africain, le Soleil en permanence
    Le Soleil en permanence, pour moi ça a d’l’importance
    Anda n ruh yi la itaj, di kul tamurt itt fedjel
    Arbi dernen itt faridj, di romner n rich d’avance
    Di romner n rich d’avance, jusqu’à la fin d’l’existence
    C’est avec grande joie qu’je vais rentrer chez moi
    C’est normal chacun chez soi, souvenirs d’notre enfance
    Souvenirs d’notre enfance avec toutes ces références
    Tu sais bien qu’la Terre est ronde, le Soleil est pour tout l’monde
    Il brille à travers les hommes grâce à la Providence
    Grâce à la Providence qui domine toutes les puissances
    Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, si j’dois vous dire adieu
    Sachez bien que mes aïeux ont combattu pour la France
    Ont combattu pour la France bien avant la résidence
    Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, si nous devons vous dire adieu sachez bien que nos aïeux ont combattu pour la France
    Sachez bien que nos aïeux ont combattu pour la France(bis)

  10. François-Xavier BOFFY

    @Slim : entièrement d’accord avec toi.

    Je ne résiste pas à l’envie de faire un jeu de mots qui ferait seulement rire mes enfants : ils ne s’intéressent qu’au buzz, les clercs (c’est cela de connaître par coeur les répliques et personnages de Toy Story…); si vous me cherchez je suis déjà dehors, comme on dit sur les forums.

    Amitiés belkacemiennes (je le précise, l’auteure de ce blog n’est pas responsable des propos de ses partisans les plus fervents)

  11. Slim

    Juste un commentaire pour dénoncer l’argument que j’entends systématiquement à propos des test ADN : "ça se fait dans d’autres pays". et alors, la peine de mort est aussi appliquée aux Etats Unis et au Japon, ce n’est pas un argument. je viens de relire l’article sur le crépuscule de l’humanisme que je trouve vraiment très juste. Tous nos principes républicains sont une construction politique, philosophique et religieuse ancienne. Le pragmatisme si souvent revendiqué à l’appui de ces réformes, est bien le cache sexe d’une remise en cause de ce qui fonde un Etat de droit. Il faut résister à ses régressions. J’en appelle en particulier aux intellectuels de ce pays dont le silence est assourdissant ; non à une nouvelle trahison des clercs !

  12. Guillaume

    Dans la foulée des tests A.D.N., un très bel article du Monde de ce jour, intitulé "A la recherche des héros disparus" :

    "Ce sont des héros. Ou c’étaient. Nul ne peut dire s’ils sont morts ou vivants. On a perdu leur trace, qui à Londres, qui à Alger. Dans l’insouciante après-guerre, leur sort n’a plus intéressé la France. Il faut dire qu’après coup, le pays en comptait tant, de résistants… On a oublié ces vrais libérateurs. Peut-être parce qu’ils étaient étrangers, nés en Tchécoslovaquie, en Lettonie ou dans la brousse africaine. Ils s’appellent ou s’appelaient Aloïzo Waleina, Josef Rysavy, Pois ou Garge – pour ces deux-là, on a perdu jusqu’aux prénoms. Que sont-ils devenus ?"

    A l’époque la France ne demandait pas de tests A.D.N. à celles et ceux – "étrangers qui choisirent le feu" comme les appela Paul Eluard – qui reconnurent en elle leur patrie de coeur et prirent les armes pour défendre, non la France en tant que nation, mais bien "une certaine idée de la France".

    L’amendement Mariani est une insulte à la mémoire de ces "étrangers et nos frères pourtant*".

    * Aragon, L’Affiche Rouge.

  13. Guillaume

    Bonjour louella.

    "Aujourd’hui, lorsqu’on a un DEA d’Histoire et qu’on ne veut pas être prof ou chercheur, on ne trouve pas de travail!"

    Ma remarque n’est ni critique ni ironique : c’est une évidence que certaines filières universitaires, aussi prestigieuses soient-elles, n’offrent que peu de débouchés, que ce soit en terme de métier (Prof ou chercheur dans le cas que vous citez) ou de postes sur le marché du travail (combien d’emplois de sociologues pour le nombre d’étudiants inscrits dans cette filière ?).

    Je suis d’accord avec vous : le système universitaire français doit continuer à permettre à tous de faire des études, mais peut-être pas dans toutes les branches, au risque de créer des filières "orphelines".

    Il faudrait sortir un petit peu de cette habitude un brin élitiste qui consiste à faire rimer "études longues" avec "réussite" pour diversifier l’offre. Sans faire des universités des antennes pré-ANPE qui ne formeraient qu’aux métiers demandés à l’instant T par le monde du travail, on ne peut durablement ignorer les besoins de ce dernier.

    En parallèle, il y a un manque cruel en terme de formation continue et de reconnaissance de sa nécessité. On est encore dans un système où, une fois sorti du système éducatif et universaitaire, avec ou sans diplôme, l’on n’y revient plus sans que cela soit perçu comme la traduction d’un pseudo-échec ou en cas de chômage.

    Réconcilier l’université et le monde du travail, un grand et beau chantier d’avenir !

  14. louella

    Et la reconnaissance des diplômes universitaires?!
    Aujourd’hui, lorsqu’on a un DEA d’Histoire et qu’on ne veut pas être prof ou chercheur, on ne trouve pas de travail!
    Le niveau et la qualité de l’enseignement à l’Université, il ne faut pas se le cacher, est nettement inférieur à celui dispenser dans des écoles telles que Sc. Po.
    Je ne doute pas que les raisons de cette situation sont justement celles énoncées par Mme Vallaud-Belkacem, mais je ne pense pas que les étudiants grévistes n’ont pas conscience de ce qui les attend. J’en avait pas plus conscience lorsque j’étais étudiante à Toulouse en Histoire. J’étais même la première à m’insurger contre toute mainmise du privé. Aujourd’hui, à la recherche d’un emploi stable depuis 3 ans, dans l’édition ou dans le domaine de la culture en générale, je ne peux m’empêcher de penser que le système universitaire français, scandaleusement archaïque à tous points de vue, est la principale raison de mes débuts professionnels difficiles.
    Une réforme en profondeur est absolument nécessaire. Elle ne devra biensûr jamais remettre en cause les principes fondamentaux de l’enseignement supérieur français, tels que la possibilité à tous de faire des études.

  15. Guillaume

    @ François-Xavier :
    "Concernant l’amendement Mariani sur les test ADN, pour le dire vite, le conseil constitutionnel, tout en le reconnaissant constitutionnel, l’a rendu quasiment inapplicable."

    Cela semble loin d’être aussi évident, que l’amendement soit inapplicable. Tout comme il est loin d’être évident qu’il le soit !

    La décision du CC dit ceci :
    "Ainsi la filiation de l’enfant étranger reste en principe soumis à la loi personnelle de la mère étrangère. Le Conseil a jugé que la loi déférée n’avait ni pour objet ni pour effet de créer un droit spécial réservé aux étrangers, tant quant à l’établissement du lien de filiation qu’à sa preuve. Tous les modes de preuve reconnus par la loi personnelle de la mère étrangère pourront donc être utilisés. En particulier, l’article 13 n’est pas applicable à la filiation adoptive qui continuera à se prouver par la production d’un jugement."

    Les deux mots "en principe" peuvent permettre une très/trop libre interprétation des considérations du CC.

    A contrario la phrase "Tous les modes de preuve reconnus par la loi personnelle de la mère étrangère" peut laisser penser que le recours à un test A.D.N. restera hypothétique.
    Dans l’affaire dite "de l’Arche de Zoé" on a d’ailleurs un exemple des réalités auxquelles on peut être confrontés en matière de filiation : là où la morale et la culture occidentale appelle orphelin un enfant qui n’a plus ni père ni mère (ou est privé d’un des deux), il semble que la tradition et la culture africaine élargisse le cercle familial aux oncles et tantes. On risque de se heurter au fait que la famille n’est pas un concept universel. Mais je m’éloigne du sujet…

    Les test A.D.N. sont présentés par leurs inspirateurs comme un moyen de preuve pour les cas où il n’y a pas d’Etat-Civil dans le pays d’origine. Mais le CC parle de jugement pour les cas d’enfants adoptifs. Il existerait dans des pays où l’Etat-Civil ne fonctionne plus mais la justice oui ?

    Quant à la décision du CC, j’ai envie d’y voir une patte toute chiraquienne : on nous referait le coup du CPE en promulgant une loi tout en demandant qu’elle ne soit pas appliquée ?

  16. Guillaume

    Bonjour tout le monde.

    Je rejoins Quentin : la meilleure des deux nouvelles, peut-être, est bien l’annulation des statistiques ethniques. Je craignais, personnellement, que les tests A.D.N. ne servent d’écran de fumée pour mieux faire passer cette disposition, autrement plus dangereuse et attentatoire à la vie privée.

    Certains n’attendaient que ces fameuses et fumeuses statistiques pour masquer derrière ce qu’il faut bien appeler une pseudo-explication raciale et raciste, des réalités et des problématiques pûrement sociales.

    Comme le disait hier sur France Inter un cadre de SOS Racisme, il n’est nul besoin de recourir à la statistique pour rendre compte de la réalité de la discrimination dans la France du 12e siècle !
    Heureusement que l’on n’a pas attendu ni compté sur la statistique pour faire avancer le droit des femmes, dans un autre domaine où la discrimination reste, également et malheureusement, forte. Les principes, à commencer par celui d’égalité, se passent de et se défendent très bien sans chiffres !

    Le recours systématique à la génétique (on commence par l’immigration, qui sait ensuite où l’on finit) pour tout expliquer – rappelons-nous l’entretien Onfray/Sarkozy et la gêne provoquée par les propos de ce dernier – reste un danger d’actualité.

    Quant à l’autre sujet de ce billet – la réforme de l’université – je me réjouis de lire que la questions de leur autonomie n’est plus un tabou à gauche.

  17. Franois-Xavier BOFFY

    (Décidément ! Je suis plutôt contre "l’inondation" mais les précisions sont toujours légitimes il me semble)

    Concernant l’amendement Mariani sur les test ADN, pour le dire vite, le conseil constitutionnel, tout en le reconnaissant constitutionnel, l’a rendu quasiment inapplicable. Il est en effet soumis au droit dans le pays d’origine de la mère biologique ou affective des enfants. Pour une fois j’aurais un petit reproche à formuler à notre blogueuse politique préférée : Najat, toi qui fut ma première source d’information sur le sujet, pourquoi n’as-tu pas précisé cette subtilité importante ? Mon premier billet aurait été légèrement différent, quoique toujours proche de tes indignations et tes satisfactions.

    D’un simple reproche fait à leur sagesse, j’adresserais donc aux membres éminents de ce conseil très politisé (Joxe, Debré, Giscard, Chirac) un double reproche. Ils n’ont pas été sages de laisser ouverte cette porte vers les instincts les plus bas de la vie en société, à savoir le classement et le cloisonnement biologique des individus.

    Ils ont été cyniques, de plus, de ménager les susceptibilités politiques des uns et des autres : on ne supprime pas pour faire plaisir à la droite "dure", et on rend inapplicable pour soulager une grande partie des opposants de droite ou de gauche à cette disposition. Du point de vue pragmatique, fort bien, tout le monde est content. Du point de vue théorique, ce n’est sans doute pas au conseil examinant l’inscription pérenne et universelle du droit dans le cadre constitutionnel de résoudre un désaccord politique ponctuel. De la sorte, le conseil des sages se laisse gagner par les effets de mode, l’émotion, propres à l’action politique du gouvernement actuel, au lieu de viser l’impartialité qui doit être la sienne.

    Ce n’était que mon avis, et je ne prétends pas avoir la vision impartiale que je réclame des membres du conseil constitutionnel; mais si même un non-initié s’insurge contre cette sécularisation du droit, je suppose que d’autres ne manqueront pas de la désapprouver.

    Amitiés belkacemiennes renouvellées et revivifiées.

  18. Chris(ancien chris ..)

    correction:
    -Les perspectives de solutions que Najat propose (nt) sur son billet au dessus ..
    La langue Française est vraiment difficile 8).
    Amicalement,

  19. Quentin5

    Pas vraiment blanc, pas vraiment noir, mais quelle est donc mon ethnie ? Dommage, le ministère de l’identité nationale aurait pu m’aider à trancher… Je plaisante, cette annulation des statistiques ethniques est une très, très bonne nouvelle !

  20. Chris(ancien chris ..)

    Bonjour tout le monde,

    Université, le compte n’y est pas
    =========================
    Juste une précision, la France conscare la somme de (7000 à 8000€)/étudiant . Les autres pays dépensent entre 10.000 à 15 000€/étudiant.

    Il y a aussi un autre problème que le parti socialiste devrait voir et traiter le plutôt possible. Ainsi les universités françaises n’accueillent qu’une petite minorité des enfants d’employés et d’ouvriers.

    Regardons la statistiques d’observation d’inégalité en 2003

    Agriculteurs exploitants 24 789 – 2,0%
    Artisans, commerçants, chefs d’entreprises 83 535 – 6,8%
    Cadres supérieurs 399 846 – 32,7%
    Professions intermédiaires 199 897- 16,3%
    Employés 154 866- 12,7%
    Ouvriers 132 656- 10,8%
    Retraités 59 613- 4,9%
    Autres sans activités professionnelle 68 488 5,6%
    Indéterminés 99 992 8,2%

    (Source Observatoire inégalité 2003).

    On les dit « démocratisées », elles sont loin de l’être tant que cela : les universités françaises n’accueillent qu’une petite minorité des enfants d’employés et d’ouvriers.
    Ces deux catégories constituent moins du quart des étudiants, et sont surtout représentées dans les premiers cycles et les enseignements généraux.

    En 3ème cycle, la proportion tombe à un huitième (12 %)… Alors qu’au sein de la population active on compte 60 % d’ouvriers ou d’employés.

    L’université française (et en particulier les 3e cycles) demeure une université d’enfants de cadres, son ouverture n’est que très très incomplète.

    Ministres, enseignants, syndicats étudiants : personne ne semble se soucier sérieusement de ce phénomène, au sein des filières d’élite (les « grandes » écoles) où l’inégalité est encore plus massive, mais aussi dans les universités, haut-lieu de revendications s’il en est. On est pourtant là au coeur de l’inégalité du système social français et de la distinction sociale.
    ====================
    Quelques pistes intérressantes en déhors de la réforme du noyau:

    -Réformer les modalités de versement et d’attribution de la taxe d’apprentissage auprès des universités de région ou d’agglomération qui seront les seules à même de disposer des enseignants et de composer avec les forces des deux systèmes, qu’il s’agisse de l’enseignement de Bac à Bac+2/3, des spécialisations de Master ou de la recherche
    -L’imbrication (et les partenariats) des laboratoires de recherche et filières professionnalisantes avec les tissus d’entreprises / collectivités locales devrait permettre à terme de tisser des réseaux d’anciens élèves pour mieux répondre à l’adéquation « formation supérieure – monde du travail » aujourd’hui défaillante.

    *Financement privé (un sujet délicat )
    -Le financement privé devrait aussi être autorisé, principalement pour la constitution des savoirs enseignés ainsi que pour l’encadrement professionnel:
    -Conditions de stage
    -Conditions d’enseignement
    Mais contrôlé étroitement (plafond de 30% ou à négocier ) pour ne pas créer des filières assujetties à DES LOBBIES(marre des lobbies) en place.

    – La réforme LMD européenne ouvre et continue la voie pour incorporer progressivement la révalorisation des métiers manuels et artisanaux.

    -Les solutions que Najat proposent sur son billet au dessus ..

    Amicalement,

  21. sportif humain

    Ajourd’hui les marocains affrontent la France dans un match de foot qui promet d’être plaisant. Quelque soit le résultat de la rencontre le champion du monde, la France, gagnera sûrement un plus en matière de foot en appréciant la nouvelle tactique de l’équipe du Maroc menée par Henri Michel. C’est comme ça que les champions restent champions, en enrichissant leurs acquis continnuellement…Et non pas en se préoccupant d’affaires d’ADN parce que se croyant supérieur…

  22. Gérard ELOI

    Bonjour Najat et bravo pour la qualité de ce billet !

    Sur le fond, ton analyse est complète et parfaite.

    Du coup, c’est un peu long…mais la forme a réussi à rendre l’ oeuvre intéressante jusqu’au bout !

    Je souligne au passage la qualité des sous-titres :

    AD’haine ;

    "Le compte n’y est pas" !

    Et ce panneau remarquable :

    "La culture coûte cher, l’inculture encore plus"

    L’analyse de la "banalisation du racisme" est solidement argumentée et le rapprochement entre le fameux discours présidentiel et les propos délirants de cet ex prix Nobel (on donne vraiment çà à n’importe qui !) doit interpeler les lecteurs.

    J’ai également apprécié l’ironie habile dans ta phrase, sur les Unifs : " Je souhaite que la France comble son retard sur les pays développés", exemples à l’appui !

    Avec ce talent et cette conviction, ton forum de rénovation sera l’une des fondations solides du renouveau d’ une gauche forte et unie.

    Il fera beau au printemps, Najat !

    Amicalement

    GE

  23. François-Xavier BOFFY

    Bonsoir Najat,

    Je partage entièrement ton appréciation mitigée sur l’avis du conseil constitutionnel concernant la loi dite "Hortefeux". Ce qui me dérange au plus haut point, c’est qu’hier justement j’ai réalisé qu’aucun juge français ne peut plus invoquer de "soupçon de contradiction" avec la constitution ou les droits de l’homme pour rejeter une exclusion injuste d’un enfant "naturel" candidat au regroupement familial au titre de la filiation.

    Concernant les universités, je manque de temps pour entrer dans les détails, mais je constate simplement que le projet de l’UMP ne date pas d’hier : augmenter insuffisamment le financement "de relance volontaire" de la recherche (niveau budget, augmenter de 5% au lieu de 10% comme le proposait Ségolène Royal), et parallèlement passer le bébé avec l’eau du bain aux entreprises, sans garder de rôle régulateur. C’est une façon de rendre les idéaux d’éducation et les nécessités d’innovation incompatibles et concurrents; alors qu’on gagnerait à les associer, on pourrait vraiment les associer…

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