L’Europe, une responsabilité à transmettre

Éditos Publié le 22 juin 2008

Les 2ème états généraux de l'Europe se tenaient samedi 21 juin à la Cité internationale de Lyon, en présence de 130 personnalités politiques, syndicales, du monde associatif, mais aussi de chefs d’entreprises, et d’intellectuels. Les échanges ont été riches dans le contexte post référendum irlandais, l'occasion de faire les premières analyses et de dessiner un avenir nouveau à la construction européenne. Conférences débats, café littéraire, concert européen à l'occasion de la fête de la musique, autant de bonnes raisons de mieux connaître l'Europe.

états généraux de l'Europe

J'étais pour ma part invitée à particier à une conférence intitulée "L'Europe, une responsabilité à transmettre", consacrée au rôle des générations nouvelles dans la construction de l'Union européenne. J'étais aux côtés d'Olivier Ferrand, de Pascal Perzo, de Christophe Tézenas du Montcel, de Philippe Herzog et Marie-Josée Fleury. Je vous livre ici la trame de mon intervention.

Les 2ème états généraux de l’Europe se tenaient samedi 21 juin à la Cité internationale de Lyon, en présence de 130 personnalités politiques, syndicales, du monde associatif, mais aussi de chefs d’entreprises, et d’intellectuels. Les échanges ont été riches dans le contexte post référendum irlandais, l’occasion de faire les premières analyses et de dessiner un avenir nouveau à la construction européenne. Conférences débats, café littéraire, concert européen à l’occasion de la fête de la musique, autant de bonnes raisons de mieux connaître l’Europe.

états généraux de l'Europe

J’étais pour ma part invitée à particier à une conférence intitulée “L’Europe, une responsabilité à transmettre”, consacrée au rôle des générations nouvelles dans la construction de l’Union européenne. J’étais aux côtés d’Olivier Ferrand, de Pascal Perzo, de Christophe Tézenas du Montcel, de Philippe Herzog et Marie-Josée Fleury. Je vous livre ici la trame de mon intervention.


A 30 ans, je fais donc partie de la génération des gens nés au cours des années 70 qui partagent un certain nombre d’expériences historiques communes.

La plus importante, celle qui peut nous servir à tous de référence, c’est la réunification de l’Allemagne, l’effondrement du bloc de l’Est et son arrimage progressif à l’Union Européenne.

Ce n’est pas une guerre, certes, mais c’est quand même quelque chose d’assez important pour vous éveiller à une conscience du monde dans lequel vous vivez, de la période historique qui sera la vôtre à l’âge adulte.

C’est la première chose fondamentale : nous sommes la génération qui s’est éveillée à la politique, à la citoyenneté, à l’Europe, avec les conséquences de la chute du mur de Berlin.

Nous sommes la génération qui s’est construite en sachant qu’elle aurait, demain, la responsabilité d’inventer la suite.

Mais dans le même temps, je fais partie d’une génération qui n’a pas connu les grands leaders politiques charismatiques appartenant à la première génération de ceux qui ont conçu et fait avancer le projet européen.

Nous n’avons connu que des responsables politiques qui, à l’échelle nationale, tenaient des discours assez peu responsables sur l’Europe.

D’un côté l’Europe fait office de bouc-émissaire lorsqu’on ne parvient pas à régler les problèmes, et de l’autre, elle sert d’échappatoire pour reporter les grandes réformes et les grandes décisions à plus tard.

Le résultat de tant d’années de discours se lit aujourd’hui dans les urnes.

L’urgence, selon moi, est de changer radicalement ces discours que les responsables politiques nationaux tiennent à leurs opinions publiques sur l’Europe.

Changer le discours, oui, mais pour leur dire quoi ?

Un constat simple, d’abord, qui met tout le monde d’accord : chaque pays d’Europe est aujourd’hui tout simplement trop petit pour garantir seul la sécurité, la prospérité et le bien-être de ses citoyens.

Les États-Nations ont le choix entre une dimension qui ne correspond plus à l’époque ou l’union de leurs forces dans une entité plus grande et plus forte.

Je crois que même les plus antieuropéens des leaders politiques de notre continent s’accordent sur cet état des lieux : il faut s’adapter aux nouvelles dimensions du monde, ou accepter de décliner.

C’est une définition à minima de ce que doit être l’Europe de demain qui, pour ma part, est très loin d’être à la hauteur des enjeux.

L’Europe ne peut pas être, d’abord, un projet économique.

Elle doit être un rêve société, comme l’a dit Jeremy Rifkin, sinon la construction de l’Europe s’arrêtera.

L’Europe, d’ailleurs, a longtemps été ce rêve, aujourd’hui en partie accompli.

Car l’Europe est d’abord et avant tout, une aspiration collective à la paix. C’est le sens de notre histoire, mais c’est aussi le sens qu’il nous faut donner à notre futur.

Rappelons toujours, ce n’était pas il y si longtemps, qu’après la seconde guerre mondiale et la Shoah, la paix a été la raison première et essentielle du projet d’une Europe unie.

C’est le succès le plus éclatant de l’aventure européenne, et c’est ce qui nous permet d’être tournés vers le futur dans un monde qui, lui, connaît la guerre ou la menace de la guerre un peu partout.

Alors, le futur, oui, mais quel futur ?

EGE Les grands changements que nous connaissons dans le cadre bien connu de la mondialisation, et qui se traduisent à peu près sur tous les terrains, peuvent être la cause du déclin comme des chances à saisir. Pour saisir ces opportunités, nous pouvons compter, en Europe, sur d’extraordinaires atouts.

Avec des échanges pratiquement égaux à ceux des États-Unis et du Sud-est asiatique confondus, nous disposons d’une puissance commerciale sans pareille, et avec une population de quatre cent cinquante millions de personnes et un marché de consommateurs qui représente pratiquement le double du marché américain.

Nous avons une monnaie commune, l’euro, qui s’impose face au dollar sur les marchés financiers internationaux, et un réseau de petites et moyennes entreprises que le monde entier nous envie.

C’est vrai que l’Europe se trouve aujourd’hui dans une position de faiblesse préoccupante face à une Amérique à la pointe de l’innovation, mais également face à des pays, comme l’Inde et la Chine, qui allient le faible coût du travail à une maîtrise forte des nouvelles technologies.

Mais l’Europe est aussi la seule puissance à pouvoir investir à l’échelle qui conviendrait pour que nos pays soient les plus compétitifs du monde.

Nous avons acquis, en cinquante ans de construction européenne, une expérience politique et institutionnelle qui nous a permis de faire passer notre Union de six à vingt-sept membres, qui constitue l’exemple le plus réussi et le plus extraordinaire de démocratie supranationale.

Nous disposons dans nos pays, dans nos régions, dans nos villes d’une richesse et d’une diversité d’histoires, de cultures et de traditions, sans pareilles.

Tous les espoirs nous sont permis, et nous ne le savons pas.

Mais pour réaliser ces espoirs, il faut remettre de la politique dans nos discours sur l’Europe.

Car derrière toute ambition économique, il y a toujours eu une inspiration politique, un choix de valeurs.

De Monnet, Schuman, Adenauer, De Gasperi jusqu’à Mitterrand et Kohl, l’inspiration décisive a toujours été politique.

Il nous faut retrouver cet élan politique, cette ambition de faire de l’Europe un projet de société, et c’est sans doute le défi de notre génération.

Il nous faudra défendre le projet d’un espace de prospérité économique dans lequel la protection sociale n’est pas une variable d’ajustement mais le socle fondamental de tout développement.

Nous devrions réaffirmer sans cesse que l’éducation, la santé, la justice, et les dispositifs de sécurité sociale sont les conditions incontournables de toute réussite économique à la fois juste et durable.

C’est ce discours qui fera naître, notamment chez les plus jeunes générations, le sentiment d’appartenir à une même communauté.

Mais c’est un discours qui doit être partagé entre tous les responsables.

Les réponses aux défis lancés à l’Europe ne peuvent et ne doivent pas toutes émaner de Bruxelles et des parlementaires européens.

Qu’il s’agisse d’économie, de protection de la santé ou de l’environnement, de politique de l’emploi, d’immigration, de recherche scientifique ou d’éducation, tous les niveaux de gouvernance sont concernés, de l’échelon européen aux échelons national et local.

J’ai beaucoup de doutes sur la manière dont il faudra procéder pour rapprocher l’Europe des citoyens, ce qui est un impératif démocratique absolu, mais je suis certaine qu’on ne parviendra jamais à rien si les responsables politiques continuent de se rejeter les responsabilités les uns sur les autres comme ils le font depuis trop longtemps.

C’est une éthique de vérité et de responsabilité que ma génération, je l’espère, saura retrouver.

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55 commentaires sur L’Europe, une responsabilité à transmettre

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    What a great quality article! This is awesome content with thoughtful viewpoints and persuasive content. I’ve learned some new things about this subject. I am totally impressed with your writing style and presentation. Thank you.

  2. François-Xavier BOFFY

    Bonsoir ou bonjour,

    Je n’avais pas eu le temps d’entendre les discours accompagnant la contribution de Ségolène… Et je ne résiste pas au plaisir d’en extraire une pépite, une petite merveille très piquante, très brillante et très belle :
    "[certains ont tendance à confondre] garder la vieille maison…
    et garder vieille la maison"

    Je voulais aussi revenir très rapidement sur la nécessité du travail pédagogique au sein du parti et dans les relations entre personnes : le PS doit en effet accentuer le travail d’information et d’explication auprès des militants, et ce serait d’après moi un levier puissant pour rapprocher les points de vues parfois très divergents sur des sujets précis (je pense à l’Europe notamment).

    Mais mon expérience récente et locale m’a appris, choquant ma bienveillante naïveté, que certains média et les tenants de la droite "classique" ne s’embarrassent pas de pédagogie : des grosses idées, sans nuances, parfois fausses, mais qui attirent l’oeil novice. Préparer l’avenir, le long terme, par une diffusion en profondeur des idées, ne peut se faire que si au présent les idées qu’on diffuse ne sont pas préalablement disqualifiées, manipulées. C’est pourquoi j’apprécie (de plus en plus à mesure que j’y pense) le balancement "combattre et proposer". Il y a donc auprès de la population un double travail à faire, de pédagogie et de diffusion rapide et percutante de quelques idées simples.

    Ce qui est certain, c’est que notre blogueuse préférée a toutes ces cordes à son arc… En toute objectivité !

    Amitiés belkacemiennes.

  3. Najat

    @asse42

    Tu as raison, faudrait pas se laisser aller quand même! Pardon pour ma faible reactivité mais j’avoue que les journées sont un peu chargées en ce moment, promis à la première heure demain je m’y colle.

    Bonne soirée

  4. hafrit

    merci mr le president Sarkozy d’avoir libere ingrid betancourt , grace a votre diplomatie .

  5. asse42

    Bonjour à toutes et tous, oui nous sommes heureux de la libération d’Ingrid Bétancourt.

    Najat ce serait bien que tu nous mettes sur le blog ton intervention au CN. Non?;-)48

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