“En bonne voix”: portrait en campagne, par le magazine ELLE.

Divers Publié le 27 mars 2012

Je vous invite à lire le petit reportage en forme de portrait que le magazine ELLE me consacre cette semaine sur trois pages : en kiosque, sur leur site internet, ou ici même…

Par Patricia Gandin / Photos Emanuele Scorcelletti.

 

« François Hollande a fait de cette ancienne timide sa porte-parole. Du Rif marocain à la mairie de Lyon en passant par Sciences-Po, portrait d’une jeune femme au parcours républicain rare et exemplaire.

 Un petit bulldozer toujours souriant et infatigable…

 « Je vous reconnais, et vous êtes encore plus jolie qu’à la télé ! » lui lance un homme dans ce restaurant proche du QG de campagne de François Hollande. Visiblement, tout dans le compliment fait plaisir à Najat Vallaud-Belkacem, 34 ans, porte-parole du candidat PS, encore peu repérée par le grand public malgré d’impressionnantes responsabilités. Son visage rayonne. Ce visage est fascinant : encore adolescent et lumineux en toutes circonstances, même les plus stressantes. Comme si les combats intimes, le chemin abrupt qu’elle a dû parcourir pour devenir ce qu’elle est, n’avaient laissé aucune trace douloureuse. Aucune rage mal digérée en cette jeune femme née dans l’âpreté d’un hameau marocain sans eau ni électricité, arrivée en France à 4 ans et qui dut forcer le déterminisme social pour entrer à Sciences-Po, terre inconnue, avant de se faire une place dans l’arène politique. Juste la sérénité d’avoir gagné sa guerre et, au plus profond, le désir palpitant de la mener pour d’autres, de partager ce qu’elle a appris, de convaincre. Des failles, des faiblesses ? Certainement, mais nous n’en avons pas vu au cours de la semaine où nous l’avons suivie en campagne. Najat Vallaud-Belkacem est un petit bulldozer toujours souriant et infatigable.

 

Lyon, sa ville d’attache aujourd’hui

Soumise à rude épreuve pourtant, puisque sa vie est à Lyon : elle y a son mari * et leurs jumeaux de 3 ans et demi, son mandat d’adjointe au maire et celui de conseillère générale du Rhône, et elle doit défendre ses chances de gagner un siège de députée aux législatives de juin, dans une circonscription dite « bourgeoise » tenue par la droite. Il n’empêche, le mardi, elle débarque fraîche et affûtée à Paris pour trois jours de course tout-terrain. Ce matin, il fait encore nuit quand elle arrive à i>Télé, où elle sera interviewée pendant les infos. Maquillage d’abord et contorsions pour reste l’oeil rivé sur son téléphone mobile : ne pas rater les dernières nouvelles, un appel, un SMS important, avant d’entrer sur le plateau. « Le trac est toujours là, admet-elle. La peur du mot de trop, de la bourde. » Comme Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, qui trébucha sur le prix du ticket de métro et n’en finit pas de le payer. Devant la caméra, Najat est à l’aise, la voix posée, le propos fluide et incisif. Bien dans son rôle.

 

Une femme sollicitée de tous les côtés

Porte-parole, un comble pour celle qui fut si timide. « Une timide sociale », précise-t-elle dans le brouhaha du TGV qui maintenant nous conduit, avec François Hollande, sa compagne et son staff, au meeting de Lyon. Elle raconte : « La banlieue nord d’Amiens, où le regroupement familial nous avait fait rejoindre mon père, maçon, n’avait rien pour donner confiance en soi et en l’avenir, pas d’exemples de réussite professionnelle, d’épanouissement. » Le récit s’interrompt car des journalistes politiques, embarqués dans le même train, sollicitent Najat comme les trois autres porte-parole, Delphine Batho, Bruno Le Roux, Bernard Cazeneuve. La petite bombe jetée un peu plus tôt par le candidat PS (la fiscalité portée à 75 % au-dessus d’un million d’euros de gain annuel) n’en finit pas d’appeler analyses et commentaires. Sans s’asseoir une minute, avenante, Najat argumente. « Cette campagne est exigeante, mais rien à voir avec la précédente, assure celle qui fut, il y a cinq ans, la porte-parole de Ségolène Royal. Devoir sans cesse faire face aux tirs de snippers – venant aussi de notre camp –, c’était déprimant et désastreux. Pourtant, je suis reconnaissante à Ségolène de m’avoir donné la chance, à 29 ans, de tenir ce rôle. Une épreuve du feu plus utile qu’un media-training. Je n’en ai d’ailleurs jamais suivi. » Trop peur d’y laisser sa spontanéité.

Pourquoi elle ?

François Hollande nous parle d’elle avec enthousiasme : « Je l’ai choisie pour son expérience de 2007 et parce que, avec toutes ses attributions d’élue, elle a encore pris de la densité, élargi sa connaissance du terrain et des dossiers. Elle a une pensée claire et sait l’exprimer. Elle aime réussir, sans arrogance, sans écraser personne. Qu’elle soit une femme, jeune et issue de l’immigration, ce sont des atouts à mes yeux, mais cela n’aurait pas suffi à la rendre légitime. » Et pour Najat, après Ségolène, aucun problème à emboîter le pas de « F.H. », comme on l’appelle au QG de l’avenue de Ségur ? « Aucun, répond-elle, ses priorités sont les miennes : la jeunesse, l’éducation, la détermination à relever la France. Ma génération n’a connu que les usines qui ferment ou se délocalisent, l’injustice sociale qui se creuse. Mais je refuse la désespérance, la résignation, l’égoïsme. »

Un livre pour raconter son parcours

 Comment agir ? Elle l’expose dans un livre publié au beau milieu de la campagne. Pas par hasard : « J’apporte ma pierre personnelle à l’édifice. Porte-parole, c’est bien, mais je pense aussi par moi-même », s’exclame-t-elle. Dans « Raison de plus ! » (éd. Fayard), écrit le week-end, « les enfants dans les pattes », elle évoque son parcours avec des anecdotes édifiantes : son refus de rire aux plaisanteries du président FN du conseil régional du Rhône, dont elle fut la benjamine, à 27 ans ; ce dîner politique où, en entrant, un convive l’a prise pour l’employée de maison… Elle expose surtout sa conception d’une « audace réformiste » pour faire face à la crise et renouer avec le progrès. Ne pas renoncer, c’est le socle de sa vie. « Fatiha, ma sœur aînée, et moi, nous nous encouragions à avoir les meilleures notes en classe, raconte-t-elle. Fatiha est devenue avocate. L’émulation a aussi fonctionné avec les trois filles et les deux garçons qui ont complété la fratrie : tous s’en sortent très bien.

De la fac d’Amiens à Sciences-Po

Longtemps, Najat n’a eu aucune idée de ce qu’elle ferait plus tard. Etudes de droit à Amiens parce que sa sœur avait ouvert la voie. Mais ensuite ? « J’ai lu une brochure, assez vague, sur Sciences-Po, se souvient- elle. Une école généraliste, ça m’intéressait. Un de mes profs m’a avertie : “Ce n’est pas pour vous !” Il savait, pourtant, que j’étais bosseuse et que j’avais obtenu tous mes diplômes avec mention bien. J’ai foncé. Reçue au concours : une énorme joie ! Et quel plaisir fou, ces cours et les rencontres : tous les possibles se profilaient. En plus, je découvrais enfin la liberté à Paris, moi qui avais subi une éducation très stricte. » Une relation nouée à Sciences- Po l’amènera à devenir chargée de mission au cabinet du maire de Lyon, le premier pas dans la carrière. Pas sûr qu’elle ne prenne pas, un jour, un autre tournant : « La politique n’est pour moi ni un rêve d’enfant ni une révélation d’adulte : plutôt une mission. Créer une entreprise, une fondation caritative… Il y a tant de façons de se rendre utile. Et peut-être d’avoir une vie de famille plus équilibrée ! » Le sourire se fait encore plus doux : ce soir, après le meeting, elle rentrera chez elle. En attendant, elle repart dans la mêlée. La campagne continue.”

10 commentaires sur “En bonne voix”: portrait en campagne, par le magazine ELLE.

  1. Gérard Eloi

    Najat est tout à fait en phase avec cette citation du Général : pour elle non plus, la politique ne se fait pas à la Corbeille.
    Voir dans son dernier livre “Raison de plus” notamment le Ch 2, “Le progrès autrement”.

  2. Général Charles de Gaulle...!

    […] La politique de la France ne se fait pas à la “Corbeille”.

  3. MERCIER

    Que pensez-vous faire pour la grève des éboueurs à LYON ? plus de 3 semaines avec les poubelles sur le trottoir !!! Merci l’hygiène !

  4. jean louis prime

    Bonjour Najat

    Encore un magnifique portrait. Mais pourrait il en être autrement ? Je ne le pense pas.
    Il correspond à l’idée que je me fais de vous. J’espère que vôtre visibilité ira croissante, pas seulement pour vous mais pour l’espoir que j’ai d’un renouvellement de la politique, et de la gauche qui doit retrouver son lien fraternel historique.

    bien à vous

  5. jean louis prime

    Bonjour Najat

    Encore un beau portrait de vous mais pourrait il en être autrement ? Je ne le crois pas. Pour ma part il correspond à l’idée que je me fais de vous. J’espère que vôtre visibilité va aller croissante. Pas seulement pour vous mais aussi pour l’espoir que j’ai d’un renouveau de la politique et plus particulièrement d’un renouveau de la gauche dans son ensemble, qui doit retrouver son lien fraternel historique.

    Bien à vous

  6. Gérard Eloi

    Il y a plusieurs façons de gérer cette crise, Bulldozer.

    On peut se contenter de renflouer les banques au détriment des contribuables. (Ce qui fut fait, avec les résultats qu’on voit).

    On peut par contre s’indigner du fait que la loi Giscard Pompidou de 1973 étendue ensuite à l’UE (pas question par exemple en Suisse de telle absurdité) interdise aux banques nationales, et par extension à la BCE, de prêter aux Etats !
    La BCE, officine privée je le rappelle, sert donc uniquement à alimenter les banques privées à des taux ridicules de O,5 à 1 %. Avec quel fric ? Le nôtre ! Et quand il n’y en a plus, comme fin 2008, on fait tourner la planche à billets pour mille milliards d’euros destinés uniquement à ces banques privées et pillardes. Lesquelles, ensuite, n’ont plus qu’à alimenter les dettes publiques des Etats cocus, à des 4 ou 5 %, et en grimpant jusqu’à 15 en Grèce ! Quant à nos 1 000 milliards, ils dévaluent d’autant notre euro, et cette dévaluation de fait est portée en compte pour les générations suivantes.

    Les propositions de François Hollande de renégocier le Traité européen et de redéfinir la mission de la BCE ont donc une importance capitale.

    Les politiques financière et économique mondiales, de l’OMC jusqu’au FMI et autres, sont décidées par le groupe de pression Bilderberg, créé fin des années 50 par les grosses fortunes, afin de créer un “nouvel ordre mondial”. (Ordre nouveau : ça ne te rappelle rien ?).
    Dans son livre, pp 89-90, Najat explique que les assidus aux réunions de ce groupe de pression ne sont que des déclinologues.
    Les solutions qu’elle propose pour sortir de cette destinée tracée en sombre sont détaillées ensuite dans son livre ( Je ne citerai ici que l’Académie du futur). Cette brillante analyse active mérite notre attention, notre soutien et notre participation.
    A moins que tu trouverais normal, au nom d’Egalité, que l’on aligne ici et partout les salaires sur ceux dans les pays les plus pauvres, et qu’on travaille partout jusqu’à 70 heures semaine pour 150 euros mensuels ?

  7. Bulldozer...!

    […] Le président de la République française a été élu au suffrage universel,il est donc le président de tous les français,et c’est là oû le bât blesse et que nous ne pouvons pas avancer et résoudre les problèmes de la France,car nous devrions être tous derrière lui,solidaires dans la crise,à bons entendeurs,salut…!

  8. Bulldozer...!

    […] Bravo Najat,félicitations,continue,tu es sur la bonne voie,aussi belle qu’intelligente,la France peut-être fière de toi,les élections présidentielles 2012 se rapprochent à vitesse grand V et je ne sais tjrs pas pour qui je vais voter,attendons…!

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