ONU : 57ème session de la Commission de la Condition de la femme, l’intervention Najat Vallaud-Belkacem

Droits des femmes Publié le 6 mars 2013

Voici l’intervention de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, lors du débat général de la CSW, la Commission de la Condition de la femme de l’ONU à New York :

Najat Vallaud-Belkacem à CSW / ONU à New York - Photo © Franceonu/ Caroline Fréchard

Merci Madame la Présidente pour la haute tenue des débats que vous animez aujourd’hui avec les membres de votre bureau.

Merci à Madame Michelle Bachelet – et à travers elle ONU-Femmes – pour son engagement sans faille en faveur des droits des femmes et pour son action pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles dans le monde.

Je ne reviendrai pas sur le contenu de la déclaration prononcée au nom de l’Union européenne, à laquelle la France souscrit pleinement.

En revanche, je reviendrai sur le fait que cette question des violences faites aux femmes nous concerne toutes et tous, dans tous les pays, dans toutes les sociétés. Mais il y a aussi des moments où elle se pose avec une acuité particulière. C’est le cas des pays en conflits où les femmes continuent d’être la cible de violences sexuelles intolérables, souvient utilisées comme arme de guerre et comme arme de destruction des populations.

Des viols massifs sont perpétrés en République démocratique du Congo ou encore au Soudan, un niveau terrifiant de violences sexuelles accompagne la situation actuelle d’insécurité en Syrie mais aussi dans d’autres pays de la planète qui ne sont pourtant pas en conflit. Récemment, en Inde, les faits commis, atroces, ont mis en lumière la réalité ordinaire des viols, aussi anciens et aussi répandus que la domination masculine elle-même.

Les violences faites aux femmes, Madame la Présidente, ne sont pas un fait isolé. Elles constituent l’un des fondements de cette oppression qui persiste sur le corps des femmes partout dans le monde. Les violences sexistes et sexuelles sont le révélateur extrême de toutes les autres inégalités entre les hommes et les femmes.

C’est pourquoi la France a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité tant au niveau national qu’au niveau international.

Je veux commencer par réaffirmer ici l’attachement de la France au caractère universel des droits des femmes, de tous les droits qui s’attachent à la personne humaine.

Nous devons refuser ensemble toute forme de relativisme culturel qui laisserait sur le bord du chemin cette bataille essentielle de l’égalité entre les sexes.

Cette égalité passe par l’autonomie économique et politique des femmes mais elle passe aussi – sinon elle n’aura pas de réalité – par le droit des femmes à disposer de leur corps et les droits fondamentaux que constituent les droits sexuels et reproductifs, dont il faut que nous fassions un sujet.

La négation de ces droits est trop souvent la première expression des violences qui sont exercées à l’encontre des femmes dès lors qu’elles se traduisent par le contrôle de leur corps ou sa contrainte.

Les liens entre la lutte contre les violences faites aux femmes, l’accès aux droits et à la santé sexuels et reproductifs mais également une prévention plus efficace du VIH/SIDA sont aujourd’hui très clairement mis en lumière, notamment dans le rapport du Secrétaire général qui sert de base de travail à cette session. Il nous faut aller plus loin.

Je veux saluer les progrès récents obtenus dans l’établissement de normes internationales et régionales sur les droits des femmes et la lutte contre les violences.

D’abord, les deux résolutions adoptées à l’Assemblée générale à l’automne dernier visant à éliminer les mutilations génitales féminines et toutes les formes de violence faites aux femmes.

Au niveau régional, la Convention d’Istanbul, dans laquelle l’Europe au sens large, a établi un cadre légal complet, qui permet d’agir très efficacement, pour la prévention, la protection et la sanction des violences commises à l’égard des femmes. Je souhaite rappeler que, si ce texte a été rédigé en Europe, il n’est pas réservé aux Européens. Il peut servir de base à d’autres pays, il est ouvert à la signature de tous les Etats. Il peut constituer une source d’inspiration pour l’élaboration de lois et de politiques partout dans le monde.

Au niveau national, nous avons adopté plusieurs mesures qui permettront de mieux lutter contre les violences faites aux femmes. Nous avons rétablit le délit de harcèlement sexuel qui avait disparu ces derniers mois de notre code pénal. Nous avons créé une mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences. Nous avons fait en sorte de nous inscrire totalement dans le cadre des conventions internationales et régionales que nous avons signées, extrêmement ambitieuses en la matière.

Nous accueillerons le 20 mars prochain à Paris le premier Forum des femmes francophones, puis, les 3 et 4 juillet, la réunion ministérielle de l’Union pour la Méditerranée, consacrée au renforcement du rôle des femmes dans la société. A chaque fois, la question des violences faites aux femmes fera évidemment partie de façon centrale de l’ordre du jour.

Permettez-moi enfin de souligner combien cette session de la Commission de la condition de la femme est un moment crucial dans la perspective en particulier de l’actualisation des Objectifs du Millénaire du Développement en 2015. Ces Objectifs, comme les conférences du Caire et de Pékin, ont fait considérablement progresser les droits des femmes. Mais trop souvent ces engagements sont encore restés lettre morte. Or, on le sait, en matière de droits des femmes, quand on arrête d’avancer, on recule, on ne fait pas du sur place.

C’est pourquoi notre Commission doit adopter aujourd’hui les conclusions concertées ambitieuses, en particulier en matière de réalisation de l’autonomie réelle des femmes. Je le redis cela passe par la libre disposition du corps aussi.

La France restera attentive à la réalisation de ces ambitions.

Je vous remercie.

Crédit Photo © Franceonu/ Caroline Fréchard

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