Partager le congé parental, c’est aussi répondre aux aspirations des pères

Ce lundi 16 septembre 2013, je réunissais associations, employeurs et chercheurs autour d’un enjeu rarement appréhendé par les politiques publiques et pourtant majeur : l’implication des pères dans le partage des tâches domestiques et parentales.

On le sait, le congé parental tel qu’il est pris aujourd’hui, quasi exclusivement par les femmes, les pénalise dans leurs carrières professionnelles. Douze ans après la naissance de leur dernier enfant, près de 40% des mères s’étant arrêtées trois ans n’ont pas retrouvé d’emploi. Une situation qui doit d’autant plus interroger que, bien souvent (40% des cas) les femmes qui se sont arrêtées auraient préféré continuer à travailler.

Travailler pour l’égalité professionnelle, c’est veiller à ce que les interruptions de carrières soient mieux partagées entre femmes et hommes. C’est l’objet de la réforme du congé parental. C’est dans l’intérêt des femmes, mais dans celui des hommes aussi qui, pour beaucoup, ne demandent pas mieux que d’investir davantage leur parentalité.

89% des Français sont favorables à un meilleur partage du congé parental (sondage IFOP paru le 16 septembre 2013).

Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales et Sylviane Giampino, psychanalyste, psychologue, co-auteures du rapport sur « Le poids des normes masculines sur la vie professionnelle en entreprises » sont intervenues pour décrire l’évolution des mentalités en la matière. « L’implication dans l’éducation des enfants devient pour les hommes une valeur sûre. Les femmes quant à elles ont renoncé aux fantasmes de la wonder woman. Elles veulent partager ».

La société n’est pas toujours au rendez-vous de ces nouvelles aspirations : les Français sont ainsi 56% à estimer que l’entreprise n’aide pas suffisamment les hommes salariés à s’impliquer dans leur vie de père.

Certaines entreprises ont pourtant développé des pratiques exemplaires en la matière. Sylvie Savignac (La Poste), Didier Rabiti (Bouygues Construction) ou encore Laurent Depond (Orange) ont ainsi présenté leurs expériences respectives et leurs effets, non seulement sur le bien-être des salariés, mais également sur leur performance au travail. L’association Mercredi C Papa et le site Daddycoool ont présenté leur action respectivement en direction des entreprises et en direction des salariés.

Afin d’accompagner un nombre croissant d’entreprises dans l’adoption de ces pratiques exemplaires, j’ai conclu une convention avec Jérôme Ballarin, Président de l’Observatoire de la parentalité en entreprise, déjà présent dans 500 grandes entreprises en France.

Comme je le rappelais dans mon introduction au débat Égalité femmes/hommes au Sénat citant Simone de Beauvoir, « on libèrerait l’homme, en libérant les femmes ». Permettre aux pères d’être pères pour mieux permettre aux mères d’être aussi autre chose que des mères, telle est l’ambition.

Droits des femmes Publié le 19 septembre 2013