Mes priorités pour la jeunesse, entretien dans Le Parisien / Aujourd’hui en France

Presse Jeunesse Publié le 5 mai 2014

L’avantage de mon ministère, c’est qu’il rassemble des sujets aux interactions évidentes“, se félicite Najat Vallaud-Belkacem, dont le portefeuille embrasse désormais les Droits des femmes, la Ville, la Jeunesse et les Sports. Effectivement, les annonces sur la jeunesse, qu’elle a réservées au journal Le Parisien / Aujourd’hui en France, font bien vite des détours du côté des quartiers en difficulté, des femmes et du rôle des associations.

Tour d’horizon.

La jeunesse est une priorité du quinquennat. Quelle impulsion nouvelle voulez-vous donner ?
Najat Vallaud-Belkacem. Depuis deux ans, on a déjà fait beaucoup. S’agissant d’éducation, on a enrayé la mécanique infernale des suppressions de postes d’enseignant, avec des résultats qui étaient de moins en moins bons pour les élèves. L’autre priorité, et ce sera la mienne, c’est la mise en emploi et l’autonomie des jeunes. Il y a vingt ans, 1 jeune sur 20 faisait l’expérience du chômage à la fin de ses études. Aujourd’hui, 22 % des diplômés ne travaillent toujours pas trois ans après leur sortie. Ces années de « tâtonnement » entre l’obtention du diplôme, les stages, les concours, peuvent devenir galère très vite. Pour le logement, les transports, la santé, on n’entre plus dans les bonnes cases, mais on n’est pas encore autonome. Il faut faciliter la transition entre la fin des études et l’installation pérenne dans l’emploi.

De quelle façon ?
On ne doit pas lâcher la main de ces jeunes quand ils ont le plus besoin de nous et, au contraire, faire de cette période de transition une période d’opportunités. Nous avons fait en sorte que les crédits du programme européen Erasmus soient augmentés de 40 % pour 2014-2020, afin que le maximum de jeunes, et plus seulement les étudiants, puissent partir à la découverte de l’étranger ; nous souhaitons aussi plus de services civiques. 35 000 jeunes sont concernés cette année, l’objectif est qu’ils soient 100 000 en 2017. Nous voulons, enfin, faciliter l’orientation ou la réorientation professionnelle grâce à l’alternance, les formations courtes qualifiantes, les écoles de la seconde chance ou la création d’entreprise…

Où en est-on des coups de pouce pour l’emploi des jeunes ?
Il y a déjà 24 000 contrats de génération signés, et ça monte progressivement. Pour les contrats d’avenir, il y en a bien eu 100 000 comme prévu en 2013, et nous allons être dépassés par le succès en 2014.

A-t-on atteint l’objectif dans les quartiers ?
On estime que, sur les 100 000 contrats d’avenir, 18 % bénéficient aux jeunes des quartiers. On peut mieux faire : en 2014, nous devrons atteindre les 25 %. Pour ces jeunes au taux de chômage très important, plus de 40 %, il faut de l’excellence et du sur-mesure. Parce qu’ils connaissent des difficultés multiples, nous devons être capables, dans un même accompagnement, avec un interlocuteur unique, de répondre à leurs problèmes d’emploi mais aussi de logement et de permis de conduire, car tout cela est lié. Nous organiserons nos services publics pour qu’ils puissent le faire.

Cela relève aussi de la politique de la Ville…
Oui, la priorité dans les 1 300 territoires « cœurs de cible » de la politique de la Ville, que l’on dévoilera ce mois de mai, ça va être l’emploi. Je souhaite que cela passe par le développement économique et que les jeunes y prennent leur part, notamment en créant leurs propres entreprises. Je compte bien faire aboutir l’idée d’une école de l’entrepreneuriat, sous forme d’une formation courte et intense. Un peu sur le modèle de ce que fait Thierry Marx, le cuisinier. En douze semaines, il apprend aux élèves le geste professionnel. Comme le fait, dans le domaine du numérique, l’école 42 de Xavier Niel. Les élèves reprennent confiance en eux et ils sont employables, dans des secteurs qui embauchent.

Quels sont les autres leviers ?
Il y a l’apprentissage. On y travaille avec le ministre du Travail. L’alternance doit devenir une voie ordinaire et une voie d’excellence. Les jeunes des quartiers y sont sous-représentés. C’est pourtant dans ces territoires que l’on a le plus grand nombre de décrocheurs scolaires. Or, l’apprentissage est une formidable façon d’apprendre autrement. Il faut en changer l’image auprès des jeunes, notamment à travers les stages de 3ème… à condition qu’ils y aient accès.

Vous avez des solutions à ce problème précis ?
Oui, avec le ministre de l’Éducation, Benoît Hamon, on veut développer les banques de stages*. C’est une idée ancienne expérimentée ici ou là que nous voulons mettre en œuvre sur tout le territoire.

Les jeunes des quartiers ont davantage de difficultés que les autres, mais c’est encore plus dur pour les filles…
Leur taux d’emploi y est encore plus faible que dans le reste du pays, en effet. Les difficultés sont telles qu’elles finissent par être intériorisées. Beaucoup se disent que, de toute façon, il n’y aura pas assez de travail pour les hommes et les femmes et elles se replient alors sur le foyer, même si elles ont fait des études. Elles n’ont pas assez de modèles de femmes des quartiers qui ont réussi, des avocates, des ingénieurs. Il y en a, mais il faut davantage les donner à voir.

Il y a aussi des problèmes liés au sexisme.
Ce qui est frappant dans les quartiers, c’est que les espaces publics ont été presque exclusivement investis par les hommes. Il faut rétablir la mixité. On ne peut plus supporter, par exemple, qu’il y ait des salles, des clubs de sport où il n’y a que des hommes. Pour cela, le périmètre de mon ministère est formidable : en tant que ministre des Sports, qui apporte des financements, je veillerai à ce que les fédérations adoptent des plans de féminisation de leur sport avec des objectifs qui doivent se répercuter dans les clubs, dans les territoires.»
* Il s’agit de nouer des liens entre les établissements scolaires et les entreprises afin que celles-ci proposent des stages variés aux élèves.


Le «choc de simplification des associations»
Najat Vallaud-Belkacem est également en charge de l’éducation populaire et de la vie associative… qu’elle veut rendre plus facile. « Mon enjeu numéro un, ça va être un choc de simplification pour les associations », déclare la ministre. Elle les juge engluées dans « la paperasserie », les procédures d’agrément ou les demandes de subvention trop compliquées. Elle veut rapidement mettre en place « le principe du conventionnement pluriannuel », prévu dans le cadre des contrats de ville. « Cela permettra aux bénévoles qui y travaillent de se consacrer à leur mission première, quasiment de service public dans certains territoires, et, en leur donnant une vision à plus long terme, d’embaucher, précise la ministre.


Entretien réalisé par Véronique Maribon-Ferret et Vincent Mongaillard pour Le Parisien / Aujourd’hui en France.

Tags :

Un commentaire sur Mes priorités pour la jeunesse, entretien dans Le Parisien / Aujourd’hui en France

  1. dominique

    Questions naïves d’une citoyenne lambda
    À l’heure où le gouvernement cherche en vain des fonds pour financer tous ses projets et notamment ceux à destination de la jeunesse,il y a des sommes qui depuis de nombreuses années fuient à l’étranger pour ne pas être assujetties à l’impôt.
    Or, comment sont financés la Santé, l’Enseignement, la Recherche et autres infrastructures collectives ?
    Ces richissimes qui ont peur de se voir “croquer” par le monstre “picaillonsvore” n’utilisent-ils pas les autoroutes? N’envoient-ils pas leurs enfants à l’école? Ne sont-ils pas soulagés de voir soigner leurs bobos ou autre prostate l’âge venant…et profiter ainsi de ce qu’il y a de meilleur?
    Ne faudrait-il pas faire comme Mr OBAMA et aller récupérer les subsides qui s’échappent…? Et alors bel avenir et vœux de réussite à la jeunesse!

Commentaires fermés.