Dialogue 5+5 : être à la hauteur des espoirs des jeunes de nos pays

Retrouvez ici le discours de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de  l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche prononcé en ouverture du dialogue méditerranéen 5+5 à Marseille.Seul le prononcé fait foi.

Mesdames et messieurs les Ministres,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil régional, cher Michel,
Monsieur le Recteur,
Mesdames et messieurs,

Je suis heureuse de nous voir aussi nombreux dans la salle : ministres qui avez accepté cette invitation, et notamment les ministres portugais et marocains qui assurent en ce moment la coprésidence de notre instance ; partenaires qui avez rendu cette rencontre possible ; et représentants de l’Union européenne, de l’Union du Maghreb arabe et de l’Union pour la Méditerranée, qui êtes plus que des observateurs réguliers de ce dialogue 5+5. Votre présence me semble être le signe de notre volonté commune d’agir pour l’avenir des pays de la Méditerranée, cette Méditerranée que nous avons en partage et qui nous est chère.

Le lieu qui nous abrite aujourd’hui est récent et pourtant déjà mythique : la Villa Méditerranée, bâtiment de prestige au sein duquel la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur a la gentillesse de nous accueillir, et je l’en remercie.

Un lieu de prestige, il fallait bien cela pour être à la hauteur des enjeux de cette rencontre :

L’enjeu d’être capables, tout d’abord, par nos travaux, de renforcer le partenariat entre les pays du bassin méditerranéen et l’Union européenne dans son ensemble. J’ai eu l’occasion de le dire hier soir et je le redis aujourd’hui : nos dix pays constituent le noyau dur du dialogue euro-méditerranéen. Nous portons en ce sens une importante responsabilité.

L’enjeu de répondre, ensuite, aux attentes fortes de nos peuples, qui n’ont que faire de déclarations d’intention qui resteraient lettre morte. Ce qu’ils veulent, c’est du concret, du changement dans leur vie quotidienne. C’est, au fond, une Méditerranée de projets, que nous avons commencé à bâtir ensemble avec de premiers accomplissements et que nous allons poursuivre, je l’espère, en matière d’enseignement et de formation professionnels.

Et l’enjeu, surtout, d’être à la hauteur des espoirs de nos jeunes ; ces jeunes qui, dans certains de nos pays, nous ont rappelé qu’ils avaient le pouvoir de changer le cours de l’Histoire en unissant leurs forces. A notre tour, aujourd’hui, d’écrire une page de notre Histoire commune en resserrant nos liens. Nos liens, ce sont bien sûr nos entreprises, c’est bien évidemment le tourisme, mais c’est aussi l’éducation.

Oui, nous avons la grande responsabilité, dans les décisions que nous prendrons aujourd’hui, d’être à la hauteur des espoirs de nos jeunes. D’imaginer qu’ils sont là, qu’ils nous observent et qu’ils comptent sur nous.

Je n’ignore pas les défis immenses que vous avez, que nous avons à relever en ce moment dans nos pays : crise économique pour les uns, changements politiques profonds pour les autres, lutte contre le terrorisme pour la plupart. Mais le plus grand défi, celui qui nous fédère tous, c’est celui de ne pas décevoir notre jeunesse.

Être à la hauteur des espoirs de nos jeunes, c’est leur montrer l’horizon au-delà de la crise, au-delà du chômage qui les touche avec une acuité particulière.

Etre à la hauteur des espoirs de nos jeunes, c’est leur montrer ce qui nous rassemble et non ce qui nous sépare. Nos pays sont liés. Nous avons même, pour nombre d’entre nous, une communauté de destin : c’est notre force. Utilisons-la comme telle. Pour affronter la crise, pour affronter les dangers du monde actuel, pour apporter des solutions à notre jeunesse, nous ne sommes pas seuls.

Être à la hauteur des espoirs de nos jeunes, c’est ne pas penser à la prochaine élection, à notre popularité, mais seulement aux solutions que nous apporterons aux problèmes qu’ils rencontrent. Il y a eu en septembre 2013 un 5+5 « enseignement supérieur et recherche » à Rabat qui a lancé un certain nombre de chantiers, dont certains ont d’ores et déjà aboutis, comme le projet INSA euro-méditerranée au sein de l’université euro-méditerranéenne de Fès. Un centre d’excellence de formation professionnelle a aussi récemment été installé à Alger. Des projets émergent, avec le projet EUROMED + porté par les agences ERASMUS italienne et française.

C’est encourageant.

Car notre capacité ou non à répondre aux espoirs des jeunes : voilà ce que l’Histoire retiendra de nous. Nous en avons tous conscience, et c’est bien pour cela que lors du Sommet de Malte, en octobre 2012, nous avons décidé de faire de la jeunesse LA priorité de nos discussions et identifié la formation des jeunes comme l’objectif numéro 1.

C’est aujourd’hui en matière d’enseignement et de formation professionnels que nous avons l’occasion de marquer des avancées pour les jeunes. Nous allons échanger tout au long de la journée à partir du texte sur lequel ont travaillé les experts. Prenons l’engagement, ensemble, non seulement d’aboutir à une déclaration ambitieuse et réaliste, mais aussi de tout faire ensuite pour la mettre en œuvre. Nous disposons pour cela à présent de l’appui de l’Union pour la Méditerranée, dont je salue la représentante. Prenons également ce texte de départ pour ce qu’il est : le fruit d’un travail riche en amont de cette rencontre, mais qui ne doit pas nous empêcher, si nous le souhaitons, d’aller plus loin. On ne nous reprochera jamais d’être allés plus loin. On nous reprochera, en revanche, d’être en-deçà de ce que nous avions promis.

Nous allons aujourd’hui, je l’espère, poser la première pierre d’un cadre euro-méditerranéen des compétences avec un triple objectif : valoriser la formation professionnelle, rechercher une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins des entreprises ; et développer la mobilité des jeunes, grâce aux échanges, à l’apprentissage des langues et aux passerelles entre formations.

Pour atteindre ces objectifs, nous devrons décider avec réalisme mais détermination de fixer les niveaux de qualification que nous jugeons prioritaires et les secteurs professionnels qui nous semblent devoir être privilégiés et qui constitueront le socle sur lequel pourra se construire ce cadre euro-méditerranéen. Notre travail commun pourra ainsi, je le souhaite, aboutir à une déclaration commune qui témoignera de notre engagement sur des mesures concrètes. Car si nous améliorons la formation de nos jeunes, nous les aiderons à accéder à un emploi et nous lutterons contre le chômage de masse qui, nous le savons, est un facteur de tension sociale et génère un sentiment d’impuissance et de dévalorisation dangereux pour nos sociétés.

Être ambitieux dans nos travaux, concrets pour construire une Méditerranée de projets, et être à la hauteur des espoirs des jeunes de nos pays. Ne perdons pas de vue ces fils conducteurs dans nos échanges tout au long de la journée. Engageons nos échanges et travaillons animés par trois principes : la confiance, la détermination, et le sens de nos responsabilités.

Je vous remercie.

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4 commentaires sur Dialogue 5+5 : être à la hauteur des espoirs des jeunes de nos pays

  1. CLARY Maryse - GERONIMI Jean-Valère

    Madame la Ministre,

    Nous avons été particulièrement heureux de vos déclarations en faveur des jeunes de la Méditerranée. Depuis 21 ans, avec notre association U Marinu, nous œuvrons dans ce sens en essayant de conjuguer 3 mots clé: Méditerranée, Education, Environnement/Développement durable. Chaque année nous organisons dans 3 ports, Marseille, Bastia, Ajaccio, 2 manifestations: “Mer en Fête” où nous avons accueilli plus de 50 OOO élèves dans des ateliers sur la Méditerranée à bord d’un bateau et “Med’Educ” où nous réunissons des éducateurs des 2 rives de la Méditerranée de 12 pays, éducation formelle et non formelle, pour échanger nos expériences, réfléchir ensemble à un Agenda 21 pour les élèves de la Méditerranée et développer des compétences vertes et bleues. Nos manifestations ont essaimé à Alger, Tanger, Zarzis et en Sardaigne.
    Nous espérons, Madame la Ministre, que dans votre projet vous prendrez en compte les associations qui œuvrent pour un avenir de paix pour les jeunes qui vivent autour de cette mer, laboratoire du monde à venir et à construire.

  2. EL ALAOUI Driss

    Bonjour Mme la ministre.
    Très sensible à vos déclarations et à vos engagements pour la construction d’une méditerranée de projets. Je rajouterai, si je peux me permettre, méditerranée d’actions comme vous l’avez précisé. Nos jeunes attendent de nous de l’action.
    Merci de bien vouloir associer à vos côtés les petites associations qui travaillent dans l’ombre pour construite un monde meilleur.
    Bien amicalement
    EL ALAOUI
    0611813155

  3. LANCIEN Dominique

    Souhaitons Najat,que votre indéniable engagement dans tout ce que Vous entreprenez,soit contagieux.Merci pour cette Fraîcheur que Vous apportez dans ce Monde si Brutal depuis quelques années.

  4. BREYE

    je suis de tout cœur avec les formations ::: : mais je voudrais tant que ces jeunes ne soient plus immigrés dans des pays qu’on leur a dit cousus d’or (voir Calais-l’Italie-l’Espagne-la Suède etc. etc.) :::: mais que leur propre pays, s’ils y font quelque chose pour lui, sera aussi un eldorado
    :::: pour cela il faut leur en donner les moyens (et les moyens c’est nous les Européen qui leur avons pris)on va dire pour être gentil avec nous même que c’est un prêté pour un rendu :::: IL EST GRAND TEMPS DE LEURS RENDRE (je viens d’une époque où les colonies Française étaient de bon ton)

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