Accompagner les établissements à la hauteur des besoins – Entretien à Libération

Presse Éducation nationale Publié le 3 décembre 2014

Réforme de l’éducation prioritaire, future réforme de l’allocation des moyens, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem a accordé un entretien à Libération, publié mardi 2 décembre 2014.Comment expliquez-vous la vague de mécontentement ?
Depuis les lois Savary en 1981, l’éducation prioritaire a cumulé empilement de dispositifs, complexité et perte d’efficacité. Des collèges où le pourcentage d’élèves issus de familles défavorisées est supérieur à 63% n’en font pas partie… L’enjeu, en plus d’y mettre véritablement les moyens, est d’assurer de la justice sociale en collant mieux à la réalité.

A la rentrée 2015, il y aura des REP+ (réseaux d’éducation prioritaire regroupant les établissements les plus difficiles) et des REP, qui bénéficieront d’un soutien massif. Mais je le dis à ceux qui s’inquiètent de ne pas y figurer : ils ne seront en rien abandonnés car ils seront, comme l’ensemble des établissements de France, dotés en moyens en fonction de leurs réalités sociales. C’est tout l’objet de la réforme de l’allocation des moyens aux académies et aux établissements que je conduis en parallèle. Ce nouveau système mettra fin aux effets de seuil brutaux entre établissement en REP et hors REP. Les établissements seront accompagnés à la hauteur de leurs besoins, même hors éducation prioritaire.

Vous dites que cette réforme se fait «à périmètre égal». Mais vous rajoutez Mayotte et la Guyane.
Ce sont des départements français qui ont des établissements en grande difficulté. Le travail d’équité a conduit à augmenter le nombre de réseaux là où la difficulté est la plus forte (Guyane, Mayotte, mais aussi Lille…) et à les diminuer ailleurs.

Pourquoi faut-il, pour être en éducation prioritaire, que les écoles soient rattachées à un collège ayant ce statut ?
La réforme a été construite autour de la notion de réseau d’établissements (écoles-collège), avec l’exigence d’un suivi de la primaire jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire. «Réseau», ça veut dire travail en commun des personnels du collège et des écoles rattachées.

Pour autant, il n’est pas question de laisser de côté les écoles qui ne peuvent, au regard de leur situation géographique, être rattachées à un collège d’éducation prioritaire alors qu’elles accueillent un public particulièrement défavorisé. Elles bénéficieront elles aussi de moyens renforcés, conformément à notre nouvelle politique d’allocation des moyens. Simplement, ils leur seront offerts dans un autre cadre : n’étant pas partie prenante d’un REP, il sera répondu à leurs besoins dans le cadre de conventions académiques de priorité éducative. Elles pourront donc scolariser les enfants de moins de 3 ans, elles seront dotées d’un maître supplémentaire, elles continueront à avoir un nombre d’élèves par classe plus bas. Nous avons prévu de mettre en place cette logique à Dijon pour les écoles du quartier des Grésilles.

N’aurait-il pas fallu plus de moyens ?
Pour un nombre de réseaux concernés égal, nous consacrons un effort budgétaire supplémentaire de 350 millions d’euros, dont 100 millions pour les indemnités des personnels. Cette réforme va apporter des avancées très significatives : la scolarisation des moins de 3 ans, le dispositif «Plus de maîtres que de classes» dans chaque école, un accompagnement continu jusqu’à la fin des cours pour les élèves de sixième… Par ailleurs, la carte de l’éducation prioritaire sera largement convergente avec celle de la politique de la ville. Pour répondre aux besoins des populations en difficulté sociale.


 

Propos recueillis par Véronique Soulé pour Libération.

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