
Chiffres, criminalité, économie… L’ancienne ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem et l’économiste Benjamin Michallet entendent remettre en question des idées reçues sur les réfugiés.
Le titre emprunte volontairement le ton complotiste de certains discours anti-immigration assurant qu’on nous cacherait la vérité. Mais dans leur livre Réfugiés, ce qu’on ne nous dit pas (Stock), Najat Vallaud-Belkacem et Benjamin Michallet entendent au contraire débunker des idées reçues, fantasmes et amalgames autour de la question migratoire en général, et plus particulièrement autour des demandeurs d’asile, qui occupent une place considérée dans le débat public mais ne représentent, dans les chiffres, qu’une petite minorité des immigrés arrivant aujourd’hui en France. La première, ancienne ministre de l’Education nationale, préside l’association France Terre d’Asile. Le second est chercheur associé à la chaire Economie des migrations internationales de PSE-Ecole d’économie de Paris et siège comme juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile. Entretien.
L’Express : Pourquoi avez-vous voulu consacrer un livre uniquement sur les réfugiés, et non pas les immigrés en général ?
Benjamin Michallet : Il y a, dans le débat public, une confusion terrible entre déplacements volontaires qui relèvent de la politique migratoire ordinaire, et déplacements forcés, qui racontent autre chose : des personnes contraintes de fuir leur foyer en raison des risques de persécutions liées à la race, la religion, la nationalité, les opinions politiques, l’exposition à des formes de violence intenses etc. En tout cas ce sont les définitions qu’en donnent les textes actuels. Mais l’idée de ce livre est d’anticiper aussi les évidences de déplacements à venir liés au changement climatique. Notre objectif est que le citoyen puisse se ressaisir de la question du droit d’asile en en percevant tous les enjeux, les raisons d’être et les réalités.
Najat Vallaud-Belkacem : Ce sont en effet ceux-là, les demandeurs d’asile, les réfugiés, qui donnent le sentiment d’une absence de maitrise dans les sociétés d’accueil, sentiment qui rejaillit négativement depuis une quinzaine d’années sur l’ensemble des migrants. L’image du demandeur d’asile en haillons sur un bateau de fortune incarne désormais, de façon totalement caricaturale, dans l’opinion publique, ce qu’est la migration, les “migrants”. Notre point à nous c’est de déciller les regards.
La migration volontaire (étudiants, travailleurs etc.) appelle des régulations légitimes de l’Etat dont l’intérêt prédomine. Ceux qui viennent demander asile obéissent à un autre régime. Un régime élaboré au fil des siècles d’horreurs dont notre monde a été capable et qui nous ont conduit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à dire “plus jamais ça”, plus jamais des gens livrés à la folie meurtrière sans qu’on leur prête assistance. C’est un régime qui doit donc avant tout les protéger. Aujourd’hui, à tout mélanger, on ne traite bien ni notre politique de migration volontaire (qu’on rend plus restrictive, au moment même où toutes les projections démographiques et économiques montrent à quel point on en a besoin), ni notre devoir de protection internationale.
Que représentent les réfugiés dans l’immigration dans son ensemble?
N.V-B. Sur la période 2017-2023, les demandeurs d’asile ne représentent en moyenne que 12 % des primo-délivrances de titres de séjour en France. Un chiffre à comparer avec les 30 % d’étudiants. La part des étudiants, des scientifiques, des saisonniers ou des membres de famille, qui représentent pourtant majoritairement l’immigration en France, est minimisée dans le débat public, alors qu’on surestime celle des réfugiés. En 2024, 133 000 personnes ont déposé une demande d’asile. Seules 55 % parmi elles se sont vues reconnaître le bénéfice de la protection internationale. Ce qui fait environ 70 000 personnes sur une année. En réalité, la France est assez peu sollicitée par les demandeurs d’asile. Et nous accueillons moins de réfugiés que beaucoup de nos voisins.
Le sujet finalement c’est plutôt pourquoi l’Etat est si inefficace dans les suites à donner au refus de protection, qu’il s’agisse de véritablement reconduire les personnes ou alors de leur trouver des alternatives. La réalité c’est qu’autant les discours ont été légion en la matière, autant les moyens – politiques, diplomatiques, administratifs – réellement consacrés à cela ont été dérisoires.
La France n’est-elle pas prisée pour la générosité de son État-providence?
B.M. C’est statistiquement faux. D’après les chiffres Eurostat, la France se situe en milieu de peloton au niveau européen. L’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, la Belgique délivrent davantage de premier titre de séjour par habitant. Si la France était tellement attractive, pourquoi n’avons-nous accueilli au début de la guerre en Ukraine que 50 000 Ukrainiens déplacés, contre 1,2 million pour la Pologne, 800 000 pour l’Allemagne ou 140 000 pour l’Espagne? Sur les 6,8 millions de Syriens déplacés entre 2014 et 2020, 80 % se situaient dans les pays limitrophes (Turquie, Liban, Jordanie). 18 % d’entre eux ont déposé une demande d’asile au sein de l’Union européenne, dont 53 % en Allemagne et 3 % en France, soit moins de 37 000 personnes. On est loin de l’attractivité et du mythe de “l’appel d’air” tant mis en avant dans les médias.
D’un point de vue logique, l’argument selon lequel les demandeurs d’asile viennent en France pour l’État-providence ne tient d’ailleurs pas la route. Notre système social fonctionne en priorité pour les personnes malades, les retraités ou les enfants qui bénéficient de l’éducation. Or les demandeurs d’asile sont plutôt des gens jeunes, entre 20 et 30 ans, donc moins malades, en âge de travailler, et qui ne vont pas bénéficier de l’éducation primaire ou secondaire. Ils ne sont pas non plus des retraités. Récemment encore, on entendait Eric Ciotti appeler à supprimer la redistribution pour l’ensemble des migrants dans les cinq premières années suivant leur arrivée, sortant de son chapeau 7 milliards d’économie par an.
D’où sort ce chiffre, comment il a été élaboré, sur la base de quelles hypothèses?
Personne n’en saura rien…
Nous sommes en France un grand pays de statistiques. L’Insee par exemple est une institution formidable. Mais ces données de grande qualité, nous ne les mobilisons pas suffisamment pour mener des politiques publiques et leur évaluation sur les questions migratoires. Le fait que ces politiques relèvent du ministère de l’Intérieur pousse à un angle quasi exclusivement sécuritaire et une mise à disposition des données particulièrement restrictive. En France, à ma connaissance, nous n’avons par exemple qu’un seul véritable économiste de l’immigration qui travaille pour l’Etat au sein du CEPII. C’est peu. Tout cela fait les affaires des idéologues mais ni celles des citoyens ni celles de l’efficacité des politiques publiques.
Sur le plan économique, quel est le coût des demandeurs d’asile?
B.M. Nous citons notamment une étude menée par Hippolyte d’Albis, chef économiste de l’Inspection générale des finances et directeur de recherche au CNRS, qui a évalué les effets économiques et fiscaux des flux de demandeurs d’asile en Europe occidentale entre 1985 et 2015. Les résultats montrent que ces flux ne détériorent pas les performances économiques ou l’équilibre budgétaire des pays d’accueil. Car les demandeurs d’asile sont des consommateurs comme tout le monde. Quand ils sont en droit de travailler, notamment dès que la protection internationale leur est reconnue, ils contribuent à notre système social en payant des cotisations comme tout le monde, produisent, investissent etc.
En miroir inversé, l’économiste Michael Clemens a lui évalué le coût fiscal de la politique restrictive des Etats-Unis en matière d’asile sous le premier mandat de Donald Trump, qui a fait chuter de 86 % les nouvelles arrivées entre 2016 et 2020. Il a estimé que cette politique a eu un coût de plus de 9 milliards de dollars par an pour le PIB américain, et de 2 milliards aux caisses publiques. A date, la littérature s’accorde donc clairement à dire que l’impact macroéconomique de la migration forcée est au pire nul, au mieux neutre. La question est donc : souhaitons-nous nous priver d’une politique humaniste, fondée sur des valeurs fondamentales, alors que celle-ci n’a a priori pas d’effet marginal sur le plan économique?
Les réfugiés, majoritairement des hommes jeunes, ne font-ils pas monter la criminalité dans le pays d’accueil ?
N.V-B.Je baigne dans ce sujet des réfugiés depuis quelques années déjà. Il y a quelques années, j’ai passé un mois dans un camp de réfugiés au Kenya pour comprendre de plus près, puis je suis devenue présidente de France terre d’asile et je me suis habituée à voir ce genre de questions posées. Quand j’ai rencontré Benjamin, il m’a apporté sa connaissance de la recherche sur les réfugiés au niveau international. Dans nos conversations, j’ai réalisé que nous étions capables d’apporter des réponses à toutes les tensions et anxiétés entourant les migrants, même la criminalité. Cela a éclairé d’un jour particulier l’absence chez nous d’appétence des pouvoirs publics pour faire travailler nos chercheurs en la matière et mieux documenter le débat. Comme si on rechignait à se priver du formidable potentiel d’instrumentalisation politicienne de cette question, potentiel évidemment mieux servi par l’ambiguïté que par la transparence…
Le problème c’est qu’à force, cette instrumentalisation-là non seulement alimente un discours de plus en plus hostile à l’égard des étrangers, mais même finit même par installer, comme norme, l’incurie politique sur tout un tas de sujets connexes. Le politiste Benjamin Boudou a trouvé une très juste formule pour décrire cela : la “migrantisation” du débat public. Plutôt que de traiter les vrais problèmes que posent le cyclone Chido ou l’insuffisance de logements sociaux en France ou l’insécurité ou les déséquilibres d’accès aux soins, une partie du personnel politique va se contenter d’en faire un nouveau sujet de polémique sur les migrants et basta… avec quels résultats pour les Français eux-mêmes?
B.M. Sur la criminalité, en 2022, l’économiste turque Aysegül Kayaoglu a publié une étude sur la Turquie, l’un des pays au monde qui accueille le plus de réfugiés à la suite de la guerre en Syrie. Elle cherchait à documenter l’impact sur la criminalité de l’arrivée de 3,2 millions de réfugiés sur son sol, soit 3,7 réfugiés pour 100 habitants (contre 0,9 pour 100 habitants en France). Ses travaux concluent qu’il y a une propension à la criminalité plutôt inférieure chez les réfugiés syriens en Turquie par rapport à la population autochtone du pays.
Alors bien sûr, les épreuves vécues par les individus laissent des traces en eux : Matthieu Couttenier, professeur d’économie à l’Ecole normale supérieure de Lyon, a mené des travaux en Suisse montrant que les réfugiés exposés à la violence dans leur pays d’origine sont plus susceptibles de commettre des crimes dans leur pays d’accueil, un effet particulièrement marqué pour les expositions survenues durant la petite enfance. Mais il montre surtout comment cet effet se réduit de deux tiers avec un accès rapide au marché du travail.
Enfin il y a une chose à avoir en tête, c’est que partout les étrangers dans leur ensemble sont plus contrôlés que le reste de la population, d’où une probabilité plus forte qu’ils soient détectés quand ils commettent des crimes et délits. Par ailleurs, on sait aussi qu’ils sont plus sévèrement punis à crimes et délits identiques.
A date, on ne peut donc pas dire que les réfugiés sont des criminels en puissance, bien au contraire. Mais globalement on ne peut qu’encourager le développement d’études sérieuses sur le sujet en France parce que ce sont elles qui nous aideront à concevoir les réponses les plus adaptées, les plus protectrices pour tout le monde.
N.V-B. Il y a aussi une délinquance dite “de pauvre”. Plus les gens sont à la rue, sans aucune perspective, avec l’obligation de se débrouiller pour subvenir à leurs besoins, comme à la porte de la Chapelle à Paris, plus cela alimente la délinquance.
Nous voulons montrer qu’il n’y a jamais aucune fatalité. Si l’on ferme des zones de passage et des voies légales vers l’Europe, on oblige les demandeurs d’asile à emprunter des couloirs plus mortels et on a 40 000 morts en Méditerranée et combien d’autres dans le désert libyen. Ce sont des décisions publiques qui provoquent ça.
De la même façon, en France, on pourrait insérer, héberger et sécuriser les demandeurs d’asile, notamment par l’apprentissage de la langue et l’accès à l’emploi. Mais aujourd’hui, on préfère laisser beaucoup de ces gens en suspens, en ne leur permettant pas de travailler assez vite, ce qui crée les conditions de la précarité et de l’insécurité. Or la plupart de ces décisions prises, le sont pour supposément éviter un “appel d’air” qui, comme nous l’avons dit, n’est pourtant aucunement avéré.
Les citoyens doivent comprendre que ces politiques qu’on leur impose servent en réalité les préférences d’une minorité d’entre eux et que leurs effets à long terme pourraient nous entraîner dans une désagrégation de notre société.
Mais quand des réfugiés syriens ou afghans commettent des attaques au couteau ou des attentats islamistes, cela choque légitimement les opinions publiques européennes…
N.V-B.Evidemment, qui ne le serait pas? On n’est pas là pour nier l’insécurité qui mine la vie de tant de quartiers, mais pour en prendre la mesure, pour poser un diagnostic plus exact et adopter une politique de sécurité adéquate : la sanction évidemment mais aussi le traitement des troubles de santé mentale par exemple.
Cela dit, à nouveau regardons les études déjà réalisées : l’économiste Nicolas Ajzenman a montré l’absence d’impact de l’immigration sur la criminalité au Chili, pays qui a connu de très importantes vagues de migrants fuyant les crises politiques au Venezuela et Haïti. En revanche, lorsqu’il a analysé la médiatisation de la criminalité, il a identifié une couverture totalement disproportionnée des homicides commis par des immigrants. Le traitement médiatique crée donc un biais énorme sur ce sujet. Et les médias eux-mêmes sont fortement influencés par la façon dont les responsables politiques mettent ce sujet à leur agenda. C’est d’évidence ce qui se passe aujourd’hui en Europe.
B.M. Une étude récente de deux chercheurs de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne montre d’ailleurs comment à partir du moment où le journal allemand Sächsische Zeitung a décidé de mentionner systématiquement les origines de tous les criminels évoqués dans ses colonnes, il y a eu une prise de conscience majeure du véritable profil moyen de ces derniers. Et que ce seul exercice a fait changer le regard sur l’immigration, en réhabilitant la part réelle de la criminalité imputable aux Allemands eux-mêmes. En d’autres termes si on ne cite que la nationalité des Afghans en cas de crime, ce terme devient évidemment associé avec la criminalité.
Mais si les réfugiés sont originaires d’un pays à la culture plus dure et patriarcale, comme en Afghanistan, cela n’a-t-il pas un impact? De manière générale comment gérer ce sentiment de distance culturelle?
N.V-B. Au moment d’accueillir les réfugiés ukrainiens après 2022, et c’était tout à notre honneur, le récit médiatique était très positif, valorisant notre proximité culturelle avec eux. Nous avions pourtant affaire à des Ukrainiens ne parlant pas français, dont nous ne connaissions pas vraiment la culture. Alors que nous rechignons à accueillir des Congolais fuyant des persécutions et une guerre violente dans leur pays, quand bien même ils parlent le français et ont sans doute plus de soubassements culturels avec nous. Cette question de la distance culturelle est en réalité toujours très relative et subjective.
B.M. N’oublions pas non plus que le fait pour les déplacés forcés d’entamer le voyage qui les conduit jusqu’à l’Europe coûte plusieurs milliers de dollars. La majorité des déplacements forcés se font entre pays du Sud. C’est en quelque sorte le “haut du panier” que nous récupérons en Europe. Un rapport du FMI montrait par exemple que 21 % des Syriens arrivés en Allemagne après 2015 avaient un niveau tertiaire, une part proche de celle des Allemands eux-mêmes (23 %).
N.V-B.Sur la question des diplômes, je rajoute qu’il y a une grande manipulation de certains politiques qui expliquent que des réfugiés ne sont pas suffisamment diplômés ou qu’ils ne parlent pas notre langue. Mais c’est justement ce qui distingue la politique de la demande d’asile des politiques migratoires générales! Si nous avons légitimement le droit de favoriser une immigration volontaire qualifiée; en ce qui concerne les réfugiés, nous n’avons pas à juger des diplômes ou des connaissances linguistiques, mais à savoir si ces personnes fuient ou non un risque pour leur vie. Et une fois passée cette étape, il est une solution d’une efficacité folle pour rapprocher les personnes de notre culture et permettre que les choses se passent bien pour tout le monde : l’intégration comprise comme un processus à double sens plutôt que comme une simple injonction vide de sens : Qualité d’accueil, conditions d’une bonne insertion, linguistique, sociale, professionnelle… les nouveaux venus sont aussi ce qu’on en fait. Ce que mon camarade économiste traduit en “libérer leur potentiel”.
La population française est aujourd’hui très majoritairement opposée à l’immigration. N’est-ce pas le principal moteur du vote pour l’extrême droite?
B.M.Bien loin du “sentiment de submersion” évoqué par François Bayrou, une enquête menée par des universitaires dans 31 pays européens montre que 69 % des Français sont favorables à l’accueil d’étrangers dans notre pays. Prenons garde à nous baser sur des enquêtes de qualité, car déjà la manière dont on pose la question dans un sondage est importante. Ce qui est vrai, c’est que les hommes politiques les plus populaires au gouvernement sont ceux, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, qui tiennent les discours les plus fermes sur le sujet. Mais il ne s’agit que du gouvernement.
Dans l’opinion publique, les préoccupations sur l’immigration sont élevées. Mais on peut être préoccupé sans être contre. On voit d’ailleurs une grande hétérogénéité à ce sujet. Les sympathisants RN et LR placent cette préoccupation à un niveau très élevée, alors que chez les sympathisants du centre et de la gauche, c’est très bas. Et puis comment ne pas noter des contradictions manifestes : ceux qui dans les enquêtes sont opposés à l’immigration ne sont pas préoccupés par les conflits internationaux, alors même que ces conflits alimentent l’immigration.
Enfin, comme nous le disions, le débat sur l’immigration a été cannibalisé par les images de déplacés forcés, avec des personnes sur des radeaux en Méditerranée. On va rarement pour illustrer l’immigration photographier des chercheurs américains à leur arrivée en France ou les étudiants étrangers dans les universités françaises.
N.V-B. Je me souviens d’une enquête Kantar d’il y a deux ans qui montrait que 45 % de la population française estimait qu’il y a trop d’immigrés. On se dit que c’est beaucoup. Mais à la fin des années 1990, alors que nous étions dans une France dite “black-blanc-beur”, ils étaient 74 % à penser qu’il y avait trop d’immigrés! On a parfois l’impression que notre pays était plus hospitalier autrefois. La réalité, c’est que nous sommes aujourd’hui dans des sociétés plus diverses et appétentes pour l’inclusion. Mais cette réalité ne trouve pas de caisse de résonance dans les discours politiques et médiatiques.
Et puis il y a la manipulation bien sûr, qui laisse toujours des traces. Notre livre est un appel à destination de l’Etat et de ses administrations afin que soient prises des mesures strictes face aux dangers de la désinformation sur l’immigration qui s’instille par tous les pores de notre société et sape notre capacité à vivre ensemble et même le bien-être de nos concitoyens. Car en laissant les partis identitaires et populistes s’accaparer ainsi des pans entiers de l’électorat, ce sont aussi nos politiques sociales qui se fragilisent : les sentiments anti-immigration sont généralement canalisés par des partis qui n’ont pas vraiment à leur agenda d’améliorer les services publics, la redistribution ou encore la protection sociale…
Enfin les populistes aiment se réclamer du peuple français. Mais ce peuple français s’est constamment battu pour les droits fondamentaux des individus. La Constitution de 1793 énonçait même la chose suivante : “Le peuple français donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté”. Ce n’était pas l’Etat ou l’Union européenne ou des textes internationaux, c’était le peuple lui-même. Le vent mauvais du moment ne doit pas nous faire jeter aux oubliettes ce qu’est l’ADN profond, l’identité véritable du peuple français.
Article à retrouver ici: https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/najat-vallaud-belkacem-benjamin-michallet-en-realite-la-france-attire-peu-les-demandeurs-dasile-4W6XODD7BBGJZAT5OSJ6IKUCYQ/
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