“Les droits des femmes passent par la gauche”: ma tribune dans Le Monde, aujourd’hui 8 mars…

Éditos En campagne Publié le 8 mars 2012

Je vous invite à lire la tribune que je co-signe avec Caroline De Haas, militante socialiste et féministe, dans Le Monde d’aujourd’hui, en cette Journée Internationale de la Femme. A lire ici, ou sur le site du monde.fr (adresse plus bas). Bonne journée à tous et à TOUTES!

“S’il est un terrain sur lequel le bilan de la droite au pouvoir est sans appel, c’est bien celui de l’égalité femmes – hommes. Depuis 2009, la France a dégringolé de la 18ème à la 48ème place dans le classement mondial dressé par le Forum économique mondial. La France affiche un des pires niveaux au monde pour les inégalités de salaire : elle se classe à la 127ème place sur 134. On comprend que Nicolas Sarkozy, le gouvernement et l’UMP choisissent de faire l’impasse sur le sujet.
Que les femmes, elles, continuent de subir le sexisme ordinaire dont les effets ont été démultipliés par la crise économique, et sa gestion calamiteuse au cours des cinq dernières années…
Du côté de l’extrême-droite, c’est encore bien pire, avec une Marine Le Pen qui propose un salaire inférieur au SMIC pour que les femmes restent à la maison, rayant d’un trait de plume les précieux acquis de la longue et belle histoire du féminisme pour la conquête de l’émancipation individuelle, et de l’autonomie professionnelle et financière.

Impossible, pour la gauche, de ne pas proposer le changement, et de tolérer une telle régression, sans précédent depuis les années 70. Les réformes successives des retraites, celle de l’hôpital public, le développement des contrats précaires dans l’emploi, ou encore les restrictions budgétaires dans le domaine de la petite enfance ont touché de plein fouet des millions de femmes. La conséquence principale, c’est la précarité qui s’étend. Ce n’est pas seulement un plafond de verre qui touche les femmes en situation de responsabilités, mais un plancher collant qui “scotche” les femmes dans des difficultés sociales sans fin, voire dans la dépendance économique. C’est la réalité que connaissent les 1,5 millions de femmes mères de famille monoparentales, les 4,5 millions de femmes salariées à temps partiel, le plus souvent subi ou les 2 millions de femmes employées dans le secteur des services à la personne. Des salaires de 690 euros par mois en moyenne et des horaires décalés alors qu’elles accomplissent des tâches fondamentales pour permettre aux parents d’aller travailler, aux personnes âgées de vivre dignement, aux enfants d’être éduqués : ces femmes ne peuvent rester plus longtemps les grandes oubliées des politiques publiques.

Pour les militantes socialistes et féministes que nous sommes, la critique de la domination masculine va de pair avec la critique du libéralisme sauvage : si on laisse le marché et la libre concurrence faire absolument ce qu’ils veulent, comme ils veulent, avec qui ils veulent, sans que le droit du travail intervienne pour imposer les valeurs républicaines au cœur des entreprises, les victimes seront toujours les mêmes, les femmes, et avec elles, le progrès pour la société tout entière.

Tant que la moitié de la population sera considérée, dans l’emploi, dans les foyers, dans la vie politique, comme une donnée mineure, comme une variable d’ajustement, la société française sera tirée vers le bas. C’est l’un des messages qu’a toujours porté la gauche, et que François Hollande rappelle dans ses propositions : l’égalité réelle dans la République passe d’abord par l’égalité entre les sexes.

Les mesures à mettre en œuvre sont connues : elles sont portées par les associations féministes depuis des années. La première d’entre elle est la mise en place d’un ministère des droits des Femmes. La gauche est bien placée pour le savoir : le premier et seul ministère de ce type a été créé par François Mitterrand en 1981. Il a permis le remboursement de l’IVG, des campagnes d’éducation à la sexualité, une des premières lois sur l’égalité professionnelle. Au-delà de ce ministère, François Hollande l’a rappelé au Bourget : il agira pour l’égalité salariale et professionnelle et la parité. En matière d’égalité professionnelle, il faudra renforcer la loi existante, rabotée par la droite et agir pour revaloriser les métiers à dominante féminine.

Dans ce domaine, nous pouvons prendre exemple sur le Québec : un travail minutieux y a été amorcé pour comparer les métiers et évaluer leur reconnaissance à la fois sociale et salariale. Le plus intéressant, c’est que lorsqu’on augmente les salaries ou la reconnaissance sociale dans une branche à dominante féminine, elle a tendance assez rapidement à devenir mixte. La gauche reviendra aussi sur les fermetures de centres IVG ou les baisses de crédits des associations féministes – comme celles récentes du Planning Familial. Nous ferons appliquer la loi sur les violences, votée à l’unanimité en juillet 2010, et dont nous ne voyons aujourd’hui pas les bénéfices. Nous engagerons une réforme du congé parental afin qu’il soit réduit, et partagé à égalité entre les deux parents. Dans tous les domaines, il faudra agir.

Nous ne sommes pas naïves : le combat pour les droits des femmes est un combat de longue haleine. Il s’appuie sur les mouvements féministes sans lesquels aucune des avancées n’aurait été possible. Mais pour être victorieux, il doit engager bien plus qu’un candidat à l’élection présidentielle, un projet, un parti, une famille politique. C’est tout un pays qui doit appeler au changement, maintenant.

Via:

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/08/les-droits-des-femmes-passent-par-la-gauche_1653522_3232.html#ens_id=1653518

Photo d’illustration (©Frédéric Boulant)

 

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8 commentaires sur “Les droits des femmes passent par la gauche”: ma tribune dans Le Monde, aujourd’hui 8 mars…

  1. Gérard Eloi

    Bravo, Najat, d’avoir eu l’idée de commencer ton livre “Raison de plus”, paru la veille de la journée des droits des femmes, par une citation de Louise Labé.

    (Louise Labé, poétesse lyonnaise du 16ème siècle, et l’une des premières militantes féministes).

    Le ton de la citation est enjoué et entame directement le dialogue avec les lectrices et lecteurs. Le ton est enjoué, mais la “chute” est profonde : “Si c’est erreur…”.

    On n’a encore lu que le titre, le sous-titre “avant-propos” et deux lignes d’un texte multi séculaire. Mais on a déjà compris que le livre ne sera pas “erreur”.

    Bravo, Najat !

  2. Tagine

    Que du bla bla !
    Au Ps on n’a pas de pétrole, ni d’idées non plus
    La Médiocrité c’est maintenant !

  3. Bernard

    Bonjour,

    Question retraites, il aurait été plus que souhaitable que F Hollande prenne en compte les majorations de trimestre pour enfant dans sa proposition de permettre à tous ceux qui ont “cotisés” toutes leurs annuités, de partir à 60 ans.
    Sa proposition,positive, certes, est hélas très restrictive et particulièreemnt injuste pour les mères de famille.

    Qu’en pensez vous ?

  4. Imbert Josette

    Pour moi qui vient d’avoir 77 ans, qui ai débuté ma vie d’adulte quand il n’y avait ni contraception ni IVG ( j’ai du m’avorter deux fois SEULE!!), Je tiens à dire que ce sont les luttes de femmesqui, dans la foulée de mai 68, ont arraché , le plus souvent , sans l’aide des hommes même de gauche, ce droit fondamental, celui de disposer de son corps: la grande anthropologue , Françoise HERITIER, qui a succédé à Levi Straus, raconte dans un de ses deux livres “Masculin féminin” l’anecdote suivante. Elle a posé la question :Quelle est la plus grande avancée au XX° siècle?
    Réponse des Femmes: contraception et IVG
    Réponse des hommes: on a marché sur la lune!!

    Alors, oui, il y a eu des avancées importantes , grâce, je le répète aux lutttes des femmes elles-mêmes.
    Dans le Rhône , je voudrais rappeler aux anciens que notre amie Renée Dufourt qui a théorisé avec Y.Roudy les mécanismes de la domination masculine ( je vous recommande le livre de P.Bourdieu qui porte ce titre) a la maladie d’alzheimer et qu’elle est hospitalisée à la résidence OMERIS 105 rue mazenod: que ceux et clles qui savent le travail désinteressé qui a été le sien,aient une pensée pour elle ( une lettre, une visite.;)
    C’est dans la commission femmes qu’elle animait que nous avons décidé de nous présenter aux cantonales de 1979 pour faire apparaitre l’absence scandaleuse des femmes parmi les élus. Le PS nous a envoyées dans les cantons acquis à la droite et, bien sûr, nous avons toutes été battues!Mais, à partir de ce moment, le PS a été contraint de faire une(petite) place aux femmes. lutte que nous avons continuée avec la demande de parité.

    Celle-ci a été inscrite dans la loi qui recommande de “FAVORISER” la parité!!!Il fallait inscrire IMPOSER la parité: j’avais écrit à Jospin à ce sujet.Tant qu’on ne substituera pas le scrutin binominal au scrutin uninominal , conjugué avec le non cumul STRICT des mandats, la parité( 12% à l’assemblée nationale) restera un leurre;

    Alors, mes jeunes camarades, femmes ET hommes, au travail car il y a encore tant à faire ( salaire violences…)

    A votre tour!!

    Pour ceux, celles qui ne conniassent pas le scrutin binominal, je reste à leur disposition pour donner toutes infos utiles

  5. Jean Louis PRIME

    Tant de journées de la femme se sont déjà écoulées, c’est à dire tant d’années pour en arriver à un bilan si accablant. Au point même que certains évoquent l’idée de supprimée ce jour, peut être pour moins regarder le bilan.
    S’il est un domaine dans lequel la société doit se transformer, c’est bien celui de l’égalité entre les hommes et les femmes.
    Ce combat mené depuis des décénies, parfois avec vigueur, par toutes les militantes féministes, doit trouver son issu dans un changement profond de notre société, auquel toutes les parties, je veux dire les hommes et les femmes, doivent concourir.

    Il faut tout d’abord en finir avec cette inégalité salariale que rien ne justifie, si ce n’est de servir de prétexte à un véritable dumping sexiste, destiné à remplir le porte monnaie des mêmes. Je compte donc sur F.Holland pour appliquer avec fermeté les sanctions fiscales qu’il envisage.

    D’autres mesures visant à la disparition de ce qu’il faut bien considérer comme une discrimination, seront nécessaires pour que les responsabilités, notamment familiales soient mieux partagés.

    Au delà des faits ce sont les mentalités qu’il faut transformer, sur la manière de considérer le rôle des femmes dans notre socièté. Un effort important de pédagogie et d’information devra donc accompagner les mesures structurelles.

    C’est à mon avis à ce prix, que l’on pourra fêter dignement les prochaines journées de la femme. L’égalité homme-femme, il est tant que ce soit maintenant

  6. BOUFROU

    Bonsoir Najet, j’ai écouté ce soir F.H. parler de la “généralisation soir la parité Homme femme et j’ai aussi lu votre tribune cosigné avec Caroline De Haass. Qu’en est-il de cette affichage qui doit aussi passe par le PS pour les législatives de 2012 ?!!
    Merci de votre réponse sincère et sans langue de bois.

    Cordialement
    Brahim Boufrou

  7. Machisme..!

    […] La France est un pays machiste depuis tjrs et il serait temps que cela change.

  8. HerV

    Coucou Najat !!!! Merci pour le lien et ce récit qui en dit long sur l’égalité des sexes. Cela me sidère !
    Bises

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