Lutte contre l’homophobie : l’audition à l’Assemblée Nationale

Droits des femmes Publié le 4 décembre 2012

Voici l’audition de la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, devant la Commission des Affaires Culturelles de l’Assemblée Nationale, présidée par Patrick Bloche le mercredi 28 novembre 2012. L’audition de Najat Vallaud-Belkacem portait sur le programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations à raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.  Retrouvez ici l’audition en vidéo :

Le verbatim de l’audition est disponible sur le site de l’Assemblée Nationale ici et un extrait ci-dessous.

Mme Najat Vallaud-Belkacem :

“Pourquoi ce programme d’actions maintenant ? Tout d’abord, nous savons bien que l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe ne réglera pas tout. L’égalité des droits, qui figurera dans la loi si le Parlement en décide ainsi, est bien entendu un préalable, mais il faut aussi agir plus en profondeur dans tous les domaines de la société pour faire reculer l’homophobie.

Ensuite, le débat sur le mariage et l’adoption pour tous a réveillé certains réflexes homophobes. Nous nous souvenons tous de la violence de certains propos lors du débat sur le PACS, y compris au Parlement. Nous ne voulons pas que cela se répète. Ce plan d’actions, concomitant au débat sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, a aussi pour vocation de dire que nous souhaitons un débat serein et respectueux, et que nous ferons preuve de tolérance zéro quant aux dérapages homophobes.

Pour faire évoluer les mentalités, nous entendons nous appuyer sur la jeunesse. Tout d’abord, parce que c’est dès le plus jeune âge que se forgent les représentations sexistes ou homophobes. Ensuite, parce que c’est, un peu plus tard, dans la jeunesse, à l’heure où l’on s’interroge sur sa sexualité, que les violences peuvent être les plus destructrices : on sait que la prévalence du suicide est beaucoup plus forte chez les jeunes homosexuels que chez les jeunes hétérosexuels. Enfin, parce que la jeunesse, ce sont les hommes et les femmes de demain. C’est dès maintenant que se prépare le projet d’une société plus juste, plus respectueuse de la promesse républicaine d’égalité.

Nous voulons agir sur les représentations. Il faut faire reculer les préjugés et les clichés dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la recherche et du sport.

Nous avons tous en mémoire les grands combats pour l’égalité : dépénalisation de l’homosexualité en 1981, institution du PACS en 1999, combat dans lequel votre président, Patrick Bloche, a joué un rôle remarquable. Toutes ces luttes ont peu à peu changé notre société. Mais si nous avons modifié la loi, nous n’avons pas assez fait évoluer les mentalités. C’est pourquoi nous en faisons aujourd’hui une priorité.

Ce plan, le gouvernement ne l’a pas élaboré seul. Les administrations y ont été associées. Une centaine d’organisations – associations, partenaires sociaux … – ont également répondu à notre invitation pour participer à une large consultation, et nous avons reçu plus d’un millier de pages de contributions.

Quelles en sont les principales mesures ?

Pour lutter plus efficacement contre les violences commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, il importe tout d’abord d’en avoir une meilleure connaissance. Il faut à la fois mieux les mesurer et les analyser. Le gouvernement publiera désormais chaque année les chiffres de l’homophobie – entendue au sens large. Cela sera possible grâce à la réforme engagée du système statistique des ministères de l’intérieur et de la justice. Nous commanderons également une enquête de victimation à l’Institut national d’études démographiques (INED) pour compléter les données sur le sujet, dans le cadre de l’enquête « Virage ».

L’accueil des victimes sera amélioré. Ainsi apporterons-nous un soutien à la ligne d’écoute SOS Homophobie qui a fait ses preuves mais n’a jusqu’à présent jamais été aidée par les pouvoirs publics. Dès l’an prochain, les professionnels au contact des victimes – policiers, gendarmes, magistrats, infirmiers… – seront mieux formés sur le sujet des violences faites aux femmes mais aussi des violences liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Pour le détail de ces formations, je vous renvoie au plan d’actions qui vous a été remis. Afin de faciliter le recueil des plaintes, les policiers et les gendarmes auront à leur disposition des trames d’audition destinées à « guider » le témoignage des victimes.

Enfin, j’ai demandé à la Miviludes, mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, de surveiller ce qu’on appelle les « thérapies de conversion », organisées par des centres qui profitent de la vulnérabilité de ceux et celles qui vivent mal leur homosexualité en prétendant les en guérir. La Miviludes m’a assuré être particulièrement vigilante sur ces pratiques.

Tous ces efforts pour lutter contre les violences homophobes et transphobes n’auraient pas de sens si nous ne luttions pas en profondeur contre les stéréotypes.

De l’école primaire à l’université, des actions seront menées. Les enseignants seront mieux formés à l’éducation à la sexualité et à répondre aux questions des enfants sur l’orientation sexuelle. Les questions relatives à l’homosexualité ne seront pas éludées dans cette éducation à la sexualité. Le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, et moi-même veillerons à ce que la circulaire du 17 février 2003 soit enfin appliquée dans les établissements.

Enfin, les établissements scolaires doivent ouvrir davantage qu’aujourd’hui leurs portes aux associations, qui sont assurément les mieux placées pour prévenir les réflexes homophobes. Nous faciliterons aux associations l’obtention de leur agrément.

Nous voulons aussi mieux prévenir le suicide chez les jeunes, dont le risque est accru chez les jeunes homosexuels. Vincent Peillon a confié une mission sur le sujet à Michel Teychenné. Ce sera également l’une des priorités de Marisol Touraine, dans le cadre du plan « Santé mentale » en préparation.

Nous renforcerons la Charte de l’homophobie dans le domaine sportif. Ces questions seront également intégrées dans les programmes du BAFA – brevet d’aptitude à la fonction d’animateur. Valérie Fourneyron, ministre des sports, a formulé des propositions en ce sens.

Avec Aurélie Filipetti, ministre de la culture et de la communication, nous inviterons le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à adresser une recommandation aux chaînes de radio et de télévision pour qu’elles participent davantage à la lutte contre les préjugés et l’homophobie.

L’histoire du mouvement LGBT sera valorisée davantage qu’elle ne l’a été jusqu’à présent, par des projets de documentaires et l’exploitation des archives, nombreuses, qui existent et doivent être sauvegardées.

Au-delà de ces impulsions pour faire évoluer les mentalités, nous engagerons une lutte déterminée contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle, notamment dans l’emploi, public et privé, et l’accès aux soins. Avec Michel Sapin, ministre du travail, nous ferons entrer les questions LGBT dans les outils utilisés par les inspecteurs du travail. Les partenaires sociaux, que nous avons reçus pour préparer ce plan d’actions, ont reconnu que la lutte contre les discriminations homophobes dans le monde du travail n’avait pas été suffisante, reposant le plus souvent sur des associations internes aux entreprises, et qu’ils devaient eux-mêmes maintenant se saisir du sujet. Celui-ci sera désormais abordé dans le cadre de la nouvelle grande Conférence sociale annuelle.”

Lire la suite sur le site de l’Assemblée Nationale.

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3 commentaires sur Lutte contre l’homophobie : l’audition à l’Assemblée Nationale

  1. cecile

    En marche pour l’Egalite !!
    Communiqué de presse – marche pour l’Egalite

    40 organisations signataires

    Pour l’Egalité maintenant, contre les discriminations tout le temps

    40 organisations appellent à une marche pour l’égalité des droits pour toutes et tous :

     

    Samedi 15 décembre à 14h

    Place de la Comédie

    69002 Lyon

     

    Placée sous le mot d’ordre, « Pour l’Egalité maintenant, contre les discriminations tout le temps », cette marche marquera une nouvelle étape dans la visibilité des lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) et de leurs alliés pour défendre le projet de loi « mariage pour toutes et tous » et l’homoparentalité.

     

    Nous voulons faire cesser la campagne homophobe, lesbophobe et transphobe.

    Les homosexuel-les – depuis des semaines – font preuve d’une incroyable dignité devant les propos quotidiennement insultants des opposants au projet de loi. De nombreuses personnes, couples, enfants et familles se font insulter, injurier, caricaturer presque quotidiennement dans le débat public. Les clichés succèdent aux fantasmes pour véhiculer toujours plus d’inexactitudes. Se taire devant tant d’ignominies déversées dans le débat public revient à participer aux insultes qui sont proférées à l’égard des LGBT.

     

    L’intervention des autorités religieuses dans le débat politique représente une grave remise en cause de la laïcité à laquelle nous sommes attaché-e-s.

    Il est question de mariage civil et non de mariage religieux. Il est question de l’organisation de la vie de la cité, de la manière dont notre démocratie reconnaît et sécurise les milliers de familles homoparentales existantes et à venir. Les religieux n’ont en aucun cas à imposer leur pensée et leur vision de la société. Les libertés religieuses s’arrêtent à la porte de la sphère publique.

     

    Leur lobbyisme méprise, stigmatise et blesse toutes les familles !

    Ils veulent ériger en norme dominante le modèle hétéropatriarcal de la famille fondée sur le mariage à vie d’un homme avec une femme. S’obstiner à en faire un socle inébranlable de notre société, voire de « l’humanité », revient à dénier le droit à l’existence et au bonheur de toutes les autres familles : monoparentales, pluri-parentales, recomposées, séparées, et homoparentales. Nous voulons défendre les droits de tous les enfants et toutes les formes de famille. Les enfants ont besoin avant tout  d’amour, d’attention et de prise en charge, quelle que soit la forme des familles ou l’orientation sexuelle des parents.

     

    Les droits ne devraient pas être conditionnés à une orientation sexuelle. Les parlementaires ont une occasion historique de mettre fin à une discrimination institutionnelle insupportable pour tendre vers plus d’Egalité.

    Force est de constater qu’aujourd’hui – en France – un enfant né dans une famille homoparentale n’a pas les mêmes droits, de par sa naissance, que tous les autres enfants. Cette discrimination institutionnelle ne peut plus perdurer et le projet de loi « mariage pour tous », doit y mettre fin en permettant l’établissement d’un lien de filiation – à l’intérieur et à l’extérieur du mariage – entre les enfants des familles homoparentales et leurs parents. Nous voulons une loi plus ambitieuse pour l’égalité de tous les couples, de toutes les familles et de tous les enfants.

     

    Nous appelons ainsi toutes celles et tous ceux qui se battent pour les Droits des Enfants, pour les Droits Humains et pour l’Egalité à se joindre à la manifestation que nous organisons le 15 décembre 2012, en faveur de l’Egalité et de la lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie.

     

    Contacts presse :

     

    David SOUVESTRE

    Lesbian and Gay Pride de Lyon

    06.07.09.33.63

    Marion ATHIEL

    Planning Familial

    06.15.74.92.41

    Stéphanie BRUNET

    Collectif Lesbien Lyonnais

    06.74.75.72.86

    Alexandre CHEVALIER

    DECLA

    06.81.64.96.63

     

    Les premiers signataires.

     

    Associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans (LGBT)

    APGL Rhône-Alpes ; ARIS – Centre LGBTI ; Bonnie & Clit ; Collectif Lesbien Lyonnais ; Des Enfants Comme Les Autres ; EXIT Lyon ; Family Gay ; FLAG ! Rhône-Alpes ; Forum Gay et Lesbien de Lyon ; Homosexualités et Socialisme Lyon ; Lesbian and Gay Pride de Lyon ; Moove! Lyon; Rimbaud

     

    Association familiale

    Conseil National des Associations Familiales Laïques – fédération du Rhône

     

    Associations féministes

    Mouvement Français du Planning Familial – fédération du Rhône ; Osez le Féminisme 69

     

    Associations de défense des droits des citoyen-ne-s

    La Ligue des Droits de l’Homme – fédération du Rhône ; SOS Racisme Rhône

     

    Associations de santé communautaire et d’accès au soin

    AIDES Lyon-Vallée du Rhône ; Cabiria ; FRISSE Lyon ; Keep Smiling ; La Mutuelle Des Etudiants ; SNEG Rhône-Alpes – Auvergne ;

     

    Syndicats

    Fédération Syndicale Unitaire – section départementale du Rhône (FSU 69) ; Solidaires Rhône ; Sud Education Ain Rhône Loire ; Union Départementale de la CFDT du Rhône ; UNEF – Lyon ; UNSA Rhône-Alpes

     

    Partis politiques et mouvements politiques de jeunesse

    Parti Radical de Gauche – fédération du Rhône ; Parti Socialiste du Rhône ; Europe Ecologie les Verts – Rhône ; Parti de Gauche du Rhône ; Parti Communiste Français – fédération du Rhône ; Gauche Unitaire – Front de Gauche ; Nouveau Parti Anticapitaliste ; Coordination des Groupes Anarchistes ; Jeunes Radicaux de Gauche du Rhône ; Mouvement des Jeunes Socialistes du Rhône ; Jeunes écologistes de Lyon.

  2. aldo

    Cette commission porte en elle beaucoup d’espoir, pourquoi n’en parle t-on pas plus dans les médias ?

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