Université d’été de la Réserve citoyenne de l’Éducation nationale – Discours



Ce mercredi 29 juin 2016 à Paris, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, organisait la première Université d’Été de la Réserve citoyenne de l’Éducation nationale, en partenariat avec l’Association des citoyens réservistes de l’Éducation nationale (ACREN), pour les réservistes des trois académies franciliennes.
Objectif, stimuler la réflexion pour donner plus de force à ce projet collectif au service de l’École.

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Retrouvez ici le discours de la ministre.

Bonjour à toutes et à tous,

Au terme de cette journée et de cette 1ère année de la Réserve citoyenne de l’éducation nationale, il me revient une mission ardue : synthétiser en quelques mots ce qui été la vie de la Réserve citoyenne au cours d’une année, ce qui a été votre travail au cours d‘une journée et vous donner des perspectives sur ce que sera, grâce à vous tous, la Réserve citoyenne au cours des prochaines années ….

Avouez que c’est impressionnant….Mais heureusement, j’ai une botte secrète. Après vous avoir quitté, j’irai remettre les prix du concours « Mon mémoire « Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation » (MEEF) en 180 secondes ».

Et comme j’ai promis aux candidats de m’astreindre à la même règle qu’eux, C’est vous dire que, moi aussi, j’ai dû m’entraîner à la synthèse !

Vous me permettrez cependant pour la cause de la Réserve citoyenne d’être un peu plus longue car finalement, ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance d’échanger avec cette communauté des artisans de la Réserve citoyenne que vous constituez à vous tous.

Réservistes, enseignants, chefs d’établissements, inspecteurs, ambassadeurs de la Réserve citoyenne, élus et même acteurs de l’engagement, vous êtes tous venus partager votre expérience et travailler avec nous pour faire progresser cette belle idée et nous donner collectivement les moyens qu’à la prochaine rentrée, se multiplient les projets d’école et d’établissement faisant appel aux réservistes citoyens.

Avec cette 1ère Université d’été de la Réserve citoyenne, ce que nous avons voulu faire, c’est stimuler la réflexion des acteurs de la Réserve eux-mêmes pour donner encore plus de force à ce projet collectif

On pourrait se poser une légitime question : à quoi bon s’intéresser à l’enjeu collectif de la Réserve citoyenne puisque l’engagement du réserviste citoyen est d’abord un engagement individuel et puisque le choix d’un enseignant de faire appel à un réserviste est lui–même un choix individuel….

Oui, cette idée de la Réserve citoyenne a d’abord germé dans l’esprit de quelques citoyens isolés qui se sont adressés à moi, chacun avec ses mots, chacun avec sa volonté de dépasser son égoïsme pour se mettre au service de l’Ecole.

Et depuis un an, la dynamique de cet engagement individuel ne s’est pas affaiblie ; de quelques centaines, les candidats à la Réserve citoyenne sont progressivement devenus quelques milliers.

Aujourd’hui, un peu plus de 7000 personnes se sont inscrites dans la Réserve citoyenne et déjà 5300 d’entre elles y ont été admises. Et parmi les réservistes, 1/3 d’entre eux n’étaient jamais intervenus dans une école et la moitié d’entre eux n’avait jamais adhéré à une association.

A l’heure où l’on déplore le peu d’engagement collectif, où l’on dénonce le « consumérisme scolaire », pour reprendre une expression chère à Philippe MEIRIEU, avouez que ce n’est pas rien et que c’est même très rassurant de voir ces milliers de personnes qui s’engagent pour l’Ecole.

A la vérité, si l’engagement est individuel, ce qui fait la force de la Réserve citoyenne de l’éducation nationale, c’est bien le sentiment qu’en adhérant à la Réserve citoyenne de l’éducation nationale, on partage un projet collectif, celui de défendre les valeurs qui sont au cœur de notre projet de société et qui sont au cœur du message que l’Ecole veut transmettre aux jeunes générations.

Avouons-le, c’est bien parce que l’engagement pour ce projet collectif est un engagement profond que certains ont vécu difficilement cette année le fait de ne pas être sollicité …. Et ce sentiment doit être entendu.

Créer du lien, rompre le sentiment d’isolement pour stimuler l’engagement collectif dans la Réserve citoyenne, c’est précisément le but de l’Association des citoyens réservistes citoyens de l’éducation nationale, l’ACREN, avec qui nous avons pensé et construit cette 1ère édition de l’Université d’été de la Réserve citoyenne.

Je parle d’une 1ère Université d’été car il y en aura d’autres, en Province, et puis sans doute d’autres dans les prochaines années.

Je voudrais donc remercier très sincèrement les membres de l’ACREN car je mesure autant la difficulté que la nécessité de leur mission : oui, il est fondamental de créer du lien entre les réservistes et cette mission ne peut incomber au ministère à lui tout seul.

C’est avec vous, avec les référents académiques et avec les Ambassadeurs de la réserve citoyenne que nous pourrons faire en sorte que chaque réserviste se sente solidaire du projet collectif, qu’il se sente impliqué dans cette communauté des réservistes.

Soyez donc assuré, cher Jean-Pierre ROSENCZVEIG, que le ministère de l’éducation nationale vous accompagnera pour déployer votre action et pour créer cette fraternité entre les réservistes qu’une association est bien mieux à même d’entretenir que le ministère lui-même.

Nous mettrons dès ce jour en lumière votre association sur le site du ministère de l’éducation nationale pour que chaque réserviste puisse prendre contact avec vous.

Et je soutiendrai votre action pour recenser et développer les méthodes, ressources et outils qui sont nécessaires aux réservistes pour préparer leurs interventions.

Je sais que parmi nos Ambassadeurs de la Réserve citoyenne, plusieurs d’entre eux peuvent et veulent nous aider aussi à produire des ressources, des formations et des conseils d’intervention.

N’en doutez pas, nous aurons besoin de toutes ces contributions car il est effectivement essentiel d’accompagner les réservistes pour qu’ils se préparent  à des interventions avec les enseignants, qu’ils appréhendent les besoins des élèves donc qu’ils s’adaptent à leurs exigences aussi….

J’accompagnerai ce mouvement en demandant aux académies d’ouvrir lorsque c’est possible nos formations aux réservistes. Cela facilitera leur compréhension des enjeux éducatifs et cela pourra renforcer les liens avec les enseignants.

Au fond, aujourd’hui, une seule question à plusieurs facettes vous était posée : comment créer et entretenir dans la durée la collaboration entre les réservistes citoyens et les enseignants mais au-delà, avec toute la communauté éducative constituée au sein de chaque école, collège ou lycée.

Là encore les questions que vous avez mises en avant, les pistes d’actions que vous avez identifiées, nous les explorerons toutes car elles sont le fruit de votre expérience de terrain et car elles doivent nous aider à construire une école ouverte sur son environnement local et dont elle sait utiliser toutes les ressources associatives, sociales ou économiques et toutes les potentialités.

Oui, derrière l’idée de la Réserve citoyenne, on retrouve cette belle idée des Alliances éducatives chère au mouvement d’éducation populaire.

Pour réussir la Réserve citoyenne, il ne faut donc pas hésiter à se remettre en cause, à changer de posture pour créer les meilleures conditions de cette Alliance éducative dont personne ne doute qu’elle est utile, mais dont tout le monde sait qu’elle est encore en construction…

Cette remise en cause, nous l’avons accompli nous-même pour répondre aux propositions du terrain : à la demande des enseignants, nous avons ouvert la consultation des fiches des réservistes à l’ensemble des enseignants ; suite aux échanges avec des réservistes et des enseignants, nous avons diversifié les formats d’intervention des réservistes.

Nous examinerons toutes vos propositions pour trouver encore de nouvelles idées et solutions qui permettront sur le terrain d’inscrire la Réserve citoyenne comme un outil efficace au service des projets d’école, des projets d’établissements et des projets éducatifs de territoires.

Vous avez partagé au cours de la journée sans doute beaucoup d’expériences où enseignants et chefs d’établissement ont pleinement utilisé les ressources de la Réserve citoyenne pour les apprentissages de leurs élèves. Il nous faut capitaliser sur ces expériences, les diffuser aussi.

Notre Réserve citoyenne, j’en suis convaincue, doit être souple et s’adapter en permanence pour être la plus utile possible à ceux pour qui elle est faite, c’est-à-dire in fine les élèves à qui la Réserve citoyenne peut apporter la force du témoignage et de l’expérience vécue.

Il ne faut donc pas craindre les approfondissements et les diversifications. En particulier, je souhaite que l’on puisse grâce à vos propositions avancer sur la question de l’intervention des réservistes dans le 1er degré mais aussi dans le champ périscolaire.

C’est une volonté forte des réservistes eux-mêmes et je ne doute pas que les élus locaux y sont aussi sensibles : après Strasbourg, première ville ambassadrice de la réserve citoyenne, je souhaite que d’autres communes nous rejoignent, en particulier des communes rurales où l’on est tant demandeur de cet engagement bénévole. Des représentants des grandes associations d’élus étaient là aujourd’hui  et je reviendrai vers eux pour avancer concrètement dès la prochaine rentrée.

Cette université d’été, nous l’avons construite aussi pour partager ensemble la conviction que si nous avons encore des progrès à faire, l’engagement que nous mettons à développer la Réserve citoyenne est payant.

La Réserve citoyenne, nous en sommes tous convaincus, n’a de sens que si elle sert la transmission des valeurs, que si elle apporte aux équipes éducatives de nouveaux leviers pour aider les élèves dans leurs savoirs et pour leur ouvrir l’esprit et leur apporter la confiance en eux indispensable pour réussir.

Je voudrais insister sur les opportunités que nous nous donnerons l’an prochain aux enseignants pour recourir aux Réservistes.

La Réserve citoyenne a déjà bien sûr été mobilisée par les enseignants pour traiter des valeurs de la République mais aussi pour aborder avec les élèves les relations avec le monde professionnel ou encore les questions d’actualité et des médias.

La montée en charge des parcours éducatifs, en particulier le parcours citoyen et le parcours Avenir ouvre de nouvelles perspectives pour l’intervention des partenaires de l’Ecole et la Réserve citoyenne devra être mobilisée pleinement dans ce cadre.

Nous devons plus globalement prendre l’habitude dans nos séminaires et dans les ressources pédagogiques que nous produisons de faire référence à la Réserve citoyenne pour que son recours soit un questionnement qui se généralise chez les enseignants. Les corps d’inspection ont évidemment une responsabilité première pour susciter ce questionnement.

L’une des critiques que l’on a pu entendre portait sur la dimension éphémère de la Réserve. Au contraire, sa longévité est désormais acquise puisque notre réserve citoyenne de l’éducation nationale sera bientôt consacrée par la loi.

C’est une sécurité pour les réservistes et c’est une sécurité aussi pour les chefs d’établissements et enseignants qui vont pouvoir construire des projets d’intervention de réservistes dans la durée.

Je veux enfin insister sur l’engagement des Ambassadeurs de la Réserve citoyenne à nos côtés. En 1 an, nous sommes passés de 6 Ambassadeurs à une trentaine aujourd’hui ce qui signifie que nos partenaires croient en cet outil et veulent s’investir.

Je serais donc très attentive à vos propositions pour aider les Ambassadeurs de la réserve citoyenne à jouer tout le rôle que l’on attend d’eux : faire connaitre la réserve citoyenne, convaincre des personnes de s’engager mais aussi faciliter l’articulation entre enseignants et réservistes.

Je vous confirme mon engagement pour que la Réserve citoyenne devienne l’affaire de tous dans les académies.

Depuis le mois de mai, nous avons multiplié les moments d’échange pour confronter les propositions, les témoignages, permettre aux acteurs de discuter en commun de solutions concrètes.

Cette Université d’été était évidemment un temps fort et j’en exploiterai tous les travaux pour que nous franchissions définitivement ce mur de verre qui sépare un dispositif intéressant mais qui reste en marge de l’école d’un programme qui trouve tout son sens dans le système éducatif parce qu’il permet d’enrichir les apprentissages et car il contribue à faire évoluer les pratiques professionnelles.

Vous l’aurez compris, c’est le sens et l’ambition que je donne à la Réserve citoyenne.

J’ai évidemment conscience que tout ne se fera pas en un jour, car ce n’est évidemment pas le cycle de vie des réformes éducatives qui ont besoin de temps pour s’installer dans le paysage…

J’ai trouvé dans votre présence nombreuse aujourd’hui, dans vos contributions du jour comme dans les témoignages qui nous sont rapportés, les indices que l’intuition de quelques citoyens en janvier 2015 venait alimenter un mouvement plus profond pour faire de l’école un lieu plus ouvert sur la société et une institution exigeante pour que la société qui attend tellement de l’Ecole se mette aussi au service de ses missions.

On touche là au cœur de ce qui fait l’adhésion générale à la Réserve citoyenne de l’éducation nationale et dont nous devrons cette année tirer tous les fruits.

Au-delà de cette journée, j’aurais besoin de vous dans la durée ; comptez sur moi pour relayer les idées et les solutions que vous avez faites émerger.

Merci à tous donc pour votre travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain !


Photo © Philippe Devernay / MENESR

Éducation nationale Publié le 29 juin 2016

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2 commentaires sur Université d’été de la Réserve citoyenne de l’Éducation nationale – Discours

  1. Mahé

    Que cet élan prenne racine et que ces racines permettent non seulement de porter du fruit mais encore de faire jaillir de nouvelles pousses à la manières dont les grands arbres nourrissent d’oxygène les petits qui devraient mourir faute de photosynthèse.
    (Rappelons nous que nous ne voyons souvent qu’une toute petite partie des choses de la vie).

  2. MARCHAND Alain

    Très beau discours pour une très belle initiative. Du moins le promettait elle …
    Pour ma part, je n’ai jamais été sollicité par un enseignant de mon territoire malgré mon offre (sur des thèmes proposés) exprimée ici et là auprès des enseignants.
    Sans vouloir “dénoncer qui que ce soit à la maîtresse”, l’empressement des enseignants pour favoriser ces intervention a été quasi nul. Pénible encéphalogramme plat.
    J’ose espérer que la rentrée 2016/2017 sera l’occasion de nous donner à voir et à vivre quelquechose de plus édifiant.

    Alain MARCHAND, “Réserviste”, Conseiller Municipal et acteur associatif.

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