Les gaâdas poétiques en Vogue : Bivouacs de beauté

Presse Publié le 18 juin 2010

Je vous invite à lire l’article qui suit, extrait du quotidien algérien El Watan,  il revient sur le très bel événement organisé par l’association Gertrude 2 que j’ai le plaisir de soutenir en tant qu’adjointe au Maire de Lyon.

L’association Gerturde II de Lyon, qui est engagée depuis plusieurs années sur le programme culturel Noir sur Blanc mené avec des associations d’Alger et de Sétif (Chrysalide et Perséphone notamment), active de manière soutenue pour le rapprochement et l’échange culturel. Cette année, elle a donné à l’une de ses anciennes initiatives une ampleur et une formule de plus grande envergure. Le concept est simple : faire connaître la poésie ancienne ou nouvelle issue du monde arabe, et particulièrement du Maghreb. Pour porter haut cette culture dans l’espace public, affirment les organisatrices, Gertrude II a conçu une tente, support d’extraits de poésies d’amour berbère et arabe du Ve siècle à nos jours. Cette tente s’implante en intérieur comme en extérieur, dans des lieux publics, marchés, écoles, collèges, en collaboration avec les habitants et les structures de proximité.

Les parois de la tente sont couvertes d’extraits de poèmes où l’on retrouve aussi bien les grands poètes antéislamiques que les versificateurs musulmans, les bardes amazighes ou les auteurs maghrébins d’expression française. Ainsi, Mahmoud Darwish côtoie Si Mohand Ou M’hand, Imrou El Kays et tant d’autres jongleurs émérites de mots et de sentiments. A l’intérieur, sur un tapis de haute laine, des coussins colorés sont disposés autour de bacs contenant des recueils de poésie pour enfants et adultes. On lit, on discute, on écoute. Quand on voit la taille de la tente, on a du mal à imaginer le nombre de personnes qu’elle brasse en une journée. Le succès est énorme et les échanges et rencontres débordent souvent des limites du guitoun, s’étalant alentour, entraînant des suites dans les cafés voisins, sur les bancs publics, etc. L’équipe qui anime ce programme comprend Mohamed El Amraoui et Moussa Harim, tous deux poètes et traducteurs, ainsi que Anas Alaïli, poète, et Guillemette Grobon, directrice artistique de Gertrude II et metteur en scène. Cette équipe sympathique couvre toutes les langues utilisées et permet aux visiteurs de disposer d’explications ou de traductions sur le champ.

La tente des gaâdas poétiques est bien entendu nomade. Aussi, depuis le milieu du printemps, elle écume toute l’agglomération lyonnaise, ses bivouacs demeurant de une à plusieurs journées au même endroit, selon les possibilités locales, les densités de population ou la programmation des autorisations. Ainsi, d’arrondissement en arrondissement, la tente poétique laisse derrière elle une meilleure connaissance des poésies choisies, la découverte d’univers culturels inconnus ou méconnus, ainsi que des discussions passionnantes au sein des quartiers ou structures d’accueil. L’animation attire beaucoup les enfants et les jeunes, mais les adultes ne sont pas en reste à apprécier ces merveilles littéraires dont on découvre l’universalité et les passerelles avec la poésie européenne qui a été infuencée en partie, via l’Andalousie, par les sources arabes. L’initiative contribue surtout à faire reculer les préjugés et, en maints endroits, des rencontres entre habitants porteurs de cultures différentes ont pu avoir lieu dans le ravissement des textes et le rapprochement humain.

Par Slimane Brada


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