Le mémorandum de Najat Vallaud-Belkacem à son successeur – Les Échos

Presse À la une Éducation nationale Publié le 12 mai 2017

Jeudi 11 mai 2017, le journal Les Échos publiait en exclusivité le mémorandum que la ministre de l’Éducation nationale sortante a souhaité adresser à son futur successeur de la rue de Grenelle.

L’École ne doit pas être « victime des alternances politiques », écrit Najat Vallaud-Belkacem, dans un memorandum destiné à son successeur (voir document ci-dessous). « Sommes-nous capables de nous mettre d’accord sur l’essentiel ? », interroge la ministre de l’Éducation sortante. Les résultats se mesurent « à l’échelle d’une génération d’élèves », plaide-t-elle, en estimant que « la politique menée depuis cinq ans constitue un socle solide pour cela ».

Est-ce possible d’avoir « ce contrat éducatif avec la Nation » alors que, sur les rythmes scolaires, la réforme du collège ou l’éducation prioritaire, Emmanuel Macron entend marquer sa différence avec le quinquennat écoulé ? « J’apporterai mon appui aux choses qui vont dans le bon sens, tout en menant les combats nécessaires » rétorque celle qui a reçu l’investiture du PS à Villeurbanne pour les élections législatives . « Sur l’Éducation, il n’y a pas aujourd’hui de ligne rouge par rapport à ce qui est proposé, plutôt des points d’alerte, poursuit-elle. Ce n’est pas la révolution annoncée, globalement on va habiller les choses autrement. »

Sur le collège, Najat Vallaud-Belkacem souligne la volonté d’Emmanuel Macron de revenir à l’esprit initial de la réforme. Certes, il a mis l’accent sur un retour possible aux classes bilangues d’autrefois et sur les langues anciennes. Mais l’essentiel est ailleurs, pour Najat Vallaud-Belkacem : dans l’autonomie et l’interdisciplinarité, auxquelles Emmanuel Macron n’entend pas toucher. L’ex-ministre sera néanmoins « vigilante pour qu’on ne recrée pas des collèges à deux vitesses ou des parcours à deux vitesses au sein des collèges », car ce serait « à nouveau le collège du grand écart ».

Sur les rythmes scolaires et la liberté de revenir sur la réforme, Najat Vallaud-Belkacem met aussi en garde contre le « creusement d’inégalités ». Et s’élève contre la suppression annoncée du fonds de soutien aux communes – elle avait bataillé pour sa pérennisation. Certains élèves auront cinq jours de classe, et d’autres quatre, « alors qu’il y avait un consensus, avant la réforme Peillon sur les 5 jours d’apprentissage », regrette-t-elle.

Elle ne partage pas non plus la proposition du nouveau chef de l’État de limiter le nombre d’élèves à douze dans certaines classes . Favorable à la baisse des effectifs, elle estime toutefois qu’un groupe de douze « réduit les interactions entre élèves et ne crée pas l’émulation nécessaire pour tirer la classe vers le haut ». Mais ce qui la gêne le plus, c’est la suppression du dispositif du Plus de maîtres que de classes envisagée pour financer les classes de douze élèves. Une « erreur », selon Najat Vallaud-Belkacem : « Ce dispositif a montré ses bénéfices pour les élèves et les enseignants. Ce serait désolant de le détricoter. »

Ses craintes portent aussi sur « des économies à courte vue » qui pourraient toucher les bourses des collégiens et lycéens ou les fonds sociaux. Elle alerte sur la réforme de l’allocation progressive des moyens – qui donne à des départements en difficulté comme la Seine-Saint-Denis, le Nord ou le Pas-de-Calais, des moyens supérieurs à leur démographie -, redoutant qu’elle « ne soit détricotée dans l’indifférence générale.» 

Elle insiste sur la rémunération des enseignants à « compléter », et les engagements pris dans le cadre du protocole PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations), à respecter.

Pour le reste, Najat Vallaud-Belkacem n’entend pas donner de leçon. « J’ai tellement souffert de la façon dont certains anciens ministres de l’Éducation s’invitaient dans le débat, à coup de grandes leçons de principe, sans prendre le temps d’entrer dans les réformes et d’en comprendre les détails, que je me suis fait la promesse de ne jamais agir avec autant de désinvolture », assure-t-elle. Pas de petite phrase, donc, sur la réforme annoncée du bac – « avant de la juger, je veux pouvoir la lire.

« Je ne veux pas être d’office dans le dénigrement des propositions qui sont faites. » Ni sur l’agence de diagnostic et d’évaluation, où elle souligne même qu’« il y a des choses à creuser sur l’évaluation » et qu’il faut « repenser la gouvernance » de l’Éducation nationale.

Quant aux prérequis pour l’Université, celle qui les a introduits pour le master, indique seulement que le vrai sujet est ailleurs, dans les moyens aux universités. Un point de vue partagé dans l’entourage du nouveau chef de l’État.

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2 commentaires sur Le mémorandum de Najat Vallaud-Belkacem à son successeur – Les Échos

  1. Hassan

    “Un)e Ministre averti)e en vaut deux… une Valeur, une École, une Société, estimée le sait tant…”

    Outre les courants expressifs et bienveillants, quel)le Ministre ne dépend déjà et avant tout, des progrès utiles et exigeants de son environnement, de ses perspectives, des ses fondements…

    Parmi “les temps qui courent”, mieux vaut être bref, ou plus direct, car qui ne sait encore qu’il existe aux “lois de la gravité”, certaines adversités incomparables, presque indigestes quand difficilement louables aux valeurs de la République…

    La nouveauté, le progrès, le changement, visent-ils l’intérêt d’un ensemble ou le commun d’un être pour qu’ils sachent de quelle Citoyenneté le monde ne justifie…

    Bien à Vous…

    Merci…

  2. LANCIEN Dominique

    En effet, il va falloir le faire Plier ce Jeune Président de Notre République Monsieur Macron ! Hors de question qu’Il Déforme le Sens des excellents rééquilibrages qui furent effectués Grâce à Votre Ténacité inébranlable !!! Car OUI Monsieur Macron ! Seule une éducation Généreuse et Ambitieuse est le Vrai signe d’une Démocratie Progressiste ! Merci Najat pour TOUT ce que Vous avez fait dans Vos autres Responsabilités également.

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