Femmes dans le cinéma : pour un autre regard

Droits des femmes Publié le 21 mai 2013

La Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques (SACD) est depuis de nombreuses années un acteur très engagé pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts, la création et la culture: j’étais dimanche son invitée avec Aurélie Filippetti pour un débat sur le sujet avec les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, à Cannes. Le cinéma n’est pas le seul secteur du monde culturel à connaître depuis des décennies, sinon depuis toujours, de très fortes inégalités entre les femmes et les hommes, dans tous les métiers. Les causes et les responsabilités d’une telle situation qu’il ne faut ni sous-estimer ni caricaturer sont nombreuses, profondes et anciennes : le temps était venu d’agir, et nous l’avons fait sans attendre.

Avec la Ministre de la Culture et de la Communication, nous considérons en effet que l’égalité dans le secteur du cinéma est un sujet important, car il représente non seulement un secteur emblématique, symbolique et très visible pour contribuer au changement des mentalités, mais il est aussi un secteur économique décisif pour la France, avec plus de 12 000 entreprises, 40 000 salariés, plus de 120 000 intermittents. Autant de femmes et d’hommes qui, dans leur vie professionnelle doivent bénéficier d’une véritable égalité de traitement, à la fois en termes d’accès aux métiers et aux responsabilités, en termes de salaires, et de reconnaissance. Lorsqu’on sait par exemple que 42,6 % des intermittents de la production cinématographique sont des femmes, mais que les hommes représentent près de 70% de la masse salariale, ou qu’en 2012, 25% des premiers films sont réalisés par des femmes, alors que les promotions de la FEMIS sont paritaires… il est plus que nécessaire de comprendre où se situent les blocages, si des réflexes ou des habitudes plus ou moins inconscients ne conduisent pas à creuser les inégalités, et d’y mettre fin.

L’enjeu n’a jamais été de juger des films selon le genre de celui ou celle qui les réalise, les produit ou les diffuse, mais que chacun dispose d’un égal accès à l’expression, à la reconnaissance de ses talents, et que chacune, en particulier, puisse se projeter dès le plus jeune âge dans l’avenir à l’égal d’un garçon, et ne pas se dire que le cinéma ne serait pas fait pour elle. Le véritable enjeu est d’assurer les conditions d’une égalité de traitement, et d’impliquer tous les acteurs du secteur, depuis la formation jusqu’à l’organisation des festivals, en passant par les dispositifs publics et privés de soutien.

C’est dans cette perspective que nous avons annoncé la commande d’un diagnostic chiffré des inégalités au Centre National du Cinéma d’ici l’automne, dans le cadre de l’Observatoire de l’égalité dans la Culture et la Communication, ainsi que la présence du cinéma dans le programme de la première saison de l’égalité qui mettra en valeur l’ensemble de la création au féminin, au sein des institutions culturelles de notre pays. Le débat a permis d’ouvrir d’autres pistes de réflexion que nous poursuivrons au cours des mois à venir avec l’ensemble des acteurs concernés.
Des initiatives qui s’inscrivent dans le cadre plus large de la lutte contre les inégalités dans l’accès de tous les postes à responsabilité dans le secteur public de la culture, mais aussi dans l’accès aux aides, soutiens et subventions publiques dans toutes les disciplines. Le projet de loi que je présenterai à l’été étendra ainsi le principe de parité pour qu’il s’applique dans tous les établissements publics, jurys et commissions, notamment le CNC.

Le cinéma ne peut pas faire exception, et rester en dehors du changement nécessaire de notre société vers plus d’égalité.


 

Photo : Pascal Rogard ( DG SACD) et Najat Vallaud-Belkacem à Cannes – © LN Photographers

A Lire Aussi :

La SACD reçoit Najat Vallaud-Belkacem
TerraFemina / Festival de Cannes 2013 : des inégalités hommes/femmes dans le cinéma

Tags : , , , , ,

Un commentaire sur Femmes dans le cinéma : pour un autre regard

  1. Sandrine

    Bonjour Najat,

    Je suis Sandrine de Lyon, je vois que vous êtes sur tous les fronts nationaux, avec un peu d’humour je dirais que nous avons l’impression d’être en démocra’ture libre mais surveillée dans une ripoublique avec des politichiens, pardon ma fourche à langué …. ;)

Commentaires fermés.