Ce samedi 22 juin 2013, Najat Vallaud-Belkacem était l’invitée de la matinale de RTL Week-End. La ministre des Droits des femmes et porte-parole du Gouvernement est revenue sur la Grande Conférence Sociale qui s’est tenue les 20 et 21 juin en évoquant notamment la feuille de route et les engagements concernant l’emploi et la future réforme sur les retraites.
Najat Vallaud-Belkacem a aussi été interrogée sur le projet de garantie de recouvrement des pensions alimentaires que porte la ministre des Droits des femmes. Ce projet a été dévoilé cette semaine par La Croix dans l’article en ligne ici.
Retrouvez ici quelques extraits ici sur la réforme des retraites et le projet de garantie de recouvrement des pensions alimentaires :
Najat Vallaud-Belkacem :
Que les choses soient claires pour vos auditeurs : la réforme des retraites qu’on va adopter va concerner tous les Français, va concerner tous les Français, quel que soit leur régime. Par exemple, imaginons que l’on décide d’une augmentation de la durée de cotisation : cela concernera chaque actif, qu’il soit dans un régime général ou dans un régime spécial.
Ensuite, les ambitions que nous fixons à cette réforme, elles sont très grandes. Ce n’est pas simplement une réforme pour rétablir un équilibre financier, c’est une réforme pour répondre à des inégalités actuelles et des injustices actuelles. Je vous en donne deux exemples qui me tiennent à cœur.
Le premier, ça ne vous surprendra pas, c’est les inégalités entre les hommes et les femmes ; et donc cette réforme a vocation, finalement, à réduire de façon conséquente cet écart de 30 % entre les pensions de retraite des femmes et les pensions de retraite des hommes aujourd’hui, qui, si on n’y touche pas, continuera à perdurer, y compris en 2040.
Et puis il y a un deuxième sujet qui est important et enthousiasmant, me semble-t-il, c’est la question de la pénibilité. On voit bien qu’il y a des spécificités liées au travail, qui font qu’on est usé plus ou moins rapidement. Et on sait bien que l’espérance de vie moyenne dans notre pays diffère de quasiment huit ans entre un cadre et un ouvrier. Et donc c’est important de se demander quels sont les critères de la pénibilité, pour mieux les prendre en compte dans cette réforme des retraites. C’est vraiment une réforme de société, en fait, qui a vocation à rassurer les plus jeunes en particulier sur le fait qu’ils continueront à pouvoir bénéficier de ce système de retraites par répartition. Et de ce point de vue-là, la grande conférence sociale a apporté aussi une nouveauté : c’est que le président de la République a évoqué par exemple le fait que l’allongement de la durée des études devait être dans la discussion sur cette réforme des retraites : est-ce qu’on prend en considération une partie du temps des études, et on le compte comme une durée de cotisation, par exemple. C’est ce type de sujets qu’il faut savoir traiter.
(…)
Bernard Poirette (RTL) :
Najat Vallaud-Belkacem, vous êtes également ministre des Droits des Femmes, et votre prochain chantier, là, au début du mois de juillet, c’est l’affaire des pensions alimentaires non-payées en cas de divorce : 40 % ne sont pas payées, en France, et ça ce n’est plus possible ? c’est l’affaire des pensions alimentaires non-payées en cas de divorce : 40 % ne sont pas payées, en France, et ça ce n’est plus possible ?
Najat Vallaud-Belkacem :
C’est énorme, 40 % … Oui. Il faut en avoir conscience, parce que c’est un sport national français, le non-paiement des pensions alimentaires.
(…) Et très souvent, il apparaît qu’en réalité le parent débiteur – on va l’appeler comme ça, pour ne pas dire systématiquement « le père » –, eh bien s’il décide de ne pas payer, finalement se sent dans une certaine impunité, parce que le parent créancier – donc généralement la mère – a tellement de choses à gérer dans cette vie très contrainte de vie de famille monoparentale, avec ses enfants, son travail, ses difficultés qu’elle n’a pas envie de se relancer dans une procédure de justice.
Donc moi, ce que je souhaite, c’est qu’on leur facilite la tâche, c’est qu’on les soulage de cette difficulté-là.
Nous allons faire en sorte, dès lors qu’une pension alimentaire n’est pas versée, qu’aussitôt la CAF prenne la place, en versant une allocation de soutien familial – qui existe aujourd’hui, l’allocation de soutien familial, qui est d’un montant très faible, qui est de 90 euros à peu près. Nous avons décidé de la revaloriser : elle attendra les 120 euros par enfant et par mois. C’est une première chose. Nous ferons en sorte qu’elle soit versée immédiatement, que même si ce non-paiement, si vous voulez, est irrégulier, car c’est souvent la situation de beaucoup de familles monoparentales, eh bien cette allocation continue à être versée, pour ne pas mettre la femme en difficulté, ne pas la faire tomber dans la précarité. Mais en revanche, nous allons donner les moyens à la CAF de se retourner contre le débiteur, pour récupérer son argent. Parce qu’il n’est pas question de se substituer au parent défaillant.
Najat Vallaud-Belkacem :
Nous faisons en sorte de mettre un écran entre eux, qui est l’écran de la CAF, qui est extrêmement rassurant, qui est extrêmement efficace, parce que la CAF a un intérêt majeur, c’est que face à tous ces parents défaillants qui prétendent ne plus pouvoir payer de pension alimentaire parce qu’ils sont insolvables – c’est ce qu’on appelle l’insolvabilité organisée –, la CAF a les moyens de vérifier, a les fichiers à la fois fiscaux, la liste des comptes bancaires, le fichier des prestations qu’elle-même verse au parent en question, pour vérifier si c’est vrai ou pas ; a les moyens d’aller saisir directement sur le salaire aussi du parent défaillant, si besoin, la pension alimentaire en question. Donc vous voyez qu’elle a vraiment beaucoup d’outils en main, pour devenir finalement une agence de recouvrement des pensions alimentaires, au service des parents créanciers – je le redis, dans 90 % des cas il s’agit de femmes. Dans la moitié des cas, ces femmes ont du mal à boucler leur budget à la fin du mois, et souvent, le non-paiement d’une pension alimentaire les fait tomber sous le seuil de pauvreté. Et quand on parle de pension alimentaire, on ne parle pas simplement de la femme qui est à la tête de la famille monoparentale en question, on parle des enfants ; et les enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté, on sait qu’il y en a beaucoup trop dans notre pays, ça n’est plus supportable.
Tags : Grande Conférence Sociale, garantie de recouvrement, pensions alimentaires, retraites, Égalité
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Bonjour ! Il y a un débat, pour l’heure, en ce qui concerne le versement par la caf, de la pension alimentaire, pour les papas qui échappent à leurs responsabilités. Cela m’aurait aidé, fut une époque, j’ai porté plainte par deux fois, et cela n’a pas eu grande efficience. L’impression de ne pas être entendu. Peu importe, cela est écrit ds le passé et enfin de compte, je suis fière d’avoir amené mes enfants à l’age adulte, seule comme une grande.