“Que l’école apporte une solution à chaque enfant” – Mon entretien à la Charente libre

Presse Éducation nationale Publié le 9 octobre 2014

À l'occasion du déplacement à l'unité d'enseignement pour enfants autistes d'Angoulême avec le président de la République, j'ai répondu aux questions de la Charente libre.

Que le président de la République présente lui-même le plan autisme de l’Education nationale, c’est un signe fort. C’est une volonté nouvelle de votre ministère?
Najat Vallaud-Belkacem. Il y a 23.000 élèves en situation d’autisme accueillis dans les écoles. C’est deux fois plus qu’il y a cinq ans. Demain (ce jeudi, NDLR), ce sera l’occasion pour le président de la République d’affirmer notre engagement à accueillir de plus en plus d’enfants, dès le plus jeune âge. Nous avons ouvert 30 unités d’enseignement autisme à la rentrée. L’objectif, c’est qu’il y en ait 100 en 2017. Ce sont des structures médico-sociales dans des écoles ordinaires. C’est une volonté.

Longtemps, les postes dévolus à l’accompagnement des enfants handicapés ont été sacrifiés. Quelle est votre position sur le sujet?
Il y a 240.000 enfants en situation de handicap scolarisés en France. Là encore, c’est deux fois plus qu’il y a cinq ans. L’école est de plus en plus inclusive. Ça se traduit sur le terrain. 350 emplois supplémentaires ont été créés à la rentrée pour cet accompagnement. Il y en aura 350 autres en 2015. Au-delà, on a acté le principe de qualifier et professionnaliser davantage les AVS, de les passer en CDI au bout de six ans d’exercice. Cette année, ça bénéficie à 5.000 accompagnants. En quelques années, ils seront 28.000 à en bénéficier. L’objectif, c’est que l’école apporte une solution à chaque enfant.

La réforme des rythmes scolaires ne s’est pas faite sans heurts et vous vous êtes montrée très ferme. Quelles sont les prochaines étapes?
Le sujet n’est pas derrière nous. La réforme est désormais généralisée et c’est une bonne chose. C’était une étape importante. Maintenant, il va nous falloir veiller à deux choses: que l’apprentissage soit bien réparti sur cinq matinées et que l’offre périscolaire soit offerte de manière harmonieuse et de qualité, partout.

Ne craignez-vous pas de créer des disparités entre les écoles sur ce point. C’est payant par endroits, gratuit ailleurs, avec des professionnel dans certaines écoles, des bénévoles dans d’autres.
Avant la réforme, le périscolaire était laissé à l’initiative des communes. Les enfants dans des communes volontaristes, comme Lyon, en bénéficiaient. Pas les autres. Désormais, beaucoup d’enfants ont accès à ces activités. L’idéal, ce serait 100%. Mais honnêtement, c’est déjà meilleur que ce que nous avions avant.

Chaque année, les écoliers français perdent des places dans le classement Pisa qui évalue les élèves du monde entier. Comment y remédier?
La meilleure façon d’améliorer les performances scolaires, c’est d’avoir une politique pédagogique qui vise tous les élèves et permette de s’en sortir vers le haut. De ne laisser personne décrocher, tout en visant l’excellence. Mais qu’attendons-nous des élèves? Comment les juge-t-on? Nous préparons une grande réforme sur le socle commun scolaire, qui doit définir tous les fondamentaux qu’un jeune devra avoir acquis à la fin de sa scolarité obligatoire.

C’est un sujet fondamental, qui va entraîner la refonte des programmes. Les programmes «Rénover la maternelle» seront appliqués à partir de la rentrée 2015. Pour la primaire et le collège, ce sera à la rentrée suivante. Autre réforme importante, celle du collège. La question est: comment rester unique tout en s’adaptant aux caractéristiques de tous. Nous réfléchissons aussi à une façon d’évaluer, qui ne soit pas une notation classante. Evaluer ce n’est pas classer, trier, sélectionner. Tous ces sujets, ces réformes, ce sont des défis considérables.

Pourquoi vouloir supprimer le redoublement, qui décourage certains, mais sauve d’autres élèves?
Nous avons une seule obsession: permettre la réussite de chacun. Il est impossible de se dire que certains sont faits pour réussir et d’autres non. Je vais présenter un vaste plan pour favoriser l’accompagnement, l’apprentissage des élèves qui décrochent. Il vaut mieux renforcer l’encadrement et le suivi que simplement refaire une année. Le redoublement ne disparaîtra pas totalement. Dans certains cas justifiés, il sera possible.

Vous faites l’objet d’attaques systématiques de la part de l’extrême droite. Qu’est-ce que cela vous inspire? Comment le vivez-vous?
Honnêtement, je ne souhaite pas entretenir les polémiques stériles. Ça nous abîme tous. J’évite de me disperser et d’y consacrer du temps. Je me concentre sur cet enjeu fondamental et extraordinaire qu’est l’école. C’est un sujet à part, regardé avec autant de passions que de crispations. C’est merveilleux et exigeant à la fois. Bien plus important que les polémiques.

Pas trop déstabilisant d’être dans une équipe aussi décriée, avec un Président aussi peu populaire?
Le gouvernement a pris des décisions sérieuses, courageuses et ambitieuses. On a réformé le marché du travail, on est revenu sur la réforme des retraites, on a investi dans l’Education. On a fait la réforme territoriale, mille fois promise et toujours repoussée. J’assume ce que l’on a fait. Et totalement. Je suis complètement à l’aise avec ça.

2 commentaires sur “Que l’école apporte une solution à chaque enfant” – Mon entretien à la Charente libre

  1. LANCIEN Dominique

    Bien répondu sur la dernière question Najat! J’ais voté pour Vous en 2012 et j’assume totalement. Ce serait à refaire. Sans aucune hésitation!!! Bon courage.

  2. Técher Véronique

    Bonjour je voudrais juste que vous preniez le temps de consulter cette page sur facebook où bons nombres d’enseignants de maternelle mettent leurs idées, leurs projets mais aussi leur état d’âme. C’est terre à terre, très loin des considérations politiques mais être entendus et écoutés nous aiderait vraiment car là c’est de plus en plus dur…
    https://www.facebook.com/groups/enseignantsmaternelle/?fref=nf
    Merci

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