La ministre de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche est à Lille vendredi 5 décembre 2014 pour la conférence nationale sur le handicap. Najat Vallaud-Belkacem a répondu à la Voix du Nord à propos des moyens mis en place pour l’accueil dans les écoles.
Où en est-on dans la prise en charge du handicap à l’école ?
« Je défends le thème de l’école inclusive. Ce n’est pas à l’élève de s’adapter au système mais au système de s’adapter aux spécificités des élèves. L’Éducation nationale fait des efforts sans précédent pour améliorer la scolarisation en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap. Elle y consacre 1,5 milliard d’euros pour 260 000 enfants aujourd’hui scolarisés. Ce nombre d’élèves a plus que doublé depuis 2006. Et il augmente de 10 % chaque année. À l’université, il est passé de 8 000 en 2005 à 18 000. »
Est-ce que cela veut dire que plus un élève handicapé ne reste à la porte de l’école ?
« Tout enfant doit recevoir une éducation et un enseignement. Mais il ne suffit pas d’ouvrir la porte de l’école, il faut aussi les accompagner avec un personnel qualifié. Près de 70 000 auxiliaires de vie scolaire assurent aujourd’hui cette mission. À la rentrée 2014, 350 emplois ont été créés et autant le seront pour la rentrée 2015. »
Ils se plaignent souvent de leur statut précaire à temps partiel et de leur faible rémunération…
« Nous avons depuis deux ans renforcé la situation de ces personnels. Parmi eux, les 28 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ont vu leur situation évoluer avec le passage du CDD à un CDI de droit public et un suivi de leur carrière. »
Et pour la formation des enseignants ?
« L’école inclusive, c’est aussi la création d’outils pédagogiques adaptés et la formation de tous les enseignants. L’année dernière, 50 000 d’entre eux ont été formés à cette thématique. »
Quoi de neuf dans la prise en charge de l’autisme ?
« Depuis la rentrée scolaire, nous avons déjà ouvert 29 unités d’enseignement destinées aux jeunes autistes en maternelle, et nous en ouvrirons bientôt une 30e. Une par académie. Notre objectif est d’en ouvrir 90 autres avant la fin du quinquennat, une par département. Cela nous amène à renforcer davantage les liens entre l’Éducation nationale et le secteur médico-social, avec des formations communes. »
Allez-vous suivre les propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP) pour changer la notation ?
« Les limites de notre système d’évaluation sont reconnues. Les élèves français sont ceux qui ont le taux le plus élevé de non-réponse aux questions ; ils préfèrent ne pas répondre plutôt que de se tromper, par peur de l’échec. Tout le monde a un avis sur l’évaluation, c’est pourquoi nous avons invité enseignants, parents, chefs d’établissement, étudiants et lycéens à faire partie d’un jury qui me remettra ses recommandations dans quelques semaines. Je prendrai ensuite des décisions. Les propositions du CSP ne sont qu’une contribution parmi d’autres. »
Onze collèges de la région sortent de la carte de l’éducation prioritaire. Que répondez-vous aux enseignants et parents en colère ?
« Face aux résultats mitigés de l’éducation prioritaire jusqu’à présent, nous n’avons pas fait le choix d’arrêter cette politique mais, au contraire, d’en renforcer les moyens tout en collant mieux aux réalités sociales et aux établissements qui en ont le plus besoin. Nous y consacrons 350 millions de plus pour un même nombre de réseaux : 1 082 REP pour 1 082 anciennes ZEP. Il fallait réactualiser cette carte qui ne l’avait pas été depuis 30 ans. »
Les critères sont-ils indiscutables ?
« Nous avons mis en place, pour la première fois, un indice social objectif comprenant quatre critères : la part d’élèves dont les parents appartiennent à des catégories socioprofessionnelles défavorisées, la part d’élèves boursiers, la part d’élèves arrivant en sixième avec un an de retard, et la part d’élèves résidant en quartier prioritaire de la ville. La convergence de la carte avec celle de la politique de la ville est aussi un objectif recherché. C’est sur cette base partagée, y compris par les organisations syndicales, que les établissements ont été identifiés. »
Cette carte peut-elle encore évoluer ?
« Il y a le schéma théorique et la réalité du terrain, c’est pour cela que j’ai demandé aux recteurs de conduire un dialogue avec les élus locaux pour affiner cette carte et me faire remonter leurs propositions. Mais il faut bien comprendre que, dans la mesure où le nombre de réseaux d’éducation prioritaire demeure inchangé, si aucun établissement ne sortait de la carte, aucun ne pourrait y entrer. Or l’objet de la réforme est bien d’avoir de nouveaux entrants. L’académie de Lille va compter 117 réseaux, soit 9 de plus qu’aujourd’hui. C’est la plus forte progression en métropole.
Et pour les établissements qui sortiront ?
« Je veux leur dire qu’ils n’ont pas d’inquiétude à avoir. Au-delà de l’éducation prioritaire, nous transformons aussi notre politique de répartition des moyens entre les établissements scolaires. Jusqu’à présent, ces dotations dépendaient uniquement du nombre d’élèves scolarisés. Dès mon arrivée au ministère de l’Éducation nationale, j’ai voulu changer cela car la lutte contre les inégalités scolaires ne peut reposer sur la seule éducation prioritaire. Les moyens des établissements seront fonction aussi des difficultés sociales, même pour les établissements hors éducation prioritaire. Ce ne sera donc plus tout ou rien !
Tags : Handicap, école inclusive
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