“Najat Vallaud-Belkacem VRP du Bac Pro” – Reportage du Progrès

Éducation nationale Publié le 6 septembre 2015

Retrouvez ici le reportage consacré par le Progrès de Lyon au lancement de l’année des 30 ans du Bac Pro par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

D’une pierre deux coups ! En 1985, le bac professionnel a concilié l’utile et la politique. Il répondait à la demande de la Fédération des industries électriques et électroniques, qui souhaite alors des techniciens mieux formés. La filière sollicite l’Éducation nationale. Celle-ci veut mener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat (on dépasse alors tout juste les 60 %). À la suite du CAP et du BEP, voilà le bac professionnel.

Inégalités scolaire et sociale

En trente ans, des attentes ont été comblées. Avec plus de 80 spécialités, il fournit des diplômés à de nombreuses branches professionnelles. Côté statistiques, il a assuré la mission. Trois bacheliers sur dix sont aujourd’hui issus de la voie professionnelle. Et depuis 2009, le cursus ne succède plus à deux ans de CAP ou BEP. Comme les autres bacs, il dure trois ans.

L’opération a donc réussi. Mais avec des limites. D’abord en ce qui concerne « l’égale dignité des filières » haut et fort clamée par le ministre Chevènement sur le berceau du bac pro. Trente ans plus tard, celles-ci restent très hiérarchisées. D’une part sur le plan scolaire 81 % des élèves en filière professionnelle ont au moins un an de retard, contre environ un quart dans la filière générale. D’autre part sur le plan social. Les statistiques du ministère de l’Éducation nationale le rappellent : les élèves des terminales générales sont deux fois plus souvent issus de familles socialement favorisées que ceux de terminales technologiques. Lesquelles comptent elles-mêmes deux fois plus d’élèves de familles favorisées qu’en terminales professionnelles.

Cette hiérarchie reste ancrée culturellement. Dans la tête de nombreux parents comme de nombreux enseignants, la filière professionnelle est dévalorisante. Jusqu’à encourager le redoublement en seconde générale pour ne pas « déchoir ».

Même l’institution a du mal à intégrer cette « égale dignité ». Ainsi, parmi les indicateurs officiels de la réussite scolaire, le taux d’accès à un baccalauréat général ou technologique et le taux d’accès à un bac professionnel étaient jusqu’à présent distincts. L’accès à la seconde générale reste un indicateur, notamment pour mesurer les performances des collèges et les classer, ou non, en éducation prioritaire.

Signe de cette égalité de papier, le bac professionnel a aujourd’hui du mal à répondre à un nouvel impératif… Alors qu’il devait, au départ, déboucher sur un travail, on lui demande désormais de contribuer à l’objectif des 50 % de jeunes diplômés du supérieur fixés par le Haut Comité éducation-économie-emploi en 2006.

Ici, les statistiques sont cruelles. Parmi les bacheliers professionnels qui s’engagent dans des études universitaires, seulement 3 % réussissent.

Retrouvez ici les principales annonces de la ministre en faveur du Bac Pro et de l’enseignement professionnel, en cliquant sur l’image :

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Reportage de Muriel Florin pour le Progrès de Lyon du Samedi 5 septembre 2015.

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