Discours et interventions lors de la signature de la convention Info Endométriose


Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a signé, lundi 27 juin 2016, une convention visant à mieux informer élèves et personnels de l’Éducation nationale sur l’endométriose, une maladie gynécologique, qui affecte une à deux femmes sur dix mais reste largement méconnue.

Grâce à cette convention signée avec Info Endométriose, représentée par le Dr Chrysoula Zacharopoulou et la comédienne Julie Gayet, « nous inciterons les jeunes filles qui ont des règles douloureuses à consulter le plus tôt possible », a précisé la ministre. Des affiches, flyers ou livrets seront distribués dans les établissements. Infirmières et enseignants seront formés. Les conseils de vie collégienne et lycéenne seront aussi associés.

Retrouvez ici le discours de la ministre lors de la signature de la convention, l’intervention du Dr Chrysoula Zacharopoulou et le témoignage de Natacha, lycéenne affectée par la maladie.


Retrouvez ici le discours de la ministre :

Madame la Présidente, chère Chrysoula,
Chère Julie,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,

Tout d’abord, je tiens à vous dire combien c’est un plaisir, pour moi, de vous retrouver toutes et tous. Nous nous étions rencontrés lorsque j’étais ministre des droits des femmes, il y a un peu plus de deux ans : vous étiez venus me remettre un manifeste intitulé « Endométriose : ouvrons les yeux », qu’à l’époque 5 000 personnes avaient signé et ce chiffre a, je crois, presque triplé par la suite.

Je m’étais alors impliquée à vos côtés dans la campagne d’information et de sensibilisation que vous avez portée auprès des professionnels et du grand public pour faire connaître et reconnaître cette maladie gynécologique qu’est l’endométriose.

Nous nous sommes revus le 8 mars dernier, au Trianon, lors d’un magnifique concert d’Imany qui, malheureusement, n’a pas pu être des nôtres aujourd’hui, mais qui porte elle aussi cette cause.

C’est aussi un plaisir de vous accueillir dans ce ministère, parce que je sais que votre combat porte ses fruits. Vous organisez une marche chaque année en mars, vous avez réalisé un clip, vous rencontrez les professionnels, bref, votre persévérance paie.

Au-delà de mon engagement personnel à vos côtés, c’est celui de l’institution scolaire dont je voulais vous assurer aujourd’hui.

J’emploie volontiers le mot de « combat » car oui, la reconnaissance de l’endométriose, c’est un combat pour les femmes et les jeunes filles.

Avec la loi de refondation de l’école de la République, nous avons voulu mettre la question de l’égalité au cœur des valeurs que notre Ecole doit transmettre aux jeunes générations. Et cette valeur de l’égalité, elle implique aussi nécessairement une culture du respect de soi et du respect entre filles et garçons.

Le 15 juin dernier, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes m’a remis son rapport sur l’éducation à la sexualité. L’éducation à la sexualité est un enjeu majeur pour les jeunes femmes et les jeunes hommes : elle permet de connaître non seulement le fonctionnement biologique du corps, mais de déconstruire les représentations négatives, les non-dits sur la santé sexuelle.

Elle est un moyen de lever des tabous, des préjugés qui peuvent être pour les jeunes filles et les femmes autant de complexes et de sentiments de culpabilité…

Nous sommes en 2016 et cependant, les maladies féminines restent encore tabous, invisibles, et leurs répercussions sur la vie des femmes sont sous-estimées

Les maladies qui touchent spécifiquement les femmes, et plus encore l’intimité des femmes, sont encore trop souvent négligées.

La souffrance au moment des règles ne doit plus être une fatalité. Une étude américaine qui vient de paraître – oui, qui vient seulement de paraître, en 2016 ! – et menée sur près de 3 000 femmes démontre, enfin, le rôle d’une protéine dans l’apparition du syndrome prémenstruel.

Je prendrai un autre exemple. Longtemps, la souffrance au moment de l’accouchement était considérée comme normale contre laquelle il ne fallait surtout pas agir. Aujourd’hui, tout est mis en œuvre pour soulager la douleur des femmes au moment de donner la vie. Et la vie qu’elle donne n’en est pas moins belle !

L’endométriose est une maladie qui atteint jusqu’à 20% des femmes en France et dans le monde. C’est considérable. Cette maladie chronique, dont les causes sont mal connues, occasionne chez 80% des femmes qui en sont victimes des règles très douloureuses, voire des souffrances permanentes. L’endométriose, c’est aussi la première cause d’infertilité chez les femmes.

Cependant, beaucoup ignorent encore de quoi il s’agit et cette méconnaissance a des conséquences graves, puisque les femmes qui en sont atteintes ne consultent pas assez tôt ou bien ne sont pas toujours prises au sérieux par leur entourage.

Les préjugés sont tenaces : les femmes seraient fragiles par nature, trop sensibles à la douleur. Souffrir, ce serait même « dans leur tête ». C’est encore un stéréotype contre lequel nous devons lutter car non, il n’est pas normal de souffrir.

Souvent, l’entourage dit à ces femmes, à ces jeunes filles : « ça va passer ».

Mais souffrir, c’est le signe qu’on est malade.

Souffrir, cela atteint l’estime de soi.

Souffrir, cela nuit à la vie quotidienne, professionnelle, sociale.

Et je crois que si c’était le quotidien des hommes qui était atteint, beaucoup se seraient mobilisés plus tôt contre l’endométriose !

C’est aussi le rôle des pouvoirs publics de soutenir l’action d’associations comme les vôtres pour que cette maladie soit mieux connue et prise en charge.

Vous le savez, la société demande beaucoup et attend beaucoup de l’Ecole. Cela ne rend pas notre vie facile tous les jours…. Mais c’est aussi une chance, et notamment celle de pouvoir compter sur l’intervention à nos côtés des associations et des citoyens eux-mêmes prêts à s’investir pour accompagner les élèves à devenir les citoyens éclairés dont notre pays a besoin.

Beaucoup d’associations et d’intervenants s’engagent avec l’école et dans l’école ; beaucoup partagent avec nos professionnels de l’expertise et des interventions auprès des élèves.

Cette collaboration est une précieuse richesse pour l’école et vous savez que beaucoup de nos projets depuis 2012 vont dans le sens de ce partenariat ; avec l’initiative du président de la république, la France s’engage, nous avons trouvé des partenariats innovants entre l’Ecole et de nombreuses associations ; avec la réserve citoyenne de l’éducation nationale, j’ai voulu donner un nouveau cadre au travail entre nos enseignants et les citoyens engagés.

Il était donc temps de conclure avec vous, chère Chrysoula, ce partenariat pour que votre association nous accompagne dans ce travail essentiel de sensibilisation des élèves et des personnels de l’éducation nationale.

Cette convention s’inscrit dans les actions globales de promotion de la santé en milieu scolaire. Elle contribuera à ce que les élèves prennent en charge leur santé de façon autonome et responsable.

A la rentrée 2016, le « parcours éducatif de santé » se déploiera dans les écoles, collèges et lycées. L’ensemble des personnels scolaires travailleront ensemble via, en particulier, les enseignements pratiques interdisciplinaires au collège. L’un d’entre eux s’intitule « Corps, santé, bien-être, sécurité ». l’action de votre association pourra bien sûr avec ce partenariat y prendre toute sa place.

Je parlais tout à l’heure de l’éducation à la sexualité. J’ai souhaité qu’elle soit incluse dans ce nouveau parcours qui concerne la protection, la prévention et l’éducation à la santé. L’information sur l’endométriose y sera un point de passage obligé.

Avec cette convention, nous pourrons agir à trois niveaux au moins.

Tout d’abord, nous inciterons les jeunes filles qui ont des règles douloureuses à consulter le plus tôt possible, à ne pas avoir honte d’en parler.

Ensuite, nous distribuerons des ressources aux personnels de santé scolaire, je pense en particulier aux infirmiers et infirmières, qui sont présents dans tous les collèges et lycées, mais je pense aussi aux enseignants. Nous associerons à cette sensibilisation les élèves eux-mêmes dans les conseils de vie collégienne et lycéenne.

Enfin, les personnels seront formés par des intervenants qualifiés issus du monde associatif et médical. Le séminaire « éducation à la sexualité » de l’Ecole supérieure de l’éducation nationale sera un cadre parmi d’autres.

Que ce soit au niveau national ou académique, les formations mises en place sont de plus en plus transversales : enseignants de différentes disciplines, cadres de l’éducation nationale, associations et institutions partenaires de l’École travaillent de concert.

Il ne faut jamais en douter, une école ouverte à ses partenaires locaux, c’est une école qui peut faire plus pour ses élèves et qui enrichit le travail des personnels, leur apporte des ressources essentielles.

Parce que les problématiques de santé jouent sur le bien-être et la réussite des élèves, filles et garçons, l’École doit faire en sorte que tous et toutes se sentent bien.

Je pense évidemment à ces jeunes filles que la douleur et la honte pouvaient paralyser. Ce sont pour elles que vous vous êtes engagés. Ce sont pour elles et pour donner à tous les élèves les meilleures conditions de vie et d’apprentissage que ce ministère sera désormais pleinement à vos côtés.

Vous l’avez compris, mon engagement en faveur de votre cause est total et je souhaite vous féliciter, vraiment parce que je sais le combat que cela représente, chère Chrysoula, chers amis, pour ce travail formidable que vous avez mené ces derniers temps.

Je vous remercie.

 

Najat Vallaud-Belkacem,
ministre de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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Droits des femmes Éducation nationale Publié le 27 juin 2016

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