Continuer le combat à gauche

Éditos À la une Publié le 12 décembre 2016

La décision du Président de la République de ne pas se représenter en mai prochain a ouvert une nouvelle page à gauche, et dans l’histoire politique de notre pays.

Plaçant l’intérêt de la France au-dessus de toute considération personnelle, François Hollande a donné un sens à sa décision en appelant à un large rassemblement de la gauche, condition de la victoire à la prochaine élection présidentielle.

Nous ne pouvons pas nous résoudre à voir notre pays sacrifier ses services publics, renoncer à la solidarité nationale, et se replier sur lui-même. Je refuse la désunion et la discorde dans ma propre famille politique, tout autant que l’abandon et la destruction de notre maison commune, celle du progrès social, économique, culturel, européen, démocratique et environnemental. Je ne peux pas me résigner à voir François Fillon ou Marine Le Pen l’emporter en mai prochain, l’un pour détruire notre modèle social, l’autre pour abimer la République, et dans tous les cas, faire reculer la France.

Depuis le début de mon engagement politique au lendemain du 21 avril 2002, j’ai toujours veillé à apporter à la gauche des idées et des solutions nouvelles, et jamais, je crois, de problèmes supplémentaires par ambition personnelle, ou calcul politique. Je resterai fidèle à cette ligne de conduite, en militante libre, pour assumer ma part dans la reconstruction et le rassemblement de la gauche, sans renoncer à faire valoir mes idées dans un débat qui n’est pas écrit à l’avance.

Le contexte, inédit, suscite des interrogations, des doutes, voire du désarroi dans les esprits. C’est pourquoi j’appelle tous les futurs électeurs de la primaire à gauche à ne pas se tromper d’enjeu dans les jours et les semaines qui viennent.

L’enjeu, c’est aujourd’hui de choisir le candidat qui sera notre candidat à l’élection présidentielle, dans un rassemblement qui ira très au-delà de nos différences de sensibilité qui, aujourd’hui, nous maintiennent sans excuse dans la division et l’impuissance, et risquent de nous condamner à une défaite impardonnable.

L’enjeu, c’est d’élargir la gauche pour convaincre, demain, une majorité de Français. Ce rassemblement ne viendra pas d’en haut et ne se fera pas tout seul : nous devons toutes et tous y contribuer dès maintenant à partir de ce que nous sommes, de nos valeurs et de nos convictions, en privilégiant l’essentiel, la France.

J’ai entendu tous les candidats à la primaire. Je partage avec eux un certain nombre d’analyses et de propositions.

Mais à l’heure du choix, seul l’un d’entre eux me semble en capacité d’incarner le sursaut souhaité par le président de la République. Seul un candidat me semble avoir l’expérience de l’État, forgée dans l’épreuve, qui permet de construire  et de porter un projet dans lequel nous pourrons nous retrouver lorsqu’il faudra mener ensemble la campagne présidentielle, puis gouverner : Manuel Valls.

Il ne s’agit pas de rallier un homme, un parti, un courant, un clan ou une tendance, il s’agit de prendre sa part dans une dynamique collective d’union de toutes les gauches. Je sais que dans les débats d’hier, Manuel Valls a suscité des désaccords.  Moi, la première, j’ai eu l’occasion de dire mes différends, et j’ai pu éprouver, à chaque fois, sa sincérité dans le dialogue et la volonté de respecter la décision collective. La campagne qui s’ouvre permettra de lever les malentendus, de dépasser ces désaccords et de bâtir une offre politique fédératrice à gauche, je compte bien y contribuer.

Manuel Valls est surtout l’héritier de ces femmes et hommes de gauche qui ont le courage d’assumer jusqu’au bout l’exercice du pouvoir et ses difficultés en faisant la preuve, en actes, de la force de leurs convictions. C’est la gauche dans laquelle je me reconnais : pas seulement un lieu de contestation, mais aussi une force de transformation de la société, au service du progrès social et des valeurs de la République.

J’ai toujours pu compter sur son soutien, politique et personnel. Sans lui, nous ne serions pas allés aussi loin  dans le  recrutement, la formation et la revalorisation salariale des enseignants ; dans les mesures contre la précarité des jeunes à l’entrée du marché du travail ; dans  l’augmentation des budgets de l’éducation, de l’université et de la recherche ; ou encore dans l’engagement de l’État pour la sécurisation des écoles.

Pour moi, c’est donc le choix de la responsabilité, car je veux assumer, devant les électeurs et les citoyens, l’action menée depuis 5 ans au service du pays dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault, de Manuel Valls, et aujourd’hui de Bernard Cazeneuve.

J’ai travaillé avec la plupart des candidats actuels à la primaire, mais aussi  avec des écologistes, des radicaux, des communistes et tant d’autres femmes et hommes qui se reconnaissent sans ambiguïté dans les valeurs de la gauche. J’en suis fière, et je veux pouvoir continuer à le faire demain en contribuant à remporter la prochaine élection présidentielle, grâce à un projet fédérateur, à nos valeurs et à notre détermination à convaincre une majorité de Français.

Créer les conditions du rassemblement et de la victoire de la gauche contre la droite et l’extrême-droite, c’est le seul enjeu de l’élection qui se tiendra les 22 et 29 janvier prochains. Il n’y en a pas d’autre.

Najat Vallaud-Belkacem

Tribune publiée sur L’Obs.

 

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2 commentaires sur Continuer le combat à gauche

  1. Hassan

    Ce n’est pas parce ce que le Président de la République a nommé et fait nommé, dès son investiture et cours de son mandat, la parité, l’expérience, la jeunesse, la mixité, la compétence,…que la réalité de tout un peuple prévalut sur chaque circonstances, jusque sans s’indigner, qu’il existe sans force paradoxale, des besoins sans faim…

    En fait, certaines critiques ne souffrent d’aucuns devoirs, et d’autres d’aucunes mémoires, mais la plus belle s’en évite tellement…

    Bien à Vous…

    Merci…

  2. Ricercar

    Voilà plus de 4 ans qu’on vous avertit que vous allez droit dans le mur. Mais vous n’avez pas écouté les doléances de professeurs et avez imposé de force votre réforme du collège. À présent, vous pouvez toujours agiter l’épouvantail de l’extrême-droite ou de Fillon : il est trop tard, et il est désormais l’heure de payer l’addition.

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