Najat Vallaud-Belkacem est élue présidente de France terre d’asile

Réfugiés Publié le 4 juillet 2022

Lors de son assemblée générale du 2 juillet 2022, France terre d’asile a renouvelé assez largement son conseil d’administration, avec l’arrivée de Joël DESSAINT, ancien directeur financier de la CNAM, de Sylvie GUILLAUME, membre du Parlement européen, spécialisée dans les questions d’asile et de migration, de Béatrice MARRE, ancienne préfète, d’Yves PASCOUAU, expert des politiques migratoires européennes et nationales, de Michel PELENC, spécialiste des questions de l’habitat social, de Jean-Maurice RIPERT, ancien ambassadeur, de Bruce ROCH, spécialiste des questions d’insertion professionnelle, de Najat VALLAUD-BELKACEM, ancienne ministre, directrice France de l’ONG ONE, de Christian VIGOUROUX, président de section honoraire au Conseil d’Etat.

Temps fort de ce rendez-vous: l’élection de Madame Najat Vallaud-Belkacem à la présidence de l’association, qui prend le relais de Thierry Le Roy  après 6 ans passés par celui-ci à la tête de France terre d’asile. Ce dernier aura notamment développé le plaidoyer sur la politique de l’asile au niveau européen, et sur la question de Calais, et renforcé l’intégration de l’association dans son réseau européen. Il a eu enfin à assurer les successions à la tête de l’association et de ses instances.

Najat Valllaud-Belkacem est une femme d’engagement. Responsable politique, locale et nationale, pendant près de 15 ans, elle a ces dernières années poursuivi cet engagement sous une forme nouvelle, au service des populations les plus vulnérables. Directrice France de l’ONG ONE, une ONG internationale au service de la lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables dans le monde, elle est également investie auprés des réfugiés à travers le Tent Partnership for Refugees dont elle préside depuis 4 ans le Conseil strategique. Tent est une fondation qui mobilise les grandes entreprises du secteur privé pour qu’elles accueillent en emploi des réfugiés dans leurs pays d’installation. 

Thierry Le Roy a ainsi commenté l’arrivée de sa successrice : « Najat Vallaud-Belkacem est une femme de convictions et de valeurs. Elle a bien sûr l’expérience des responsabilités et une connaissance étroite du fonctionnement de l’Etat et des collectivités locales. Mais au-delà,  par ses choix de ces dernières années, toujours tournés vers l’appui aux plus vulnérables, elle s’est enrichie d’une vision globale des désordres et dysfonctionnements du monde, d’une connaissance précise des acteurs et réponses européennes et internationales à mobiliser, d’une véritable capacité de plaidoyer sur des sujets arides, et enfin d’une vraie culture des mobilisations et activismes de notre temps. France terre d’asile bénéficiera grandement de ses idées, de sa perspective et de sa conduite stratégique.»

Pour sa part, Najat Vallaud Belkacem a souligné : « Rares sont les acteurs qui, à ce point, vous inspirent le respect : France terre d’asile, c’est 50 ans de défense, jamais prise en défaut, de ceux que le sort a contraint à quitter leur terre pour chercher asile ailleurs. 50 ans d’accueil, d’information, d’orientation, d’hébergement, d’accompagnement psychologique d’individus exténués, traumatisés, confrontés depuis si longtemps à un milieu hostile. Et parmi eux tout particulièrement les mineurs isolés étrangers. C’est par leur sort, par la révolte permanente face à l’instrumentalisation qui est faite dans le débat public de ces vulnérables parmi les vulnérables, que j’en suis venue à regarder et admirer le travail de France terre d’asile. C’est pour moi aujourd’hui un immense honneur que de présider aux destinées de cette association. »

Très honorée de la confiance qui m’est accordée et fière d’être élue aujourd’hui Présidente de France terre d’asile. Immense gratitude à mon prédécesseur Thierry Le Roy, bienvenue aux nouveaux administrateurs, et merci et bravo aux 1100 salariés sans lesquels rien ne serait possible. C’est un privilège pour moi d’accompagner les pas de cette association majeure. D’œuvrer pour l’une des causes les plus évidentes et âpres de notre temps: que faire des exilés, des privés de patrie, des forcés de partir? Qu’ils fuient l’Ukraine, l’Afghanistan ou le Soudan?

Le droit d’asile, si souvent remis en cause de nos jours, a besoin qu’on se mobilise pour lui. Nul n’est à l’abri d’avoir un jour, à son tour, besoin de sa protection. Aujourd’hui pour fuir la misère, un conflit, la folie des hommes. Demain peut-être simplement pour trouver de l’eau.

L’enfance a besoin qu’on la protège. Qu’elle ait la chance de s’épanouir dans un foyer stable et sécurisé, ou qu’elle soit ballottée par les événements et les tragédies au point de finir en exil, livrée à l’errance. Car c’est bien de cela que l’on parle derrière ce terme « mineurs isolés étrangers » devenu comme une insulte et la soi disant « source de tous nos maux » d’après des tracts et des voix de plus en plus nombreuses dans le débat public. Quelle politique publique conduire pour les sortir des campements de fortune et leur offrir des perspectives de vie? En France, en Europe, dans le monde, que faire pour être dignes de notre mission fondamentale d’accueil et donc de notre condition d’Homme avec un grand H? Pour que plus jamais ne se reproduisent les événements tragiques et la vision d’horreur de Melilla? Pour que notre mer Mediterranée cesse d’être une fosse commune? Pour que les vies des exilés cessent d’être quantité négligeable?

Améliorer l’accueil, défendre le droit de chacun à une vie digne, promouvoir le respect des droits de l’homme, élever le débat et les politiques publiques grâce à une expertise et des compétences. Voilà le rôle de France terre d’asile. Et pourquoi j’ai accepté cette belle mission.

Najat Vallaud-Belkacem, 2 juillet 2022

Crédits photo LP/Delphine Goldsztejn