Accueil des réfugiés : vers un nouveau standard ? Tribune dans l’Humanité

France terre d'asile Publié le 18 janvier 2023

L’expérience avec les Ukrainiens démontre que nous pouvons mettre en oeuvre un accueil digne de tous les réfugiés. Reste la volonté de le faire.

La politique migratoire et le droit d’asile seront au cœur de deux échéances majeures le mois prochain. Le projet de loi sur l’immigration du gouvernement français tout d’abord, puis le sommet européen extraordinaire de février dont un des objectifs sera de faire avancer l’adoption d’un pacte sur la migration et l’asile, d’ici le printemps 2024.

Je ne fais pas partie de ceux qui minimisent l’enjeu de ces rendez-vous politiques et diplomatiques : nous n’avons pas le luxe de nous décourager, il faut saisir chaque occasion de faire progresser les conditions d’accueil et d’intégration des réfugiés, et plus généralement le droit des étrangers.

Avec France Terre d’Asile et les associations du secteur, nous avons pris part à la consultation organisée dans le cadre de la préparation du projet de loi. C’est notre rôle, nous l’assumons dans un état d’esprit constructif et volontaire. Jusqu’ici, c’est malheureusement la déception qui domine avec un texte qui se contente de durcir les procédures d’asile et les droits des étrangers et des mesures largement insuffisantes sur l’intégration.

L’espoir, sans naïveté, se fondait pourtant sur le succès d’une approche nouvelle, la réussite d’une expérience inédite en matière d’accueil des réfugiés au cours de ces derniers mois. Je pense évidemment à la guerre en Ukraine et à la manière dont la France et les pays européens ont géré ses conséquences migratoires massives. En ce mois de janvier 2023, ce sont en effet près de 5 millions de personnes ayant fui l’Ukraine en guerre qui bénéficient d’une protection temporaire dans l’Union Européenne. La France n’est certes pas en première ligne avec quelques 100 000 personnes accueillies sur son sol, mais elle a mis en œuvre un standard d’accueil de haut niveau avec des procédures et des coopérations entre les administrations et la société civile dont nous avons salué l’ambition et l’efficacité opérationnelle.

Autorisation provisoire de séjour accordée immédiatement dans la plupart des situations, accès sans délai aux droits effectifs ou à l’exercice d’une activité professionnelle, prise en charge médicale sans carence quand elle est de 3 mois pour les autres demandeurs… Et surtout ce tour de force : pas un ukrainien sous une tente quand des milliers de demandeurs d’asile primo-arrivants continuent de faire l’expérience de la rue au début, voire pendant toute leur procédure.

Pourquoi ne jamais tirer les leçons des expériences lorsqu’elles sont positives ? Nous savons désormais que tout cela est possible à mettre en œuvre, quasiment d’un jour à l’autre, sans autre condition que de simplement vouloir le faire. Le tout, dans un contexte de débat public et médiatique apaisé, objectif, rigoureux. Loin des passions mauvaises et postures politiques qui créent les indésirables.

Récemment la cour de La Haye saisie au sujet de l’hébergement proposé pour les personnes exilées aux Pays-Bas a appelé l’État à traiter les personnes déplacées de pays tiers avec les mêmes standards que les personnes en provenance d’Ukraine.

Nous ne voyons pas ce qui s’oppose à ce que nous exigions la même ambition pour la France.

Tribune pour le journal L’Humanité, publiée le mardi 17 janvier 2023.

Un commentaire sur Accueil des réfugiés : vers un nouveau standard ? Tribune dans l’Humanité

  1. Afeke yao sémanou

    Bonsoir madame Najat comment vous allez? moi je suis un jeune Togolais et je voudrais m’entrenir avec vous

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