Rendons hommage, ensemble, aux combattants de la 1ère guerre mondiale

Ce lundi 10 novembre 2014, Najat Vallaud-Belkacem a rendu hommage aux combattants et aux victimes de la première guerre mondiale et de la seconde guerre mondiale, à nos morts en réunissant l’ensemble de son cabinet, le Recteur de Paris, les inspections générales et directions centrales du Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Retrouvez ici le discours d’hommage aux combattants.

20141110-24-WEB-EducNumMadame la Ministre,
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Doyen de l’Inspection générale,
Monsieur le Chef de service de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche,
Monsieur le Recteur,
Mesdames et messieurs les Directeurs,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes en avril 1915. La première bataille de Champagne vient de s’achever, se soldant par un échec. La première bataille d’Artois va bientôt débuter. Rien ne laisse prédire, alors, que la France sortira vainqueur de cette première guerre mondiale, ce conflit d’une violence et d’une ampleur inédites, puisque près d’ 1,4 millions de soldats français et coloniaux y mourront pour la France, sans compter ceux morts de maladie.

Nous sommes en avril 1915. 42 mois nous séparent encore de l’armistice du 11 novembre, qui marquera la fin de la Première guerre mondiale. 42 mois avant que les cloches ne sonnent dans les villages. 42 mois avant que sur le front, les clairons ne sonnent le cessez-le-feu et que la Marseillaise que nous venons d’entendre ne s’élève depuis les tranchées.

Nous sommes en avril 1915 et Guillaume Apollinaire écrit à sa bien-aimée : « Ma Lou, je coucherai ce soir dans les tranchées ». Par ses mots, qui raisonnent encore en nous alors qu’était remis vendredi dernier le 76ème prix Apollinaire, le poète mêle l’amour et la guerre ; un enchevêtrement d’intime et de collectif qui ne cesseront de se mélanger dans cette guerre jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918 que nous célébrons aujourd’hui.

Oui mais, me direz-vous, commémorer l’armistice du 11 novembre a-t-il encore un sens près de 100 ans après ? Après tout, c’était il y a longtemps.

Ma réponse, vous la connaissez : oui, commémorer l’armistice du 11 novembre 1918 a bien évidemment encore un sens, année après année.

Commémorer l’armistice a encore un sens parce que la terre de France porte encore en elle les stigmates du conflit. Elle les porte à travers ses paysages qui en conservent les meurtrissures. Je pourrais citer la Somme, la Lorraine ou le Pas-de-Calais. Des villages entiers ont parfois été rasés et dû être totalement reconstruits. L’architecture de ces villages en témoigne encore. Le nombre impressionnant de cimetières militaires que comptent certaines régions est aussi une trace très forte de la violence des combats et de la manière dont les populations et les territoires ont été marqués.

Les familles françaises et coloniales portent elles aussi encore les stigmates du conflit. Evoquer la mémoire de la première guerre mondiale ne se limite pas à refaire la chronologie des faits. Evoquer cette guerre, c’est aussi s’intéresser aux hommes et aux femmes qui l’ont traversée. C’est essayer de comprendre qui a fait la guerre. Beaucoup d’entre nous ont en tête, lorsqu’ils pensent à ce conflit mondial, des figures de vieillards. Certains ont connu un arrière-grand-père qui a fait Verdun, une grand-mère ou une arrière-grand-mère veuve qui ne s’est jamais totalement remise de la perte de l’être aimé. Pourtant, rappelons-le, ce ne sont pas des vieillards qui sont partis pour le front. C’est une génération entière de jeunes. Une génération passée par les bancs de notre école, puis en partie décimée. Plus d’un quart des 18-27 ans qui ne verront jamais l’année 1919. Et n’oublions pas que certains, parmi eux, avaient l’âge de nos lycéens.

Notre pays reste encore marqué par la première guerre mondiale, enfin, parce que la guerre a transformé et façonné la société dans laquelle nous vivons. Notamment les relations femmes-hommes, sujet pour lequel, vous le savez, j’ai un intérêt certain. Car la guerre dont l’armistice du 11 novembre sonne la fin, c’est aussi celle des femmes de l’arrière. Ces femmes qui ont littéralement porté le pays à bout de bras pendant que les hommes étaient au combat. Ces femmes qui ont labouré les champs, repris l’entreprise familiale, élevé seule les enfants. Leur place dans la société, après cette guerre qui fût avant tout pour elles une terrible épreuve, ne sera plus jamais la même.

Cette mémoire, c’est le rôle de l’école de la transmettre. C’est le rôle de l’histoire. C’est ce que font chaque année les enseignants avec exactitude et passion. Je les en remercie.

Cette mémoire est importante, parce qu’elle rappelle aux élèves que l’équilibre dans lequel nous vivons est fragile et qu’il n’a rien de garanti. Elles les incite à la vigilance.

Elle les aide à comprendre une épreuve qui engagea l’ensemble de la société française.

Elle leur apprend aussi le fait de rendre hommage. Hommage à nos ancêtres, à ce qui vécurent la guerre et à ceux qui y périrent. Alors rendons hommage, ensemble, aux combattants de la première guerre mondiale.

Cette mémoire du conflit doit aussi être, pour les élèves, porteuse d’un message de paix en Europe et avec le reste du monde. Je souhaite que ce message de paix les aide à aborder sereinement la construction d’un avenir commun avec les jeunes des autres pays.

***

Terminons, si vous le voulez bien en ayant une pensée, également, pour les étudiants et les lycéens, et notamment les lycéens martyrs du lycée Buffon, qui manifestèrent le 11 novembre 1940 pour protester contre l’interdiction qui leur était faite de commémorer l’armistice de la première guerre mondiale.

Certains, pour célébrer cet armistice, ont perdu la vie. Alors oui, cette commémoration a un sens. Aux Antoine, Georges, Alphonse, Edmond, Auguste morts pour la France. Aux jeunes des troupes coloniales morts pour la France. Rendons hommage.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

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Photos © Philippe Devernay / MENESR

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3 commentaires sur Rendons hommage, ensemble, aux combattants de la 1ère guerre mondiale

  1. sebbata

    Je ne vois pas pourquoi l’hommage aux soldats africains est encore timide!!!
    Depuis cette tribune Facebookienne je rappelle d’une manière solennelle que la victoire de la première guerre mondiale est en partie grâce aux soldats Africains
    Et pour entériner cela j’ai 2 propositions: mettre cette réalité historique dans les livres scolaires et que les élus n’oublient pas d’aller rendre hommage à ces soldats africains enterrés dans les cimetières Françaises

Commentaires fermés.