Logement : la dernière mesure du Président.

Éditos Publié le 6 mars 2012

Le Parlement doit donc adopter aujourd’hui par un dernier vote de l’Assemblée, et malgré l’opposition de la gauche, le projet de loi voulu par Nicolas Sarkozy dans l’urgence de son entrée en campagne visant à augmenter de 30% les droits à construire pendant trois ans. Une mesure improvisée à moins de 50 jours de l’élection dont la seule vertu est peut-être de montrer aux Français la faiblesse du bilan comme du projet du candidat sortant, alors qu’en matière de logement, il y a péril en la demeure…

N’était-ce pas le même Nicolas Sarkozy, pourtant, qui s’était engagé, dès le début de son mandat, en décembre 2007, « à faire en sorte que tout Français ait accès à un logement décent, à un toit » ?  lui encore qui avait promis de « parvenir à un rythme de construction de 500.000 logements neufs chaque année et à mobiliser toutes les forces pour y parvenir » ? Lui toujours qui vendait du rêve aux Français en leur promettant de devenir propriétaires de leurs logements ? 57% de propriétaires en début de mandat, 57,8% en fin de mandat, et ce malgré de couteuses mesures fiscales…

Faute d’avoir construit suffisamment de logements et d’hébergements sociaux, en baissant de 60% les aides de l’État aux bailleurs sociaux, la France compte désormais 700.000 personnes dépourvues de logement personnel et 133.000 sans domicile fixe. Les dépenses liées au logement occupent une part de plus en plus grande et désormais insoutenable dans le budget des Français les plus modestes, qui sont aussi souvent ceux qui souffrent le plus de la précarité énergétique. C’est la Fondation Abbé Pierre qui a souligné la réalité d’un échec : 3,6 millions de nos compatriotes sont désormais « non ou très mal logées » contre 3,2 millions en 2007.

Qu’attendre, dans ces conditions, de la proposition de Nicolas Sarkozy, improvisée début janvier, combattue par le Sénat et qui revient aujourd’hui devant l’Assemblée, que “toute maison” et “tout immeuble” pourront donc s’agrandir jusqu’à 30% de leur superficie pour tenter de faire face à la crise du logement?  Pas grand chose si ce n’est que la mesure, peu efficace, complexe à mettre en œuvre, risque d’encourager la spéculation, de renchérir encore le prix des terrains et des immeubles, et de rendre le logement plus inaccessible encore aux Français, tout l’inverse de ce qu’il convient de faire.

Il est urgent de refonder une politique de logement juste et efficace qui permette de proposer des logements décents, en accession ou en location, à l’ensemble de la population. Une politique du logement qui favorise les parcours résidentiels en offrant au plus grand nombre davantage de liberté de choix et qui garantisse la mixité sociale.

Cette politique doit s’inscrire dans une vision de l’aménagement urbain globale et concertée. Il faut réinventer nos villes, lutter contre l’étalement urbain, densifier le bâti, tout en y réintroduisant des espaces verts et des lieux de vie.

Cette politique, c’est celle que propose aujourd’hui François Hollande qui s’engage pour la construction de 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants, grâce au doublement du plafond du livret A. C’est celle de François Hollande qui pour faire face à la pénurie de foncier, s’engage à mettre gratuitement à disposition des collectivités locales les terrains détenus par l’État dans un délai de 5 ans. C’est celle de François Hollande, encore, qui s’engage à porter de 20 à 25% le taux de logements sociaux prévu par la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU), tout en majorant les sanctions qui seront multipliées par 5. Cette politique, c’est celle de François Hollande, enfin, qui s’engage, à rebours de la politique trop complaisante à l’égard de la spéculation immobilière, pour les zones où les prix sont excessifs, à encadrer les loyers des premières locations ou relocations.

Il est temps de remettre la justice au cœur des enjeux du logement, de trouver un rapport équilibré entre les intérêts des propriétaires et des locataires, entre le droit de la propriété et le droit au logement. Tel est le sens de l’engagement de François Hollande.

Alors, faut-il vraiment renouveler le bail d’un président qui laisse la maison France les murs écaillés, la moquette tâchée, la robinetterie cassée, avec des impayés de loyer ? Je crois plutôt que le moment de redresser la France est venu: pour la politique du logement aussi, le changement, c’est maintenant.

 

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2 commentaires sur Logement : la dernière mesure du Président.

  1. HEYERE

    Tout à la drenière minute, comme un rendu en retard…à la copie de l’élève UMP…
    Est-il envissageable pour le parc privatif et pour la réabilitation BBS, et si l’état des lieux à cette mesure donne une mise en oeuvre dispendieuse, une possibilité d’une “prime à la démolission reconstruction”, cela rajeunirait serieusement tous ce parc entre autre, mesure adosser au locatif modérer sur N+x du bail social pris en compte des loyers HLM pratiquer sur le secteur ?

  2. Cecile

    Le logement … Il y a tant a faire !!
    C’est un des enjeux des prochaines années .
    Il va falloir faire vite et bien , et avec une vision d’avenir.

    Ton edito est tres explicite ! Le logement est un enjeu actuel et d’avenir.

    Je reviens d’ailleurs d’une formation (dans le cadre des conseils de quartier), qui est liée au PLU , car celui ci va être révisé, “remodelé” . Et franchement il va falloir être visionnaire tout en prenant en compte beaucoup d’éléments (mixité , population vieillissante, renouvellement énergétique, logements sociaux , équipement …etc. ) c’est très intéressant et chacun doit pouvoir se loger dignement de façon
    Égalitaire . (l’accès a la propriété doit être impulsé, ..)
    De plus il va aussi être urgent d’aider a rénovation des anciens logements …bref beaucoup a faire !

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