Carnet de bord #3: Empowerment à la française

Éditos Publié le 8 octobre 2012

Capture d’écran 2012-10-13 à 15.41.22Lors de mon dernier billet, j’étais revenue ici sur mon engagement pour l’égalité et la lutte contre les stéréotypes à l’école, après les annonces faites en commun avec Vincent Peillon dans un lycée professionnel de Seine-et-Marne. La semaine dernière s’est achevée à Argenteuil avec François Lamy, Ministre délégué chargé de la Ville. Une illustration du travail collectif réalisé avec tout le gouvernement, dans tous les territoires, pour faire progresser les droits de toutes les femmes.

A Argenteuil comme dans tous les quartiers populaires en périphérie de nos grandes villes, les femmes ont les mêmes droits qu’ailleurs, les mêmes aspirations qu’ailleurs. Mais sans aucun doute aussi, plus de difficultés qu’ailleurs. Ces territoires cumulent plus de difficultés, il faut bien le dire, parce que la République a beaucoup reculé : elle a failli à de nombreuses promesses, dont celle d’égalité des chances, d’égalité des opportunités. C’est pourquoi ces territoires trop longtemps délaissés sont une priorité des dispositifs du gouvernement : les emplois d’avenir, les emplois francs, et demain la banque publique d’investissement, ou les contrats de génération.

En période de crise, les inégalités de sexe ne sont pas à prendre à la légère, et dans les quartiers populaires, comme ailleurs, et peut-être plus qu’ailleurs, l’accession des femmes à plus d’égalité est non seulement une exigence républicaine, une question de justice sociale, mais aussi une opportunité de progrès de cohésion pour tous, un impératif économique : l’égalité femmes – hommes est vectrice de croissance et de progrès.

Aux Etats-Unis, Barack Obama@ l’a compris. Le Community Program Advantage, qui prévoit un système de garantie de prêts pour les créatrices d’entreprises issues des quartiers défavorisés, est par exemple un des axes structurants du plan de relance américain. Nous allons nous en inspirer en développant un programme d’aide à la création d’entreprise comme le Fonds de Garantie pour l’Initiative des Femmes dont les moyens seront pour partie orientés vers les quartiers prioritaires et seront renforcés via un soutien de l’Union européenne.

Dans ces quartiers, le problème central aujourd’hui est l’emploi. Et dans l’emploi, en particulier celui des femmes. Près d’un tiers des femmes âgées de 25 à 59 ans en Zus est inactive, et ce chiffre augmente de près de 3 % par an depuis 2010. Il est nécessaire de prendre des mesures pour que les femmes retrouvent l’autonomie financière, clé de l’émancipation. Nous introduirons une “clause d’impact sur l’égalité femmes – hommes” dans toutes les actions financées par l’Etat dans ces territoires. Cela signifie concrètement que pour chaque action menée dans les quartiers, une exigence de mixité sera appliquée. Cela commence dès demain avec la mise en place des emplois d’avenir et des emplois francs.

Le vivre ensemble, le respect de l’autre ne peuvent en effet prospérer que dans une société qui se donne pour culture la mixité. C’est pour cette raison que le degré de mixité des actions conduites dans les quartiers doit progresser. L’incitation ne suffit pas, il nous faut en faire un critère des subventions octroyées. Il nous faut aussi adapter l’offre et les lieux d’activité et garantir dans l’animation un équilibre de représentation entre femmes et hommes.

L’école est un formidable vecteur pour faire vivre l’idéal de mixité dès le plus jeune âge. Le ministre de l’Education nationale a commencé à s’y engager avec ¼ des postes supplémentaires lors de la rentrée scolaire réservés aux écoles des quartiers. Allons plus loin, et introduisons dans tous les programmes scolaires une sensibilisation particulière à l’égalité filles -garçons dès le plus jeune âge.

Nous devons également concevoir de nouvelles protections en donnant la parole aux femmes sur la conception de l’espace public et les enjeux de sécurité. Les élus locaux et les forces de police seront ainsi alertés, formés et sensibilisés. Ils entendront la parole des femmes victimes de violences, dans la rue ou dans l’espace privé.
L’égalité femmes – hommes passe enfin par une répartition équilibrée du pouvoir. C’est vrai à l’Assemblée Nationale, dans les collectivités locales et dans les territoires. Nous agirons pour renforcer la capacité d’agir des femmes des quartiers en difficulté. Il s’agit de leur redonner le pouvoir dans les quartiers. Nous devons encourager les femmes qui font d’ores et déjà vivre les quartiers, à la tête d’une association, d’entreprises, de nombreuses initiatives : elles sont de véritables leaders, et doivent être reconnues comme telles, notamment dans le monde associatif.

L’essor des quartiers, économique, social, culturel, passera par celui des femmes qui y habitent: si nous comptons sur elles, elles peuvent aussi compter sur nous pour avoir les moyens de jouer ce rôle, de reprendre la parole et le pouvoir d’agir.