Ce lundi 14 octobre, j’étais invitée à débattre à l’Université Columbia de New York avec l’universitaire et diplomate américaine Anne-Marie Slaughter, au cours d’une conférence qui portait sur les droits des femmes et plus particulièrement sur l’articulation des temps de vie et l’égalité professionnelle.
En publiant, en juillet 2012, une tribune au succès foudroyant, Anne-Marie Slaughter a “défrayé la chronique” et a crée un large débat. Titrée “Why Women Still Can’t Have it All” (« Pourquoi les femmes ne peuvent toujours pas tout avoir » ), cette tribune expliquait comment Anne-Marie Slaughter avait dû renoncer à son poste à très haute responsabilité au sein de la diplomatie américaine. Tout simplement parce qu’elle n’arrivait plus à concilier une vie professionnelle particulièrement intense et l’éducation de 2 jeunes adolescents et ce malgré l’aide de son époux universitaire. Anne-Marie Slaughter envoyait ainsi un message d’alerte à l’attention des jeunes femmes fraichement diplômées et esquissait des pistes pour qu’à l’avenir les femmes comme les hommes puissent tout avoir, une vie professionnelle et une vie familiale et privée.
Comme j’ai pu le dire lors du débat à Columbia, la question posée par Anne-Marie Slaughter nous a obligés, par sa franchise, à réfléchir sur les spécificités du modèle français, elle nous a incités à nous demander pourquoi nous n’aurions pas posé le débat de cette façon, et bien sûr, comment nous souhaitons y répondre.
Et dans notre réponse, nous nous tournons vers les hommes. Si les femmes n’ont pas à renoncer à leur aspiration de mieux concilier leur vie personnelle et professionnelle, c’est d’abord parce qu’il appartient désormais aux hommes de revendiquer des vies mieux équilibrées, de revendiquer un meilleur partage des temps consacrés à leurs carrières et à leurs responsabilités parentales, familiales, domestiques. Les hommes, non plus, ne peuvent pas tout avoir : je pense que le défi est le même pour les deux sexes, et que c’est en partant de cette exigence d’égalité que nous parviendrons à surmonter les contradictions qu’un seul des deux sexes ne peut résoudre à lui tout seul. Et nous pensons, en tout cas, je pense, que pour faire évoluer les mentalités, l’état doit jouer son rôle pour impulser le changement et inciter les jeunes générations à de nouveaux comportements, plus égalitaires. C’est le sens de notre projet de loi pour l’Égalité femmes-hommes.
Lors de ce débat avec Anne-Marie Slaughter, j’ai mis en avant deux différences d’approche entre notre modèle français et celui des Etats-Unis, des différences d’ordre culturel : une conception du rôle de l’état, d’abord, qui nous amène à nous interroger sur les règles communes qui organisent la vie en société plutôt que sur les responsabilités individuelles. Ensuite, une conception de l’égalité qui s’impose à toutes et à tous : rien ne saurait justifier que l’appartenance à un sexe plutôt qu’à un autre, dicte à l’avance un mode de vie, un choix particulier en matière de temps consacré à telle ou telle activité.
Cependant nos différences d’approche ne sont pas irréconciliables. Nous assistons à une mondialisation du féminisme et un véritable dialogue international sur l’égalité entre les sexes. Un mouvement qui doit nous inciter à reprendre le fil d’une histoire internationaliste du féminisme, et à ne pas nous enfermer dans des débats qui ne concerneraient que les femmes de pouvoir, dans les seuls pays les plus développés, les plus avancés.
Ma conviction profonde est que l’égalité doit rester une exigence, un idéal et une revendication politique universelle, et non pas une négociation permanente entre les femmes et les hommes.
A Lire Aussi :
– N. Vallaud-Belkacem et A-M Slaughter débattent de l’égalité hommes-femmes à Columbia – Journal France-Amérique.
– Tout avoir ou pas : le dilemme des Américaines – Le Monde.
La vidéo du débat (en anglais) sur le site Columbia University World Leaders Forum.
Tags : Columbia University, New York, droits des femmes, féminisme
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Bonjour ,
Je vous adresse ce message , je souhaiterai entrer en contact direct avec vous pour vous exposer un problème de diffamation qui atteint ma dignité de femme , de personne , de responsable d’entreprise , qui dure depuis quatre ans .
Dans cette attente .
Croyez , Madame , a mes respectueuses salutations .
Mme Patricia DESCHAMPS