Succès des emplois d’avenir dans le sport : entretien à Nice Matin

Jeunesse Sports Publié le 27 mai 2014

La ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports veut multiplier les emplois d'avenir. Un dispositif qui a manifestement séduit associations et entreprises, puisque les objectifs que s'était fixés le gouvernement pour le premir semestre 2014 ont déjà été dépassés.

Le taux de réalisation est même supérieur à 200% en Paca, qui avec la Corse, figure sur le podiums des régions qui ont signé le plus de contrats d’avenir depuis le début de l’année.

Najat Vallaud-Belkacem : Oui, nos résultats sur les emplois d’avenir sont assez bons. C’est vrai au national et c’est vrai en région PACA. Et particulièrement dans le secteur du sport et de l’animation. On s’était fixés en tout un objectif de 100 000 emplois d’avenir en 2013, on les a atteints.On espère arriver à 150 000 fin 2014.  Surtout on tablait sur  15 000 emplois d’avenir  dans le secteur du sport et de l’animation fin 2014 et on vient déjà de les dépasser.

Nice Matin : Qu’est-ce qui fait que ce dispositif fonctionne aussi bien dans le secteur du sport et de l’animation ?
Najat Vallaud-Belkacem : Ces bons résultats ont été rendus possibles  grâce à l’implication des associations, des fédérations, des ligues, des clubs et bien sûr des services de l’État.
Typiquement, le bon exemple, c’est le football.On a une fédération qui s’est engagée auprès du ministère des sports  à signer 1000 emplois d’avenir d’ici la fin de l’année et qui en a déjà recruté  800. Au fond le secret pour que ça marche c’est, au dela de l’effort financier important de l’État, une vraie appropriation des enjeux et du dispositif par les associations, les collectivités, les employeurs.

Nice Matin : Si ça marche aussi bien dans le sport n’est-ce pas aussi parce que ce secteur est l’un de ceux qui aujourd’hui recrute ?
Najat Vallaud-Belkacem : Aujourd’hui le sport c’est près de 200 000 salariés, à peu près 2% de la richesse du pays. En 20 ans les effectifs n’ont fait qu’augmenter. Pour moi le sport c’est clairement un levier de croissance. C’est pour cela que l’on se mobilise pour accompagner le développement des entreprises sportives a l’export  au travers de ce que j’appelle la diplomatie économique.J’ai récemment accompagné le président de la République lors d’un déplacement dans le Caucase.Et notre passage en Azerbaïdjan, qui accueillera en 2015 les premiers jeux paneuropéens, a clairement été l’occasion de valoriser le savoir-faire des entreprises sportives françaises pour leur ouvrir des débouchés et donc des emplois .
Mais, des emplois sportifs il y en a aussi dans les associations.Et là je suis persuadée que l’on peut les développer beaucoup plus encore. Je mobiliserai pour ce faire  le centre national pour le développement du sport (CNDS) qui cette année déjà investit 15 millions d’euros pour créer 1200 emplois qualifiés. Il faudra poursuivre notamment pour accompagner l’Euro 2016.
Surtout je veux développer l’apprentissage dans les métiers du sport et de l’animation qui se prêtent  tout particulièrement cet esprit d’accompagnement, de compagnonnage qui est précisément la marque de fabrique de l’apprentissage. Pour en démultiplier les possibilités dans les associations,  je souhaite que des bénévoles aussi puissent devenir maitres d’apprentissage ce qui permettrait d’augmenter significativement le nombre d’apprentis.Nous nous sommes fixé l’objectif de 6000 apprentis d’ici 2017 dans ce secteur (contre 3000 aujourd’hui) . Pour cela il va falloir faire évoluer le code du travail pour définir un statut de maitre d’apprentissage bénévole. C’est ce que je vais proposer en juillet à la grande conférence sociale.

Nice Matin : L’un des volets importants des emplois d’avenir c’est l’accès à une qualification…
Najat Vallaud-Belkacem : Oui c’est ce qui en fait un outil si précieux : les jeunes peu ou pas diplômés bénéficient non seulement d’une expérience professionnelle mais aussi d’une formation qui leur sera très utile pour s’insérer durablement dans l’emploi.

Nice Matin : Comment se fait-il que les emplois d’avenir marchent si bien dans le secteur non-marchand, moins bien dans les entreprises privées et que les collectivités, elles, aient tant traîné des pieds pour se les approprier ?
Najat Vallaud-Belkacem : Tous, déjà, ne bénéficient pas de la même aide de l’État.Pour les collectivités publiques et les associations c’est 75% du montant du salaire.Pour les entreprises du secteur marchand c’est 35%.En plus, elles n’ont la possibilité de recourir à des emplois d’avenir que dans des secteurs spécifiques, porteurs  d’innovation par exemple.Ensuite, comme tout dispositif, il y a toujours une montée en charge progressive.Il faut le temps que les prescripteurs, Pôle emploi et les associations d’insertion, s’approprient le dispositif pour qu’elles le conseillent.

Nice Matin : À la fin du contrat le risque n’est-il pas que l’employeur plutôt que d’embaucher ait recours à un autre emploi aidé ?
Najat Vallaud-Belkacem : Les situations d’une association à l’autre seront diverses mais l’essentiel je le redis c’est que le jeune devienne employable de façon structurelle .Or, le fait d’avoir exercé pendant trois ans et obtenu une formation lui donne une véritable plus-value sur le marché du travail. Les emplois d’avenir c’est une sorte d’école de rattrapage intensif et rémunéré pour ceux qui n’ont pas suffisamment de diplômes.

Nice Matin : N’y a-t-il pas un effet de substitution ?Comment mesurer le surcroît d’embauche dû au contrat d’avenir ?
Najat Vallaud-Belkacem : Très honnêtement, il y a un certain nombre d’associations culturelles ou sportives qui n’auraient jamais eu les moyens d’embaucher sans cette aide financière pour l’État. Les emplois d’avenir c’est aussi un soutien évident aux associations , pour leur permettre d’avoir la main-d’œuvre indispensable au développement de leur activité.
C’est pour ça que nous voulons aussi développer  les groupements d’employeurs. Car il y a encore de toutes petites associations qui ne se sentent pas les épaules assez solides pour recruter un emploi d’avenir.L’idée c’est de les regrouper sur un même territoire pour qu’elles puissent par exemple recruter ensemble un éducateur.

Nice Matin : Une sorte d’emploi partagé ? De temps partiel groupé ?
Najat Vallaud-Belkacem : Exactement ! Cela permettrait à la fois de limiter l’emploi précaire et en même de temps de répartir les coups pour l’employeur.Je souhaite démultiplier ce dispositif encore assez peu utilisé aujourd’hui .

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